mercredi 31 mai 2017

1783 - C'EST REPARTI !

1783 –  C’EST REPARTI


Carnet Rose

10 janvier 1783

Le 6 de ce mois, Madame  la comtesse d’Artois est accouchée heureusement d’une Princesse, que le Roi a nommé Mademoiselle d’Angoulême.


Mademoiselle d’Angoulême naquit, en effet, le 6 janvier 1783, à Versailles.
Elle décèda le 22 juin de la même année, à Choisy-le-Roy.
Ses parents :
·         Son père, Charles Philippe, petit-fils de Louis XV et fils du Dauphin Louis Ferdinand et de Marie Josèphe de Saxe, Comte d’Artois
·         Sa mère, Marie-Thérèse de Savoie.
Ils s’étaient unis le 16 novembre 1773.
Elle fut le quatrième et dernier enfant du couple. Avant elle, étaient nés :
·         Louis Antoine d’Artois (1775-1844)
·         Sophie d’Artois (1776 – 1783)
·         Charles Ferdinand d’Artois (1778 – 1820)

Le comte d’Artois, son père, fut roi de France sous le nom de Charles X de 1824 à 1830.



Faut vraiment être « tordu » !

31 Janvier 1783

On mande de Paris le 25 Décembre, qu’un procès bien extraordinaire fait diversion dans cette ville aux affaires générales. Voici le fait. Il y a environ 15 ans qu’un particulier chargé de dettes acheta un cadavre ; & ayant joué le malade, il s’esquiva subtilement, laissant dans sa chambre fermée & dans son lit ce cadavre. Il fut visité dans un état de putréfaction, qui ne permis pas de douter que ce ne fut le particulier évadé ; il fut enterré sous son nom, tandis qu’il passoit lui-même aux Indes Orientales. La femme de cet homme s’est mariée en secondes noces, & a des enfans (sic) de son second mari. Il y a environ trois mois que le premier est revenu avec une fortune considérable ; il s’est présenté à ses créanciers qu’il a satisfaits, & à ses amis qui l’ont reconnu. Enfin, après avoir découvert la demeure de sa femme, il est allé la visiter, & sa femme l’a reconnu aussi : bientôt après, le second mari,  informé de cet événement (sic), d’accord même, dit-on, avec son épouse, a accusé le revenant de supposition de personne, & la femme refuse de retourner au premier mari. Telle est la nature d’une cause célebre (sic) que vont plaider trois Avocats distingués de cette Capitale.

Je n’ai rien trouvé concernant le jugement, aussi je ne peux vous dire si l’épouse, bigame, a vu son second mariage annulé et si elle a dû reprendre la vie commune avec ce mari qui l’avait, toutefois, abandonnée pour aller lâchement se cacher, pour ne pas affronter ses créanciers.


Un coup de foudre fatal !

28 février 1783

On écrit d’Alençon, que le Dimanche 9 Février, pendant la messe, le tonnerre est tombé sur l’Eglise de la paroisse de la Lande, dépendante de l’Election de Verneuil, située à quatre lieues de Verneuil & à cinq de Mortagne. L’Eglise fut aussi-tôt (sic) remplie d’une fumée très-épaisse (sic) & d’une odeur sulphureuse (sic). L’effet de la foudre fut si violent, que tous les assistans (sic), soit debout, soit assis, furent renversés, sans qu’on se soit aperçu qu’aucun d’eux eût été particulièrement frappé du tonnerre. Le Curé qui officioit auroit été également renversé, s’il ne se fut soutenu en s’accrochant à l’autel. Le fumée s’étant dissipée & les assistans (sic) étant revenus de leur effroi, plusieurs d’entr’eux (sic) s’aperçurent qu’ils s’étoient faits dans leur chûte (sic) des contusions, dont heureusement aucune n’étoient dangereuse. Cet évènement si rare dans cette saison, n’avoit été funeste qu’à un seul homme qui étoit resté mort sur la place. Comme on n’a trouvé sur son cadavre aucune impression  de la foudre, on a jugé qu’il avoit été suffoqué par la vapeur qui s’étoit répandue dans l’Eglise. Cet orage qui n’a eu que ce seul accident, s’est fait sentir à Alençon, où, la nuit du 8 au 9, on a entendu plusieurs coups de tonnerre.

Un petit tour dans les archives en ligne.... La Lande sur Eure....... et voilà !
L’an mil sept cents quatre vingt trois le neuf fevrier Jean claude galleran menuisier de la paroisse de marchainville est mort dans cette eglise pendant la sainte messe par le tonnere tombé sur le clocher muni néanmoins des sacrements et le lendemain son corps a été inhumé dans la cimetiere de cette paroisse par nous curé de marchainville.......

Quelle histoire ! La foudre dans l’église avec nuage de fumée, pire qu’en enfer !.... le curé renversé cul par-dessus tête, s’accrochant à l’autel !..... Et le pauvre paroissien qui meurt d’un coup de foudre ou plutôt d’une crise cardiaque due à la peur......
J’imagine la panique dans ce lieu saint, les cris d’épouvantes et la stupeur de découvrir une victime.

Bien des années après, les anciens devaient encore raconter l’événement à leurs petits-enfants.


Charité !

 7 mars 1783

On ne connoit peut-être pas assez à Rouen l’utilité de l’institution des classes de travail, érigées dans le Cimetière de S. Maclou, en faveur des enfants des pauvres.
Depuis l’année 1762 jusqu’à l’année 1781 inclusivement, il a été filé par ces enfants 71641 liv. 1 quart de coton en laine, dont le travail leur a produit de gain, pour la seule main-d’œuvre, la laine payée, la somme de 260873 liv. 16 f. 3 d. ; ce qui a versé dans les maisons d’une partie des Pauvres de la Paroisse plus de 13000 liv. année commune.
Il est bon de remarquer que la moitié des enfants, qui travaillent dans cette Communauté, seroient demeurés oisifs sans cette institution, ou par leur mauvaise volonté propre, ou par la négligence des parents ; il y a donc eu chaque année, pour la classe indigente,  un lucre positif de six ou sept mille livres, qui, sans cet établissement, n’auroient point existé.
Le montant des ouvrages ne paroîtra peut-être pas considérable ; mais on doit faire attention, 1°. Qu’il n’y a habituellement qu’une centaine d’enfants qui travaillent, le local ne permettant pas d’en recevoir un plus grand nombre : 2°. Que pour leur bien être, on leur permet de sortir pendant le cours de l’année pour s’appliquer à quelqu’autre  (sic) occupation, s’il s’en présente de plus lucrative pour eux.

Cet article m’a envoyée dans les pages du roman de Dickens, Oliver Twist qui fut placé, bien malgré lui, dans un dépôt de mendicité dans lequel étaient organisés divers ateliers où se trouvaient d’autres enfants, certains orphelins comme lui, d’autres mendiants, d’autres déclarés « mauvais sujets ». Ces ateliers ressemblaient plutôt à des bagnes où les enfants étaient plus que malmenés.

.....Il n’y avait pas un quart d’heure qu’Olivier avait franchi le seuil du dépôt de mendicité, et il avait à peine fini de faire disparaître un second 25 morceau de pain, quand M. Bumble, qui l’avait confié aux soins d’une vieille femme, revint lui dire que c’était jour de conseil et que le conseil le mandait. Olivier, qui n’avait pas une idée précise de ce que c’était qu’un conseil, fut fort étonné à cette nouvelle, ne sachant pas trop s’il devait rire ou pleurer ; du reste, il n’eut pas le temps de faire de longues réflexions : M. Bumble lui donna un petit coup de canne sur la tête pour le rendre attentif, un autre sur le dos pour le rendre alerte, lui ordonna de le suivre, et le conduisit dans une grande pièce badigeonnée de blanc, où huit ou dix gros messieurs siégeaient autour d’une table, au bout de laquelle un monsieur d’une belle corpulence, au visage rond et rouge, était assis dans un fauteuil plus élevé que les autres. « Saluez le conseil », dit Bumble. Olivier essuya deux ou trois larmes qui roulaient dans ses yeux, et salua la table du conseil .........
...... « C’est bien, dit le président à mine rubiconde ; vous êtes ici pour votre éducation et pour apprendre un métier utile. – Aussi, demain matin à six heures vous commencerez à éplucher de l’étoupe », dit le bourru au gilet blanc. Faire éplucher de l’étoupe à Olivier, c’était combiner ensemble d’une manière très simple les deux bienfaits qu’on lui accordait ; il reconnut l’un et l’autre par un profond salut à l’instigation du bedeau, puis on l’emmena dans une grande salle de l’hospice, où, sur un lit bien dur, il s’endormit en sanglotant : preuve éclatante de la douceur des lois de notre heureux pays, qui n’empêchent pas les pauvres de dormir ! Pauvre Olivier ! Endormi dans l’heureuse ignorance de ce qui se passait autour de lui, il ne songeait guère que ce jour-là même le conseil venait de prendre une décision qui devait exercer sur sa destinée ultérieure une influence irrésistible : mais la décision était prise ; et voici quelle elle était. Les membres du conseil d’administration étaient des hommes pleins de sagesse et d’une philosophie profonde : en fixant leur attention sur le dépôt de mendicité, ils avaient découvert tout à coup ce que des esprits vulgaires n’eussent jamais aperçu, que les pauvres s’y plaisaient ! C’était pour les classes pauvres un séjour plein d’agrément, une taverne où l’on n’avait rien à payer, où l’on avait toute l’année le déjeuner, le dîner, le thé et le souper ; c’était un véritable Élysée de briques et de mortier, où l’on n’avait qu’à jouir sans travailler.....
.......ils accordèrent trois légères rations de gruau clair par jour, un oignon deux fois par semaine, et la moitié d’un petit pain le dimanche......


Etait-ce ce genre d’atelier qui se situait à St Maclou ?
Je n’ai rien pu découvrir pour vous l’affirmer, mais c’est probable. Toutefois, il est mentionné que les personnes fréquentant cet atelier recevaient une rémunération. Si au détour de mes lectures quelques précisions surgissent à ce sujet, je vous en ferai part, bien évidemment.
L’existence d’une école est mentionnée en ce lieu, mais bien avant 1783.


A vendre !

14 mars 1783

A vendre une jolie Roture, située à S. Aubin d’Ymare, près S. Aubin la Campagne, à 2 lieues & demie de Rouen, dans une belle position ; consistante en masure de 9 acres & demie, bien plantée d’arbres fruitiers, de 25 à 30 ans ; tous les fossés plantés de jeunes plants de haute-futaie, maison de Fermier, dont moitié en brique, & tous les bâtiments nécessaires en bon état, une citerne qui contient 3 à 400 muids d’eau, 80 acres  de terres, tant en labour que bois-taillis. Une autre petite Ferme vis-à-vis, bien plantée, composée d’une maison de Maitre, cour d’honneur, jardin, & tous batiments (sic) nécessaires, bâtis en brique : ce bien releva de MM. Les Abbés de S. Ouen de Rouen, & produit 2400 livres sans les soumissions. S’ad. A MM. Ricquier, Lambert & Decaen, Notaires.

Il s’agit sans doute de Saint-Aubin-Celloville qui se trouve près d’Ymare.
Une « jolie roture », c'est-à-dire une propriété non noble, ce qui ne veut pas dire « minable » !

9 acres et demie,  plantés d’arbres fruitiers, ce qui équivaut à une surface de  494 ares, soit        49 400 m². Pas négligeable !

80 acres de terres labourables et bois taillis, soit 416 000 m².
Une citerne de 400 muids d’eau. Le muid de Paris au XVIIIème siècle correspond à 1.824 m3.
Petit calcul :  400 X 1.824 = 730 m3

Y-a-t-il preneur ?


Humour anglais !

14 mars  1783

Anecdote
Georges II, Roi d’Angleterre, étoit contrarié par ses Ministres pour la nomination d’un Vice-Roi d’Irlande. Ils insistoient pour que le Roi préférât le Lord Harrington au Duc de Dorsett que Georges eût beaucoup mieux aimé. Il s’étoit levé avec dépit de la table du Conseil & avoit passé dans sa chambre, laissant les Ministres dans le plus grand embarras, car il n’avoit point porté de décision. Enfin, voyant que sa Majesté ne revenoit point, ils lui députèrent le Lord Chesterfield, comptant sur les ressources de son esprit pour calmer l’agitation du Monarque, & pour obtenir ce qu’ils désiroient. Chesterfield ouvre tout doucement la porte & s’approche d’un air très-respectueux du fauteuil où le Prince s’étoit jetté (sic). « Je suis chargé, dit-il, Sire, de savoir dequel (sic) nom Votre Majesté veut qu’on remplisse le blanc laissé sur la patente. – Mettez-y le diable, répond le Roi en colere (sic). – Mais, Sire, répond d’un ton sérieux le Ministre, il sera donc qualifié, le féal & amé Cousin de Votre Majesté. » Georges II éclata de rire & la paix fut faite.


J’avoue, à ma triste honte, ne pas connaitre réellement l’histoire de l’Angleterre, en dehors des grandes lignes, bien sûr.

Ce que je peux vous affirmer, c’est qu’il ne s’agit pas de George II, car ce roi avait rendu l’âme le 25 octobre 1760.
Bonne déduction ? Non ?
Il est donc question de son fils, George  William Frederick, né le 4 juin 1738 et décédé le 29 janvier 1820. Il régna sous le titre de George III de 1760, année du décès de son père à 1820, année de son propre décès, mais une régence fut votée en 1810 en raison de l’état de santé mentale du monarque. En effet à la fin de l’année 1811,  en état de démence, il vécut isolé dans le château de Windsor.

Ses deux fils, George IV et Guillaume IV, morts sans descendance, laissèrent le trône à la seule enfant légitime du duc de  Kent, Victoria.
Le seul Lord Harrington que j’ai découvert, vivant dans la période de l’article ci-dessus, est Charles Stanhope, troisième conte du nom, né le 17 mars 1753 et décédé le 5 septembre 1829.

Et le Duc de Dorsett, troisième du nom,  dont il est question, se nommait John Frederick Sackville. Né le 24 mars 1745, il était le seul fils de Lord John Philip Sackville. Il fut ambassadeur de France de décembre 1783 jusqu’à la Révolution Française de 1789. Il regagna alors l’Angleterre, le 8 août 1789, où il décéda le 19 juillet 1799.
Il aurait été réputé pour son amour du sport : cricket, billard et tennis.

Juste un petit aperçu !
Promis, je me plonge dans l’histoire du Royaume Uni !


On cherche des fonds

28 mars 1783

Des personnes se proposent pour conduire une Fabrique d’Indienne, sans qu’il fut besoin de Dessinateurs, de Graveurs, de Coloristes, Imprimeur en chef, Teinturiers, ni garanceurs ; ils voudroient trouver quelqu’un qui eût des fonds pour former une Société ; ils travaillent sur fil, fil & coton, coton, Ververette, velours, draps de laine, étoffe de soie, coutils, &c. En bon & petit teint & des plus belles couleurs ; ils donneront preuve de leurs conduites & talents avant tout arrangement. S’adresser au Sieur Petiton, cour du palais.

L’indienne est un tissu peint ou imprimé  initialement importé des comptoirs des Indes avant d’être fabriqué en Europe entre le XVIIème et XIXème siècle.
L’indienne est généralement dans les tons de rouge, teinture obtenue avec la racine de la garance.

Un garanceur est un ouvrier qui « garance » les étoffes, c'est-à-dire qu’il les teint avec un extrait de la garance, plante de la famille des herbacées. La garance donne la couleur rouge.


Manufacture !

28 mars 1783

L’on demande dans une des belles Manufactures de Rouen, & bien établie, une commandite à qui on assureroit sept & demi pour cent, exempt de toutes pertes : comme il faut un Commis dans la Manufacture, on pourroit le prendre au choix du Commanditaire, pour qu’il soit plus sûr de ses mises, & pour lui rendre compte tous les mois de la gestion de ladite Manufacture ; l’on offre donner, avan (sic) que de conclure, toutes les connoissances (sic) nécessaires ; l’on désireroit qu’il y eût un dépôt chez le Commanditaire pour y verser les marchandises provenantes (sic)) d’icelle ; la commandite pourroit convenir à un Négociant qui tire les cotons de l’Etranger, en ce qu’il en faut dans la Manufacture pour 60000 liv. & même plus : le Commanditaire tireroit encore son bénéfice pour la vente desdits cotons en laine. La Manufacture appartient au demandeur, & peut en outre fournir au moins 2000 mille de rente dans Rouen pour la caution du Commanditaire. S’ad. Au bureau des annonces.

Les manufactures commencent à fleurir un peu partout, rassemblant tous les métiers du textile en un seul et unique lieu, permettant gain de temps et surtout d’argent !
Au cours des décennies qui vont suivre, les campagnes vont être peu à peu désertées. Le travail.... c’est à la ville ! Aussi, laissant espace et grand air, une population ne pouvant plus subvenir à leurs besoins en travaillant la terre, s’entassera dans des logements vétustes et insalubres, grossissant la classe indigente.


Le bout du nez du curé..... Pirouette cacahouète !

4 avril 1783

On a vu bien des exemples singuliers des effets du tonnerre ; mais peu de comparables à celui-ci.
Il est un usage consacré dans le Diocèse de Limoges, que les Fiançailles entre des futurs époux doivent se célébrer en face de l’Eglise. Le 15 de Janvier, au moment où on alloit procéder à une cérémonie de cette espece (sic), le tonnerre, en tombant dans l’Eglise Paroissiale emporta le bout du nez du Curé, & fit disparoître (sic) le cierge & le rituel de ses mains, sans qu’on pût en découvrir le moindre vestige. Une partie des assistans (sic) furent renversés de frayeur, les autres prirent la fuite ; mais cet événement n’a pas eu de suites plus funestes.

Mauvais ou bon présage !
Je n’ai malheureusement pas pu retrouver le nom des fiancés.
Le curé a-t-il, tout de même, donné les sacrements, le nez en sang, avec un beau pansement ?


Orages !

6 juin 1783

On mande de Ratisbonne, que près du petit village de Schwabelweiss, situé sur le bord du Danube, on a observé le 12 de ce mois, à deux heures après midi, un phénomène très-singulier (sic), dont une des Gazettes de ladite ville nous donne aujourd’hui la premiere (sic) nouvelle. Le ciel étoit serein, l’air calme, la chaleur très-forte, & les habitans (sic) du lieu travailloient aux champs ou tiroient des pierres dans le voisinage. Tout-à-coup, du sein d’une montagne qui est à sept cents pas du village, & qui du pied jusqu’au sommet est couverte de rochers, il se fit entendre un bruit si épouvantable, que chacun crut que cette montagne alloit se fendre & s’écrouler. Ce premier bruit fut suivi d’un éclair semblable à un coup de tonnerre, qui obligea les ouvriers de quitter leur travail, & quatre minutes après on entendit au même endroit un second coup qui imitoit l’explosion de plusieurs canons ; enfin, après cinq autres minutes, on en entendit un troisieme (sic), mais il n’étoit ni si fort ni si effrayant que les deux premiers. Un vent impétueux traversa alors avec rapidité, d’orient en occident, le bois touffu dont le haut de la montagne est couvert. Des gens qui ramassoient des feuilles d’arbres, tomberent (sic) de frayeur, & les arbres sembloient devoir être entiérement (sic) déracinés. Ce tourbillon dura trois minutes, après quoi tout fut tranquille : on ne voyoit au ciel que quelques nuages légers épars çà et là, qui étoient poussés doucement de l’occident à l’orient, & qui se dissiperent (sic) enfin au-dessus du bois.
Le 15, vers midi, il y a eu un orage très-long, accompagné d’une pluie considérable, & l’on a remarqué en plusieurs endroits, soit dans la ville, soit aux environs, que cette pluie étoit mêlée d’une poudre jaunâtre, qui étant séchée, avoit entiérement (sic) la couleur du soufre : on en voyoit encore des traces deux jours après.


Le fait s’est produit exactement à une lieue de Ratistonne, ville allemande sur le bord du Danube, à 90 kilomètre de Nuremberg et à 105 kilomètres de Munich. Schwabelweis se situe sur la rive gauche du Danube.

Une odeur de soufre ! Voilà qui est diabolique !
Cet article, pour vous prouver que les intempéries ont été de tous temps, et surtout par mauvais temps !


Avis de recherche

13 juin 1783

On désire connoître (sic) des parents de Charles Ricard, fils de Charles, & d’Anne d’Oligny, de la paroisse de Carville-sur-la-Folletiere, absent depuis 1752. Il a épousé en premiere noce Marguerite-Louise le Baillif, de Rouen ; en seconde, la veuve de Jean-Baptiste Leblond de Dieppe. A son dernier contrat de mariage, on y lit les signatures d’un Noël Saudegrain, 3 signatures  de Jean Morel, une de Marie-Anne le Baillif, & une derniere (sic) de Marie-Anne Morel. Sa seconde femme auroit des choses importantes à lui communiquer. S’ad. A Rouen, à M. Doury, Procureur au Parlement, rue Bouvreuil : ou à Dieppe, à M. Petit, Procureur au Bailliage d’Arques, portail S. Jacques.

Charles Ricard était originaire de Carville sur la Folletière, commune de Seine Maritime entre Barentin et Yvetot.
Je n’ai rien découvert sur ce Charles Ricard....... Pourtant, j’avais des informations, mais pas de lieu après 1752.......
J’espère que cette épouse a pu joindre son époux grâce à cet article, surtout si ce qu’elle avait à lui communiquer était très urgent.


Hercule !

18 juillet 1783

Le sieur Louis Porte, surnommé Hercule par le Roi, est arrivé en cette ville ; il donnera Mardi la premiere (sic) représentation de ses tours de force,  au nombre de 40, dans l’un desquels il portera seize hommes en équilibre sur la plante de ses pieds. C’est à l’ancienne Salle des Spectacles.

Cet homme, malgré sa force prodigieuse, n’a laissé aucune trace dans l’histoire !
J’espère qu’il a, de son vivant, profité pleinement des largesses du roi.


Islande

25 juillet 1783

Un navigateur vient de découvrir une nouvelle Isle, sortie du fond de la mer ; il en fixe la position à huit milles des rochers les plus avancés d’Islande, appelés les rochers aux Oiseaux ; à six milles de distance il en vit s’élever une fumée épaisse ; il s’en approcha à un demi-mille & en fit le tour. Il vit par-tout (sic) la mer couverte de pierres ponces qui surnageoient ; la sonde lui fit trouver fond par 44 brasses Ouest-sud-ouest de Reykenoes, & rapporta en la retirant des morceaux de charbon de terre. S’étant approché des rochers aux oiseaux, il n’y remarqua point de changemens (sic). Les habitans (sic) d’Islande lui ont dit qu’ils n’avoient essuyé aucun tremblement de terre ; ils avoient observé seulement vers pâques, quelque chose qui leur paroissoit brûler dans la mer au Sud de Grindebourg.

Concernant l’Islande, le « Petit Robert » nous dit :

« Emergence d’un vaste massif balsamique sous-marin, l’Islande est constituée par un plateau soulevé en son centre. Les glaciers couvrent une surface de 13 000 Km². Les volcans, dont certains sont encore en activité, sont particulièrement nombreux dans le sud  de l’île. Ils produisent des sources d’eau chaude qui constituent une ressource économique importante. »

J’ai découvert également qu’au cours de la seconde partie du XVIIIème siècle, ce pays fut secoué par de nombreuses catastrophes naturelles. La plus importante fut l’éruption des Lakagigar (les cratères du Laki) qui commença au printemps 1783, entrainant de fortes coulées de laves et dégageant des gaz toxiques. Faune et fleurs disparurent abondamment, ce qui provoqua une famine sans précédent. Il fut annoncé le chiffre de 10 000 personnes décédées cette année-là.
En Islande, les tremblements de terre se poursuivirent tout au long de l’année 1784.



Tremblements de terre et tsunamis

15 août 1783

On a reçu ici de la Chine les détails affligeants du désastre de l’Isle de Formose. C’est ainsi qu’on les raconte.
« Au mois de mai de l’année derniere (sic), la mer s’éleva sur les côtes de la Chine à une hauteur démesurée, & couvrit entiérement (sic), pendant 8 heures l’Isle Formose, de manière (sic) que la plus grande partie de ses malheureux a péri, & que la mer en se retirant, n’a fait, de la plupart des habitations, qu’un monceau de décombres. C’est M. Bertin, Ministre d’Etat, qui a  reçu ce récit affligeant ; on sait qu’il a une correspondance suivie avec les Missionnaires établis dans cet Empire, & jusques dans le palais de l’Empereur. A la lettre qui lui a été envoyée, est jointe une relation, en Italien, de ce terrible évènement, fait, dit-on, par l’Empereur lui-même, qu’on se propose d’envoyer à l’Académie des Inscriptions, & qui alors sera traduite & rendue publique. L’Empereur a voulu juger par lui-même du désastre qu’une partie de ses sujets venoit d’éprouver ; & en parcourant les provinces Orientales de son Empire, il a eu encore la douleur de voir son peuple en proie aux vevations (sic) de quelques Mandarins ; il en a fait justice, en faisant couper plus de 300 têtes ».
Huit millions d’habitans (sic), car c’est à ce nombre qu’on porte ceux de Formose, paroîtront une population bien extraordinaire pour une Isle à laquelle les relations les plus accréditées donnent 130 à 140 lieues de circuit ; mais quand il n’y auroit eu que la moitié, & d’après les calculs les plus modernes, il devoit y avoir ce nombre : c’est une terrible catastrophe que celle-là. Il est inutile de rappeller (sic) que les Chinois étoient les seuls maîtres de l’Isle depuis qu’ils en avoient chassé les Hollandois en 1661.

L’île de Formose porte, à présent, le nom de Taiwan.

·         1590               Découverte de l’île par les Portugais qui la nommèrent « iiha                                 Formosa », la belle île.
·         1624 – 1642   Occupation de l’île par les Hollandais.
·         1683               l’ouest de l’île est annexé à la Chine.
·         1860                L’île s’ouvre aux Occidentaux
·         1895               L’île déclare son indépendance


Dans un autre document j’ai découvert ce qui suit concernant Formose :
En 1783, il résulte qu’à la suite d’éruption des feux souterains la mer s’est élevée à une hauteur tout à fait extraordinaire sur les cotes de Chine et que l’ile entière a été  submergée pendant plusieurs jours : qu’ensuite les eaux se sont retirées sans laisser la moindre trace ni des hommes ni des quadrupedes.

Cette année 1783 fut remarquable en raison des nombreux tremblements de terre sur toute la planète, comme par exemple à Messine où la ville fut détruite faisant 60 000 victimes.



Orage meurtrier

15 août 1873

Un particulier du village de Montmort, élection d’Epernay, occupé, le 30 juillet, avec deux de ses enfants, à récolter sa moisson, fut écrasé & emporté par la foudre à plus de vingt pas de la voiture sur laquelle il étoit monté pour recevoir les gerbes qu’un de ses enfants lui donnoit. La voiture, presque chargée, devint en un instant la proie des flammes : deux chevaux qui y étoient attelés, furent tués, un troisieme (sic) attaché derriere (sic) la voiture est resté si effrayé, qu’il n’est pas possible de le mettre au travail. Ces malheureux enfants, dans l’embarras d’achever leur récolte, faute de chevaux & d’argent, se rendirent à Epernay pour demander des secours à leurs parents. Ceux-ci ne pouvant leur en procurer à l’instant, s’adresserent (sic) à une personne dont les qualités bienfaisantes leur étoient connues. Cette personne, quoiqu’étrangere (sic), leur fit remettre aussi-tôt (sic) dix louis, & leur recommanda de ne point la nommer. Un tel acte d’humanité exercé envers des enfants qui chérissoient leur père (sic), à cause des exemples de probité qu’il leur donnoit, mérite une reconnoissance (sic) publique.

Montmort : commune de la Saône et Loire.
Aucun décès dans la paroisse de Montmort, fin juillet ou début août. Je ne peux donc pas vous donner le nom du défunt.

Quant au bienfaiteur, étant donné qu’il a  demandé à garder l’anonymat, je me vois donc contrainte à la discrétion.

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