dimanche 27 décembre 2015

CHILDERIC, LE FANTOME - Chapitre 7



Archibald et Childéric étaient, à présent,  dans le hall, assis sur les premières marches de l’escalier, les coudes sur les genoux, la tête entre les mains, penchés en avant, l’air pensif.
Le soleil pointait à l’horizon.
C’était l’aube. C’était l’heure, où d’ordinaire, les fantômes prenaient un peu de repos, mais ni l’un ni l’autre n’avait envie de se reposer.

Archibald réfléchissait à son avenir de fantôme.
Où allait-il aller ?
Qu’allait-il faire ?

Childéric se remémorait sa vie passée, se demandant comment garder tous ses souvenirs précis et confus à la fois ?

Ils soupiraient à tour de rôle.

Soudain, Childéric se redressa et regarda son compagnon.
« Que vas-tu faire à présent ? » lui demanda-t-il.

Archibald haussa les épaules, indécis.
« Je ne sais pas. Il faut pourtant que je me fixe avant l’arrivée de l’hiver ! »

Le silence retomba, alourdi des pensées de nos deux compères.

Un rayon de soleil dans lequel dansait de la poussière avait pénétré la pièce.

« Tu peux rester ici, si tu le souhaites. Le château est assez grand pour deux…. Et puis, tu as encore tous les souterrains à explorer. »

A cette proposition, Archibald opina d’un signe de tête, rêveur. L’idée lui semblait bonne, mais il ne voulait pas déranger. La cohabitation ne serait-elle pas pénible au fil du temps ?
Il était vrai que la place ne manquait pas, mais « un petit chez soi ne valait-il pas mieux un grand chez les autres » ?
Childéric aurait bien aimé qu’Archibald restât. Il se sentait seul. Mais, le caractère d’Archibald, explosif, exubérant, rustre, ne finirait-il pas par le lasser ?
Quant à Archibald, il aurait bien aimé s’installer, mais les manières aristocratiques de Childéric, son manque le laisser-aller ne finiraient-ils pas par l’énerver, un tantinet.

Que faire ?

Il y avait sûrement un moyen de s’arranger, car tous deux étaient d’accord sur un point : lorsque leur solitude deviendrait pesante, ils pourraient toujours tailler une petite bavette.

Ce fut ainsi que …….

Une nuit sans lune. Une nuit comme beaucoup d’autres, Childéric était installé à écrire dans la grande bibliothèque dont il avait fait son bureau. Sur des feuilles de papier légèrement jaunies et piquées de moisissure, découvertes dans une malle au grenier, plume d’oie en main et encrier devant lui, il s’appliquait à la rédaction de ses souvenirs.
Oui, ses souvenirs, ceux qu’il avait contés avec volubilité à Archibald lors de la première visite des lieux.
Childéric se sentait bien, utile dans sa nouvelle existence d’historien. Jamais plus il ne s’ennuierait ! Pensez donc des siècles et des siècles d’histoire, d’anecdotes, de ragots ….. Des pages et des pages !
De temps en temps, les yeux au plafond, il réfléchissait aux mots justes précisant les situations, rêvassait le sourire aux lèvres à l’évocation de certaines scènes, de plus en plus précises à sa mémoire.
Que sa vie lui semblait belle, maintenant qu’elle avait un but !

Un cri lugubre montant dans la nuit, comme venant d’outre-tombe, ébranla les murs de la vieille demeure et sortit notre écrivain de sa rêverie. Le visage de celui-ci s’illumina d’un franc sourire en entendant ce hurlement, mais il se replongea rapidement dans son travail.
Lorsque la lueur matinale filtrait au travers des vitres, Childéric prenait un peu de repos jusqu’à la nuit suivante.
Mais, présentement, sa plume courait sur le papier, le couvrant de mots.
Son récit commençait aux temps des clans des Highlanders dont il était, sans aucun doute, le descendant errant d’un d’entre eux. Mais lequel ? Assurément, un brave guerrier sanguinaire qui avait défendu sa patrie contre tous les envahisseurs et notamment les Anglais.
Ses écrits parlaient aussi de ses descendants, seigneurs plus récents ayant occupé les lieux, ayant fait prospérer les terres. Ne voulant rien cacher, il n’omettrait pas la déchéance, la ruine et la saisie des lieux. Un historien ne se devait-il pas d’établir les faits sans prendre partie ni masquer la vérité ?

Dans sa fougue, il se voyait édité, son livre exposé dans les vitrines des librairies, obtenant, et pourquoi pas, un prix littéraire !

N’était-il pas le premier fantôme-écrivain ?


dimanche 20 décembre 2015

CHILDERIC, LE FANTOME - Chapitre 6



 La plus belle pièce de ce château était, assurément, la grande salle de réception. Largement éclairée par de grandes baies, elle donnait sur le parc, se prolongeant ainsi les soirs d’été d’un espace verdoyant dans lequel mille odeurs délicieuses flottaient et d’où l’on pouvait entendre la musique et les bruits de la fête, légèrement ouatés, les rendant quasi irréels, comme dans un rêve.

Cette salle possédait une haute cheminée de pierre à chacune de ses extrémités. De son plafond, pendaient des lustres illuminés du feu de centaines de chandelles éteintes, certains soirs, par les courants d’air. Les cris des femmes alertaient les laquais qui  arrivaient en renfort, portant moult chandeliers à bout de bras.
Canapés et bergères tendaient leur assise  confortable aux convives pour des causeries amicales ou banales ou pour de courts repos réparateurs entre deux danses. Les pieds souffraient beaucoup, il fallait les soulager !
De petites tables, près des fenêtres, étaient disposées pour recevoir les plats aux mets succulents, tandis que les laquais, aux livrées richement ornées, passaient des plateaux aux milieux des invités.
Le parquet était toujours entretenu avec soin. Ne devait-il pas être suffisamment glissant pour aider à la danse, mais pas exagérément, afin d’éviter les chutes. Un travail d’artiste !

Childéric avait assisté à tant de fêtes et cérémonies qu’il lui était difficile d’en retrouver la chronologie. D’autant plus, que souvenez-vous, il était, un tantinet, amnésique.

Il en avait vu, en  effet, des mariages au son des cornemuses, des fêtes pour toute circonstance ou simplement pour le plaisir de recevoir. Elles commençaient dès le printemps pour rompre l’isolement dû à la froidure de l’hiver.
Des artistes-peintres, dont il avait bien entendu oublié les noms, venaient régulièrement faire des portraits des seigneurs du lieu, de leurs nobles dames et de leurs enfants. Ces toiles dans des cadres massifs avaient longtemps trônaient sur les murs de l’entrée, de l’immense escalier, ainsi que sur ceux des couloirs. Une vague ressemblance dans la forme du visage, le sourire, le regard se retrouvait d’un portrait à l’autre.

Il y avait eu également des représentations théâtrales, dans cette grande salle, au gré du passage de saltimbanques dans la région, et qui, contre un bon repas et un coin sec pour dormir, jouaient la dernière pièce d’un auteur inconnu qui serait reconnu, à coup sûr quelques siècles plus tard, jonglaient, chantaient. L’été, un théâtre de verdure était aménagé pour l’occasion. Il y avait régulièrement de ces petits concerts avec des joueurs d’épinette, de viole, de cromorne et de serpent. Les cornemuses, elles, se faisaient entendre en plein air. Leur sonorité puissante avait grand besoin d’espace.

Childéric conclut ses explications par :
« Des musiciens et comédiens célèbres ont honoré de leur présence les murs de cette demeure. Ah ! J’en ai vu du beau monde ! Et les toilettes des femmes ! Que de dentelles ! Elles brillaient aussi de mille feux, ces belles dames, ornées de bijoux éclatants ! »

Archibald hocha la tête. Qu’en avait-il à faire lui, des musiques, des pièces de théâtre et des dentelles des femmes ! Il avait, lui, dans son temps, fréquentait plus de tavernes que de riches demeures. Et il aurait pu en dire sur les soirées entre hommes autour d’un verre….. autour de plusieurs bouteilles pleines et vite vidées, apportées par des servantes au décolleté avantageux et à la démarche chaloupée attirant le regard.

Mais Childéric avait peu fréquenté les tavernes. Son monde à lui était celui des fêtes de ce lieu dont les enfants étaient exclus. Certains pourtant, les plus audacieux, bravaient l’interdiction, se faufilant sans bruit dans les couloirs, se glissant dans un recoin pour regarder les yeux écarquillés et aller au plus vite raconter aux autres, ceux qui, trop obéissants ou trop poltrons, se contentaient de profiter, de loin, de la musique, ce qui se passait « en-bas », dans la grande salle. Les grandes filles dansaient entre elles, se faisaient des révérences, s’emmêlaient les pieds et tombaient en riant. Mais, elles rêvaient surtout à leur premier bal, celui où elles revêtiraient leur première « vraie robe de demoiselle », seraient courtisées pour la première fois et danseraient « pour de vrai » comme les grandes. Moment de consécration, les faisant basculer du monde de l’enfance à celui d’adulte.
Les grands garçons, eux, ne rêvaient pas de danse, laissant cela aux filles, mais à leur premier verre d’alcool et leur premier cigare en public, donc autorisés, et non pris en cachette derrière le dos des serviteurs. Il leur tardait que la barbe leur pousse !
Dans les chambres et dans la salle réservée aux enfants, Childéric, en sa qualité de fantôme entendait, ces soirs-là, les conversations de « ses petits », impatients de devenir des grands, ne sachant pas encore qu’être grands, ce n’était pas uniquement faire la fête.

Archibald arpentait les lieux, des lieux vides et poussiéreux, dans l’incapacité de se représenter le faste glorieux d’antan. Il bâilla bruyamment. Tout le discours de Childéric l’ennuyait. Mais Childéric n’avait pas assez de mots, pas assez de débit de paroles pour tout conter en si peu de temps.
Il comprit au bâillement de son nouveau compagnon que tout cela n’avait, en fait, de l’importance que pour lui. Il s’assit sur un bac bancal, laissé là par oubli, et la tête dans les mains se sentit envahi d’une immense tristesse.

jeudi 17 décembre 2015

1768 - VOUS VOULEZ LA SUITE ?




 

A vendre



6 mai 1768

« Une grande Maison, rue de la Cigogne. S’adresser à M. Decaen, Notaire. »

La rue de la cigogne existe toujours. Elle se situe dans le bas de la rue Lecanuet, près de la place de la République et donne dans la rue de la Seille. Pourquoi rue de la cigogne en Normandie ?
Je n’ai rien trouvé pouvant expliquer ce nom. Je peux simplement vous apprendre qu’elle fut appelée, rue des carneaux, en raison de créneaux qui se trouvaient au-dessus de la rue de la Seille, puis rue des trois morts ou mors, avant de prendre le nom de rue de la cigogne.



« Une belle Maison à usage de Négociant, rue de la Grosse Horloge, vis-à-vis saint Herbland ; »

Saint - Herbland se trouvait à l’angle de la rue des Carmes et du Gros - Horloge

Aucune date précise concernant la date de l’édification de cette église. j’ai découvert simplement qu’un Messire Radulfe y fut curé en 1150 et qu’un nommé Jehan, chanoine et curé, y mourut le 20 novembre 1200.
L’église en très mauvais état fut entièrement rebâtie en 1483. En 1641, les reliques de Saint Herbland ainsi que celles de Saint-Blaise y furent déposées en grande pompe. 
Le sieur François Moulin acheta le bâtiment après la Révolution et le transforma en remise pour ses diligences qui, à son tour, démolie en 1824, laissa place à une galerie marchande.



« Un Serin de neuf mois, qui siffle très-bien (sic) il est extrêmement privé, & se plait sur tout (sic) avec les dames. S’adresser au bureau d’avis.»

Très curieux comme annonce, non ?
Qu’attendait l’auteur de l’article par «  extrêmement privé » ?
Comment pouvait-on savoir qu’il se plaisait plus avec les femmes ? Est-ce  parce qu’il sifflait plus en leur présence ? Si c’était le cas, je dirai plutôt qu’il était bien mal élevé. Siffler les dames, cela ne se fait pas !




Anomalies de la nature

6 mai 1768

« On mande de Joinville les détails suivans (sic), qui ont été constatés par un procès-verbal en regle (sic). Une chevre (sic) apartenant (sic) à Maurice Feron, vigneron de Mussey, en Champagne, a mis au monde un animal d’une conformation extraordinaire, âgé déja (sic) de quinze jours. Au lieu d’avoir de petites oreilles pointues, des pattes minces & courbées, & une tête courte, ce qui distingue les chevreaux, l’animal dont il s’agit a des oreilles pendantes & longues d’environ six pouces, la tête ressemblante à celle d’un chien courant, les deux pattes de devant plates & assez grosses, & une queue longue de quatre pouces comme celle d’un chien ; mais son corps est très-bien (sic) conformé & sa croupe, ainsi que les pattes de derrière ressemblent assez à celles d’un chevreau. Sa tête est noire, & une raie de même couleur s’étend tout le long de son dos : ses pattes & le reste de son corps sont de couleur gris de perle ; son cri ressemble tantôt à celui d’un chevreau & tantôt à celui d’un petit chien. La chevre (sic) qui l’a produit a refusé long-tems (sic) de l’allaiter, & paroissoit redouter sa vue ; mais enfin elle s’y est accoutumée & continue à le nourrir. Dans le mois de Janvier dernier, une brebis apartenante (sic) à Henry Taboureux, Vigneron du même endroit, avoit produit un agneau mâle, de grosseur ordinaire, qui avoit huit pattes, deux têtes, trois oreilles, deux queues & un seul corps. »

Enfant, je trouvais fascinants, ces animaux nés avec des malformations conservés dans des bocaux emplis de formole  et que je découvrais dans les musées de Sciences Naturelles.


Qui aura la palme de la longévité ?

6 mai 1768

« Il y a dans la ville de Massiac, Diocèse de S. Flour en Auvergne, un homme nommé Jean Amouroux, né le 14 Mai 1654, & qui aura par conséquent le 14 mai prochain 114 ans accomplis. Il a servi sous le fameux Turenne, & depuis il a toujours cultivé la terre. Il ne se nourrit que de soupe & d’un peu de vin, mais prend beaucoup de tabac, & jouit de la meilleure santé. »

« On aprend (sic) d’Aarhuus en Jutland, que le nommé Drachemberg, fort connu dans son grand âge sons (sic) le nom du vieux homme du Nord, a célébré le 6 Novemb. 1767, jour auquel il accomplissoit la cent quarante-deuxième année de son âge, l’anniversaire de sa naissance avec beaucoup de gaieté. Il s’étoit rendu ce jour-là à pied de la Baronnie de Marsoliesbourg, au Château de Rosenholm, sans se trouver fatigué, quoiqu’il eût fait environ 4 lieues. A sa vue près, qui est un peu affoiblie (sic), il jouit d’une santé parfaite. »

« Centenaires morts depuis 6 mois.
Le 6 Déc. 1767, S. Alby, Diocèse de Lavaur, le nommé Salvetat, Artisan, âgé de 103 ans.
Le 4 Janvier 1768, à Castres, le nommé Comtois, Cordonnier, âgé de 101 an (sic).
Le 5 du même mois, au Coulet, Diocèse de Lodéve, le nommé Durand, habitant du lieu, âgé de 102 ans.
Le 28 du même mois, dans la paroisse de la Chaume de la ville des Sables d’Olonne, Marguerite Gaultier, veuve d’un matelot, dans la 107e année de son âge.
Dans le même mois, à Pistoye, une pauvre femme renversée par un cheval & morte de sa chûte (sic), âgée de 112 ans  7 mois.
Dans le même mois, à Ludde en Smolande, Benoît Jeanson, dans la 100e année de son âge.
Le 3 Février 1768, dans la paroisse de Rety en Boulonnois, Marie-Cécile Gausesse, veuve de Louis Colbrant, âgée de 105 ans accomplis.
Même mois, à Morlaix en Bretagne, Marie Noroy, dans la 102e année de son âge ; & à l’Orient (sic), Guillaume Lamande ou Lamende âgée de 105 ans
Même mois, à Vilandraut, marie Passarieu veuve du sieur Lamarque, Chirurgien de Bordeaux, âgée de 109 ans trois mois & quelques jours.
Le 18 Mars 1768, à Leyde en Hollande, la nommée Debora Verdistad, dans la 103e année de son âge. »

Voilà qui va à l’encontre d’une idée reçue prétendant que dans les siècles précédents le XXème siècle, on ne vivait pas vieux……
Si l’espérance de vie était très faible, en ces époques, ce n’était qu’en  raison de la prise en compte de la mortalité infantile, considérable.

J’ai essayé de découvrir, pour vous, qui était tous ces centenaires.
Jean Amouroux :
Né le 14 mai 1654, toujours bon pied bon œil, à Massiac,  en 1768.
Les actes de baptême de Massiac pour l’année 1654 sont manquants. Aloirs !?
Salvetat et Comtois :
Les actes ne sont pas accessibles avant 1786.
Durand :
Aucun acte de sépulture trouvé.
Marguerite Gaultier :
Rien non plus

Quant à la pauvre femme de Pitoye, en l’absence de nom et lieu, la recherche fut impossible.

Marie-Cécile Gaussesse veuve de Louis Colbrant – il s’agit, en fait, de Marie Cécile Gofesse –  paroisse de  Rety dans le  Pas-de-Calais :
L’an mil sept cens soixante huit et le quatre février le corps de marie cecille Gofesse veuve de Louis Colbrant de cette paroisse decedé d’hyer sur les dix heures du soir agé d’environ cent cinq ans a été inhumé dans le cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies accoutumés de leglise en présence de Nicolas Gontier laboureur, Gabriel tittier maitre d’ecole tous deux de cette paroisse qui ont signé avec nous. Guillam curé
Marie Cécile était veuve depuis avril 1712. Ci-dessous, l’acte d’inhumation de son époux.
Rety – Pas-de-Calais
Le deuxieme d’avril a été enterré Louis Colbran dit cavalier muni des sacremens de la Ste Eglise il est mort la veille agé d’environ quarante ans.

Marie Noroy – Morlaix paroisse Saint Mélaire :
Marie Noroy en son vivant épouse de Julien David agée de cent ans morte munie de tous les sacrements le onze février mil sept cent soixante huit fut le jour suivant inhumée dans le cimetière de cette église Paroissiale en présence des sousignants
Signatures de : Matturin Brochar – Nicola Lalemir  - M. Bauny – A Noroy – E Noroy – JL Le Bellen …. (impossible de lire le nom en entier).

Guillaume Lamande – Paroisse de Lorient :
Le vingt quatre de février 1768 a été inhumé de cette paroisse le corps de Guillaume Lamande agé d’environ cent cinq ans mort d’hier ont assisté à l’enterrement Allain Rome, félix dufraine, françois le maitre, louis Donias qui ont déclaré ne savoir signer

Marie Passarieu veuve du sieur Lamarque :
Aucun acte trouvé.


Offres d’emplois

Le 13 mai 1768

« Un Feudiste à la tête de plusieurs entreprises au pays de Caux, pays de Bray & Basse-Normandie, demande un jeune homme de 16 à 20 ans, qui ait une idée des plans géométriques, une bonne main, & sçache (sic) bien lire les anciens titres ; il sera nourri, & aura des apointemens (sic) proportionnés à ses talens (sic) : on exige qu’il soit sage & sçache (sic) copier correctement. S’adresser au bureau d’avis. »


Sous l'Ancien Régime, les feudistes étaient des juristes spécialisés dans le droit féodal et les droits seigneuriaux. Recrutés par les seigneurs, ils étaient chargés de la réfection des livres terriers lors des périodes de réaction seigneuriale et nobiliaire.

20 mai 1768

« On a besoin à Brest de 80 maçons, pour travailler aux bâtimens (sic) que le roi fait construire dans ladite ville. Les ouvriers qui seront disposés à y aller, pourront s’adresser à l’Intendance à Rouen, où on leur procurera les moyens de faire le voyage, soit par terre, soit par mer : on leur promet qu’ils seront satisfaits du traitement qui leur sera fait à Brest. »


Rupture de stocks

20 mai 1768

« L’huile d’Ours, si utile pour faire pousser & entretenir les cheveux, ayant manqué au sieur Gallier, Mercier, rue S. Lo, & nombre de personnes en ayant retenu, il leur donne avis qu’il en a reçu, & qu’elles peuvent en envoyer prendre. Il donnera en même-tems (sic) un imprimé contenant la manière de s’en servir. »

La publicité fut très bien faite, puisque le sieur Gallier fut, très rapidement, en rupture de stock.
Nous pouvons donc en déduire que beaucoup de personnes, en ce milieu de XVIIIème siècle,  souhaitaient voir leur tête dégarnie reprendre de la pilosité.



Haute et puissante dame

10 juin 1768

« Haute & Puissante Dame Marie-Marthe le Marchand de Bardouville, Dame du Heron, de Villers le Chambellan, Ecalles & Barentin, veuve de Haut & Puissant Seigneur Messire Anne-Robert-Claude le Roux, Baron d’Esneval, Chevalier, Vidame de Normandie, Marquis de Grémonville, Conseiller du Roi en ses Conseils, President (sic) à Mortier, honoraire, du Parlement de Rouen, est décédée Mardi 7 de ce mois, âgée de 72 ans. »

Cette haute et puissante dame est décédée, en fait, le lundi 6 juin, en son domicile de la paroisse Saint Amand de Rouen.

Aujourd’hui, jeudi neuf de juin mil sept cents soixante huit le corps de haute et puissante Dame Marie Marthe le Marchand de Bardouville dame du Heron, de Villers, le Chambellan, Ecalles et Barentin, veuve de haut et puissant seigneur messire anne Robert Claude le Roux Baron d’Esneval chevalier Vidame de Normandie, marquis de Gremonville, chatelain de pavilly, Conseiller du Roy en ses conseils président à Mortier honoraire du parlement de Rouen, decedee le lundi precedent six du present mois agee de 72 ans munie des Saints Sacrements de l’Eglise a été transportée de son hotel sus a Rouen paroisse St Amand a celle de sa terre de Pavilly pour y être inhumée dans le caveau destine pour sa sépulture…….
Etaient présents :
Le fils de la défunte : Pierre Robert Le Roux
Son petit-fils : Robert marie Le Roux
Son gendre : Armand Michel de Pommerau

Marie Marthe Le marchand était née en 1696 du mariage de Pierre Le Marchand de Bardouville et Marie Marthe de Caradas, comme noté sur son acte de mariage, en date du 22 juillet 1715.

Rouen Paroisse Saint-Lô – le lundi 22e juillet 1715
Messire anne Robert Claude le Roux agé de 25 ans ou environ vidame de Normandie Baron d’Esneval, d’Acquigny président au mortier au parlement de Rouen fils de feu messire Robert le Roux Vidame d’Esneval ambassadeur representant le Roy rn Portugal et en Pologne et noble Dame Marie Madeleine de Canouville ses père et mere de la paroisse de St Anmand, d’une part
Et demoiselle Marie Marthe Le marchand agee de 17 ans ou environ fille de Messire Pierre Le Marchand de Bardouville seigneur de Villers conseiller en la Grande chambre du parlement de Rouen et de Noble dame Marie Marthe de Caradas dame du Heron ses père et mere d’autre part …….

J’ai appris que Anne Claude Robert Le Roux d’Esneval était né, le 21 mars 1686 à Rouen, et était décédé,  le 20 novembre 1766.


Eclairage public

24 juin 1768

« On fait depuis plusieurs jours dans les principales rues de cette ville, l’essai de nouvelles Lanternes carrées ou Réverberes (sic), qui renferment une grosse lampe, portant deux ou trois méches (sic), suivant le nombre de rues que l’on veut éclairer ; on a substitué par-là l’huile à la chandelle, & on peut dire qu’indépendamment de l’économie, les rues seront infiniment mieux éclairées. »

Modernisation de l’éclairage public, déjà dans un objectif  d’économies, avec plus d’efficacité et de sécurité. Rien n’a changé !



19 août 1768

« L’Administration municipale de la ville de Lyon ayant adopté les lampes à réverbere (sic) pour éclairer cette grande ville, donne avis qu’elle vendra en totalité les anciennes Lanternes. C’est une occasion favorable aux Provinces voisines de se donner l’agrément d’être éclairées les nuits d’hyver (sic) sans faire une dépense bien considérable. On pourra écrire à M. Grand, Voyer de la ville de Lyon, rue Bât-d’argent. »

Lyon aussi modernisa son éclairage public.
L’ancien matériel ne fut pas jeté, mais proposé à moindre coût à une ville plus petite et au budget réduit, afin qu’elle puisse s’équiper.  Une démarche très citoyenne !!

Aujourd’hui, certaines de nos villes, éclairées jour et nuit, se voient privées d’éclairage quelques heures par nuit, par mesure d’économie……. Ne serait-il pas plus judicieux d’éteindre certaines enseignes pendant la journée ?


J’ai du bon tabac…

24 juin 1768

« Le sieur Tartara, demeurant rue sainte Croix, chez le sieur Largery, Grainetier, rape (sic) du tabac pour le public & pour les revendeurs ; il va dans les maisons l’accommoder. On le trouve aussi à l’abbaye S. Amand, où il est employé aux chaises. »

Ce fut un certain André Thevet, un moine navigateur, qui rapporta des graines de tabac de son voyage au Brésil et les fit pousser à partir de 1556 dans son jardin d’Angoulême, d’où le premier nom français du tabac, l’angoulmoisine.
Au Portugal, Nicot ambassadeur français, découvrit qu’on utilisait le tabac en cataplasme, pour remédier aux troubles cutanés, et en prise, pour soigner les infections du nez et des voies respiratoires. Il en fit envoyer des échantillons à Paris, car il savait que Catherine de Médicis souffrait de fortes migraines, que personne ne parvenait à apaiser. La reine prisa du tabac et se trouva soulagée. L’exemple de Catherine ne tarda pas à faire école, ce qui fit qu’on nomma ce tabac « herbe à la Reine », « herbe médicée » et «herba Catharina ».
 On en prisait, on en fumait, on en buvait en décoction, on en mâchait les feuilles et surtout les médecins en recommandaient chaleureusement l’usage. Le tabac soignait le rhume, les maux de dents, l’asthme, les ulcères, la dysménorrhée, la variole, le scorbut, … Depuis longtemps déjà, les bureaux de tabac sont signalés par une " carotte ", souvenir du temps où les débitants recevaient leur marchandise pressée sous forme de grands rouleaux coniques et en râpaient au client la quantité désirée.

Employé aux chaises ?
Dans les églises, las paroissiens venant aux offices pouvaient louer leur chaise si ils souhaitaient s’asseoir. Dans le cas contraire, ils restaient debout au fond de l’église.  Un employé aux chaises ou loueur  était employé par « la fabrique », association de personnes gérant l’église            afin de donner les sièges et percevoir le coût des locations.


Disparition inquiétante

24 juin 1768

« Il est parti Vendredi 17 de ce mois, de chez le sieur Friand, Serrurier à Rouen, rue S. Vincent, un jeune homme d’environ 26 à 27 ans, qui a l’esprit égaré, & qui étoit en pantoufles jaunes, des bas noirs sans jarretières, culotte & veste brune avec des boutons de coco, sans col, un chapeau, des cheveux noirs & courts. On prie ceux qui pourroient en avoir connoissance (sic), de le ramener chez ledit sieur Friand, ou le faire avertir ; on donnera toute saisfaction (sic). »

Avez-vous rencontré ce jeune homme ? Si, oui, merci de prévenir le sieur Friand. Merci d’avance !


Une affaire rondement menée

8 juillet 1768

« Le meurtrier qui assassina le sieur Maillard, Archer de la Marine au Havre, le 2 Novembre dernier, vient d’être condamné à la haute-justice du Maquisat de Graville à être roué vif, & doit être conduit ici sous peu de jours, par appels (sic). »

Rien sur le nom de l’assassin, mais il a été arrêté. Attendons maintenant la suite. Un article nous en dira peut-être plus.


Est-il mort d’indigestion ?

22 juillet 1768

Il est mort depuis peu à Bagstott en Angleterre le fameux personnage connu sous le nom du gras meunier, âgé de 80 ans ; il est à remarquer que ce vieillard dans les derniers 14 mois a mangé à lui seul dix côtes de lard, pesant chacune 40 liv. ou environ.

Dix côtes de lard à 40 livres, ce qui fait 20 kilos chacune.
Cela donne 200 kilos de viandes.
14 mois, cela doit faire environ 400 jours et donc 800 repas.
En clair  250 grammes de viandes par repas.
Un bon appétit sans doute, mais il n’y a pas de quoi fanfaronner !!!


Bains curatifs

12 aout 1768

« Le sieur Plantigny vient de faire préparer une chambre dans le bâtiment des bains publics qu’il a fait construire, dans laquelle on prendra les bains épilatoires & de propreté, & on y donnera les douches aux personnes incommodées de sciatique, rhumatisme, douleurs de reins, gouttes et autres douleurs & maladies du corps, à toutes les personnes de l’un ou l’autre sexe, avec toute la décence possible.
La construction de cette chambre consiste en un tonneau élevé de quatre pieds de haut, placé de bout (sic) sur un traiteau (sic) de trois pieds & demi d’élévation ; le fonds de ce tonneau est percé pour recevoir un tuyau de cuir qui traverse le plat-fonds  (sic) de l’étage inférieur, & va rendre dans la chambre qui est bien close, & sera échauffée par un poële (sic) cette chambre est en ciment, munie d’une baignoire de cuivre bien étaimée (sic) où sera placé le malade qui y doit recevoir les douches : ce tuyau à son extrêmité (sic) inférieure un ajustoir de cuivre de figure conique, & dans l’orifice inférieur a environ quatre lignes de diamètre. Il résulte de cet appareil, que l’eau qui tombe par cet ajustoir, agit avec une force égale au poids d’une colonne d’eau d’environ  de 14 à 15 pieds de haut, & 4 lignes de diamètre à sa base.
Le garçon ou la fille, suivant les différens sexe (sic), placé dans la chambre de la douche, prend d’une main d’ajustoir du tuyau de chûte (sic) qu’il dirige, & tenant de l’autre le membre auquel on veut faire recevoir la douche, il lui donne les différens  mouvemens (sic) qu’on a jugé nécessaires. Lorsque l’opération est finie, on essuye (sic) le malade avec des linges chauds, & on le met dans un lit bien bassiné où il sue très-abondamment (sic) ; quand la sueur est finie, on l’essuie de nouveau & on le change de linge.
Toute la méchanique (sic) de cette douche, ainsi que celle des bains, conduits & tuyaux de cuivre, tant de l’eau froide que de l’eau chaude de la cuve à réverbére (sic) qui chauffe dans son sein l’eau chaude et froide, l’un après l’autre, ont été inventés par M. Quentin, Pompier, près S. Michel, à Rouen, qui a aussi fait la pompe qui va chercher l’eau à la rivière à 26 pieds du bâtiment, pour avoir l’eau la plus pure. »

Lisez-bien et dites-moi si cette thalassothérapie vous conviendrez.
L’eau de la Seine était-elle si pure que cela ? J’en doute car, on y repêchait toutes sortes de cadavres (animaux et humains) et un grand nombre de déchets y était jeté.
Un métier bien dangereux

12 août 1768

« Le 18 Juin dernier, un Rémouleur repassant des ustensiles de cuisine dans une maison bourgeoise, à Ivry-sur-Seine, près de Paris, la meule sauta en l’air tout en feu & partagée en mille éclats, avec un bruit semblable à celui d’une boëte (sic) à laquelle on a mis le feu.. Un éclat de la pierre pesant trois livres passa par-dessus un petit bâtiment élevé d’environ 40 pieds, & alla tomber à 18 toises au-delà du jardin, où il brisa par sa chûte (sic) une branche de Tilleul ; un autre éclat, presque du même poids, glissa en tombant sur le parasol d’une jeune personne qui regardoit l’opération du Rémouleur, mais sans causer aucun accident ; beaucoup d’autres éclats plus petits furent dispersés aux environs, & une partie de la meule se trouva réduite en poudre sur le pavé de la Cour. La même chose étoit déjà arrivée au même Rémouleur. C’est un phénomène à expliquer, & un sujet de méditation pour les Physiciens. Journal de Verdun, Août 1768. »

Jusqu’au milieu du XXème siècle, le rémouleur passait dans les rues, criant « Ciseaux, couteaux, rasoirs ! »
Il affûtait, sur sa meule, le fil des lames pour une meilleure efficacité et une durée de vie plus longue du matériel.
Le rémouleur dont il est question dans l’article n’eut vraiment pas de chance. Deux fois de suite la même mésaventure !
Mais, en fait, n’avait-il pas tout simplement un outillage en mauvais état ?

Aucun « physicien » n’a voulu répondre par la voix du journal.


Incroyable !

19 août 1768

« Le 10 Juillet dernier on essuya à Gray en Franche-Comté une grêle terrible & d’une grosseur extraordinaire, qui y détruisit la récolte de 80 villages ; il tomba entr’autres (sic) dans une ferme un morceau de glace de neuf pieds de long & six de large ; sa surface étoit aussi unie qu’une glace, & ne ressembloit en rien à un amas de grêle réunie : il pesoit au moins dix-huit cens (sic) livres. L’histoire apren (sic) qu’en, 824 il tomba en Bourgogne un amas de glace long de 16 pieds, large de 7, & de l’épaisseur de deux : reste à expliquer comment de pareils glaçons se forment en l’air. »

Gray, commune  de la Haute-Saône.

J’ai essayé de trouver d’autres articles parlant de cette pluie de grêle, mais rien.
J’ai voulu aussi voir si il existait un texte relatant le phénomène de 824, survenu en Bourgogne, mais c’est loin tout cela et je n’ai rien à vous soumettre. Dommage !!

Je suppose qu’il y a du vrai en tout cela, mais je ne peux m’empêcher de  penser qu’un journaliste reste, de tout temps, un journaliste avec une part d’exagération dans ses écrits permettant de mieux vendre son article. Il faut bien vivre !!
Car, un « grêlon » de « dix-huit cens livres », soit neuf cents kilogrammes. Mazette !! Plus fort que la sardine bouchant le port de Marseille !


Rouen, les pieds dans l’eau !

9 septembre 1768

« Nous essuyâmes ici le premier de ce mois un orage très fort, mêlé de grêle ; en un moment les rues se remplirent d’eau à un (sic) hauteur extraordinaire, & qui n’avoit été vue depuis long-tems (sic). »

Ce petit article, pour vous montrer que le temps de ce début de XXIème siècle n’est pas plus détraqué qu’il ne l’a été dans les siècles précédents. Il y a toujours eu, et malheureusement il y aura toujours, des catastrophes météorologiques !


Un accident sur le lac

9 septembre 1768

« On mande de Lachen que la barque qui va à Zurich ayant été submergée par un ouragan qui s’éleva sur le lac, 25 personnes, la plûpart (sic) de ce bourg, eurent le malheur de périr. Une femme, qui étoit dans le sixième mois de sa grossesse, ayant eu avis de cet accident, ne douta pas que son mari, qu’elle attendoit à Zurich, ne fût du nombre de ceux qui avoient perdu la vie ; & cette idée fit sur elle une impression si forte, qu’elle accoucha sur le champ elle mit au monde six enfans (sic) tous bien formés, lesquels furent baptisés le lendemain dans l’Eglise paroissiale, & moururent quelques jours après. Aujourd’hui la mere (sic) se porte aussi-bien (sic) que son état le permet : ses inquiétudes ont été dissipées par la presence (sic)  de son mari qui s’étant arrêté à Zurich pour quelques affaires, revint ici trois jours après l’accident dont on vient de parler. »

Le lac de Zurich est un lac suisse qui se trouve au sud-est de la ville de Zurich. Il est bordé par les cantons de Zurich, Saint-Gall et de Schwytz. Il a la forme d'une banane de 42 km de long.
Une barque en faisait le tour, transportant des voyageurs, de ville en ville.

Pour cette femme, quelle aventure !
L’annonce de l’accident, une grossesse multiple non prévue (à cette époque pas d’échographie !) qui prend fin par la naissance prématurée de six bébés…… nés et décédés à peu d’intervalle…
Un peu de bonheur, toutefois, le mari n’était pas dans la barque  qui a chaviré. Et le voilà qui revient sain et sauf !!
Une belle histoire avec tous les ingrédients et rebondissements qui mériterait qu’on s’attarde un peu…. Qui sait, un jour ?……


Un verre pour trinquer

9 septembre 1768

« Plusieurs personnes nous ayant requis de les instruire de quelqu’un qui possédât le secret de la véritable Eau Divine, nous les prévenons qu’ils aprendront (sic) au bureau des annonces, le nom de quelqu’un qui en a fait cet été d’autant plus excellente, qu’il n’y a employé ni sucre ni esprit de vin, mais seulement les simples ; on sçait (sic) la bonté de cette eau pour les maux de tête, douleurs de nerfs, apoplexie, douleurs de reins, rhumatismes, les plaies, brûlures, indigestions, foiblesses d’estomach (sic), pour se garantir du mauvais air, & une infinité d’autres maux. Le prix de la bouteille de demiard  est de 3 liv. ; en prenant une plus grande quantité on diminuera quelque chose. »

Plusieurs recettes pour cette « eau divine » :

Celle de M. Baumé :

Ingrédients :
Esprit de vin rectifié, quatre pintes
Huile essentielle de citron et de bergamotte, de chaque deux gros
Eau de fleur d’oranges, huit onces

Mettez tous les ingrédiens dans un bain-marie d’étain, et faites distiller à une chaleur inférieure à celle de l’eau bouillante, pour en tirer tout le spiritueux.
D’autre part faites dissoudre à froid quatre livre de sucre dans huit pintes d’eau, ajoutez-y l’esprit de vin arromatique ci-dessus, mêlez le tout ensemble, conservez ce mélange dans des bouteilles bien bouchées, et filtrez-le quelques temps après.

Esprit de vin : alcool – spiritueux

Autre composition :

On choisit trente citrons d’Italie ou de Portugal dont les ecorces soient plus epaisses que fines, d’une odeur penetrante.
On verse huit pintes d’esprit de vin rectifié dans une terrine de grès ; on enleve par petites lames fines l’ecorce jaune de ce fruit ; on prend ensuite ces parties d’ecorces l’une après l’autre, on exprime sur l’esprit de vin, et on suit en tous points les mêmes procedes que pour l’eau cordiale ; puis on fait fondre, clarifier et cuire au fort boulet, dix neuf livres de sucre blanc.
On retire le vaisseau du feu on y verse avec la même précaution, deux pintes d’eau de fleurs d’orange double, bien limpide : on ajoute le suc de huit citrons et l’esprit aromatique ; on verse la liqueur dans de grosses bouteilles de verre, et on fait éclaircir.

M. Dubuisson avait aussi sa propre composition, très proche des deux autres.

Informations trouvées dans :
Encyclopédie méthodique ou par ordre de matieres – arts et métiers mecaniques – par une société de gens de lettres et savans et artistes – tome deuxieme.

La composition dont il est question dans l’article ne comporte ni sucre, ni esprit de vin. Il s’agit donc d’une autre recette.


Enfin une bonne nouvelle !

30 septembre 1768

« Il y a 8 jours qu’un enfant jouant dans un bateau à Tourville, à l’isle (sic), vis-à-vis les Authieux, tomba dans la rivière ; un gros chien barber ayant vu cette chûte (sic), se jetta (sic) à l’eau & fut repêcher l’enfant qu’il vit passer sous le bateau ; mais ne pouvant le ramener à bord, ils firent l’un et l’autre tant de bruit, qu’on vint au secours & retira l’enfant qui tenoit le chien par une pate (sic). »

Une bien belle histoire que ce sauvetage qui gardera son secret sur l’identité de l’enfant.
Une heureuse fin pour clore mon article.