mercredi 18 février 2015

AU FEU !




Le feu était le pire des fléaux. Il se déclarait souvent par imprudence ou négligence :
·         Entrepôt de bois sec ou objets trop prés de l’âtre.
·         Défaut de ramonage ;

Dans le premier cas, les logements, trop exigus et occupés par un nombre important de personnes, ne permettaient pas toujours de laisser un espace suffisant devant la cheminée. De plus, en cas de grand froid, pour avoir un peu de chaleur, il fallait se placer tout prés du foyer.
Dans le second cas, payer les services d’un ramoneur n’était pas toujours possible par des familles en grande précarité.

N’importe qui pouvait être victime d’un pareil sinistre, d’autant plus qu’en toute saison, la cheminée était allumée, dans tous les foyers, pour cuire les aliments.
Mais, les professionnels, tels les aubergistes, les boulangers, les fabricants de chaux et les manufacturiers, étaient les plus exposés.

En cas d’incendie, toute la ville se mobilisait. Il fallait éviter que les flammes ne se propagent aux habitations proches, au quartier, voire à la ville entière.
La moindre fumée, la moindre odeur suspecte et c’était le « branle-bas-de-combat ». Tous, munis de seaux, s’alignaient en deux chaînes, face à face, Alors, commençait la ronde des seaux se balançant de main en main, arrivant  pleins du point d’eau le plus proche et y retournant, vidés de leur contenu qui venait d’être jeté sur le brasier.. Un exercice, malheureusement, trop souvent répété.

-=-=-=-=-=-

Ce jour-là, 20 octobre 1809, vers les huit heures du soir, le feu s’était déclaré, rue du Matrey au numéro 3, dans la boutique d’épicerie du sieur C.
Tous se précipitèrent. Cette rue comptait grand nombre de commerces. Il y allait de l’économie de la ville.

Cette fois-ci, plus de peur que de mal. Le sinistre fut maîtrisé très rapidement.

Une enquête, afin de déterminer les causes de l’incendie, fut menée. Elle ne décela aucune anomalie dans la construction de la cheminée, à l’exception toutefois du conduit d’évacuation de  fumée qui marquait un léger rétrécissement au niveau d’un coude. Le ramonage avait bien été effectué, mais sans doute pas assez minutieusement à cet endroit précis.

En effet, le petit ramoneur, interrogé, avait affirmé avoir effectué son travail du toit à l’endroit coudé et du sol au coude, négligeant le passage mis en cause, en raison de sa corpulence qui ne lui avait pas permis de franchir le passage plus étroit.

Le sieur Clément, ramoneur, se vit recommander de veiller à ce que les enfants qu’il employait à cette besogne de grattage et nettoyage des parois internes des conduits ne soient pas trop forts afin de pouvoir se faufiler plus facilement.

-=-=-=-=-=-

Deux jours plus tard, le dimanche 22 octobre 1809, sur les six heures du matin, un autre incendie éclata dans le four du sieur P, chaussée de Saint-Jean.
Cette fois encore, pas trop de dommages, grâce « au zèle de tous les habitants et à l’intelligence du corps des sapeurs-pompiers [1]».

Sans cette mobilisation générale et le savoir-faire des soldats du feu, les flammes se seraient, assurément, communiquées à tout le bâtiment et aux maisons avoisinantes.

Le four ne présentait aucune malfaçon. Il s’agissait « d’une imprévoyance de ceux qui s’étaient, la veille, servis du four. Ils n’avaient pas suffisamment examiné si les instruments dont ils se servaient étaient débarrassés de toute étincelle[2] ».


Plus de peur que de mal, une simple réprimande et avertissement à la prudence.

-=-=-=-=-=-

De nombreux arrêtés municipaux interdisaient, afin de prévenir les incendies, les amas de bois dans les ruelles séparant les maisons et la construction de bâtisses recouvertes de chaume.
Les contrevenants étaient sévèrement verbalisés.


[1] Termes du courrier du maire de Louviers.
[2] Termes du courrier du maire de Louviers.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.