lundi 13 juillet 2015

1789 - AUTOUR DU 14 JUILLET



1789 - autour du 14 juillet

Le journal de Rouen s’étoffe……  moins de petites annonces, mais le rapport des différents discours  des diverses Assemblées et ceux du roi, Louis XVI, comme dans les 10 feuilles du 1er juillet.
Les revendications affluent : trop d’impôts, demande de la suppression de la gabelle et grogne concernant le prix du blé qui est toujours à la hausse….

Pourtant le Roi semble vouloir apaiser les esprits, comme nous le relate cette phrase :
« Vous verrez dans l’adhésion qu’il est empressé de donner à la première déclaration du Roi le désir de conciliation qui l’anime, son vœu sincère pour que les Ordres soient ramenés à la concorde qui ne devoit jamais être altérée entre Français et sans laquelle il est impossible d’opérer le bien de l’Etat, premier devoir de tout bon citoyen ». (4 juillet - page 3)

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Le 4 juillet, le tirage de la loterie Royale de France affichait les numéros : 45, 3, 80, 47, 13
Y-a-t-il eu des gagnants ?

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Le journal conseille :
« on s’abonne en tout temps, pourvu que ce soit pour une année, au Bureau, chez Le Boucher Le Jeune, Libraire, rue Ganterie, à Rouen, moyennant 12 livres pour la Ville, 13 livres 10 sols pour la Banlieue et 15 livres pour le reste du Royaume ».

Loin du tumulte politique de Paris, Rouen poursuit sa vie calme. Le théâtre ne désemplit pas. Tout semble poursuivre son petit bonhomme de chemin……

Monsieur Alexandre, peintre en miniature est de nouveau dans la ville. Il se propose de faire quelques séjours et,  
«….. les amateurs qui voudront s’assurer de son talent pourront voir de ses ouvrages à l’Hôtel de Londres, où il demeure rue des Charetes, près de Vieux-Palais. »

Mais le prix des céréales a encore légèrement grimpé……..


11 juillet 1789

A Paris, les réunions et les assemblées se multiplient. Un pas en avant, deux pas en arrière. Personne ne veut lâcher quoi que ce soit. La tension monte dans le peuple. 

Un  petit encadré (page 4)  intitulé : « Belle répartie d’un soldat du Régiment de Navarre ».
Je vous le soumets ci-dessous :
« Ce soldat, faisant partie du piquet destiné à maintenir l’ordre aux Cordeliers, lors de la dernière vente de farine qui s’y est faite, avait inutilement repoussé plusieurs fois une femme qui voulait entrer malgré lui. Celle-ci, croyant le gagner, s’avisa de lui dire : Est-ce que tu n’es pas du Tiers-Etat ? Oui, et je m’en fais gloire, répondit le fusilier, mais aussi, quand je suis sous les armes, je suis noble. »
Selon la fin de l’article, cet homme aurait été récompensé pour sa belle répartie.

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Pas besoin de rappeler les évènements du 14 juillet. Pas plus que le petit mot inscrit par     Louis XVI sur son agenda, en conclusion des affaires de la journée : « Rien ! ».

A Paris, on enchaine les procès-verbaux devant engager les réformes voulues par le Peuple de France et rédigées dans les Cahiers de Doléances. Chaque Région est représentée par un élu de son choix.
On peut trouver tous ces discours dans le Journal de Rouen, largement commentés, mais pas en instantané. Il y a quelques jours de décalage, le temps à un émissaire de porter les informations à cheval.


Le 15 juillet, à Rouen, une souscription est lancée en faveur des pauvres (page 3).
En voici quelques extraits :
« Cette souscription est pour s’engager à fournir chaque semaine, depuis le moment actuel jusqu’à la fin mars 1790, une quantité de pain ou sa valeur. » (article 1)
« La souscription sera en faveur de tous les pauvres de la ville et faubourg ; de manière qu’on étendra l’application des pains aux familles qui vont être désignées, en les prenant dans chaque paroisse, toutes sans exception, ou si le montant des sommes ne suffisait pas, proportionnellement à la quantité des familles de chaque paroisse. » (article 3)
Le pain sera distribué dans l’ordre suivant : il en sera donné, par semaine, six livres à chaque famille chargée de quatre ou cinq enfants, au-dessous de l’âge de douze ans, en excluant absolument l’enfant qui aurait douze ans révolues, au moment que la liste sera faite : cette date n’est exigée avec rigueur que pour se ménager des points fixes. » (article 6)
Pour remplir ce premier projet, nous comptons, à en juger par les familles de la paroisse de S. Maclou, qu’il ne faudra pas plus de quatre cents pains par semaine. (article 9)
Le pain qui sera distribué sera de celui que les pauvres achètent ordinairement pour leur usage, qui est de farine bâtarde ; il sera pris chez le boulanger qu’il plaira à chacun de MM. Les curés d’indiquer, sur un billet ou carte signée, avec toutes les précautions propres pour obvier les fraudes. (article 12)

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Un petit article, le même jour, a attiré mon attention.
« Il a été oublié dans l’intervalle du 30 juin au 3 du courant, dans une maison de cette ville, un très grand parapluie de tafetas (un seul f dans le texte)  brun, presque neuf, ayant son bâton de bois de palissandre. On prie les personnes chez qui il pourrait être resté, de le faire savoir chez M.  Féret fils, rue Perciere, n° 5. »

 Oublier son parapluie quelque part quand on vit en Normandie, quel pépin !!

Mais pas de panique ! Le journal du 22 juillet annonce :
« Il a été trouvé, dimanche 10 du courant, sur le boulevard de Cauchoise, un parapluie, s’adresser au sieur Ferrand, Marchant d’eau-de-vie, rue et près la place Cauchoise,     n° 100. »

S’agirait-il du parapluie perdu précédemment ?

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Savez-vous ce qu’est un cronopodiste ?
En page 6 du journal de Rouen, vous apprendrez que M Hirsch en est un, qu’il réside à Rouen et qu’il est recommandé de son Altesse Royale l’Archiduchesse d’Autriche et d’un grand nombre de personnes de qualité.
Vous ne savez pas ?
Et bien, son art consiste à guérir les cors aux pieds, les ongles poussés dans la chair, les engelures aux mains et aux pieds !

Vous avez besoin de ses soins ? Alors, allez très vite chez le sieur Peccatier, Perruquier, rue Ganterie, vis-à-vis la Place Royale, n°73 où ce praticien demeure momentanément.


18 juillet

……… « Convaincus que l’intérêt du peuple français  est inséparable de celui de son Souverain et qu’il ne parviendra jamais à secouer le joug sous lequel il gémit depuis longtemps qu’en donnant la plus grande extension au pouvoir exécutif, tous les Membres, qu’un si pressent motif réunis en ce moment, jurent, sur l’autel de la Patrie, en présence du Juge redoutable des Rois et de leurs Sujets, de maintenir l’autorité royale dans toute son intégrité, et de réprimer de toutes leurs forces les attentats de ceux qui auraient la hardiesse de vouloir la partager. »……
(Extrait de l’adresse des citoyens de Nantes, lue à la séance du 7 juillet - page 3)

Les Français sont tout de même très attachés à leur souverain. Ce qu’ils souhaitent, c’est vivre mieux, ne plus être accablés d’impôts et que les privilèges de la noblesse disparaissent……

22 juillet

Il fallut attendre ce jour pour que le journal dévoile les faits qui s’étaient passés à Paris, un certain 14 juillet 1789 …..

Nous pouvons lire page 2 :
…………..M le Vicomte de Noailles est arrivé à toutes brides de Paris. Son air seul annonçait ce qu’il allait raconter. Il est monté dans l’Assemblée, entourée de députés. Là, il a dit ce qu’il avait vu lui-même, toute la bourgeoise de Paris en armes et dirigée dans sa discipline par les Gardes françaises et les Suisses, les canons des Invalides et leurs fusils enlevés, toutes les familles nobles obligées de se renfermer dans leur maison, la Bastille forcée et M. de Launey, son Gouverneur qui avait fait tirer sur les citoyens, égorgé……….

La prise de la Bastille !! Vous connaissez la suite….

Pour mémoire, voici quelques dates :

Les Etats Généraux se réunissent à Versailles le 5 mai 1789.
Rassemblés à nouveau le 20 juin dans la salle du Jeu de Paume, ils jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution à la France.
Le 23 juin, le roi interdit aux ordres de siéger en une salle unique et ordonne aux députés du Tiers de se retirer sur le champ. Ceux-ci refusent d’obéir et restent sur place.
Ce fut ce jour-là que Mirabeau lança cette phrase qui restera dans les mémoires : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes…… »
Louis XVI tente de réagir et renvoie, le 11 juillet, Jacques Necker, ministre et membre du conseil du roi qui avait entrepris de grandes réformes.
Le peuple de Paris se révolte et s’empare de la Bastille, le 14 juillet.
Le roi rappelle Jacques Necker le 16 juillet pour apaiser la foule. (Necker démissionne en juillet 1790).
Dans la nuit du 4 août, fut décidée la suppression des privilèges.
Le 26 août, est adoptée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Les 5 et 6 octobre, le peuple de Paris se soulève à nouveau, marche sur Versailles et contraint Louis XVI à venir résider à Paris.
Le 14 juillet 1790, grande fête de la Fédération Nationale sur le Champ-de-Mars, à Paris. Talleyrand célèbre la messe et le mariage mystique entre le Roi et la Nation.


…… l’histoire est sans fin, quels que soient les évènements, elle poursuit son chemin…….


Cet article ne se veut nullement « livre d’histoire », mais une succession de petits faits autour de la Révolution Française de 1789 qui n’ont d’autres prétentions que de vous distraire et vous amuser.

Sources :
·         Journaux de Rouen
·         Dictionnaire illustré de l’Histoire de France – A Decaux et A Castelot
·         Histoire de France – A Alba – Librairie Hachette

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