lundi 29 août 2016

UN COMBAT PEU GLORIEUX



Dans un jardin fleuri et parfumé, se promenaient trois princesses.
Le temps était radieux en ce milieu de matinée de début de printemps. Mais, malgré cette douceur, les trois jeunes filles affichaient un air soucieux.

« Comme tu es pâle ce matin, dit l’une d’elles, prénommée Rose.
-          Oui, je me sens fatiguée, répondit la seconde qui avait reçu le prénom de Lilas. Mais tu n’as pas beaucoup de couleurs non plus.

La troisième, au doux prénom de Capucine, prit alors la parole.
« Je me sens lasse également. Et.... j’ai fait un rêve étrange cette nuit.

A cette remarque, Rose et Lilas furent très étonnées. Elles se regardèrent avant de demander d’une seule voix :
« Un rêve ? Lequel ? Raconte !

Capucine hésita un moment. Ses sœurs allaient-elles la croire lorsqu’elle leur dévoilerait son rêve ?
Mais, était-ce bien un rêve, car tout cela lui avait semblé si réel ?

« Alors ? s’impatienta Rose.
-          Alors, un homme, vêtu de noir, s’approchait de moi.

Rose et Lilas retinrent leur souffle, avant de s’écrier :
« J’ai fait le même ! »

Toutes trois se regardèrent incrédules. Comment était-ce possible ? Tout absorbées qu’elles étaient par leurs réflexions, elles n’entendirent pas s’approcher deux chevaliers qui avaient fière allure.

« Damoiselles, nous vous souhaitons le bonjour !
-          Messeigneurs, vous arrivez à point nommé.....
-          Oh que oui ! Nous avons besoin de votre courage.....
-          Il s’agit d’une affaire bien étrange.....
Elles avaient, toutes trois, exposé leur désir d’obtenir de l’aide.

Trop heureux de pouvoir montrer leur immense courage, les deux chevaliers rétorquèrent aussitôt, le premier :
-          Nous sommes à votre service
Et le second :
-          Que devons nous combattre ?

Les réponses ne se firent pas attendre.
« Un étrange personnage, lança Rose.
-          Vêtu de noir, poursuivit Lilas.
-          Oh, je me souviens ! précisa Capucine, avec deux grandes canines !

Les deux chevaliers s’écrièrent en même temps :
« Un vampire ! »

-=-=-=-=-=-


La nuit avait plongé dans les ténèbres le joli jardin.
Derrière un bosquet épineux, les deux chevaliers, épée au côté, s’étaient mis en embuscade.
Soudain, ils entendirent des bruits. Un être longiligne, enveloppé dans une ample cape noire, s’approchait à pas feutrés.
La lune éclairait d’une lumière blafarde le visage livide aux yeux rouges de l’individu.

« Ah ! Ah ! J’ai soif de sang, lança cet être immonde. Celui des princesses est onctueux et sucré. Un vrai régal ! »

Tout en se parlant à voix basse, le vampire se frottait les mains l’une contre l’autre. Il se réjouissait à l’avance de ses futurs méfaits.
Au moment où il passait devant le buisson épineux, les chevaliers se dressèrent devant  lui, lui barrant le passage.

« Oh là ! Où vas-tu ainsi ? lança d’une voix ferme et autoritaire le premier chevalier.
-          Tu dois répondre de tes crimes de buveur de sang ! s’écria le second chevalier.
-          Oh, oh ! Qu’est-ce cela ? On veut m’arrêter ? s’exclama le vampire d’un ton amusé.
-          Tu ne passeras pas ! dit le premier chevalier, en se plaçant devant l’étrange personnage, la main sur la garde de son épée, prêt à la tirer de son fourreau pour l’embrocher.
-          Pour sûr ! renchérit le second chevalier, car nous sommes là pour t’en empêcher.
-          Deux contre un ! ironisa le vampire, ce n’est guère courageux, messieurs.

Puis se ravisant, il effectua une révérence des plus théâtrales, et poursuivit :
« Allez ! Le bonsoir, messieurs ! Je vais aller chercher du sang ailleurs. Tout compte fait, celui des princesses était fort médiocre. »
Et il s’évanouit dans la nuit, en poussant un rire démoniaque.

Nos deux compagnons se regardèrent un peu dépités. Ils auraient préféré livrer bataille, tout simplement pour le panache.

« Drôle de vampire ! dit le premier.
-          Assurément ! acquiesça le second. Allons nous coucher ! Demain, nous raconterons aux princesses toutes les difficultés que nous avons eu à combattre cet incroyable ennemi, afin de ne pas être ridicules.
-          Entièrement de ton avis. Nous y ajourerons quelques moments dramatiques et palpitants. Nous récolterons ainsi la gloire et non des quolibets.


Les deux chevaliers se retirèrent donc pour aller finir la nuit, bien au chaud dans leur lit.

Pas glorieux, tout de même !

mercredi 24 août 2016

LA MÉDECINE DE NOS ARRIÈRES, ARRIÈRES........ GRANDS- PARENTS !

La médecine de nos arrières, arrières ……. Grands-parents !


En ce 24 août 2016 déclaré caniculaire, je n’ai pu résister à vous soumettre ce qui suit, concernant la manière de soigner les insolations.

Pas tout à fait faux la prescription d’appliquer de l’eau fraîche, mais là à attendre que l’eau se mette à bouillir !!!.


Quand le soleil avait  tapé, un peu trop, sur la tête !

28 juin 1765

« Reméde  (sic) contre les coups de Soleil
On nous donne ce Remède comme infaillible, le voici. Quand on se sent frapé (sic) d’un coup de soleil, il faut, le plutôt (sic) qu’il est possible, tâter avec le doigt l’endroit où la douleur se fait sentir le plus vivement, faire raser les cheveux sur cet endroit, & y appliquer (sic) une bouteille pleine d’eau fraiche, avec assez d’adresse pour que l’eau dont elle est pleine à 2 ou 3 doigts près, ne s’écoule pas : on tient la bouteille ainsi posée jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que l’eau commence à frémir, & même à s’élever comme si elle étoit sur le feu ; alors on substitue promptement une seconde bouteille pleine d’eau comme la première, & on continue d’en substituer de nouvelles jusqu’à ce que l’eau ne contracte plus de chaleur ni de mouvement, & alors le malade est entièrement guéri, & hors de tout danger : ce reméde est simple & aisé, & on peut assurer qu’un grand nombre d’expériences en garantissent la bonté & l’efficacité. »


Mais où donc rayonne un soleil capable de faire « bouillir la cervelle » ?

Assurément celui qui a trouvé le remède avait reçu un bon coup de soleil sur la tête !


 16 juin 1775

Remède efficace contre les coups de Soleil
Prenez une bouteille de chopine, dont le cou soit fort gros & bien large ; remplissez-là d’eau de fontaine, la plus fraîche que vous pourrez avoir ; mettez un linge fin à deux doubles par-dessus l’ouverture de la bouteille ; liez bien ce linge, & qu’il soit tellement tendu, que l’eau ne se répande pas sur le malade ; quand on  fera l’opération suivante, qui est bien simple, tenez la bouteille renversée, de façon que le linge soit apuyé (sic) contre le tête de la personne qui a eu le coup de Soleil ; parcourez tout doucement les différentes parties de la tête, jusqu’à ce que vous trouviez l’endroit du mal. Quand vous l’aurez trouvé, vous verrez comme bouillir l’eau dans la bouteille, ce qui fait un petit bruit semblable à celui qu’on entendoit, si on y donnoit de petits coups. Tant que ce mouvement de l’eau dure, il faut laisser la bouteille apliquée (sic) au même endroit. Dès que le bouillonnement cesse, on vient à une autre partie, & ainsi successivement. Quand il n’y a plus d’agitation dans l’eau, quelque part que vous apuyez (sic) la bouteille, vous laisser (sic) passer quatre à cinq heures, & vous recommencez ensuite l’opération. Je l’ai fait faire jusqu’à trois fois, dit M. Vallet, Curé de Colombes, au Diocèse de Vienne, sur une personne qui étoit dans le délire, & qui voulant parler, ne rendoit que des sons mal articulés. Elle reprit la parole, & fut parfaitement guérie au bout de trois jours. Dans nos campagnes ce reméde (sic) est fort commun, & on l’emploie avec le plus grand succès. Depuis que je l’ai fait connoître, ajoute le charitable Pasteur, il est inoui (sic) que quelqu’un soit mort dans nos cantons d’un coup de soleil. Les personnes sujettes aux maux de tête, ont trouvé dans ce reméde (sic), ou leur guérison, ou du moins du soulagement. Si le malade qui a reçu le coup de soleil, avoit beaucoup de cheveux, il faudroit les couper au sommet de la tête, c’est là qu’on commence l’opération. Comme la douleur change souvent d’endroit, le malade peut indiquer lui-même où il faut appliquer (sic) la bouteille. Lorsqu’on l’a ôtée, on doit avoir soin de bien essuyer la tête du malade. Toutes les fois qu’on commence l’opération, il faut se servir d’une nouvelle eau.

Est-ce que ce remède est efficace pour les névralgies ?

Je vous laisse le soin de le tester.......


Panaris !

9 août 1765

« Reméde (sic) contre le Panaris
Il faut faire une bouillie avec du vinaigre & de la farine, & lorsqu’elle est bien cuire, la laisser refroidir, & en couvrir ensuite le panaris ; il faut enveloper (sic) le doigt avec un linge, & renouveller  (sic) l’appareil (sic) tous les jours jusqu’à l’entière guérison. »

Un bon emplâtre, certes mais selon de degré de l’infection était-il réellement suffisant ?


Bonne rentrée à tous, en espérant que vous continuerez à me lire et .....

à oser mettre des commentaires.

lundi 22 août 2016

CONTE MEDIEVAL



La neige tombait à gros flocons depuis le début de la matinée. Dans la grande salle du château, près de la cheminée dans laquelle flambait une énorme bûche, ne répandant que peu de chaleur, la Reine et ses deux filles brodaient. Il fallait bien passer le temps !
Margot, la plus jeune, se plaignait :
« J’ai le bout des doigts gelés, je ne peux plus tenir mon aiguille.
-          Bien sûr, répondit vivement Anne, son aînée, quand il s’agit de travailler.....
-          Voyons, mes filles ! intervint la Reine, afin de calmer ce début de querelle.

Mais, elle avait l’habitude de ces chicanes entre ses deux filles, bien différentes l’une de l’autre.
Anne, l’aînée, raisonnable et soumise, acceptait son sort de princesse avec, peut-être, un peu trop de résignation.
Margot, elle, bouillonnante  et rebelle, ne pensait qu’à rêver. Sa vie, elle souhaitait la mener à sa convenance.

Dans la cour intérieure du château se firent entendre le bruit des sabots d’un cheval sur le sol gelé, à peine atténué par la légère couche de neige. Quelques hennissements aussi.
La servante de la reine arriva en courant, esquiva une révérence maladroite, et essoufflée annonça :
« Majesté, il y a un chevalier qui souhaite vous parler. 
-          Qu’il entre ! ordonna d’un ton majestueux, la reine.

Dans un bruit infernal de ferraille, un jeune homme enfermé dans une épaisse armure, portant épée au côté et heaume sous le bras gauche entra. Il s’agenouilla devant la  souveraine.
Anna continuait à broder. Son devoir n’était-il pas en cette tâche laborieuse ? Et puis, en, sa qualité de princesse, elle se devait de baisser les yeux devant un inconnu !
Margot, elle, dévorait des yeux le jeune homme à la haute stature, au visage plaisant, aux yeux magnifiques, à la chevelure épaisse et bouclée.
Le jeune homme, sur un geste de la reine, se releva et lui tendit un parchemin en lui précisant :
« Majesté, j’ai ce message de la part du roi, votre époux, qui combat, actuellement, aux frontières du royaume.

La reine parcourut des yeux le message, en silence, l’air préoccupé et de plus en plus grave au fil de sa lecture. Puis, elle ordonna à la servante qui attendait près de la porte :
« Prépare les malles, nous partons dans la soirée.
-          Bien Majesté, répondit la servante avant d’effectuer la même révérence maladroite que précédemment et de sortir de la pièce.
-          Nous partons ! Quel bonheur ! s’exclama Margot.
-          Bien sûr, tout est bon pour que tu laisses ton ouvrage ! soupira Anne.
-          Voyons, mes filles ! tonna la Reine, l’heure n’est point aux disputes.

Puis, s’adressant au chevalier qui attendait les ordres :
« Vous nous mènerez donc au roi, mon époux.
-          Oui, Majesté, répondit le jeune homme.
-          Vous connaissez, je suppose, la position des troupes et du campement du roi.
-          Oui, Majesté.
-          Nous mettons donc notre vie entre vos mains, puisque le roi semble avoir une entière confiance en vous.

Le chevalier s’inclina de nouveau devant la reine qui venait d’un geste de la main lui intimer l’ordre de se retirer, et sortit de la pièce dans le même bruit de ferraille que lorsqu’il y était entré.
A peine était-il parti que Margot s’exclama :
« Tu as vu ses yeux ? Et quelle belle allure il a !
-          Toi, bien sûr, toujours aussi frivole ! rétorqua Anne en haussant les épaules d’un air réprobateur.
-          Et toi, toujours aussi rabat-joie ! répliqua Margot qui se mit à fredonner une douce mélodie où les amours y étaient décrits d’une manière fort courtoise.

La reine mit fin, très rapidement, à ce nouveau désaccord. Haussant le ton, plus qu’à l’ordinaire, elle déclara :
Voyons, mes filles, cessez tous ces enfantillages. L’heure était gave. »

Le calme se rétablit très vite et les deux sœurs demandèrent d’une même voix :
« Que se passe-t-il donc, mère ?

Prenant une forte inspiration, la reine exposa la situation en ces quelques mots.
« Votre père se voit contraint de signer un traité pour garder son royaume.
-          Oh ! firent les deux jeunes filles.
-          Et.... poursuivit la reine, vous êtes la monnaie d’échange de ce traité. Votre père vous a promis en mariage à ses deux plus grands ennemis.

Résignée, comme toujours, Anne déclara :
« Je ferai ce que mon père m’ordonnera.
-          Mais pas du tout ! s’écria Margot. Je ne suis pas une monnaie d’échange, moi !
-          Adieu chevalier aux beaux yeux, s’exclama Anne, afin de taquiner sa sœur, mais cette phrase ne calma nullement  celle-ci qui se mit à hurler, théâtrale :
-          « Je n’accepterai pas ! Plutôt mourir !

La reine observait ses filles. Elle se revoyait jeune fille, au même âge.
Ne s’était-elle pas révoltée comme sa fille cadette lorsque son père lui avait imposé son mari. Des révoltes qui n’avaient servi à rien puisqu’elle avait dû accepter son destin. Elle soupira longuement, avant de déclarer :
« Allons mes filles, il faut vous résigner ! Préparons-nous, nous avons une longue route avant d’atteindre le campement de votre père.

La servante surgit alors, affolée, échevelée, essoufflée. Elle ne prit même pas le temps d’effectuer sa coutumière révérence.
« Majesté ! Majesté ! criait-elle, les bras levés comme si le ciel venait de s’écrouler.
-          Que se passe-t-il encore, ma fille ? questionna la reine au bord de la crise de nerfs.
-          C’est que, Majesté, bredouilla la servante, vous allez devoir renoncer à votre voyage. Le chevalier vient de s’enfuir avec la cuisinière, les chevaux et la voiture contenants tous vos biens.

La reine, que tous ces évènements rendirent malade, dut garder le lit pendant de nombreuses semaines.
Et les princesses, me direz-vous ? Elles furent mariées,  assurément.

Pas facile, la vie de princesse !
Alors, à toutes les petites filles qui rêvent de vivre dans un château, d’être une jolie princesse et d’épouser un prince charmant, je conseille ce qui suit ......

Mieux vaut être « bergère » !

jeudi 18 août 2016

Etes-vous déjà tombé dans le panneau ?


  
Cette expression « tomber dans le panneau » ne veut absolument pas dire se fracasser la tête, par inadvertance,  contre un panneau indicateur. Que nenni !

Alors ?

Panneau.
Ce mot longtemps écrit « panel – pannel » à la fin du XIVème siècle, pris sa forme actuelle au cours du XVIème siècle.

Ce nom désigna d’abord divers objets en tissus comme
·         Un coussinet de selle (1160 – 1274)
·         Un morceau de tissu utilisé comme guêtre  (12160 – 1174)
·         Un morceau d’étoffe en couture (1213)

A partir de 1213, il commença à désigner une surface rigide en architecture, en menuiserie ou en décoration.

Mais ce mot passa aussi dans le vocabulaire de  la chasse, désignant un filet tendu pour prendre le gibier (1285).
Sens que l’on retrouve dans l’expression « tomber dans le panneau » ou encore « donner dans le panneau », c'est-à-dire « se faire prendre », « se laisser piéger ».

Jean de la Fontaine a, d’ailleurs, usé de ce terme dans sa fable,  « L’Ours et les deux Compagnons ».

      Deux compagnons, pressez d’argent,
      A leur voisin Fourreur vendirent
      La peau d’un Ours encor vivant ;
Mais qu’ils tuëroient bien-tos ; du moins à ce qu’ils dirent.
C’eſtoit le Roy des Ours au compte de ces gens.
Le Marchand à sa peau devoit faire fortune.
Elle garentiroit des froids les plus cuisans.
On en pourroit fourrer plutost deux robes qu’une.
Dindenaut prisoit moins ses Moutons qu’eux leur Ours.
Leur, à leur compte, & non à celui de la Beſte.
S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours,
Ils conviennent de prix, & ſe mettent en queste,
Trouvent l’Ours qui s’avance, & vient vers eux au trot.
Voilà mes gens frappez comme d’un coup de foudre.
Le marché ne tint pas ; il fallut le résoudre :
D’interests contre l’Ours, on n’en dit pas un mot.
L’un des deux Compagnons grimpe au faiste d’un arbre ;
      L’autre, plus froid que n’est un marbre,
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent ;
      Ayant quelque part oüy dire
      Que l’Ours s’acharne peu souvent
Sur un corps qui ne vit, ne meut ny ne respire.
Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
      Et, de peur de supercherie
Le tourne, le retourne, approche son museau,
      Flaire aux passages de l’haleine.
C’est, dit-il, un cadavre ; Ostons-nous, car il sent.
A ces mots, l’Ours s’en va dans la forest prochaine.
L’un de nos deux Marchands de son arbre descend,
Court à son compagnon ; lui dit que c’est merveille,
Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal.
Et bien, ajoûta-t-il, la peau de l’animal ?
      Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ?
      Car il s’approchoit de bien prés,
      Te retournant avec sa serre.
      Il m’a dit qu’il ne faut jamais
Vendre la peau de l’Ours qu’on ne l’ait mis par terre.



Alors au sens propre comme au sens figuré, évitez de « tomber dans le panneau », cela vous évitera des ecchymoses ou des bleus à l’âme !



  Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


EN CETTE RENTREE DE SEPTEMBRE

A partir de  cette rentrée de septembre, je vous propose dans le cadre de mes récits « historiques » d’alterner un article de la rubrique  « en feuilletant la gazette », avec un article d’une nouvelle rubrique, celle des « crimes » dont vous avez eu un petit aperçu avec « l’affaire Desrues ».


Je vous donne donc rendez-vous la semaine prochaine, et en attendant, je vous souhaite une bonne reprise.

lundi 15 août 2016

NAISSANCE DU ROYAUME DE LA PENOMBRE



Tout était noir. Pas la moindre petite clarté dans le Royaume des Ténèbres où chacun se plaisait assurément, sans voir, mais surtout sans être vu.

Tout le monde ? Pas certain !

Soudain, un halot de lumière balaya les ténèbres du lieu, ce qui était extrêmement étrange.
Derrière ce léger éclairage, se dessinait  l’ombre d’un être blafard, aux yeux et aux lèvres rouges, qui se plaignait d’une voix nasillarde :
« Il fait noir, ici ! Et moi, j’ai peur du noir ! »

Arrivèrent alors, derrière lui, deux autres personnages bien curieux eux aussi. Nez crochus, verrues sur les joues.... Le tout donnait quelque chose de terriblement effrayant. C’étaient des sorcières. Oui, oui, vous avez bien entendu, deux sorcières munies de leur balai. Deux sorcières qui se ressemblaient en tout point. Deux sorcières jumelles qu’il était impossible de différencier à tel point qu’on les avait nommées Sor et Cière.
Sor et Cière, donc, vinrent se placer de chaque côté du premier individu, l’encadrant ainsi symétriquement.

« Ah ! Que j’ai peur ! se lamentait, encore et toujours, l’individu d’une voix aussi blanche que son visage.
-          Avoir peur du noir au Royaume des Ténèbres, voilà qui est bien curieux, ironisa Sor.
-          Mais, tu peux peut-être l’aider, toi ? interrogea Cière.
-          Comment pourrais-je le faire, rétorque Sor.
-          Mais non ! je ne m’adresse pas à toi !

En effet, accompagné d’un souffle glacial, venait d’apparaitre un fantôme, poussant des « Ouh ! Ouh ! » des plus lugubres, ceux qui, normalement, doivent vous donner la chair de poule.
«  Ne fais pas de zèle, lui lança Cière, tu n’effraie plus personne depuis bien longtemps.
-          Ah ! Que j’ai peur ! se lamentait toujours l’individu à la lampe-torche.
-          Je n’effraie personne ! s’exclama le fantôme. Et lui, alors ?
-          Gros nigaud, l’interrompit Sor.  Ce n’est pas de toi que Vampiretto a peur.
-          Ah ! Dommage ! j’étais tellement heureux d’effrayer au moins quelqu’un !
-          J’ai peur du noir ! s’écria Vampiretto, tellement terrorisé que le rai de lumière qui jaillissait de la lampe torche tremblotait certainement de peur, lui aussi.

Le fantôme, quelque peu dépité de son échec, s’évanouit dans le noir profond du lieu, espérant toutefois faire, enfin,  dresser les cheveux sur la tête d’une personne hautement épouvantée par son apparition.

-=-=-=-=-=-

Non loin de là, existait un autre royaume, celui de la lumière où la clarté éblouissait au plus haut point. Vivaient là, en souveraine, la Reine des Anges et deux anges qui effectuaient leur apprentissage de bienfaits.

La Reine demanda, comme chaque jour :
« Alors, quelles bonnes actions projetez-vous de faire, aujourd’hui ?
Le premier ange resta perplexe. Difficile à dire, en vérité.
« Je ne sais pas, se hasarda-t-il, peut-être rendre moins lumineuse la lumière.
-          En voilà une idée, rétorqua la Reine des Anges. Et pourquoi cela ?
-          Parce qu’elle m’éblouit, répondit vivement le second ange. Elle est trop forte.
-          Mais voyons, nous sommes au Royaume de la Lumière, s’exclama la Reine des Anges. Ce n’est pas possible !

Les deux anges se regardèrent et le premier lança, au second, d’un air navré :
« Je suis désolé, j’ai essayé, mais .... »
Ce dernier répondit avec un pauvre petit sourire :
« Merci tout de même. Je vais fermer les yeux. »

Apparut alors le fantôme qui était venu faire un petit tour au Royaume de la Lumière, dans le seul et unique but de répandre la terreur autour de lui.

« Un fantôme en pleine lumière, mais c’est le monde à l’envers ! s’exclama la Reine des Anges. Je n’avais pas assez de soucis avec la gestion de ces deux apprentis !
-          Les temps changent ! rétorqua avec ironie le fantôme ! Il faut faire avec.
-          Comme j’aimerais être un fantôme pour vivre dans la nuit, soupira le second ange, toujours autant incommodé par la lumière trop vive.
-          J’aurai tout entendu ! Un ange n’aimant pas la lumière et souhaitant être un être errant dans les ténèbres, s’écria la Reine des Anges, à la limite de la syncope.
-          Il y aurait, peut-être, une solution, avança timidement le fantôme.
-          Une solution à quoi ? lança la Reine des Anges, un tantinet énervée.
-          A tout ce noir au Royaume des Ténèbres et à toute cette lumière au Royaume de la Lumière, rétorqua le fantôme.
-          Mais voyons, c’est impossible ! explosa la Reine des Anges.
-          Les temps changent, il faut s’adapter, réitéra le fantôme.
-          Mais s’adapter à quoi ? questionna la Reine des Anges que cette conversation commençait à lasser
-          Je connais un vampire qui a peur du noir ! commença à expliquer le fantôme.
-          Oh ! le pauvre ! s’exclama le premier ange.
-          Et moi, la luminosité de la lumière m’incommode énormément, poursuivit le second ange.
-          Ne pourrions-nous pas mélanger les ténèbres et la lumière ? demanda le fantôme.

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L’idée fit son chemin, car il fallait bien trouver une solution pour le bien-être de tous.
Ce fut ainsi que fut créé le Royauté de la Pénombre où chacun put trouver sa place et vivre paisiblemen