mercredi 30 mars 2016

CENT SOUS, CA FAIT CINQ FRANCS ?



Voilà ce que me disait mon grand père lorsque j’étais enfant.
Et pour la petite fille  que j’étais, qui n’avait jamais connu les « sous », mais uniquement les centimes et les francs, cela restait une énigme.
Alors, c’est quoi, un sou ?

Mes grands-parents avaient, bien entendu, connu les « sous », ces petites pièces trouées de 5 et 10 centimes au début du XXème siècle en cupronickel et bronze ou encore celles, frappées sous le gouvernement de Vichy, émises de 1941 à 1943, pièces en zinc d’une valeur de 10 et 20 centimes.

« Sous troués », oui, vous avez bien entendu !
Les pièces, pesant lourd dans les poches, le gouvernement reprit le principe des pièces chinoises qui dans l’ancien temps étaient évidées en leur centre. Mais, si les Chinois avaient imaginé ce système de monnaie, c’était pour pouvoir enfiler les pièces sur un lien et nouer celui-ci autour du cou, bien caché et protégé sous la chemise.
Mais revenons au « sou français ».
Dans notre pays, bien avant l’arrivée du franc, donc très loin de notre euro, avant la Révolution Française, dans ce temps que l’on nomme « Ancien Régime », la monnaie était composée de la livre, le sol et le denier.

·                    La livre valait 20 sous ou 240 deniers
·                    Le sou valait donc 1/20 de livre ou 12 deniers
·                    Le denier valait, après calcul, 1/240 de livre et le douzième du sou.
Pas facile ! Vive le système décimal !

Donc, au début du XIXème siècle, le mot « sou », désignait une pièce de 5 centimes, appelée aussi « petit sou » à la différence de cette autre pièce de 10 centimes qui avait reçu l’appellation de « gros sou ».

Voilà pourquoi les anciens, dont mon grand-père faisait partie, disaient encore, « 20 sous pour un franc », et donc : 100 sous pour cinq francs.
Un simple problème d’arithmétique !
Ouah, ça y est, j’ai compris ! J’ai mis du temps de la réflexion !

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Les sous qui désignent, à présent,  l’argent en général, en raison de leur pouvoir, (quand on a beaucoup de sous, ne dit-on pas que l’on peut tout acheter !!!), ont  imprégné notre langage au quotidien d’une quantité d’expressions.

Ne pas avoir d’argent :
« Être sans le sou » (1681),
« Ne pas avoir sou vaillant » (1690) avec une petite notion de « pas d’économie.
« N’avoir pas un sou » (1692).
« N’avoir ni sou ni maille » (maille moitié d’un denier).
« N’avoir pas un sou en poche ».

Et puis, à quelqu’un à qui il manque toujours quelque chose et notamment de l’argent, on dit « Il lui manque toujours dix sous pour faire un franc ». Je vous rappelle qu’un franc vaut 20 sous.

N’avoir aucune valeur
« Ne pas valoir un sou » (XXème siècle).

De quelque chose qui n’a pas grand valeur, on dit « quatre sous » en référence à  « l'Opéra à 3 groschen » de Brecht  devenu « l’Opéra de quat’sous ». On dit également  « ça vaut trois francs six sous » ou encore… comme disait ma grand-mère « ça vaut pas un pet d’lapin ! »

Une affaire importante pour laquelle on brasse beaucoup d’argent
« Une affaire de gros sous ».

Et puis …….
Les économes diront : « Un sou est un sou ».
En effet, il ne faut pas gaspiller et ils ont mis difficilement de côté « sou après sou » (1836).
Mais d’un avare, on dira qu’il est « près de ses sous ».

« Propre comme un sou neuf » (1794) :
Cette expression désigne les personnes soignées et très propres, comme une pièce qui n'a pas encore été salie et abimée par la circulation.

Quand on s’ennuie à un point inimaginable, on déclare « je m’ennuie à cent sous de l’heure ».
Pas cher payé en effet !

Quand quelqu’un n’a que « deux sous de jugeote », il n’est pas bien intelligent !

« Manger ses quatre sous » (1871), c’est comme disait ma grand-mère qui était d’une logique implacable  « Mâquer la ferme !»….. Gaspiller son bien, en quelque sorte.

Il y en a sûrement bien d’autres expressions et formules imagées. Qu’en pensez-vous ?


1773 – ENCORE ET TOUJOURS


Inhumations dans les églises interdites

2 juillet 1773

« Il y a long-tems que l’on a blâmé l’usage  aussi indécent que dangereux d’inhumer dans les Eglises ; on en a vu souvent de mauvais effets ; mais il n’y en a jamais eu de semblables à celui que l’on a éprouvé à Saulieu. Le 20 Avril dernier on  y ouvroit une fosse pour une femme morte d’une fièvre putride ; on découvrit le cercueil d’un homme inhumé le 3 Mars précédent. En descendant cette femme dans la fosse, la bière et le cercueil s’entr’ouvrirent (sic), & il en sortit une odeur si terrible que tous les assistants furent forcés de sortir. De 120 jeunes gens des deux sexes que l’on préparoit à la première Communion, 114 tombèrent dangereusement malades, & 18 sont morts, compris le Curé & le Vicaire.
L’ouverture d’un Caveau dans la Cathédrale de Dijon l’a fait abandonner pendant un tems, & a fait essuyer des maladies dangereuses à nombre de personnes qui demeurent aux environs. Pareil malheur est arrivé à Talent, petite Ville à 4 lieues de Dijon, où deux personnes ont péri. Il est bien malheureux que tant d’exemples aussi frapant (sic) n’ayent (sic) pas suffi pour détruire un abus enfanté par l’ambition & un vil intérêt : il semble que le sens commun devoit suffire. »

Saulieu, commune française, située en Côte-d’Or.
Petit plongeon dans les archives …………….

Qui a été inhumé le 20 avril1773 ?

Jeanne Bidon épouse de fe claude Bertrand boulanger à saulieu agee de quarante ans decedee d’hier munie des sacrements de penitences et extreme onction a été inhumee dans l’eglise St Saturnin le jourd’hui vingt avril 1773 ………………..

Et le 3 mars précédent ?
Il s’agissait de Pierre François Lemoult époux de Delle Jeanne de fraigne, âgé de quarante six ans. Il fut également inhumé dans l’église de Saint Saturnin.

Selon l’article dix huit personnes sont décédées dont le curé et le vicaire.
Le neuf mai mil sept cent soixante treize Me Nicolas Joseph Bonnet Bachelier en droit, chanoine de l’église collégiale et curé de Saulieu, décédé d’hier…… agé d’environ trente six ans ….

Le vicaire se nommé « Maitre Jacques Faceleu, prêtre vicaire de cette paroisse ». Il avait 39 ans

Parmi les décès, entre le 9 mai et le14 mai, il y eut :
·         Pierrette Renaud, femme de Jean Manquin tonnelier – 32 ans.
·         Anne Goujard, épouse de Jean Dubucs voiturier à Saulieu - 30 ans.
·         Michel, fils de Sébastien L’homme charron à Saulieu et de Denise Chalon – 9 ans.
·         Dominique, fils de feu Dominique Corbier meunier à Saulieu et de Pierrette Roulot – 5 ans.
·         Jacques, fils de Léonard Seguin charron à Saulieu et de Françoise Grillot – 19 ans.
·         Marie-Claude, fille du Sieur Antoine Brunet marchand à Saulieu et de Françoise Apert – 16 ans.
·         Anne Caillon épouse de Jean François Vandrebout tailleur d’habits à Saulieu – 22 ans.
·         Damoiselle Marguerite Syprillon épouse de Mr Jean Bourbon avocat – 55 ans.
·         Françoise Morot veuve de sieur François Soirrot chevalier lieutenant des chirurgiens de la ville de Saulieu
·         Louis Bertrand fils de Sieur Bertrand aubergiste à Saulieu – 24 ans.– 71 ans.

Il en  manque certes, mais après les actes sont datées de fin mai…… alors je ne suis plus sure du tout que ce soit des suites de la maladie contractée lors de l’inhumation de Jeanne Bidon.


Au Moyen-âge, on considérait que l’âme d’un défunt accédait plus rapidement au paradis, si celui-ci été inhumé dans une église. Les places, très rares, en fonction de la dimension de l’église, se vendaient fort chères.
Les corps étaient alors enterrés sous les pavés du sol de l’église, ôtés pour l’occasion.
Faute de place à l’intérieur, des emplacements furent réservés pour enterrer les morts, entrainant une réglementation :
Edit de 1695 : les habitants doivent clôturer le cimetière paroissial.
1715 : la quasi-totalité des cimetières de campagne sont clôturés.
1730 : dans les villes, les cimetières sont placés loin des habitations, pour éviter les infections.
Edit de 1776 : Louis XVI interdit toute inhumation au sein des églises.


Anecdotes turques

16 juillet 1773

« Lorsqu’un homme s’avise chez la Mahométans de se plaindre devant le Juge de l’infidélité de sa femme, on donne presque toujours gain de cause à celle-ci : on les mande tous deux au Tribunal pour les démarier en presence (sic) d’un autre homme, à qui l’on dit : voulez vous prendre cette femme pour vôtre ? il ne manque pas de répondre oui : l’on enferme aussi-tôt (sic) les nouveaux mariés dans une chambre où ils restent seuls assez long-tems (sic) pour inquiéter beaucoup l’accusateur ; après quoi l’on donne à la femme la liberté de choisir de ces deux hommes celui qui lui plait davantage, elle préfére (sic) toujours le premier mari, qu’une pareille leçon a bien dû corriger. »

En voilà une histoire ! Quel est cet homme qui ne manque jamais de dire « oui » ?
Une personne payée pour jouer un rôle ?
Je comprends parfaitement la femme qui refuse ce nouveau mari, inconnu d’elle.
Ne dit-on pas : « on sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas se qu’on trouve ».
Alors, bien sûr ……


« Un Négociant Provençal, nommé M. Martoret, établi depuis long-tems (sic) à Pera, se sentant proche de la fin, avoit déposé entre les mains d’un Marchand Turc de ses amis, son porte-feuille (sic) qui contenoit toute sa fortune, montant a (sic) plus d’un million, avec prière de remettre le tout à un de ses neveux, qui devoit être alors à Marseille.
Zeangir-Ali, (c’est le nom du Musulman) après avoir fermé les yeux de son ami chrétien, se hâte d’écrire en France, pour avoir des nouvelles du jeune Marseillois (sic). On lui répond que M. Martoret, neveu, étoit absent depuis dix ans, & qu’on ignorait absolument ce qu’il étoit devenu. Zeangir ne se lassa point d’écrire à Marseille, jusqu’à ce qu’enfin il reçut une lettre du Neveu lui-même, par laquelle celui-ci lui aprenoit son retour dans sa Patrie, & les préparatifs qu’il faisoit pour se rendre incessamment à Constantinople, selon les vœux du meilleur ami de son oncle.
Le jeune Martoret arrive en cette grande Ville. Il se transporte aussi-tôt (sic) chez Zeangir, & demande à lui parler au moment où ce dernier se mettoit à table avec plusieurs personnes qu’il avoit invitées ce jour-là. J’étois  du nombre, dit l’Auteur, & j’eus la satisfaction de voir l’accueil honnête que fit le bon Ali au jeune François.
Mettez-vous à table avec nous, lui dit-il, dès qu’il l’eut reconnu pour Neveu de son défunt ami, dînons d’abord, après quoi nous parlerons d’affaires. L’Etranger trouve un porte-feuille (sic) bien garni dans le premier plat couvert qu’on sert devant lui. Surpris, il le déploie, en jetant sur son hôte des regards qui sembloient lui demander l’explication de tout ce mistére (sic). Ces papiers viennent de votre Oncle, lui dit alors Zeangir : c’est un bien par conséquent qui est à vous ; ainsi garde-le & sçachez (sic) en jouir. Nous dinâmes tous gaiement & de bon apétit (sic), à l’exemple du cher Neveu, qui paroissoit avoir un aussi grand besoin de nourriture que d’habits.
Après le repas, le scrupuleux Musulman prit cet Etranger en particulier, & lui remis le triple du capital contenu dans le porte-feuille (sic). C’est une restitution, lui dit-il, que je vous dois. Depuis la mort de votre Oncle, j’ai fait valoir son argent dans le commerce. Voici les intérêts qu’il a produits pendant cet espace de tems (sic); ils ne vous sont pas moins dûs (sic) que le principal. »

Un vrai ami, dans toute sa splendeur ! Très rare….


Avis de décès

23 juillet 1773

« Dame Marie-Anne-Françoise Aubert de Prébaulieu, veuve de Messire Pierre Nicolas le Noble, Ecuyer, Seigneur de Saint André, Monpoignan & autres lieux, Conseiller Maître en la Cour des Comptes, Aydes & Finances de Normandie, est décédée aujourd’hui en cette Ville, âgée de 63 ans ».


De quelle paroisse dépendait cette Dame ?
Je vais essayer de le découvrir.

Ce que je peux vous dire, en attendant le fruit de mes recherches, c’est que Marie Anne Françoise Aubert avait épousé Messire Pierre Nicolas Le Noble, le 21 août 1740 à Saint-Aubin-sur-Cailly.

21 août 1740 …
Le mesme jour ont été fiancés en vu de mariage messire pierre nicolas Lenoble ecuyer Seigneur de montpoignand St andre conseiller du roy conseiller des comptes en sa cour des comptes aides et finances de Normandie fils de feu messire pierre Le Noble ecuyer conseiller du roy, avocat et de feue noble dame marie catherine le Diacre des Essarts et Damoiselle marie anne françoise auber de Prebaulieu fille de jean David aubert de prébaulieu ecuyer et de feu dame anne charlotte hardy en presence des soussignés…….

Une tâche épuisante qui s’est soldée par rien de concret !
Désolée. On ne peut réussir à chaque fois !


Incendie au Havre

6 août 1773

« Mercredi dernier, à une heure après-midi, le feu prit au havre, rue Royale, à des copeaux (sic) & étoupes qu’une femme avoit mis trop près de sa cheminée ; dans la cour de cette maison, étoit un magasin contenant plus de 200 bariques (sic) de brai & de goudron ; il y avoit dans la même rue, plusieurs magasins remplis de ces matiéres (sic) ; le danger ne pouvoit être plus grand ; au premier avis du feu, M. le Lieutenant de Roi, MM. Les Officiers de l’état Major du Régiment de Provence ; les Officiers municipaux se transportérent (sic) sur le lieu, donnérent (sic) de bons ordres, & ne négligérent (sic) rien pour encourager les travailleurs ; partie des troupes prit les armes, l’autre fit des patrouilles dans la Ville pour y maintenir l’ordre ; les Grenadiers enlevérent (sic) en peu de tems (sic) tout le goudron & le bray (sic) du magasin : les pompes ont été d’un grand secours ; le feu a été éteint, & on a été quitte pour deux vieilles maisons qui sont hors d’état de servir. Il faut l’avouer, on doit beaucoup à la Troupe : si le magasin n’eût pas été enlevé rapidement, que le feu y eût pris, & de suite à ceux contigus, une partie de la Ville étoit perdue : c’est risquer gros jeu que de remplir les Villes de matiéres (sic) combustibles ; ces marchandises devroient être dehors, le Citoyen courroit moins de risques. »


Encore un incendie qui aurait pu causer beaucoup plus de dégât !

La scène se passait dans la ville basse du Havre, non loin du port, aujourd’hui le plus vieux quartier de la ville.
Le projet d’urbanisme et de fortification du Havre avait été confié à l’architecte Girolamo Bellarmato par le roi François 1er.  La construction de l’église dédiée à Saint-François dura de 1542 à 1687.
Dans ce quartier :
·         Les locaux de l’hôtel-Dieu (1564)
·         Le couvent des Capucins (fin du XIXème siècle)
·         Un hôtel de la monnaie (1721)
·         Une manufacture royale de tabac

Quant à la rue Royale, plus précisément, elle date de la naissance du Quartier Saint-François, dont elle fut une artère principale.
·         En 1792, elle fut rebaptisée « rue des Volontaires ».
·         Sous la restauration, elle retrouva son nom d’origine.
·         En 1830, on la nomma « rue de la liberté ».
Elle est mentionnée par Balzac dans son ouvrage « Mémoires d’un touriste » dans lequel, l’auteur décrit la ville du Havre.

Les barriques de brai :
Le brai est une substance pâteuse et collante de nature végétale ou résine, extraite notamment de l’écorce du bouleau.


Des enfants atteints d’une maladie génétique inconnue à cette époque

20 août 1773

« Dans un village, à une lieue & demie de Givray, on voit trois enfans (sic) extraordinaires. L’aîné âgé de 20 ans n’a pas 4 pieds & demi de hauteur. Leurs paupiéres (sic), leurs sourcils & leurs cheveux sont blancs comme neige. Cette couleur leur vient de naissance. Ils voyent (sic) avec peine, & le grand jour les fatigue aupoint (sic) qu’ils sont obligés de fermer presqu’entiérement (sic) les paupiéres (sic) lorsqu’ils  levent (sic) la tête pour mieux fixer quelqu’objet (sic). L’Iris & la prunelle de leurs yeux sont couleur de rose. La mere (sic) de ces enfans (sic) en a eu d’autres, du même mari, qui ont les cheveux noirs, & sont en tout semblables au commun des hommes. Le premier, le 2e, le 5e, & le 7e enfans (sic) sont nés avec les cheveux blancs. »

L’albinisme est une maladie génétique rare et incurable. Elle est due à une anomalie héréditaire touchant un pigment nommé « malanine ».
Cette maladie se caractérise par une dépigmentation des cheveux, poils et ongles, des yeux et de la peau.
Une femme ayant déjà un enfant albinos, a un risque de 1 sur 4, d’avoir un autre enfant atteint de cette même maladie génétique.


Au loup !

27 août 1773

« Une Louve, d’une grosseur énorme, attaqua le premier Mars dernier, dans la forêt de Thelle, au Comté de Chaumont en Vexin, un boulanger nommé louis Carré, qui traversoit de grand matin la forêt avec deux ânes chargés de farine. Elle s’avançoit pour se jetter (sic) sur un ; mais ayant voulu l’effrayer & la chasser, elle s’élança sur lui, arracha une de ses oreilles, & lui couvrit de morsures le visage et la tête. Des bucherons étant accourus, elle abandonna le malheureux boulanger, qui mourut de ses blessures peu de jours après.
Elle s’enfonça dans la forêt, & rencontra sur les huit heures un bucheron occupé à travailler ; elle s’en prit d’abord à sa veste qu’il avoit laissée à quelque distance, & qu’elle mit en pièces. Elle courut ensuite à lui ; mais son beau-frere (sic), nommé Clair Flichemel, jeune homme de vingt-cinq ans ; fort & vigoureux, saisit le moment d’un saut qu’elle fit, pour lui porter un coup de serpe sur la tête entre les deux oreilles, avec tant de force, qu’elle en fut étourdie. Elle se releva avec fureur, & se tourna contre celui qui l’avoit blessée. Elle parvint à lui arracher son chapeau. Il se défendit avec autant d’adresse que de courage. Il lui porta différens (sic) coups de sa serpe dans les côtes qui la mirent en sang. A l’aspect des autres bucherons qui s’aprochoient (sic), elle voulut se sauver. On la poursuivit. Elle tomba de fatigue & d’épuisement à l’entrée de la forêt, où on acheva de l’assommer.
Cette forêt est dans la Généralité de Rouen. M. l’Intendant, instruit de cet événement, a fait remettre aux bucherons dix louis, sur lesquels on a prélévé (sic) 80 livres pour Flichemel. »


Aujourd’hui, la forêt de la Thelle, dans l’Oise, à vingt kilomètres de Beauvais,  couvre mille hectares. Elle contient un « gros chêne » vieux de trois siècles avec une circonférence de cinq mètres, ainsi que les vestiges de tombeaux gallo-romains faisant l’objet de fouilles.
Je n’ai découvert aucun Clair Flichemel. Pourtant, Il aurait, par son acte de bravoure, gagné à être connu !
Quant à Louis Carré, son nom est trop usité pour avoir une quelconque chance de le dénicher.



La faim fait sortir les loups des bois !

17 septembre 1773

« Une Louve affamée, à ce qu’on mande de Concarneau en Basse-Bretagne, exerce de grands ravages dans les environs de cette Ville ; elle a dévoré depuis peu une petite fille de 6 à 7 ans, dont après bien des recherches on a enfin trouvé les ossements & les habits à l’entrée d’une caverne voisine du lieu d’où l’on croit que cet animal féroce l’avoit enlevée. »

Toutes les villes du Finistère n’ont pas encore mis leurs actes d’Etats civils en ligne. C’est le cas, malheureusement, pour Concarneau. Je n’ai donc pas pu « fouiller » pour découvrir le nom de la petite victime.

J’ai découvert par contre, au détour d’un article de journal breton que :
Le 23 septembre de la même année, près de Rosporden, une louve emporta une petite fille de huit ans, puis une autre de dix ans.
Le repère de cette louve, contenant des ossements d’enfants et cinq jeunes louveteaux, fut découvert.
En 1773, sans précision du mois, près du moulin de Coat Aven en Melgven, une louve se jeta sur la nommée Isabelle le Deuff, gamine de neuf ans et l’emporta dans un taillis. Sa mère témoin de la scène n’eut pas le temps d’intervenir. Le petit corps, déchiqueté, fut retrouvé le lendemain.
Suite à cela une battue fut menée, au cours de laquelle quatre jeunes loups furent abattus.
Famille Planterose

8 octobre 1773

« Madame Madeleine Planterose, Prieure du Prieuré Royal de S. Louis de Rouen, y est décédée le 5 de ce mois, âgée de 56 ans, regrettée de sa Communauté, & de tous ceux qui avoient l’honneur de la connoître Cette Dame, née en cette Ville d’une famille respectable, ne se compta jamais au nombre des droits attachés à sa supériorité, celui bien cher aux ames (sic) communes, d’apesantir (sic) le joug des personnes qui lui étoient subordonnées ; le seul qu’elle choisit, fut celui de partager, d’adoucir les peines inséparables de l’état Monastique. On eût dit qu’elle avoit sans cesse présent le vertueux Tite, cet excellent Supérieur de l’Empire Romain, devant qui personne ne sortit mécontents. Si tout Supérieur, à son tour, prenoit cette Dame pour modèle, on conviendroit aisément qu’il est toujours plus doux d’obéir que de commander. »

Rouen – communauté des bénédictines du prieuré Saint-Louis :

Le mardy cinquieme d’octobre mil sept cens soixante et treize le corps de noble Dame Mme Madeleine de Planterose, dite de Ste Colombe, religieuse professe de l’abbaÿe royale de St Amand de Roüen, Prieure du Prieuré Royal de St Louis du dit Rouen, fille de Monsieur thomas Planterose et de Madame Catherine Marÿe, agee de cinquante six ans environ et de profession trente sept, decedée d’hier, munie des sacrements, a été inhumé dans l’avant chœur du dit Prieuré, par Monsieur L’abbé Marescot vicaire general de Monseigneur l’archevêque de la houssaye sousprieur de ce Monastere et des temoins soussignes.

 


Cet acte nous apprend que Madeleine Planterose était la fille de Thomas Planterose et Catherine Marye
Pour le découvrir des informations sur ce couple, je me suis décidée de prendre, avec patience, paroisse par paroisse !!! Ouf ! Saint André …..
Ils ont  convolé en justes noces,  le 29 avril 1710. Union bénie dans la paroisse de Saint André de la Ville de Rouen.
Le mardy vingt neuvième Avril mil sept cens dix après la publication de Trois Bans en l’Eglise de St Jean, et cette Paroisse fiançailles faites, Mr Thomas Planterose ancien juge consul âgé de 40 ans fils de feu Mr Jacques Planterose et de feüe Dlle Marie Euon de la Paroisse St Jean d’une part et Dlle marie catherine Marye âgée de 21 ans fille de Mr Nicolas Marye ancien conseiller Echevin de la Ville et de Delle Louise Baillif de cette paroysse d’autre part ont été mariés avec les ceremonies et solemnités requises par nous Preste cure de cette Eglise St Andre soussigné, en presence et du consentement de Mr françois et jacques Planterose frere et neveu de l’Epoux, Mr nicolas Marye père de l’Epouse, Mr Pierre Marye, Mr formont et Mr Philippe Le Baillif qui ont signé les parties contractantes.

Thomas Planterose est décédé, le 26 décembre 1729. Il fut inhumé dans la Paroisse de Saint-Jean à Rouen :
Ce jourd’huy 26ème de décembre mil sept cents vingt neuf est decede Mr Thomas planterose ecuier, ancien conseiller échevin et capitaine des bourgeois de rouen et a été inhumé le lendemain 28ème dudit mois dans la cave de cette paroisse. Temoins Mr thomas planterose fils du defunt. Mr françois planterose ecuier frere. Mr claude Judde conseiller du roy lieutenant general et particulier civil et criminel au siege general de la table de marbre du palais de Rouen fils en loy. Mrs philippe et nicolas marye ecuiers freres en loy.

Vous remarquerez ces tournures assez amusantes, « Fils en loy et frères en loy », qui ne sont pas sans rappeler les termes anglais « son in law et brothers in law » et signifiant « gendre et beau-frère » en bon françois.
Cet acte nous apprend, entre autre, que le couple Planterose avait, en plus de la défunte  Madeleine :
·         un fils, Thomas
·         une fille que avait épousé Claude Judde

Les actes de la paroisse Saint Jean ont d’ailleurs dévoilé des informations importantes concernant le couple Planterose/Judde.
En effet, les jeunes gens se sont dit le « oui » traditionnel ; le 21 février 1729. Marie Anne, la jeune  mariée était déclarée avoir 16 ans. Le mari, Claude Judde, en avait 35 ans.
Alors, je me pose la question suivante :
Thomas Planterose est décédé en décembre 1729, soit dix mois après le mariage de sa fille. La jeune fille avait seize ans. Pourquoi s’était-elle mariée si vite ? Thomas Planterose était-il malade et se savait-il proche de la mort ?

En fouillant, encore et toujours, à m’épuiser les yeux, j’ai découvert un autre mariage, celui d’une autre fille, prénommée Françoise, avec Charles Etienne Du Hamel, en date du 17 novembre 1738, toujours dans la paroisse Saint-Jean de Rouen.

L’an de grace mil sept cents trente huit le lundi 17 novembre après la publication d’un ban …… Charles etienne duhamel de Grenonville chevalier seigneur du Marais Vernier conseiller au parlement de Normandie age d’environ vingt quatre ans fils de messire charles pierre Duhamel de grenonville chevalier seigneur et patron de St Thomas la chaussee capitaine du vaisseau du roy commandant de la marine au Havre de grace et de dame Louise masière et demoiselle françoise planterose dame dudit Orcher fille de feu messire Thomas planterose ecuyer et de dame marie catherine marye……………..

Je n’ai pu découvrir les actes de naissance des divers enfants :  Thomas, Madeleine, Marie Anne et Françoise.
y-a-t-il eu d’autres naissances ? Rien pour l’affirmer !
Mais l’histoire  mériterait, peut-être, de se pencher dessus avec un peu plus de minutie.
A savoir : qui était réellement Madeleine Planterose ? Pourquoi était-elle prieure ? Vocation ? Obligation ?
En voilà des questions qui cherchent désespérément des réponses…….
Pouvez-vous m’aider ?


Julien d’Aboville n’est plus …..

15 octobre 1773

« Messire Julien d’Aboville, Ecuyer, Chevalier de l’Ordre Royal Militaire de S. Louis, Lieutenant Général des Armées du Roi, ancien Inspecteur de l’Artillerie au département de Boulonnois, Soissonnois, Flandres & Haynault, mourut le 23 Mai 1773 ; à la Fere, âgé de 86 ans un mois 12 jours, étant né le 11 Avril 1687, en la paroisse de Gonneville, près de Cherbourg.
Ce brave Officier, qui s’est trouvé à plus de cinquante Sièges, étoit entré au service en 1702 ; son propre mérite l’a fait successivement passer dans tous les grades militaires ; le Roi le nomma Brigadier de ses Armées en 1740, Maréchal de Camp en 1744, & Lieutenant Général le 10 mai 1748.
Il étoit fils de Thomas d’Aboville, Ecuyer, sieur de Vigny, & de Jeanne Trufer, ancienne famille, dont les armes sont de sinople, à la maison d’argent. »


Voilà l’acte de baptême du défunt faisant l’objet de l’article :
Paroisse de Gonneville-en-Saire, le 11 avril 1687
Julien Dabboville fils de Thomas Ecuyer Seigneur du Vignay et de Dame jeanne Trufey né l’onzieme avril et baptisé le treizieme nommé par Claude Binel et Jeanne Digonille.

Il se peut que le dernier nom soit « Daboville », je n’ai pas réussi à bien lire et les signatures ne m’ont rien apporté.

L’acte d’inhumation, en date du 24 mai 1773, dans les registres de la paroisse de La Fère, nous apprend ce qui suit :

L’an mil sept cens soixante et treize le lundy vingt quatre du mois de may, le corps de messire julien chevalier d’aboville, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis, lieutenant general des armees du roy ancien inspecteur de l’artillerie mort en cette paroisse le jour d’hier age de quatre vingt sept ans muni du sacrement de l’extreme onction ; epoux de Jeanne du chêne de …… a été transporté de cette paroisse  en l’église des Capucins pour y être inhumé en presence de messire françois marie d’aboville  capitaine de canonnier au regiment de la Fere chevalier de l’ordre royal militaire de St Louis neveu paternel du défunt et de messire Louis charles de Breuilly Ecuyer seigneur d’hautecourt chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis capitaine au corps royal de Hautecourt neveu maternel du defunt.

Il était donc l’époux de Jeanne du Chêne, mais je n’ai pu retrouver l’acte de mariage.

Un jugement exceptionnel

23 octobre 1773

« Un malheureux étoit poursuivi pour payement de loyers de maison, de la part d’un Huissier qui étoit le propriétaire. Hors d’état de le liquider, il n’avoit de ressource pour subsister, lui & sa famille, que dans une récolte prête à moissonner. L’Huissier la convoitant d’un œil avide, se promettoit bien de l’en dépouiller sans égard, sans pitié ; il s’embarrasoit peu de quelle maniére (sic) lui & sa famille vivroient : il insultoit (sic) à leur misére (sic), à leur triste situation. L’affaire est portée à l’Audience. Le Juge instruit des desseins de l’Huissier, & de la désolation de son Débiteur, prononce le Jugement suivant : Parties ouies (sic), « nous avons donné acte des offres faites par la Partie (du Débiteur) de la somme de 36 liv ». L’Avocat de l’Huissier se léve (sic), soutient qu’il n’y a pas d’offre. Le Juge ajouta tout de suite, « & de ce qu’il a présentement payé ladite somme ». En même-tems (sic) il tire 36 liv. de sa poche, qu’il jette sur le Bureau pour le payement de l’Huissier ; il sauva ainsi un malheureux prêt à périr. Cet excès de générosité, tout récent, surprit beaucoup ; il n’avoit pas encore été imaginé. On le doit au Baily (sic) de Condé, l’une des Justices de M. l’Evêque d’Evreux, connu depuis long-tems (sic) par d’autres affaires semblables qui mériteroient aussi être relevées. »

Un juge comme on en fait plus, voilà pourquoi je tenais à vous présenter cet article.


Accident de chasse

29 octobre 1773

« Le Samedi 16 de ce mois, il arriva, à la chasse du Roi, un accident au Village d’Acheres. Un cerf, poursuivi par les chiens, franchit le mur d’un jardin où travailloit un Vigneron, & lui donna dans l’aine un coup d’andouillet qui le blessa dangereusement. Sa femme étoit occupée dans les vignes avec deux de ses enfans (sic) & deux autres femmes du Village. Sa Majesté qui étoit alors avec Monseigneur le Dauphin & Monseigneur le Conte de Provence, ayant été instruite de ce malheureux événement, suspendit sur le champ la chasse, fit assurer cette femme de ses bontés pour elle & pour sa famille ; ordonna à son Chirurgien de quartier de panser le blessé, de lui rendre compte ensuite de son état, d’en prendre soin, & de lui donner tous les secours nécessaires. Madame la Dauphine & Madame la Comtesse de Provence, qui passerent (sic) un moment après dans une caleche (sic), ayant trouvé cette femme éplorée, s’informérent (sic) du sujet de sa douleur ; elles descendirent de leur voiture, & coururent à elle avec le plus grand attendrissement. Madame la Dauphine lui donna sa bourse & lui dit, en fondant en larmes, tout ce qui pouvoit adoucir sa douleur ; elle l’assura de sa protection, la fit monter dans sa caléche (sic) ainsi que les deux enfans (sic) & les deux autres femmes qui étoient avec elle, & les fit conduire au Village d’Achères. Ce spectacle attendrissant qui caractérise la bonté de cette princesse, excita la sensibilité de tous ceux qui y furent presens (sic) Dès que Madame la Dauphine fut de retour au Château, elle envoya son premier Chirurgien sur les lieux, pour visiter le malade. Le Roi se fait rendre compte très-réguliérement (sic) de l’état de cet homme dont on espére (sic) la guérison, par les secours en tous genres qu’on s’est empressé à lui donner, & qu’on lui continue par les ordres de Sa Majesté. »

Voilà une aventure malheureuse, qui a dû faire monter les sondages de satisfaction du roi, Louis XV et de la famille royale.
Assurément, on en parla longtemps au cours des veillées.
Le village d’Achères où habitait le malheureux blessé se situe dans le département des Yvelines, en Île-de-France, à six kilomètres de Saint-Germain-en-Laye.


Somnambulisme étonnant !

5 novembre 1773

« Un étranger arriva il y a quelques jours, le soir, dans une Auberge à quatre lieues de Paris, prend un léger repas & se couche. A onze heures de la nuit on est très-étonné (sic) de le voir paroître (sic) en chemise dans la cuisine où il y avoit beaucoup de monde ; il y déplace la plûpart (sic) des meubles sans s’éveiller, se proméne (sic) dans la cour, entre dans l’écurie, selle & bride un des chevaux qu’il y trouve, & qui n’étoit pas le sien, ouvre la porte de la maison, monte le cheval, part au galop, traverse la seine à la nage, la repasse, revient à une heure du matin, entre dans l’Auberge où tous les spectateurs qui l’avoient suivi le plus qu’ils avoient pu, l’attendoient avec inquiétude, va droit à l’écurie, attache le cheval dont il s’étoit servi, boit une bouteille de vin qui étoit dans une chambre voisine de la sienne, & se recouche. A son réveil ; il s’est trouvé très-fatigué (sic), mais sans aucun souvenir de son aventure de laquelle il ne vouloit rien croire. »

Ouah ! Quelle épopée ! Et tout cela en dormant !
Etonnant, tout de même cette chevauchée et cette traversée à la nage. Même la froidure de l’eau n’a pas éveillé le « dormeur » !


Des voleurs dans une église !

12 novembre 1773

« Des filoux (sic), à ce que l’on mande d’Allemagne, viennent d’y jouer un de leurs tours.
On avoit vu pendant quelques jours des personnes fort assidues à la priére (sic) du soir, y paroitre avec la contenance la plus recueillie. Le ministre qui faisoit la priére (sic), en étoit lui-même d’autant plus édifié, que la piété aparente (sic) de ces inconnus étoit relevée par leur modestie, & leur attention à se cacher. Personne n’avoit pu les voir en face ; le lieu le plus obscur de l’Eglise étoit celui qu’ils choisissoient de préférence. Restés un soir les derniers dans le Temple, ils s’y cachérent (sic), & s’y laissérent (sic) enfermer pendant la nuit, dans le dessein d’enlever le Tronc, où les personnes charitables déposent leurs aumônes. Ce Tronc, qui pouvait contenir alors environ 500 marcs d’argent, a disparu avec ces scélérats (sic) dont on n’a rien apris (sic) depuis ce vol. »

De drôles de paroissiens !
Cinq cents marcs tout de même !
Ces filous ont-ils allumé un cierge à l’autel de la Vierge pour la remercier de ses bienfaits ?
Rien sur le nom de la paroisse, ni sur celui du prêtre, et encore moins sur ceux des voleurs qui courent encore ……


Paix à son âme

19 novembre 1773

« Le 13 novembre 1773, mourut à Caen sur la paroisse de S. Sauveur, & fut transportée le lendemain en l’Eglise de Renémesnil, lieu de sa sépulture, Dlle Charlotte-Elisabeth Féron, Dame & Patronne honoraire de Renémesnil, Dame Suseraine d’Estrée-la-Campagne, d’Airan , de la Granville & autres lieux. Elle étoit fille unique d’un Conseiller au Bailliage & Présidial de Caen, & petite-fille d’un Professeur aux Droits dans l’Université de cette Ville. La paroisse de Renémesnil, située sur la petite riviére (sic) de Meance, à peu de distance du bourg de S. Sylvin, & à deux lieues & demi de Caen, est de l’exemption de l’Abbaye de Troarn, & à laquelle l’Abbé de Troarn presente (sic) de plein droit. »

J’ai découvert l’acte d’inhumation de la Demoiselle Charlotte Elisabeth Féron dans les registres de la paroisse de Renémesnil :

Aujourd’hui quatorzieme jour de novembre mil sept cens soixante traize a été inhumé le corps de mademoiselle charlotte Elisabeth feron dame patronne honoraire de Renemesnil Dame suzeraine d’Estrée la campagne, d’airain, de la granville et autres lieux par M. le Curé de Quesney assisté de Mrs les Curés et Vicaires d’Estrées de Soignoles, Grainville…. Cauviciourt Malandin St Silvin, St Martin des bois, dans l’Eglise de Renemesnil sa paroisse, decedee le 13 novembre en la paroisse de St Sauveur de Caen munie de tous les sacremens agée de trente deux ans.

Je n’ai pu lire tous les noms des villes inscrits sur l’acte. Il se peut aussi que ceux que j’ai notés soient mal orthographiés.



En avant pour la noce

26 novembre 1773

« Le 16 de ce mois s’est faite à Versailles la cérémonie du Mariage de Mgr. le Comte d’Artois avec Madame Marie-Thérèse de Savoye ; au lieu des réjouissances, l’Hôtel-de-Ville de paris a résolu de marier et doter un nombre de filles ; selon l’usage il s’en est présenté bon nombre, on n’en a jamais manqué en pareille occasion. Dans le grand nombre de celles qui se sont présentées chez M. Prevôt (sic) des Marchands, il s’en est trouvé une qui joignoit à une figure très-intéressante, une ingénuité qui ne l’étoit pas moins ; votre nom, lui demanda-t-on ? « Life, Monsieur », répondit-elle, avec une profonde révérence. Vos qualités ? « Blanchisseuse, & fille à votre service ». Votre âge ? « Dix-huit ans bien-tôt. » Le nom de celui avec qui vous désirez être mariée ?.... « Bon ! je croyois qu’on fournissait le tout ! »


Le comte d’Artois avait vu le jour le 9 octobre 1757 à Versailles.
Il épousa le 16 novembre 1773, Marie-Thérèse de Savoie.

Comme lors de chaque mariage princier, il y eu de nombreuses réjouissances.
A Paris, il fut arrêté de marier plusieurs jeunes filles méritantes et de les doter.
La dote promise a attiré grand nombre de jeunes filles, normal !
Quant à la « petite blanchisseuse » dont il est question dans l’article, elle n’avait pas tout compris. Et sa réaction prouve qu’elle n’avait pas de fiancé.
Pas de chance pour elle. Non, le mari n’était pas fourni …….

Le comte d’Artois régna après ses deux frères, Louis XVI et Louis XVIII, de 1824 à 1830, sous le nom de Charles X. Il avait 66 ans lorsqu’il accéda au trône.


Encore un « petit ange » en paradis !

30 décembre 1773

« Il est mort depuis peu le fils de M. Moreau, Architecte à Paris, à la suite de l’inoculation de la petite-vérole. Cet enfant avoit subi cette opération avec ses deux sœurs, qui sont parfaitement rétablies. Leur mere (sic) en communiquant avec ces trois inoculés a contracté la petite-vérole : elle étoit enceinte, & a manqué de mourir de cette maladie & des suites d’une fausse-couche, occasionnée par la douleur d’avoir perdu son fils. »

Un enfant « inoculé » pour éviter qu’il ne contracte la petit-vérole.
Prémices de la vaccination ! Premiers dérapages !

Je ne peux vous livrer l’acte d’inhumation de cet enfant qui gardera ainsi le secret de son identité.