dimanche 31 mai 2015

A VOS PLUMES : SUJET DE JUIN "AH ! LES COPAINS !"




L’année scolaire s’achève.
Et chacun de dire : « Comme elle a passé vite ! »
Je répondrai que cette réflexion étant récurrente, les années passent à la même vitesse !


En septembre, nouvelle classe, nouvelle institutrice ou nouvel instituteur, nouveaux professeurs et parfois nouvel établissement scolaire.
Oui, mais surtout, nouveaux copains ou copines.
Les amitiés se font ou se défont au cours des mois. Des sympathies ou antipathies se créent. Allez savoir pourquoi ?

Mais pas de scolarité sans cette union, la classe. Pas de scolarité sans cet apprentissage à la sociabilisation. Pas toujours facile !

Alors, vous souvenez-vous d’une fille ou d’un garçon avec qui vous avez créé des liens, passé de bons moments pendant une de vos années scolaires. Cette amitié s’est-elle poursuivie au-delà de l’année scolaire, au fil du temps ? Perdure-t-elle encore ?
Quelles confidences, quelle complicité avez-vous partagées ?
Avez-vous été trahi par cette personne ?

Mais, vous avez peut-être pu aussi rencontrer la teigne qui vous a pourri la vie !

Alors, « A vos plumes » !
Racontez ces moments d’amitié sincère partagés ou libérez-vous de vos rancœurs contre celle ou celui qui toute une année, voire plus, vous a mangé votre oxygène !

J’attends, bien évidemment, vous vous en doutez, que vous déversiez plutôt votre hargne contre la ou le casse-pied. Alors, allez-y, libérez-vous !

AUJOURD'HUI EST UN GRAND JOUR !



Le soleil s’éveille au-dessus de la vaste forêt.
Les fleurs redressent une à une leur corolle encore ensommeillée.
Certaines étouffent un bâillement, d’autres rêvassent dans un demi-endormissement.

-      Aujourd’hui  est un grand jour, murmure le vent, aujourd’hui est un grand jour.
-      Mais de quel grand jour s’agit-il ?  se demandent les fleurs

Tout à coup, la forêt s’anime, tous ses habitants se mettent en mouvement et se saluent amicalement.

-      Aujourd’hui  est un grand jour, murmure le vent, aujourd’hui est un grand jour.
-      Mais de quel grand jour s’agit-il ?  se demandent les animaux.

Mais le vent continue d’agiter les feuillages sans en dire plus. Le mystère demeure.

Soudain, le ciel s’obscurcit. De gros nuages noirs s’amoncèlent au-dessus des grands arbres sur lesquels ils viennent se répandre en des milliers de gouttes de pluie qui de feuille en feuille scandent inlassablement en une litanie monotone :

-      Aujourd’hui  est un grand jour ! Aujourd’hui est un grand jour !


Mais au premier rayon de soleil,  les gouttes de pluie s’évaporent sans révéler le secret. Un silence interrogateur s’installe alors.

Même le renard réputé pour sa ruse, sa rapidité et sa grande analyse des situations hasardeuses, reste médusé, provoquant un immense étonnement.

Si lui ne peut savoir …. Alors !!!


Un jeune lapin déluré et bavard en reste sans voix. Il se contente, à l’énoncée de la question posée par ses congénères, de croquer la carotte de son petit-déjeuner l’air indifférent, le regard absent.
Sa renommée vient d’en prendre un sacré coup. Lui, réputé pour sa répartie verbale, ne pas trouver matière à répondre, quelle humiliation !!


Il décide alors de trouver la solution à cette énigme, aussi se met-il en quête immédiatement.

Il se dirige vers le ruisseau. Tout est calme.

Seul le courant sautille joyeusement de cailloux en rochers, produisant des gerbes de gouttelettes en un chant mélodieux.

Et que dit ce chant ?

-      Aujourd’hui  est un grand jour ! Aujourd’hui est un grand jour !
-      Mais de quel grand jour s’agit-il demande tout haut le pauvre lapereau.

Mais les poissons qui frétillent non loin de la rive ne lui répondent pas, ils se contentent de faire quelques bulles qui remontent légères à la surface, avant de disparaître  d’un coup de nageoires majestueux, vers le fond du cours d’eau.


La couleuvre, tapie sous un tas de verdure non loin de la rive, ne bouge pas. Elle écoute, attentive au moindre bruissement. Que lui importent les paroles colportées par le vent. Elle rêve sous sa couverture de feuillage au soleil des pays lointains, ces pays où elle n’ira jamais et que lui a contés un oiseau migrateur. Elle rêve et chantonne un air de là-bas…… Ce là-bas où vivent des animaux peu communs.


Vaquant à leurs occupations, toute la matinée, les animaux se retrouvent à midi dans une clairière inondée de soleil.

Le vent murmure toujours, doucement dans les feuillages, cette phrase qui intrigue tant le petit monde de la forêt.

Un petit faon, nouvellement né, tenant à peine sur ses frêles pattes s’avance, chancelant, et d’une voix cristalline lance étonné :

-      Vous ne le savez donc pas ?
-      Non ! répondent, d’une seule voix, tous les animaux rassemblés.
-      Aujourd’hui, reprend le petit faon, Aujourd’hui, c’est le jour des mamans !


Et toute la forêt, alors, résonne des mille bisous faits par tous les petits à leur maman.


Bonne fête à toutes les mamans, car aujourd'hui est un "grand jour" !

mercredi 27 mai 2015

POURQUOI CETTE EXPRESSION : "QUI DORT, DINE" ?




Voilà une étrange d’expression, mais que signifie-t-elle ?

Que celui qui dort n’a pas besoin de manger ?
Qu’un bon sommeil équivaut à un bon repas ?

Alors pourquoi a-t-on faim le matin au réveil ?


Cette petite phrase remonte au Moyen-âge.

Lorsque les voyageurs s’arrêtaient dans une auberge, le soir venu, pour prendre un peu de repos et demandaient un lit pour la nuit, l’aubergiste, répondait alors :
« Qui dort, dîne ! »

En clair : 
« Si vous voulez un lit pour dormir, vous devez aussi prendre le repas du soir, donc dîner !! »

Quelles auberges, d’ailleurs, où le voyageur, la plupart du temps, ne se voyait pas attribuer une chambre particulière, mais un lit qu’il devait souvent partager avec quelqu’un d’autre qu’il ne découvrait souvent qu’au moment d’aller se coucher.

Mais après avoir chevauché toute une journée ou avoir parcouru de mauvais chemins dans des voitures sans suspension tirées par des chevaux, n’était-on pas prêts à partager une couche médiocre ou un matelas de piètre qualité pour prendre un peu de repos ?

mardi 26 mai 2015

IL FAUT PRENDRE LES EAUX !




Assis sur un tronc d’arbre mort, Louis Joseph B  se massait le genou.
Depuis quelque temps, la douleur ne le quittait plus, gênant sa marche, entravant les mouvements qu’il devait effectuer quotidiennement. Il pestait après ce mal qui lui était venu d’une blessure reçue, comme on disait alors, « au champ d’honneur ». De l’honneur, Louis Joseph B n’en avait rien vu de sonnant et trébuchant. Pour ça, non ! Ce qu’il en avait récolté, lui, simple soldat, ce n’était que cicatrices et souffrances.
Si au moins, il pouvait travailler !

Mais, ce mal, au fil de la journée, partant du genou, envahissait, lancinant, la cuisse jusqu’à l’aine et descendait jusqu’aux orteils. Le soir, il traînait la jambe comme un membre mort.
La nuit aurait pu lui apporter quelques soulagements, mais souvent, il ressentait des fourmillements, des impressions de chaleur, puis de froid.
Alors, essayant vainement de trouver le sommeil, il se tournait, se retournait sur sa couche, sortant sa jambe malade de dessous la maigre couverture cherchant un peu de fraîcheur, pour la recouvrir peu de temps après, en quête de chaleur. Ses mouvements incessants avaient fini par mécontenter son épouse, Marguerite Célestine, tenue éveillée chaque nuit.

Elle comprenait, certes, mais étant donné, qu’à présent, la plupart des travaux reposaient sur ses épaules, en raison de la maladie de son homme, il fallait bien qu’elle prenne un peu de repos.
Louis Joseph s’était alors aménagé un coin dans la grange où à présent, il passait ses nuits.
Ce n’était tout de même pas une solution !

« T’as qu’à aller consulter ! lui avait conseillé Marguerite Célestine.
-          Oui, mais ça coûte !
-          Pour sûr, mais si tu pouvais travailler après, on y gagn’rait !
-          Oui, mais les remèdes, faut payer !
-          Va consulter, j’ te dis !

Louis Joseph avait fini par obtempérer pour tranquilliser son épouse, car lui, il ne croyait pas aux remèdes miracles.

Le docteur Goubert[1], médecin à l’hôpital de Louviers, après examen de la jambe malade ne fut pas optimiste.

« Je ne peux pas faire grand-chose. Ce n’est pas une maladie, mais les conséquences de vos nombreuses blessures. Les os, les cartilages ainsi que les muscles ont été endommagés et nous ne pouvons réparer ces dégâts.
-          Alors, j’ pourrais plus jamais ren faire et j’ souffrirai d’ la sorte jusqu‘à la fin ?
-          Hélas oui ! Il y a, peut-être une solution, toutefois, qui pourrait vous soulager.
-          Ah, et laquelle ?
-          Vous rendre à Bourbonne-les-Bains[2]. Les eaux minérales de la source pourraient vous soulager.
-          C’est où ça ?
-          En Haute-Marne. Il y a plusieurs jours de voyage.
-          Mais ça va coûter tout ça ! Et vu que j’ travaille point …..
-          Je vais voir pour que vous soit attribuée une indemnité de route. Sur place, votre qualité d’ancien militaire, vous permettra d’être accueilli, gratuitement, à l’hôpital militaire.


De retour en son foyer, Louis Joseph B rapporta les termes du verdict du médecin à son épouse.

« Puisqu’ c’est la seul’ solution ! conclut-elle alors. Mais en son for intérieur, elle n’était point convaincue. De plus, avec le trajet, son époux serait absent entre six à huit semaines, aussi, la perspective de ce voyage, même s’il devait être curatif, ne l’enchantait guère.
Puis, elle ajouta :
« Après tout, si tu r’viens en bonne santé, après tout ! »


Ce fut ainsi que Louis Joseph partit dans l’espoir de voir ses douleurs s’envoler comme par miracle, laissant à Marguerite Célestine la charge de gagner l’argent du foyer et de s’occuper des enfants.
N’avait-elle pas fit face à diverses époques de sa vie ?

Mais quand elle avait rencontré Louis Joseph, elle avait pensé qu’elle pourrait, enfin, se reposer sur des épaules plus solides que les siennes.

Parfois, elle se demandait pourquoi, elle l’avait épousé[3]. Si elle ne s’était pas trouvée grosse, peut-être que ….
Elle rejetait très vite ses idées noires, pensant qu’elle n’avait pas le droit de remettre en cause les huit années de vie commune passées avec cet homme qui n’était pas un mauvais bougre.
Il vient parfois en tête toutes sortes de réflexions lorsque la vie semble basculer, lorsque le découragement vient.
Non, elle ferait face. Et puis quand il va revenir, son Louis Joseph, il ira mieux et la vie sera de nouveau plus acceptable !
Mais ira-t-il mieux ?

Lorsque Louis Joseph revint, il avait le sourire. Il traînait moins la jambe. Il avait moins mal.
Marguerite Célestine en se jetant dans ses bras, crut à la chance retrouvée. Elle avait prié et avait été entendue.

L’hiver vint, et avec lui, peu à peu, les douleurs reprirent. D’abord de temps à autre.
« c’est l’ temps ! pensait le malade.

Puis la douleur s’installa de nouveau comme avant. Alors, l’homme qui avait repris, à son retour, sa place sur la couche conjugale, retourna dans la grange.

« Faut r’tourner voir le docteur, conseilla Marguerite Célestine.

Le docteur Goubert, fut plus optimiste cette fois :
« Si il y a eu un mieux, faut retourner prendre les eaux. On ne peut obtenir de très bons résultats en une fois. »

Une aide fut encore demandée et Louis Joseph partit encore au début de l’été 1818.

Le même scénario se produisit. Un mieux à son retour et ……

-=-=-=-=-=-

En mai 1819, le malade était de nouveau dans le cabinet du docteur.
Le même diagnostic : faut retourner prendre les eaux.
Les mêmes arguments du malade : on ne peut pas payer.
Les mêmes aides accordées pour un nouveau séjour, soit trente centimes par jour.

Tout cela commençait à énerver fortement l’épouse.
- C’est y pas un moyen de se payer du bon temps ? finit-elle par s’interroger. Elle aussi, elle avait des douleurs, comme tout le monde ici bas, alors pourquoi qu’elle n’irait pas, elle aussi, « prendre les eaux », comme les bourgeoises.


Alors, ce soir-là excédée à l’idée de devoir encore faire face, seule, elle lança à son époux !

« Puisqu’ i’ parait qu’ là-bas tu vas mieux, et ben, on va tous y aller ! »

Voilà, peut-être, pourquoi, nous ne trouvons plus aucune trace de cette famille dans les actes de l’Etat Civil de Pont-de-l’Arche ni dans ceux de Louviers à partir de 1819.


[1] La première consultation eut lieu en 1817.
[2] Les Romains avaient, déjà, à cet endroit, voué à la déesse Damona, construit des thermes.  En 1735, un hôpital militaire fut érigé, puis en 1783, une station thermale qui devint très vite réputée, vit le jour. De Louviers, Bourbonne-les-Bains, en Haute-Marne, se situe à environ 450 kms, en passant par Paris. Je ne possède aucun document me permettant de reconstituer le trajet qu’ont emprunté les diligences, en 1817.  A la fin du XIXème, avec l’arrivée du chemin de fer, l’accès à ce lieu thermal fut simplifié.
[3] Marguerite Célestine, veuve de Pierre  François F, s’était mise en ménage avec Louis Joseph. Une petite fille qui fut reconnue par son père, naquit en  en juin 1811. Cinq mois plus tard, le couple se mariait.