Inhumations dans les églises interdites
« Il y a long-tems que l’on a
blâmé l’usage aussi indécent que
dangereux d’inhumer dans les Eglises ; on en a vu souvent de mauvais
effets ; mais il n’y en a jamais eu de semblables à celui que l’on a
éprouvé à Saulieu. Le 20 Avril dernier on
y ouvroit une fosse pour une femme morte d’une fièvre putride ; on
découvrit le cercueil d’un homme inhumé le 3 Mars précédent. En descendant
cette femme dans la fosse, la bière et le cercueil s’entr’ouvrirent (sic),
& il en sortit une odeur si terrible que tous les assistants furent forcés
de sortir. De 120 jeunes gens des deux sexes que l’on préparoit à la première
Communion, 114 tombèrent dangereusement malades, & 18 sont morts, compris
le Curé & le Vicaire.
L’ouverture d’un Caveau dans la
Cathédrale de Dijon l’a fait abandonner pendant un tems, & a fait essuyer
des maladies dangereuses à nombre de personnes qui demeurent aux environs.
Pareil malheur est arrivé à Talent, petite Ville à 4 lieues de Dijon, où deux
personnes ont péri. Il est bien malheureux que tant d’exemples aussi frapant
(sic) n’ayent (sic) pas suffi pour détruire un abus enfanté par l’ambition
& un vil intérêt : il semble que le sens commun devoit suffire. »
Saulieu,
commune française, située en Côte-d’Or.
Petit
plongeon dans les archives …………….
Qui
a été inhumé le 20 avril1773 ?
Jeanne Bidon épouse de fe claude
Bertrand boulanger à saulieu agee de quarante ans decedee d’hier munie des
sacrements de penitences et extreme onction a été inhumee dans l’eglise St
Saturnin le jourd’hui vingt avril 1773 ………………..
Et
le 3 mars précédent ?
Il
s’agissait de Pierre François Lemoult époux de Delle Jeanne de fraigne, âgé de
quarante six ans. Il fut également inhumé dans l’église de Saint Saturnin.
Selon
l’article dix huit personnes sont décédées dont le curé et le vicaire.
Le neuf mai mil sept cent soixante
treize Me Nicolas Joseph Bonnet Bachelier en droit, chanoine de l’église
collégiale et curé de Saulieu, décédé d’hier…… agé d’environ trente six ans ….
Le
vicaire se nommé « Maitre Jacques
Faceleu, prêtre vicaire de cette paroisse ». Il avait 39 ans
Parmi
les décès, entre le 9 mai et le14 mai, il y eut :
·
Pierrette Renaud, femme de Jean Manquin
tonnelier – 32 ans.
·
Anne Goujard, épouse de Jean Dubucs
voiturier à Saulieu - 30 ans.
·
Michel, fils de Sébastien L’homme
charron à Saulieu et de Denise Chalon – 9 ans.
·
Dominique, fils de feu Dominique Corbier
meunier à Saulieu et de Pierrette Roulot – 5 ans.
·
Jacques, fils de Léonard Seguin charron
à Saulieu et de Françoise Grillot – 19 ans.
·
Marie-Claude, fille du Sieur Antoine
Brunet marchand à Saulieu et de Françoise Apert – 16 ans.
·
Anne Caillon épouse de Jean François
Vandrebout tailleur d’habits à Saulieu – 22 ans.
·
Damoiselle Marguerite Syprillon épouse
de Mr Jean Bourbon avocat – 55 ans.
·
Françoise Morot veuve de sieur François
Soirrot chevalier lieutenant des chirurgiens de la ville de Saulieu
·
Louis Bertrand fils de Sieur Bertrand
aubergiste à Saulieu – 24 ans.– 71 ans.
Il
en manque certes, mais après les actes
sont datées de fin mai…… alors je ne suis plus sure du tout que ce soit des
suites de la maladie contractée lors de l’inhumation de Jeanne Bidon.
Au
Moyen-âge, on considérait que l’âme d’un défunt accédait plus rapidement au
paradis, si celui-ci été inhumé dans une église. Les places, très rares, en
fonction de la dimension de l’église, se vendaient fort chères.
Les
corps étaient alors enterrés sous les pavés du sol de l’église, ôtés pour
l’occasion.
Faute
de place à l’intérieur, des emplacements furent réservés pour enterrer les
morts, entrainant une réglementation :
Edit
de 1695 : les habitants doivent clôturer le cimetière paroissial.
1715 :
la quasi-totalité des cimetières de campagne sont clôturés.
1730 :
dans les villes, les cimetières sont placés loin des habitations, pour éviter
les infections.
Edit
de 1776 : Louis XVI interdit toute inhumation au sein des églises.
Anecdotes turques
« Lorsqu’un homme s’avise chez
la Mahométans de se plaindre devant le Juge de l’infidélité de sa femme, on
donne presque toujours gain de cause à celle-ci : on les mande tous deux
au Tribunal pour les démarier en presence (sic) d’un autre homme, à qui l’on dit :
voulez vous prendre cette femme pour vôtre ? il ne manque pas de répondre
oui : l’on enferme aussi-tôt (sic) les nouveaux mariés dans une chambre où
ils restent seuls assez long-tems (sic) pour inquiéter beaucoup
l’accusateur ; après quoi l’on donne à la femme la liberté de choisir de
ces deux hommes celui qui lui plait davantage, elle préfére (sic) toujours le
premier mari, qu’une pareille leçon a bien dû corriger. »
En
voilà une histoire ! Quel est cet homme qui ne manque jamais de dire
« oui » ?
Une
personne payée pour jouer un rôle ?
Je
comprends parfaitement la femme qui refuse ce nouveau mari, inconnu d’elle.
Ne
dit-on pas : « on sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas se qu’on
trouve ».
Alors,
bien sûr ……
« Un Négociant Provençal,
nommé M. Martoret, établi depuis long-tems (sic) à Pera, se sentant proche de
la fin, avoit déposé entre les mains d’un Marchand Turc de ses amis, son
porte-feuille (sic) qui contenoit toute sa fortune, montant a (sic) plus d’un
million, avec prière de remettre le tout à un de ses neveux, qui devoit être
alors à Marseille.
Zeangir-Ali, (c’est le nom du
Musulman) après avoir fermé les yeux de son ami chrétien, se hâte d’écrire en
France, pour avoir des nouvelles du jeune Marseillois (sic). On lui répond que
M. Martoret, neveu, étoit absent depuis dix ans, & qu’on ignorait
absolument ce qu’il étoit devenu. Zeangir ne se lassa point d’écrire à
Marseille, jusqu’à ce qu’enfin il reçut une lettre du Neveu lui-même, par
laquelle celui-ci lui aprenoit son retour dans sa Patrie, & les préparatifs
qu’il faisoit pour se rendre incessamment à Constantinople, selon les vœux du
meilleur ami de son oncle.
Le jeune Martoret arrive en cette
grande Ville. Il se transporte aussi-tôt (sic) chez Zeangir, & demande à
lui parler au moment où ce dernier se mettoit à table avec plusieurs personnes
qu’il avoit invitées ce jour-là. J’étois
du nombre, dit l’Auteur, & j’eus la satisfaction de voir l’accueil
honnête que fit le bon Ali au jeune François.
Mettez-vous à table avec nous, lui
dit-il, dès qu’il l’eut reconnu pour Neveu de son défunt ami, dînons d’abord,
après quoi nous parlerons d’affaires. L’Etranger trouve un porte-feuille (sic)
bien garni dans le premier plat couvert qu’on sert devant lui. Surpris, il le
déploie, en jetant sur son hôte des regards qui sembloient lui demander
l’explication de tout ce mistére (sic). Ces papiers viennent de votre Oncle,
lui dit alors Zeangir : c’est un bien par conséquent qui est à vous ;
ainsi garde-le & sçachez (sic) en jouir. Nous dinâmes tous gaiement &
de bon apétit (sic), à l’exemple du cher Neveu, qui paroissoit avoir un aussi
grand besoin de nourriture que d’habits.
Après le repas, le scrupuleux
Musulman prit cet Etranger en particulier, & lui remis le triple du capital
contenu dans le porte-feuille (sic). C’est une restitution, lui dit-il, que je
vous dois. Depuis la mort de votre Oncle, j’ai fait valoir son argent dans le
commerce. Voici les intérêts qu’il a produits pendant cet espace de tems (sic);
ils ne vous sont pas moins dûs (sic) que le principal. »
Un
vrai ami, dans toute sa splendeur ! Très rare….
Avis de décès
« Dame Marie-Anne-Françoise
Aubert de Prébaulieu, veuve de Messire Pierre Nicolas le Noble, Ecuyer,
Seigneur de Saint André, Monpoignan & autres lieux, Conseiller Maître en la
Cour des Comptes, Aydes & Finances de Normandie, est décédée aujourd’hui en
cette Ville, âgée de 63 ans ».
De
quelle paroisse dépendait cette Dame ?
Je
vais essayer de le découvrir.
Ce
que je peux vous dire, en attendant le fruit de mes recherches, c’est que Marie
Anne Françoise Aubert avait épousé Messire Pierre Nicolas Le Noble, le 21 août
1740 à Saint-Aubin-sur-Cailly.
21
août 1740 …
Le mesme jour ont été fiancés en vu
de mariage messire pierre nicolas Lenoble ecuyer Seigneur de montpoignand St
andre conseiller du roy conseiller des comptes en sa cour des comptes aides et
finances de Normandie fils de feu messire pierre Le Noble ecuyer conseiller du
roy, avocat et de feue noble dame marie catherine le Diacre des Essarts et
Damoiselle marie anne françoise auber de Prebaulieu fille de jean David aubert
de prébaulieu ecuyer et de feu dame anne charlotte hardy en presence des
soussignés…….
Une
tâche épuisante qui s’est soldée par rien de concret !
Désolée.
On ne peut réussir à chaque fois !
Incendie au Havre
« Mercredi dernier, à une
heure après-midi, le feu prit au havre, rue Royale, à des copeaux (sic) &
étoupes qu’une femme avoit mis trop près de sa cheminée ; dans la cour de
cette maison, étoit un magasin contenant plus de 200 bariques (sic) de brai
& de goudron ; il y avoit dans la même rue, plusieurs magasins remplis
de ces matiéres (sic) ; le danger ne pouvoit être plus grand ; au
premier avis du feu, M. le Lieutenant de Roi, MM. Les Officiers de l’état Major
du Régiment de Provence ; les Officiers municipaux se transportérent (sic)
sur le lieu, donnérent (sic) de bons ordres, & ne négligérent (sic) rien
pour encourager les travailleurs ; partie des troupes prit les armes, l’autre
fit des patrouilles dans la Ville pour y maintenir l’ordre ; les
Grenadiers enlevérent (sic) en peu de tems (sic) tout le goudron & le bray
(sic) du magasin : les pompes ont été d’un grand secours ; le feu a
été éteint, & on a été quitte pour deux vieilles maisons qui sont hors
d’état de servir. Il faut l’avouer, on doit beaucoup à la Troupe : si le
magasin n’eût pas été enlevé rapidement, que le feu y eût pris, & de suite
à ceux contigus, une partie de la Ville étoit perdue : c’est risquer gros
jeu que de remplir les Villes de matiéres (sic) combustibles ; ces
marchandises devroient être dehors, le Citoyen courroit moins de risques. »
Encore
un incendie qui aurait pu causer beaucoup plus de dégât !
La
scène se passait dans la ville basse du Havre, non loin du port, aujourd’hui le
plus vieux quartier de la ville.
Le
projet d’urbanisme et de fortification du Havre avait été confié à l’architecte
Girolamo Bellarmato par le roi François 1er. La construction de l’église dédiée à
Saint-François dura de 1542 à 1687.
Dans
ce quartier :
·
Les locaux de l’hôtel-Dieu (1564)
·
Le couvent des Capucins (fin du XIXème
siècle)
·
Un hôtel de la monnaie (1721)
·
Une manufacture royale de tabac
Quant
à la rue Royale, plus précisément, elle date de la naissance du Quartier
Saint-François, dont elle fut une artère principale.
·
En 1792, elle fut rebaptisée « rue
des Volontaires ».
·
Sous la restauration, elle retrouva son
nom d’origine.
·
En 1830, on la nomma « rue de la
liberté ».
Elle
est mentionnée par Balzac dans son ouvrage « Mémoires d’un touriste »
dans lequel, l’auteur décrit la ville du Havre.
Les
barriques de brai :
Le
brai est une substance pâteuse et collante de nature végétale ou résine,
extraite notamment de l’écorce du bouleau.
Des enfants atteints d’une maladie génétique
inconnue à cette époque
« Dans un village, à une lieue
& demie de Givray, on voit trois enfans (sic) extraordinaires. L’aîné âgé
de 20 ans n’a pas 4 pieds & demi de hauteur. Leurs paupiéres (sic), leurs
sourcils & leurs cheveux sont blancs comme neige. Cette couleur leur vient
de naissance. Ils voyent (sic) avec peine, & le grand jour les fatigue
aupoint (sic) qu’ils sont obligés de fermer presqu’entiérement (sic) les
paupiéres (sic) lorsqu’ils levent (sic)
la tête pour mieux fixer quelqu’objet (sic). L’Iris & la prunelle de leurs
yeux sont couleur de rose. La mere (sic) de ces enfans (sic) en a eu d’autres,
du même mari, qui ont les cheveux noirs, & sont en tout semblables au
commun des hommes. Le premier, le 2e, le 5e, & le 7e
enfans (sic) sont nés avec les cheveux blancs. »
L’albinisme
est une maladie génétique rare et incurable. Elle est due à une anomalie
héréditaire touchant un pigment nommé « malanine ».
Cette
maladie se caractérise par une dépigmentation des cheveux, poils et ongles, des
yeux et de la peau.
Une
femme ayant déjà un enfant albinos, a un risque de 1 sur 4, d’avoir un autre
enfant atteint de cette même maladie génétique.
Au loup !
« Une Louve, d’une grosseur
énorme, attaqua le premier Mars dernier, dans la forêt de Thelle, au Comté de
Chaumont en Vexin, un boulanger nommé louis Carré, qui traversoit de grand
matin la forêt avec deux ânes chargés de farine. Elle s’avançoit pour se jetter
(sic) sur un ; mais ayant voulu l’effrayer & la chasser, elle s’élança
sur lui, arracha une de ses oreilles, & lui couvrit de morsures le visage
et la tête. Des bucherons étant accourus, elle abandonna le malheureux
boulanger, qui mourut de ses blessures peu de jours après.
Elle s’enfonça dans la forêt, &
rencontra sur les huit heures un bucheron occupé à travailler ; elle s’en
prit d’abord à sa veste qu’il avoit laissée à quelque distance, & qu’elle
mit en pièces. Elle courut ensuite à lui ; mais son beau-frere (sic),
nommé Clair Flichemel, jeune homme de vingt-cinq ans ; fort &
vigoureux, saisit le moment d’un saut qu’elle fit, pour lui porter un coup de
serpe sur la tête entre les deux oreilles, avec tant de force, qu’elle en fut
étourdie. Elle se releva avec fureur, & se tourna contre celui qui l’avoit
blessée. Elle parvint à lui arracher son chapeau. Il se défendit avec autant
d’adresse que de courage. Il lui porta différens (sic) coups de sa serpe dans
les côtes qui la mirent en sang. A l’aspect des autres bucherons qui
s’aprochoient (sic), elle voulut se sauver. On la poursuivit. Elle tomba de
fatigue & d’épuisement à l’entrée de la forêt, où on acheva de l’assommer.
Cette forêt est dans la Généralité
de Rouen. M. l’Intendant, instruit de cet événement, a fait remettre aux
bucherons dix louis, sur lesquels on a prélévé (sic) 80 livres pour Flichemel. »
Aujourd’hui,
la forêt de la Thelle, dans l’Oise, à vingt kilomètres de Beauvais, couvre mille hectares. Elle contient un
« gros chêne » vieux de trois siècles avec une circonférence de cinq
mètres, ainsi que les vestiges de tombeaux gallo-romains faisant l’objet de
fouilles.
Je
n’ai découvert aucun Clair Flichemel. Pourtant, Il aurait, par son acte de
bravoure, gagné à être connu !
Quant
à Louis Carré, son nom est trop usité pour avoir une quelconque chance de le
dénicher.
La faim fait sortir les loups des bois !
« Une Louve affamée, à ce
qu’on mande de Concarneau en Basse-Bretagne, exerce de grands ravages dans les
environs de cette Ville ; elle a dévoré depuis peu une petite fille de 6 à
7 ans, dont après bien des recherches on a enfin trouvé les ossements & les
habits à l’entrée d’une caverne voisine du lieu d’où l’on croit que cet animal
féroce l’avoit enlevée. »
Toutes
les villes du Finistère n’ont pas encore mis leurs actes d’Etats civils en
ligne. C’est le cas, malheureusement, pour Concarneau. Je n’ai donc pas pu
« fouiller » pour découvrir le nom de la petite victime.
J’ai
découvert par contre, au détour d’un article de journal breton que :
Le
23 septembre de la même année, près de Rosporden, une louve emporta une petite
fille de huit ans, puis une autre de dix ans.
Le
repère de cette louve, contenant des ossements d’enfants et cinq jeunes
louveteaux, fut découvert.
En
1773, sans précision du mois, près du moulin de Coat Aven en Melgven, une louve
se jeta sur la nommée Isabelle le Deuff, gamine de neuf ans et l’emporta dans
un taillis. Sa mère témoin de la scène n’eut pas le temps d’intervenir. Le
petit corps, déchiqueté, fut retrouvé le lendemain.
Suite à cela une battue fut menée, au cours de laquelle quatre jeunes loups
furent abattus.
Famille Planterose
« Madame Madeleine Planterose,
Prieure du Prieuré Royal de S. Louis de Rouen, y est décédée le 5 de ce mois,
âgée de 56 ans, regrettée de sa Communauté, & de tous ceux qui avoient
l’honneur de la connoître Cette Dame, née en cette Ville d’une famille
respectable, ne se compta jamais au nombre des droits attachés à sa
supériorité, celui bien cher aux ames (sic) communes, d’apesantir (sic) le joug
des personnes qui lui étoient subordonnées ; le seul qu’elle choisit, fut
celui de partager, d’adoucir les peines inséparables de l’état Monastique. On
eût dit qu’elle avoit sans cesse présent le vertueux Tite, cet excellent
Supérieur de l’Empire Romain, devant qui personne ne sortit mécontents. Si tout
Supérieur, à son tour, prenoit cette Dame pour modèle, on conviendroit aisément
qu’il est toujours plus doux d’obéir que de commander. »
Rouen
– communauté des bénédictines du prieuré Saint-Louis :
Le mardy
cinquieme d’octobre mil sept cens soixante et treize le corps de noble Dame Mme
Madeleine de Planterose, dite de Ste Colombe, religieuse professe de l’abbaÿe
royale de St Amand de Roüen, Prieure du Prieuré Royal de St Louis du dit Rouen,
fille de Monsieur thomas Planterose et de Madame Catherine Marÿe, agee de
cinquante six ans environ et de profession trente sept, decedée d’hier, munie
des sacrements, a été inhumé dans l’avant chœur du dit Prieuré, par Monsieur
L’abbé Marescot vicaire general de Monseigneur l’archevêque de la houssaye
sousprieur de ce Monastere et des temoins soussignes.
Cet
acte nous apprend que Madeleine Planterose était la fille de Thomas Planterose
et Catherine Marye
Pour
le découvrir des informations sur ce couple, je me suis décidée de prendre,
avec patience, paroisse par paroisse !!! Ouf ! Saint André …..
Ils
ont convolé en justes noces, le 29 avril 1710. Union bénie dans la
paroisse de Saint André de la Ville de Rouen.
Le mardy vingt neuvième Avril mil
sept cens dix après la publication de Trois Bans en l’Eglise de St Jean, et
cette Paroisse fiançailles faites, Mr Thomas Planterose ancien juge consul âgé
de 40 ans fils de feu Mr Jacques Planterose et de feüe Dlle Marie Euon de la
Paroisse St Jean d’une part et Dlle marie catherine Marye âgée de 21 ans fille
de Mr Nicolas Marye ancien conseiller Echevin de la Ville et de Delle Louise Baillif
de cette paroysse d’autre part ont été mariés avec les ceremonies et solemnités
requises par nous Preste cure de cette Eglise St Andre soussigné, en presence
et du consentement de Mr françois et jacques Planterose frere et neveu de
l’Epoux, Mr nicolas Marye père de l’Epouse, Mr Pierre Marye, Mr formont et Mr
Philippe Le Baillif qui ont signé les parties contractantes.
Thomas
Planterose est décédé, le 26 décembre 1729. Il fut inhumé dans la Paroisse de
Saint-Jean à Rouen :
Ce jourd’huy 26ème de
décembre mil sept cents vingt neuf est decede Mr Thomas planterose ecuier,
ancien conseiller échevin et capitaine des bourgeois de rouen et a été inhumé
le lendemain 28ème dudit mois dans la cave de cette paroisse.
Temoins Mr thomas planterose fils du defunt. Mr françois planterose ecuier
frere. Mr claude Judde conseiller du roy lieutenant general et particulier
civil et criminel au siege general de la table de marbre du palais de Rouen
fils en loy. Mrs philippe et nicolas marye ecuiers freres en loy.
Vous
remarquerez ces tournures assez amusantes, « Fils en loy et frères en
loy », qui ne sont pas sans rappeler les termes anglais « son in law
et brothers in law » et signifiant « gendre et beau-frère » en
bon françois.
Cet
acte nous apprend, entre autre, que le couple Planterose avait, en plus de la
défunte Madeleine :
·
un fils, Thomas
·
une fille que avait épousé Claude Judde
Les
actes de la paroisse Saint Jean ont d’ailleurs dévoilé des informations
importantes concernant le couple Planterose/Judde.
En
effet, les jeunes gens se sont dit le « oui » traditionnel ; le
21 février 1729. Marie Anne, la jeune mariée
était déclarée avoir 16 ans. Le mari, Claude Judde, en avait 35 ans.
Alors,
je me pose la question suivante :
Thomas
Planterose est décédé en décembre 1729, soit dix mois après le mariage de sa
fille. La jeune fille avait seize ans. Pourquoi s’était-elle mariée si
vite ? Thomas Planterose était-il malade et se savait-il proche de la
mort ?
En
fouillant, encore et toujours, à m’épuiser les yeux, j’ai découvert un autre
mariage, celui d’une autre fille, prénommée Françoise, avec Charles Etienne Du
Hamel, en date du 17 novembre 1738, toujours dans la paroisse Saint-Jean de
Rouen.
L’an de grace mil sept cents trente
huit le lundi 17 novembre après la publication d’un ban …… Charles etienne
duhamel de Grenonville chevalier seigneur du Marais Vernier conseiller au
parlement de Normandie age d’environ vingt quatre ans fils de messire charles
pierre Duhamel de grenonville chevalier seigneur et patron de St Thomas la
chaussee capitaine du vaisseau du roy commandant de la marine au Havre de grace
et de dame Louise masière et demoiselle françoise planterose dame dudit Orcher
fille de feu messire Thomas planterose ecuyer et de dame marie catherine marye……………..
Je
n’ai pu découvrir les actes de naissance des divers enfants : Thomas, Madeleine, Marie Anne et Françoise.
y-a-t-il
eu d’autres naissances ? Rien pour l’affirmer !
Mais
l’histoire mériterait, peut-être, de se
pencher dessus avec un peu plus de minutie.
A
savoir : qui était réellement Madeleine Planterose ? Pourquoi
était-elle prieure ? Vocation ? Obligation ?
En
voilà des questions qui cherchent désespérément des réponses…….
Pouvez-vous
m’aider ?
Julien d’Aboville n’est plus …..
« Messire Julien d’Aboville,
Ecuyer, Chevalier de l’Ordre Royal Militaire de S. Louis, Lieutenant Général
des Armées du Roi, ancien Inspecteur de l’Artillerie au département de
Boulonnois, Soissonnois, Flandres & Haynault, mourut le 23 Mai 1773 ;
à la Fere, âgé de 86 ans un mois 12 jours, étant né le 11 Avril 1687, en la
paroisse de Gonneville, près de Cherbourg.
Ce brave Officier, qui s’est trouvé
à plus de cinquante Sièges, étoit entré au service en 1702 ; son propre
mérite l’a fait successivement passer dans tous les grades militaires ; le
Roi le nomma Brigadier de ses Armées en 1740, Maréchal de Camp en 1744, &
Lieutenant Général le 10 mai 1748.
Il étoit fils de Thomas d’Aboville,
Ecuyer, sieur de Vigny, & de Jeanne Trufer, ancienne famille, dont les
armes sont de sinople, à la maison d’argent. »
Voilà
l’acte de baptême du défunt faisant l’objet de l’article :
Paroisse
de Gonneville-en-Saire, le 11 avril 1687
Julien Dabboville fils de Thomas
Ecuyer Seigneur du Vignay et de Dame jeanne Trufey né l’onzieme avril et
baptisé le treizieme nommé par Claude Binel et Jeanne Digonille.
Il
se peut que le dernier nom soit « Daboville », je n’ai pas réussi à
bien lire et les signatures ne m’ont rien apporté.
L’acte
d’inhumation, en date du 24 mai 1773, dans les registres de la paroisse de La
Fère, nous apprend ce qui suit :
L’an mil sept cens soixante et
treize le lundy vingt quatre du mois de may, le corps de messire julien
chevalier d’aboville, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis,
lieutenant general des armees du roy ancien inspecteur de l’artillerie mort en
cette paroisse le jour d’hier age de quatre vingt sept ans muni du sacrement de
l’extreme onction ; epoux de Jeanne du chêne de …… a été transporté de
cette paroisse en l’église des Capucins
pour y être inhumé en presence de messire françois marie d’aboville capitaine de canonnier au regiment de la Fere
chevalier de l’ordre royal militaire de St Louis neveu paternel du défunt et de
messire Louis charles de Breuilly Ecuyer seigneur d’hautecourt chevalier de
l’ordre royal et militaire de St Louis capitaine au corps royal de Hautecourt
neveu maternel du defunt.
Il
était donc l’époux de Jeanne du Chêne, mais je n’ai pu retrouver l’acte de
mariage.
Un jugement exceptionnel
« Un malheureux étoit
poursuivi pour payement de loyers de maison, de la part d’un Huissier qui étoit
le propriétaire. Hors d’état de le liquider, il n’avoit de ressource pour
subsister, lui & sa famille, que dans une récolte prête à moissonner.
L’Huissier la convoitant d’un œil avide, se promettoit bien de l’en dépouiller
sans égard, sans pitié ; il s’embarrasoit peu de quelle maniére (sic) lui
& sa famille vivroient : il insultoit (sic) à leur misére (sic), à
leur triste situation. L’affaire est portée à l’Audience. Le Juge instruit des
desseins de l’Huissier, & de la désolation de son Débiteur, prononce le
Jugement suivant : Parties ouies (sic), « nous avons donné acte des
offres faites par la Partie (du Débiteur) de la somme de 36 liv ».
L’Avocat de l’Huissier se léve (sic), soutient qu’il n’y a pas d’offre. Le Juge
ajouta tout de suite, « & de ce qu’il a présentement payé ladite
somme ». En même-tems (sic) il tire 36 liv. de sa poche, qu’il jette sur
le Bureau pour le payement de l’Huissier ; il sauva ainsi un malheureux
prêt à périr. Cet excès de générosité, tout récent, surprit beaucoup ; il
n’avoit pas encore été imaginé. On le doit au Baily (sic) de Condé, l’une des
Justices de M. l’Evêque d’Evreux, connu depuis long-tems (sic) par d’autres
affaires semblables qui mériteroient aussi être relevées. »
Un
juge comme on en fait plus, voilà pourquoi je tenais à vous présenter cet
article.
Accident de chasse
« Le Samedi 16 de ce mois, il
arriva, à la chasse du Roi, un accident au Village d’Acheres. Un cerf,
poursuivi par les chiens, franchit le mur d’un jardin où travailloit un
Vigneron, & lui donna dans l’aine un coup d’andouillet qui le blessa
dangereusement. Sa femme étoit occupée dans les vignes avec deux de ses enfans
(sic) & deux autres femmes du Village. Sa Majesté qui étoit alors avec
Monseigneur le Dauphin & Monseigneur le Conte de Provence, ayant été
instruite de ce malheureux événement, suspendit sur le champ la chasse, fit
assurer cette femme de ses bontés pour elle & pour sa famille ;
ordonna à son Chirurgien de quartier de panser le blessé, de lui rendre compte
ensuite de son état, d’en prendre soin, & de lui donner tous les secours
nécessaires. Madame la Dauphine & Madame la Comtesse de Provence, qui
passerent (sic) un moment après dans une caleche (sic), ayant trouvé cette
femme éplorée, s’informérent (sic) du sujet de sa douleur ; elles
descendirent de leur voiture, & coururent à elle avec le plus grand attendrissement.
Madame la Dauphine lui donna sa bourse & lui dit, en fondant en larmes,
tout ce qui pouvoit adoucir sa douleur ; elle l’assura de sa protection,
la fit monter dans sa caléche (sic) ainsi que les deux enfans (sic) & les
deux autres femmes qui étoient avec elle, & les fit conduire au Village
d’Achères. Ce spectacle attendrissant qui caractérise la bonté de cette
princesse, excita la sensibilité de tous ceux qui y furent presens (sic) Dès
que Madame la Dauphine fut de retour au Château, elle envoya son premier
Chirurgien sur les lieux, pour visiter le malade. Le Roi se fait rendre compte
très-réguliérement (sic) de l’état de cet homme dont on espére (sic) la
guérison, par les secours en tous genres qu’on s’est empressé à lui donner,
& qu’on lui continue par les ordres de Sa Majesté. »
Voilà
une aventure malheureuse, qui a dû faire monter les sondages de satisfaction du
roi, Louis XV et de la famille royale.
Assurément,
on en parla longtemps au cours des veillées.
Le
village d’Achères où habitait le malheureux blessé se situe dans le département
des Yvelines, en Île-de-France, à six kilomètres de Saint-Germain-en-Laye.
Somnambulisme étonnant !
« Un étranger arriva il y a
quelques jours, le soir, dans une Auberge à quatre lieues de Paris, prend un
léger repas & se couche. A onze heures de la nuit on est très-étonné (sic)
de le voir paroître (sic) en chemise dans la cuisine où il y avoit beaucoup de
monde ; il y déplace la plûpart (sic) des meubles sans s’éveiller, se
proméne (sic) dans la cour, entre dans l’écurie, selle & bride un des
chevaux qu’il y trouve, & qui n’étoit pas le sien, ouvre la porte de la
maison, monte le cheval, part au galop, traverse la seine à la nage, la
repasse, revient à une heure du matin, entre dans l’Auberge où tous les
spectateurs qui l’avoient suivi le plus qu’ils avoient pu, l’attendoient avec
inquiétude, va droit à l’écurie, attache le cheval dont il s’étoit servi, boit
une bouteille de vin qui étoit dans une chambre voisine de la sienne, & se
recouche. A son réveil ; il s’est trouvé très-fatigué (sic), mais sans
aucun souvenir de son aventure de laquelle il ne vouloit rien croire. »
Ouah !
Quelle épopée ! Et tout cela en dormant !
Etonnant,
tout de même cette chevauchée et cette traversée à la nage. Même la froidure de
l’eau n’a pas éveillé le « dormeur » !
Des voleurs dans une église !
« Des filoux (sic), à ce que
l’on mande d’Allemagne, viennent d’y jouer un de leurs tours.
On avoit vu pendant quelques jours
des personnes fort assidues à la priére (sic) du soir, y paroitre avec la
contenance la plus recueillie. Le ministre qui faisoit la priére (sic), en
étoit lui-même d’autant plus édifié, que la piété aparente (sic) de ces
inconnus étoit relevée par leur modestie, & leur attention à se cacher.
Personne n’avoit pu les voir en face ; le lieu le plus obscur de l’Eglise
étoit celui qu’ils choisissoient de préférence. Restés un soir les derniers
dans le Temple, ils s’y cachérent (sic), & s’y laissérent (sic) enfermer
pendant la nuit, dans le dessein d’enlever le Tronc, où les personnes
charitables déposent leurs aumônes. Ce Tronc, qui pouvait contenir alors
environ 500 marcs d’argent, a disparu avec ces scélérats (sic) dont on n’a rien
apris (sic) depuis ce vol. »
De
drôles de paroissiens !
Cinq
cents marcs tout de même !
Ces
filous ont-ils allumé un cierge à l’autel de la Vierge pour la remercier de ses
bienfaits ?
Rien
sur le nom de la paroisse, ni sur celui du prêtre, et encore moins sur ceux des
voleurs qui courent encore ……
Paix à son âme
« Le 13 novembre 1773, mourut
à Caen sur la paroisse de S. Sauveur, & fut transportée le lendemain en
l’Eglise de Renémesnil, lieu de sa sépulture, Dlle Charlotte-Elisabeth Féron,
Dame & Patronne honoraire de Renémesnil, Dame Suseraine
d’Estrée-la-Campagne, d’Airan , de la Granville & autres lieux. Elle
étoit fille unique d’un Conseiller au Bailliage & Présidial de Caen, &
petite-fille d’un Professeur aux Droits dans l’Université de cette Ville. La
paroisse de Renémesnil, située sur la petite riviére (sic) de Meance, à peu de
distance du bourg de S. Sylvin, & à deux lieues & demi de Caen, est de
l’exemption de l’Abbaye de Troarn, & à laquelle l’Abbé de Troarn presente
(sic) de plein droit. »
J’ai
découvert l’acte d’inhumation de la Demoiselle Charlotte Elisabeth Féron dans
les registres de la paroisse de Renémesnil :
Aujourd’hui quatorzieme jour de
novembre mil sept cens soixante traize a été inhumé le corps de mademoiselle
charlotte Elisabeth feron dame patronne honoraire de Renemesnil Dame suzeraine
d’Estrée la campagne, d’airain, de la granville et autres lieux par M. le Curé
de Quesney assisté de Mrs les Curés et Vicaires d’Estrées de Soignoles,
Grainville…. Cauviciourt Malandin St Silvin, St Martin des bois, dans l’Eglise
de Renemesnil sa paroisse, decedee le 13 novembre en la paroisse de St Sauveur
de Caen munie de tous les sacremens agée de trente deux ans.
Je
n’ai pu lire tous les noms des villes inscrits sur l’acte. Il se peut aussi que
ceux que j’ai notés soient mal orthographiés.
En avant pour la noce
« Le 16 de ce mois s’est faite
à Versailles la cérémonie du Mariage de Mgr. le Comte d’Artois avec Madame
Marie-Thérèse de Savoye ; au lieu des réjouissances, l’Hôtel-de-Ville de
paris a résolu de marier et doter un nombre de filles ; selon l’usage il
s’en est présenté bon nombre, on n’en a jamais manqué en pareille occasion.
Dans le grand nombre de celles qui se sont présentées chez M. Prevôt (sic) des
Marchands, il s’en est trouvé une qui joignoit à une figure très-intéressante,
une ingénuité qui ne l’étoit pas moins ; votre nom, lui
demanda-t-on ? « Life, Monsieur », répondit-elle, avec une
profonde révérence. Vos qualités ? « Blanchisseuse, & fille à
votre service ». Votre âge ? « Dix-huit ans bien-tôt. » Le
nom de celui avec qui vous désirez être mariée ?.... « Bon ! je
croyois qu’on fournissait le tout ! »
Le
comte d’Artois avait vu le jour le 9 octobre 1757 à Versailles.
Il
épousa le 16 novembre 1773, Marie-Thérèse de Savoie.
Comme
lors de chaque mariage princier, il y eu de nombreuses réjouissances.
A
Paris, il fut arrêté de marier plusieurs jeunes filles méritantes et de les
doter.
La
dote promise a attiré grand nombre de jeunes filles, normal !
Quant
à la « petite blanchisseuse » dont il est question dans l’article, elle
n’avait pas tout compris. Et sa réaction prouve qu’elle n’avait pas de fiancé.
Pas
de chance pour elle. Non, le mari n’était pas fourni …….
Le
comte d’Artois régna après ses deux frères, Louis XVI et Louis XVIII, de 1824 à
1830, sous le nom de Charles X. Il avait 66 ans lorsqu’il accéda au trône.
Encore un « petit ange » en paradis !
« Il est mort depuis peu le
fils de M. Moreau, Architecte à Paris, à la suite de l’inoculation de la
petite-vérole. Cet enfant avoit subi cette opération avec ses deux sœurs, qui
sont parfaitement rétablies. Leur mere (sic) en communiquant avec ces trois
inoculés a contracté la petite-vérole : elle étoit enceinte, & a
manqué de mourir de cette maladie & des suites d’une fausse-couche, occasionnée
par la douleur d’avoir perdu son fils. »
Un
enfant « inoculé » pour éviter qu’il ne contracte la petit-vérole.
Prémices
de la vaccination ! Premiers dérapages !
Je
ne peux vous livrer l’acte d’inhumation de cet enfant qui gardera ainsi le secret
de son identité.