mardi 16 mai 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 9



Après le départ de sa mère, Jeanne resta un moment dans le potager. Elle se sentait vidée. L’avalanche de larmes qu’elle  avait déversée  avait-elle emporté toute son énergie ? Pour peu, elle aurait été se remettre au lit.
Oui ! Dormir ! Oublier dans le sommeil ces vacances exécrables !
Un sursaut de courage la fit se lever et  l’emmener sur la place du village. Puis, ses pas la dirigèrent  sur le chemin allant vers la ferme du père Hubert. Pourtant, elle n’avait pas envie de se mêler aux autres. Cédric avait fui ses pensées.  Il était impossible qu’il s’intéresse à elle. Et puis, il était de la campagne et elle de la ville ! Leur vie quotidienne était bien trop différente.
Et puis surtout, dans une semaine, elle retrouverait ses copines et sa connexion lui permettant de reprendre contact avec son monde d’adolescence à elle.

Toute à ses pensées, elle n’entendit pas le bruit de freins d’une bicyclette, aussi sursauta-t-elle lorsque celle-ci s’arrêta à ses côtés.

« Alors, tu rêves ? » demanda une voix.

Tournant la tête, elle le vit, lui, avec ses grands yeux bleus et son charmant sourire. Son cœur se mit à cogner et elle ne sut que répondre.

« On t’a attendue, ce midi ! T’es pas venue déjeuner ?

Ne sachant que dire, figée dans un mutisme dont elle ne savait comment sortir, elle pensa :
« Sûr qu’il va me prendre pour une demeurée ! »

Quoi faire ? Que dire ?

« Allez, viens ! lui lança Cédric qui descendit de sa bicyclette, pour faire le reste du chemin à pied auprès d’elle.
Bien que le parcours fût bref, il parut une éternité à Jeanne qui ne savait toujours pas comment rompre le silence.


Dans la cour de la ferme, les adolescents furent accueillis par deux chiens dont Jeanne n’arriva pas à définir la race. Deux corniauds, assurément, mais qui avaient l’air très sociable et affectueux.  Après s’être aperçus que les arrivants ne présentaient aucun danger, après s’être laissés caresser, les deux chiens allèrent s’étendre à l’ombre du marronnier qui trônait au milieu de la cour.
De la maison aux fenêtres ouvertes leur parvenaient rires et conversations mêlés. Une ambiance chaleureuse !
En pénétrant dans le logis, Jeanne, surprise par le contraste entre la lumière éblouissante du dehors et l’obscurité qui régnait en dedans, cligna des yeux.

« Juste à temps pour la collation ! s’écria joyeusement une voix d’homme. Venez vous asseoir, on va vous faire de la place. »

Les fesses glissèrent sur le banc afin de le dégager pour faire de la place à Jeanne et Cédric qui s’assirent l’un près de l’autre. Autour de l’immense table de ferme, qui occupait une grande partie de la cuisine où flottait une bonne odeur de pâtisserie et de charcuterie, une dizaine de personnes étaient attablées.

« Allez, servez-vous avant qu’il ne reste plus rien ! proposa une femme qui devait avoir l’âge de tante Adélaïde. Faut pas être timide, ici, chacun a sa place, point de  différence ! »

Jeanne passait en revue les différents visages, essayant de deviner qui se cachait derrière chacun d’eux.
Cédric se pencha vers elle et lui dit :

« Le monsieur, là, à la place du maître, au bout de la table. C’est mon grand-père. La dame qui fait le service et qui tient pas en place, c’est sa sœur, Madeleine. Elle vit ici depuis le décès de ma grand-mère. Et puis, il y a mon frère que tu as déjà vu et deux amies, Juliette et Anaïs. Elles viennent tous les ans faire les moissons. Jean-Baptiste est employé à la ferme. A côté de lui, sa femme, Sylvie. Puis, Germain et Louis, deux voisins qui aident et qu’on aide ensuite. »

 Ce qui intriguait Jeanne, dans cette présentation, c’étaient Juliette et Anaïs. Que voulait dire le terme « amies » employé par Cédric ?
Anaïs était particulièrement jolie et son regard cherchait sans cesse celui de Cédric. Tous deux échangeaient des sourires. Une pointe de jalousie étreignit Jeanne qui sentit les larmes lui monter aux yeux.

« Bon ! C’est pas l’tout, faut y r’touner ! » s’écria le père Hubert en refermant son Opinel.

Voyant le « patron » mettre son couteau dans la poche de son pantalon, tous se levèrent pour reprendre le travail.


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