jeudi 29 octobre 2015

POUVEZ-VOUS ME DIRE POURQUOI IL Y A AUTANT DE BRUITS ?



 
Qu’est-ce que le bruit ?
Le dictionnaire nous le décrit comme un phénomène acoustique sans harmonie.

Voilà quelques mots, quelque peu oubliés, désignant des bruits.

Un borborygme (1564)
Bruit intestinal produit par les gaz. On parle aussi de gargouillis ou gargouillement.
Ce mot désigne aussi  des paroles mal articulées et de ce fait incompréhensibles.

Un brouhaha (1552)
Faire un grand brouhaha pour un rien (1552)
Grands bruits confus de voix (1659)

Une cacophonie (XVIème siècle)
Consonance blessant l’oreille
Puis, à partir de 1732, mélange confus de voix et de bruits.

Un charivari (1370)
Ce mot a, sans doute, un lien avec l’ancien français « Harer », exciter les chiens – terme de chasse. Cependant « Hari », cri pour faire marcher les bêtes et « hari hari », exprimant la moquerie au XIIIème siècle

Concert où se mélangent les sons discordants et bruyants d'ustensiles de cuisine entrechoqués, de crécelles, de cris et de sifflets, qu'il était d'usage d'organiser pour montrer une certaine réprobation devant un mariage mal assorti ou la conduite choquante d'une personne.

Un tintamarre (XVème siècle)
Du latin « Tinnitare ».
D’abord bruit que l’on faisait en tapant sur quelque chose et notamment lors des battues.
A partir de 1546, un tintamarre désigne un grand bruit accompagné de confusion et de désordre.

Un tintin
Bruit d’objets qui tintent, puis bruits de cloches ou de verres qui s’entrechoquent (1680).
En 1312, le tintin désignait un jeu où le perdant payé un gage en pièces qui tintaient.
« Faire tintin », en 1503, signifiait payer en espèces sonnantes et trébuchantes.
Depuis 1930, cette locution familière avait le sens de : « être frustré de quelque chose ».
Quant à « tintin », tout simplement, il veut dire depuis 1938 : « Rien du tout ».
Un tintouin
Du latin tinnitare :  « gazouiller »
D’abord, en 1507, désignait une « pensée obsédante, comme un bourdonnement.
Puis, 1560, bourdonnement d’oreilles
Enfin, en 1850, le tintouin était un bruit fatigant.

Tintinnabuler (1839)
Prend naissance dans le latin « tintinnabulum » qui était une sorte de crécelle en métal.
Ce verbe veut dire, produire un son métallique, comme celui d’un grelot  ou d’une clochette.

Un tohu-bohu
De la locution hébraïque « toroul boroul » qui désignait le chaos avant la création du monde.
Le mot est passé, en français, pour désigner un état de grande confusion (1819). L’accent fut mis sur le bruit pour qualifier un tumulte bruyant, en 1862.


Il y a bien entendu bien d’autres mots désignant des bruits allant du chuchotis au vacarme, comme :



Dans l’expression « un bruit qui court », le mot « bruit » ne désigne pas un son plus ou moins agréable, mais une rumeur, qui va d’oreille en  oreille ….. et, dans ce cas là, l’information va grand train.
Dont voici quelques synonymes : commérage - nouvelle - qu'en-dira-t-on - ragot - potin et cancan……





mercredi 28 octobre 2015

1765 - MEDECINE



 Quelles grossesses !

31 mai 1765

« Lettre à M. Le Cat, à l’occasion d’une grossesse de quinze mois :

M. Une personne de distinction, accoucha à Pont-de-L’arche, le 26 mai jour de la pentecôte, après avoir éprouvé une grossesse de 15 mois ; je m’adresse à vous, M. pour sçavoir (sic) les causes de ce retardement. J’espère par vos lumières être éclairci sur un prodige aussi étonnant, & par là donner de la tranquillité aux femmes qui pourroient être dans le même cas.
J’ai l’honneur d’être, &c….. »

Vers adressés à la même personne, à l’occasion de ses couches :

La nature a réglé les saisons et le tems (sic),
Et la terre ne donne
Les présens (sic) de l’automne,
Que lorsqu’elle a perdu les graces (sic) du printems (sic).
Mais pour vous la nature, adorable Erigone,
A bien voulu changer ses loix (sic)
Pour nous offrir tout à la fois,
Et les fleurs du printems (sic) et les fruits de l’automne.

Après quelques recherches j’ai retrouvé l’acte de naissance de l’enfant. Je vous le soumets ci-dessous :

« Le mardi 28 may mil sept cent soixante cinq a été baptisé par messire jean Nicolas Ducroq sieur de Biville  un garçon né le 26 de ce mois et du légitime mariage de messire Jean Martin Louis de Vauvillon, chevalier baron de Langlade, seigneur de la Chaud et autres lieux et de noble dame Marguerite Barbe Anne du Croq de Biville son épouse,  nommé Alphonse Jean Louis  par messire Jean Nicolas David Ducroq de Biville Ecuïer et par haute et puissante dame Geneviève Alphonsine épouse de haut et puissant seigneur messire Arnauld François Dufort comte … (je n’ai pu lire le mot) et de Clermont représentée par noble demoiselle Anne Marguerite Léonore du Croq de Biville, parain et maraine soussignés …. »

Que du beau monde en effet !

Je n’ai rien pu découvrir sur les parents de ce bébé.
Par contre, je peux vous apprendre que Jean Nicolas David, le parrain, né du mariage de Jérôme Ducroq de Biville et de Barbe Vallet, fut baptisé le dimanche 22 février 1699 à Pont de l’Arche.
Jérôme Ducroq de Biville, son père, avait épousé dame Vallet, le mardi 27 février 1685 à Pont de l’Arche. Il exerçait la fonction de  « Greffier en chef civil et criminel au baillage de Pont de l'Arche ».
Si nous remontons encore une génération, le père de Jérôme avait, lui aussi une charge importante, puisqu’il était « Conseiller du Roy, assesseur au baillage et vicomté du Pont de l'Arche ».

 Acte de naissance de jean Nicolas David :
« Dimanche vingt deuzième de février a été baptisé un fils né le dix neuvième du mesme mois du légitime mariage du nommé Jérosme Ducroq  sieur de Biville greffier civil et criminel aux juridictions royales de Pont de l’Arche et demoiselle Barbe Vallet sa femme, nommé Jean Nicolas David par nommé Jean Caney sieur de Villedieu et dame Marguerite Auber femme de nommé Nicolas Langlois sieur du Jeucour lieutenant général au dit Pont de l’Arche, parein et mareine. »

L’acte de mariage de Jérôme Ducroq de Biville et dame barbe Vallet, nous apprend que la mariée n’était pas la fille de n’importe qui, car son père David Vallet, était avocat à la cour et greffier civil et criminel au baillage et vicomté de Pont de l’Arche.

Mais dans tout cela, rien ne justifie une grossesse de quinze mois…..


7 juin 1765

« Lettre à l’éditeur des Annonces

J’ai lû (sic) M. dans votre dernière feuille, une lettre adressée à M. Le Cat, à l’occasion d’une grossesse de 15 mois. Un évènement aussi extraordinaire dans la nature, & si intéressant pour l’honneur & la fortune des familles, éxigent (sic) des détails. Le Magistrat & le Philosophe auroient désiré que vous eussiez fixé son incertitude, fait cesser ses doutes, & éclairci le merveilleux de l’histoire, en lui aprenant (sic) les faits qui peuvent constater la grossesse de 15 mois, si la mere (sic) n’a été affectée d’aucune maladie avant et pendant sa grossesse ; si l’enfant n’étoit pas plus formé que celui qui naît suivant les régles (sic) ordinaires de la nature ; & enfin, si cet enfant a eu vie ou non. Le public instruit connois (sic) les deux Mémoires de M. Louis, Professeur Royal de Chirurgie à Paris, contre la légitimité des naissances prétendues tardives, qui ont paru l’année dernière, & dans lesquels ce sçavant (sic) Académicien concilie les loix (sic) civiles avec celles de l’économie animale. La solidité de ces deux Mémoires, l’adhésion des plus célébres Médecins & Chirurgiens de Paris, la foiblesse (sic) des ouvrages du parti oposé (sic), ont affermi l’Europe entière dans la persuasion où elle a toujours été, qu’une naissance tardive, sans maladie ou cause étrangère dans le cours de la grossesse, est l’effet ou d’une erreur de suputation (sic) de la part des femmes qui n’ont aucun intérêt à déguiser l’époque à laquelle elles croyent (sic) avoir conçu, ou de la supercherie d’une femme qui veut donner un héritier à son mari mort sans enfans (sic) j’espère que M. Le Cat, ou vous, M. satisferez incessamment la curiosité du public sur un fait qu’il est en droit de révoquer en doute, jusqu’à ce que vous l’ayez éclairci.
J’ai l’honneur d’être, &c……. »

« Réponse de M. Le Cat, à la lettre insérée dans la Feuille dernière, sur une grossesse de 15 mois.

M. depuis l’événement de la dent d’or, on ne s’avise plus guère d’expliquer des phénomenes (sic) qu’ils ne soient bien constatés. Une grossesse de 15 mois, est un de ces faits qu’on ne doit croire que quand on en a des preuves bien convaincantes ; & il faut convenir que ces preuves ne sont pas faciles. Ayez donc la bonté, M. de me les fournir, non pas en public ; je conçois que les considérations que l’on doit à la personne accouchée, & la délicatesse du sujet même, demandent plus de ménagement & de décence ; mais au  moins qu’on me communique en particulier des détails bien circonstanciés & bien avérés de cette observation, & je m’offre alors de l’expliquer de mon mieux.
J’ai l’honneur d’être, &c……

Nous tâcherons de procurer à M. Le Cat les éclaircissemens (sic) qu’il nous demande, & de satisfaire la curiosité du public, sans compromettre la décence ni les personnes. »




21 juin 1765

« Lettre à l’auteur des annonces sur les naissances tardives

Les naissances tardives, Monsieur, ne sont point si rares qu’on le croit. A celle dont on a demandé la cause à M. Le Cat, je joins le recit (sic) circonstancié & détaillé d’une, qui ne peut être attribuée à aucun dérangement de l’économie animale. C’est celle de mon propre fils ; il est né après une grossesse d’onze mois. Le fait est certain. La mère a joui d’une pleine & parfaite santé depuis l’instant de la conception jusqu’à celui de l’accouchement. Les premiers mois de la grossesse ont été annoncés par les signes ordinaires, le quatrième par le lait & les mouvemens (sic) internes du fétus qui se sont fait sentir. La force de ces mouvemens (sic) s’est accrue par degrés, de force que dans le neuvième mois on les reconnoissoit au toucher, pour être tels qu’ils sont ordinairement peu de jour avant les douleurs de l’enfantement. Dans le dixième & l’onzième mois il étoient si considérables, que la femme en étoit incommodée. Enfin elle accoucha, non sans peine, d’un enfant qui pesait 22 livres, & dont la grandeur étoit de 24 pouces. Cet enfant, d’un tempérament robuste, marchoit seul dès l’âge de dix mois ; il est actuellement âgé de 15 ans. Il étoit pubère avant douze. Je garantis la vérité de ces faits, & j’en demande la raison physique. »
Je suis, Monsieur, &c…..

22 livres, soit 11 kilogrammes !!!  Comment est-ce possible ?
Et il est dit que la mère « accoucha, non sans peine » !!

24 pouces cela fait environ 61 centimètres.
Pas très proportionné le bambin !
Normalement pour 61 centimètre un bébé doit faire 4 kgs !

Une question ne pose : le père n’aurait-il pas un peu abusé de la bouteille pour fêter l’évènement !
Si c’est le cas, alors réduisons à 11 livres, soit 5 kgs 500 ce qui est déjà un peu plus que la moyenne et gardons les 61 centimes !!!


2 août 1765

« Réponse de M. Le Cat à l’auteur de l’observation sur une grossesse de 11 mois, insérée dans la feuille du 21 juin dernier

En 1753, M. je lûs (sic) à la séance publique de notre Académie l’histoire d’une grossesse de trois ans. M. Winslow témoin oculaire la fit insérer de son côté dans le volume de l’Académie des Sciences de Paris, même année, p. 139. Quand on est disposé à croire un pareil fait, M. il n’y a pas d’aparence (sic) qu’on refuse sa croyance à celui dont vous donnez l’observation dans la feuille 56. Quoique m. Winslow & moi n’ayons rendu publique cette grossesse si singulière, que sur des témoignages qui paroissent très authentiques, il est aisé d’être trompé sur des faits aussi délicats, & j’ai crains de l’avoir été par des soupçons que d’autres gens de l’art ont jetté (sic) sur nos premiéres (sic) informations ; j’en fais faire actuellement de nouvelles, car on ne sçauroit (sic) trop prendre de précautions pour éviter l’erreur : à propos de cela, M. Je vous réitére (sic) la priére que je vous ai faite de me donner en particulier sur la grossesse de Madame votre épouse des détails très circonstanciés qui soient mes garans (sic) auprès du public ; sans cela je ne pourrois faire usage de cette observation. Je serois cependant charmé qu’elle figurât avec plusieurs autres que j’ai & qui se confirmeroient réciproquement. Je ne puis travailler à l’ouvrage que j’ai projetté (sic) de faire sur ce sujet que quand je serai muni de tous ces matériaux amassés avec les précautions susdites.
Si vous êtes, M. impatient de voir l’explication de votre phénoméne (sic) lisez un dernier Ouvrage de M. Le Bas, Chirurgien de Paris : intitulé nouvelles observations sur les naissances tardives. Lisez sur-tout (sic) la Consultation qui est à la fin du Livre. C’est un chef d’œuvre que je crois, par le style & par la force des choses, du célèbre M. Petit, Docteur-Régent en Médecine & en Chirurgie à Paris.
J’ai l’honneur d’être, &c….. »


Un nom revient souvent dans les articles traitant de médecine, au fil des pages du journal de Rouen, c’est celui de M. Le Cat.

Ma curiosité, toujours en éveil, m’a interpellée : « qui était-il ? »
Alors, j’ai effectué quelques recherches et en voilà le fruit :

Claude-Nicolas Le Cat naquit le 6 septembre 1700 en Picardie, et plus précisément à Blérancourt.
Il se destina très jeune à la médecine et à la chirurgie,  et vous ne trouverez pas cela très étonnant quand je vous aurais dit qu’il était fils et petit-fils de chirurgien.
Ses premières études, il les effectua bien évidemment auprès de son père, avant de partir à Paris, en 1726.
Puis, il vint à Rouen où il travailla à l’Hôtel-Dieu d’abord comme « survivancier », puis comme chirurgien, à partir de 1734.
Sa carrière de chirurgien fut jalonnée de succès. Il fut un des premiers à extraire des calculs dans la vessie et réalisa la première extirpation d'un polype vésical à travers l'urètre dilaté. Grâce à son expérience chirurgicale, il inventa ou perfectionna des instruments comme l'uréthrotome, le lithotome, le gorgeret cystotome dilatateur.

Le 20 août 1768, Monsieur Le Cat décéda à l'Hôtel-Dieu. Son gendre David lui succéda au poste de chirurgien en chef.

 Je vous soumets,  ci-dessous, un extrait de l’acte d’inhumation de M. Le Cat :
« …. Messire Claude Nicolas Le Cat, écuyer docteur en médecine, chirurgien en chef de cet Hôtel-Dieu, Lithotomiste, pensionnaire de cette ville, professeur démonstrateur royal en anatomie et chirurgie ; correspondant de l’académie des sciences séparées, doyen des associés …. (mot illisible) de celle de chirurgie de la même ville, des académies royales de Londre, Madry,  Porto, Berlin, Lion, des académies impériales des curieux de la nature ; et de St Petersbourg, de l’institut de Bologne, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences de Rouen, natif de Blérencourt en Picardie, âgé de 68 ans ou environ, demeurant en cette paroisse, décédé le jour d’hier muny des sacrements de l’Eglise a été inhumé par moy soussigné chanoine régulier, prêtre prieur Royal et titulaire de cet Hôtel-Dieu et cure de cette paroisse dans nostre Eglise en présence du chapitre et de M. Jean Pierre David docteur en médecine membre de l’académie des sciences de cette ville et chirurgien en chef en survivance de cet Hôtel-Dieu, y demeurant en cette paroisse, gendre du deffunt, de M. Jean Anthoine Ferandy avocat en parlement, greffier du bureau d’administration de cet Hôtel-Dieu, cousin du deffunt demeurant paroisse S. Denis soussignés et des autres amis du deffunt…….. »

Une sacrée carte de visite !

Etant donné que M. Le cat avait un gendre, nous pouvons en déduire qu’il avait eu au moins une fille et donc qu’il était marié, comme il se devait à cette époque. Mais, rien sur sa vie privée.

Concernant les « grossesses tardives », rien dans les articles du « Journal de Rouen » au cours des articles du premier semestre 1766.
Les informations complémentaires demandées, si elles ont été transmises, n’ont pas donné réponses par voie de presse.
D’ailleurs, après la naissance d’un enfant, que pouvait-on constater de la grossesse passée ?

Et un médecin réputé ne se risquerait pas à attester d’une quelconque conclusion sans preuve à l’appui. Normal !