jeudi 28 septembre 2017

Ne partez pas si vite !

La poudre d’escampette.....

Attendez ! Ne vous sauvez pas avant d’avoir lu ce qui suit ......

« Escampette » est un nom féminin.
Son suffixe en « tte », indique que c’est un diminutif, et en l’occurrence, celui de « escampe ». Utilisé depuis 1688, il signifie, « partir sur le champ »......  Ce qui est devenu, un peu plus tard, « Décamper ».

Cette formule « prendre la poudre d’escampette », date de 1688, et pour faire plus rapide, peut être remplacé par « fuir ».
Mais « prendre la poudre d’escampette » a, toutefois, plus de panache !

Autres mots qui valent le détour et ne sont pas pour me déplaire :
Un « Escampativos » (1623) ou une « Escampative » (1718) dont l’origine est gasconne et qui qualifiaient un « départ précipité ».
Ces deux mots étaient beaucoup utilisés dans le sud de la France. Daudet, Alphonse de son prénom, notamment, les a utilisés à plusieurs reprises.


Alors, surtout, ne pas confondre les poudres !
La poudre d’escampette permet de se sauver très vite, contrairement à celle déversée par le Marchand de Sable qui, elle, est soporifique.
Quant à la poudre de Perlimpinpin, elle permet de réaliser tous les rêves..... A utiliser, avec modération, tout de même !


  Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 27 septembre 2017

Il faut toujours réfléchir avant d’agir ! Le procès.




Les débats sur cette sombre affaire débutèrent à la cour d’assises de Rouen, sous la présidence de Monsieur Nepveur.
La première audience fut consacrée au vol, avec parution de Cadet Voisin et des filles publiques, au cours de laquelle Olivier Gainche fut entendu  comme témoin.


Le lendemain, 29 mars 1838,
Olivier Guinche devait répondre de l’accusation de l’assassinat de Jacques Mallet.

Les informations furent relatées aux jurés et personnes présentes dans la salle d’audience. En voici quelques extraits, afin de nous remettre dans le contexte.

« Le deux décembre dernier un homme d’assez mauvaise apparence s’est présenté pour déposer plainte pour vol....... »

Ça, nous l’avons vu, sauf que là, Gainche est qualifié de « homme d’assez mauvaise apparence ».

« Une instruction fut suivie contre lui et il a été renvoyé devant la cour d’assises comme prévenu de l’assassinat du sieur Mallet ».

Les deux affaires, plainte pour vol et assassinat de Mallet, aux yeux de la justice, relevaient d’une seule et même affaire. Et pour cause, l’enquête policière avait révélé que le mobile du crime était bel et bien le vol d’une forte somme en écus.

« Arrestation des présumés voleurs des 4000 francs. Cadet Voisin, homme de la plus infâme renommée. Les filles Sophie Labiche, Reine Lepage, vivant habituellement dans les plus ignobles repaires de débauche. »

Vous remarquerez que les mots et qualificatifs étaient choisis avec minutie et recherche, afin de mettre les accusés au niveau moral le plus bas. Il s’agissait, aussi, avec l’usage de ces termes, de faire frémir la « bonne société », histoire de faire réagir la salle. Une mise en scène qui avait fait ses preuves.
Les accusés étaient toujours laids, ignobles. Le côté noir, celui du diable. Pas de nuance !

« Longtemps Cadet Voisin a échappé à tous les mandats de justice ; mais enfin, il fut arrêté sur le boulevard du Mont-Riboudet, lieu assez ordinaire de ses exploits et de ceux des filles Labiche et Lepage. Il a comparu hier avec celles-ci, à la barre de la cour d’assises. Ecrasés autant par l’énormité des preuves que par leur horrible moralité, ils ont été condamnés à sept ans de réclusion et au carcan. »


A noter que les individus nommés ci-dessus n’ont pas été arrêtés suite à enquête policière, mais du fait de la dénonciation d’un autre malfaiteur et criminel, j’ai nommé le sieur Gainche !

« Olivier Gainche qui a témoigné au cours de la séance d’hier, comparait aujourd’hui, afin de répondre devant le jury d’une accusation d’assassinat. »


En ce 29 mars 1838, il y avait donc foule au palais de justice de Rouen.
Les débats sous la présidence de Monsieur Nepveur s’annonçaient houleux.
Dans le box des accusés, Olivier Gainche, terrassier de métier, né à Loudéac, âgé de trente trois ans, demeurant à Bolbec au moment des faits, homme « d’une laideur repoussante », était défendu par Maitre Destigny.
Maitre Justin assurait la fonction d’avocat général.



Quelques témoins vinrent déposer à la barre. Grâce à eux, les faits et gestes du présumé coupable, les jours précédents la mort du sieur Mallet, furent reconstitués.

Le 24 novembre 1837, Olivier Gainche, recherché pour vol de blé, se rendit à Fécamp afin de faire viser son passeport, pour se rendre à Rouen. Dans la nuit, il revint à Bolbec, à son domicile.
Pourquoi ?
Pour y prendre quelques objets comme des pelotes de fil, des aiguilles et un dé à coudre. Etrange !
Que complotait-il ?
Dans la journée du 25 novembre, personne ne le vit, si ce ne fut vers les cinq heures du soir, rôder non loin de la maison de Jacques Mallet dont il semblait observer les  moindres mouvements.

Plusieurs marchands de Fécamp témoignèrent l’avoir vu, le dimanche 26 novembre. Gainche s’était procuré chez certains d’entre eux, des habits et des chaussures.

Un de ces marchands s’était étonné de le voir régler tous ses achets aussi aisément.
« Oui, Monsieur l’ juge, le Gainche qui jamais n’avait d’argent, dépensa une fortune en écus. Les pièces étaient couvertes de terre. Ça m’a surpris. »

A la reconstitution de la liste de tous les achats effectués, il fut constaté que le montant s’en élevait à quatre vingt francs.

Ce qui surprit également, c’était l’apparence de leur client.
« Gainche avait l’air exténué, hagard. De plus, il était crotté des pieds à la tête. J’lui ai même demandé si il n’avait pas eu des ennuis. Non qui m’a répondu, je viens de me lever. »

Le juge demanda alors à l’accusé :
« Où vous étiez-vous procuré l’argent que vous avez dépensé, le 26 novembre à Fécamp ? »
Gainche réitéra la version donnée lors de son premier interrogatoire.
Il avait volé cet argent à un voyageur endormi sur le bord de la route.
Oui, mais là, il y avait un petit problème. Les dates ne correspondaient pas. Le soi-disant vol, sur le chemin, ne s’était-il pas produit le 27 novembre ?

Un nommé Toussaint fut entendu. Cet homme avait rencontré Olivier Gainche, faisant bombance, dans une auberge.
«  Quatre cents francs, monsieur l’juge ! Oui, quatre cents francs ! Une sacrée somme, non de d’là ! C’est ce que le Guinche, il a dépensé !
-          Vous lui avez demandé d’où venait tout cet argent ?
-           Pour sûr ! Il m’a répondu : « Où j’les ai ramassé, on les prenait pas une à une, on les prenait à pleine main ! » J’ai pesé le sac que le Gainche il trainait. Il pesait ben ses cinquante livres. Ça pour sûr, y en avait d’ l’argent !
-          Il vous a dit combien contenant le sac ?
-          Oui, cinq mille francs. Et le compte y était, M’sieur l’juge. Vous pouvez compter aussi ben qu’ moi. Cinq mille francs en écus, ça fait ben cinquante livres !
-          Gainche ne vous a rien dit de plus ?
-          Quand il commençait à être bien saoul, il racontait en riant, à qui voulait l’entendre,  une étrange histoire. C’était un voleur qui dérobait de l’argent enfoui dans le sol d’une laiterie.

Mais, cette fable, n’était-elle pas réalité ?

Autre fable, celle du voyageur volé. Aucune plainte n’avait été enregistrée.
Si ce voyageur existait, si il avait bien été dépossédé d’une pareille somme, ne se serait-il pas présenté dans une gendarmerie pour demander justice ?

Monsieur Justin, substitut de Monsieur le procureur général releva, dans sa plaidoirie tous les mensonges, enfonçant l’accusé que maitre Destigny eut beaucoup de mal à défendre.
La cause était entendue. Trop de preuves !

La délibération du jury fut brève.
Coupable !
Gainche fut condamné à la peine capitale.
En entendant le verdict qui le condamnait à mort, avec une froide indifférente, Olivier Gainche lança :
« Je suis condamné à mort véritablement, mais je ne demande pas de grâce, qu’on me guillotine tout de suite. »

Gainche fit, malgré tout, appel à ce jugement, comme l’annonçait le Journal de Rouen du 3 avril 1838.
« Guinche qui avait déclaré à l’audience de la cour d’assises ne pas vouloir se pourvoir contre l’arrêt qui l’a condamné à la peine de mort, et qui, plus d’une fois depuis, avait manifesté la même intention, a néanmoins passé hier une déclaration de pourvoir. »

Le 26 mai 1838, matin de son exécution, Olivier Gainche fut réveillé à cinq heures. Il lui fut notifié que son pouvoir étant rejeté et que la sentence allait être mise à exécution.
Guinche s’écria alors :
« Tant mieux ! Il y a assez de temps qu’on me fait souffrir ! »
Monsieur l’abbé Maccarian accompagna Gainche jusqu’au lieu du supplice.


Journal de Rouen, 26 mai 1838

« Ainsi que nous l’avons annoncé, Guinche a été exécuté hier matin, à sept heures et demie, sur la place Bonne Nouvelle où la veille à minuit, on dansait, et où l’on dansa encore le soir.
Quoique l’heure du supplice eût été avancée, la foule, obéissant à l’ignoble instinct qui lui fait flairer l’odeur du sang, s’était portée, avec son empressement accoutumé, à ce hideux spectacle. Si les partisans de la peine de mort pouvaient être témoins de l’allure, des propos et des sentiments du genre de public qui se presse au pied de l’échafaud, peut-être seraient-ils moins âpres à repousser les argumens de leurs adversaires. Il n’est malheureusement que trop vrai que, pour la plupart des spectateurs d’une exécution, la mort d’un condamné n’est autre chose qu’un drame réel où l’on mène sa femme et ses enfants, non pour recevoir une solennelle leçon de moralité, mais uniquement pour se donner le bonheur de voir tomber une tête.
Guinche a fait l’aveu de son crime à la conciergerie, comme sur les marches de l’échafaud, il a dit :
« Il est juste qu’on me tue, puisque j’ai tué. »


Acte de décès – 26 mai 1838 – Rouen.
Du vingt six mai mil huit cent trente huit à neuf heures et demie du matin Devant nous ....... sont comparus les sieurs martial faciolle, agé de trente neuf ans Garde municipal, domicilié rue eau de Robec n° 77 et jean  Marc Antoine Jourdain âgé de soixante cinq ans commis de comptoir, domicilié rue des Capucins n° 561, lesquels nous ont déclaré que Olivier Guinche terrassier domicilié en la ville de Bolbec, arrondissement du havre de ce département âgé de trente sept ans né en la ville de Loudeac (côte du nord) fils de Jean Marie Guinche et de Perrine hamon, epoux de esther marguerite Certain est decedé en cette ville place bonne nouvelle le jour d’hier a sept heures du matin de laquelle déclaration nous avons dressé le present acte.......


L’acte de décès de Olivier Gainche mentionne « époux de esther marguerite Certain ».
Une certaine Esther Marguerite dont je n’ai retrouvé aucune trace.
Pas d’acte de mariage à Loudeac, ni à Bolbec, ni à Breauté !
Pas d’acte de décès non plus !
L’existence de cette femme n’a été mentionnée dans aucun des documents que j’ai consultés.
Sur Bolbec, aucun enfant « Guinche » ou « Gainche ».
Alors, puisqu’elle souhaite, apparemment, rester en retrait, garder ses secrets, je ne l’importunerai pas !



Pendant sa période d’incarcération à la prison de « Bonne Nouvelle » de Rouen, Olivier Gainche partagea la même cellule que Napoléon Gaudry, un autre triste individu que je vous présenterai prochainement.

MON PRECIEUX !!

Mon précieux !

Qu’avez-vous, dans votre vie, de plus précieux ?
Un être cher ?
Un endroit, refuge apaisant et sécurisant ?
Un livre, quel qu’il soit, dans lequel vous vous plongez pour vous évader de la réalité ?
Un objet fétiche que vous gardez dans votre poche, grigri vous protégeant contre le mauvais sort ?
A moins que ce ne soit encore autre chose ?
Alors ?
Quelle est votre réponse ?

Les petits, eux, ont leur Doudou ou leur tétine.
Mais pour les plus grands, les ados, les adultes......

Je sens que vous avez compris où je voulais en venir.
Oui, cet objet devenu indispensable, devenu presque une addiction en ces temps actuels !

Je vous entends...... : « Il faut vivre avec son temps ! »
C’est vrai, je ne suis plus toute jeune et j’avoue être parfois, un peu dépassée .......

Alors, je laisse la parole à quelqu’un de votre génération, un rappeur, du nom de Soprano.
Je suppose que vous connaissez sa chanson : « Mon précieux ».

Je vous propose d’en lire les paroles.
Un bien beau texte, sensible, sensé, vrai, réaliste, poétique.....


Ta douce mélodie me réveille chaque matin
Avant même d'embrasser ma femme je te prends par la main
Puis je te caresse le visage pour voir si tout va bien
Tellement inséparable qu'on part ensemble au petit coin
Mon café, mon jus d'orange on le partage aux amis
En voiture mes yeux sont dans les tiens donc quelques feux je grille
Au boulot on parle tellement ensemble que des dossiers j'oublie
Au diner vu le silence tout le monde t'aime dans ma famille, baby

Je te partage ma vie, au lieu de la vivre
Tu me partages la vie des autres pour me divertir
Je ne regarde plus le ciel depuis que tu m'as pris mes yeux dans tes applis, baby
Je ne sais plus vivre sans toi à mes cotés
Ton regard pixélisé m'a envoûté, toi mon précieux,
Mon précieux, mon précieux, mon précieux, mon précieux, mon précieux
Quand tu sonnes ou quand tu commences à vibrer
Je perds la tête, comment pourrais-je te quitter
Toi mon précieux, mon précieux, mon précieux
Mon précieux, mon précieux, mon précieux
[Vous avez un nouveau message]

Tu es ma secrétaire, tu gères mon organisation
Tu allèges mes neurones grâce à tes notifications
Plus besoin d'aller voir la famille vu que tu me les follow
Pour leur prouver que je les aime, je n'ai qu'à liker leurs photos
Pourquoi aller en concert, tu m'as tout mis sur Youtube
Tu m'aides à consommer car tu ne me parles qu'avec des pubs
J'fais plus gaffes à l'orthographe depuis que je te parle avec mes doigts
Mes gosses font plus de toboggan, ils préfèrent jouer avec toi, baby

Je te partage ma vie, au lieu de la vivre
Tu me partages la vie des autres pour me divertir
Je ne regarde plus le ciel depuis que tu m'as pris mes yeux dans tes applis, baby
Je ne sais plus vivre sans toi à mes cotés
Ton regard fixélisé m'a envouté, toi mon précieux, mon précieux
Mon précieux, mon précieux, mon précieux, mon précieux
Quand tu sonnes ou quand tu commences à vibrer
Je perds la tête , comment pourrais-je te quitter
Toi mon précieux, mon précieux, mon précieux
Mon précieux, mon précieux, mon précieux

Mais là je deviens fou, l'impression que mon pouls ralenti
J'ai plus de repères, je suis perdu
Depuis que tu n'as plus de batterie

Mon précieux , mon précieux , mon précieux
Mon précieux , mon précieux , mon précieux
Mon précieux , mon précieux , mon précieux
Mon précieux , mon précieux , mon précieux

Très éloquent !
Quelle importance cet objet a dans la vie de beaucoup !
C’est la fenêtre sur le monde...... un monde  situé « à l’intérieur de l’écran » que l’on voit sans ouvrir la fenêtre.
Un objet qui coupe du monde extérieur, empêchant toute conversation avec l’entourage, car attirant le regard à chaque instant.

Un texte vrai !
« Je te partage ma vie, au lieu de la vivre » - Je ne sais plus vivre sans toi à mes cotés – Quand tu sonnes ou quand tu commences à vibrer, Je perds la tête, comment pourrais-je te quitter - Plus besoin d'aller voir la famille vu que tu me les follow - Pour leur prouver que je les aime, je n'ai qu'à liker leurs photos - Tu m'aides à consommer car tu ne me parles qu'avec des pubs - Mes gosses font plus de toboggan, ils préfèrent jouer avec toi, baby - Mes gosses font plus de toboggan, ils préfèrent jouer avec toi, baby - J'ai plus de repères, je suis perdu
Depuis que tu n'as plus de batterie..........

Je te partage ma vie, au lieu de la vivre.......
Dans les salles d’attente, chacun se replie sur soi, les yeux rivés sur un petit écran et pianote quelques textos.
Dans la rue, certains, portable à l’oreille, absorbés par une conversation, traversent sans regarder. Coup de frein !! La conversation ne s’interrompt même pas. Rien vu ! Rien entendu !
Le soir devant la télé, autre écran, le Précieux est encore là. La télé n’est qu’un fond sonore..... bien lointain.
Premier regard, le Précieux !
Dernière pensée avant le sommeil, pour le Précieux !
Les rêves de la nuit...... le Précieux ? Evidemment !

Génération écrans !!
J’ai souvent bien envie de dire : « Débranche ! Débranche tout ! »
Mais que puis-je comprendre, moi !
Oui, que puis-je comprendre moi qui ai connu le temps où avoir le téléphone à la maison était rare, un luxe presque.
Pour joindre quelqu’un, il fallait aller à la poste où il y avait plusieurs cabines téléphoniques. A la guichetière-préposée, on demandait le numéro du correspondant à qui on voulait parler et on attendait que l’on nous annonce le numéro de la cabine à la porte vitrée dans laquelle on devait entrer.
Souvent, toute la poste entendait la conversation. Car le client pensant que pour que sa voix atteigne l’autre bout du fil, parfois lointain, il lui fallait hausser le ton !
Moment partagé très cocasse !
Quand le téléphone fut installé dans chaque foyer, dans les campagnes ou lieux isolés se dressèrent des cabines téléphonique, avec un annuaire du département. Téléphone à pièces ou à carte.  Aujourd’hui, quelques-unes de ces cabines, dépourvues de récepteur, servent dans certaines petites communes de « cabine à livres ».

L’escalade fut ensuite foudroyante.
Téléphone portable, puis ....... En fait, à présent, on ne téléphone plus avec ces nouvelles technologies, ou alors, très occasionnellement !

La liberté de communiquer, quand on veut, comme on veut !

Etre libre, le souhait de tout le monde, alors pourquoi se laisser emprisonner par un « Précieux » exigeant, voire despote, qui n’admet pas d’attendre quelques secondes la réponse exigée.

Le luxe suprême ?...... Ne pas être joignable !!


lundi 25 septembre 2017

HISTOIRE DE RIRE ! Le métier de journaliste.


  
Un journaliste est envoyé en reportage dans une petite ville.
Devant la caméra, micro en main, il est chargé de suivre l’actualité et de la transmettre au pays, via la chaîne télévisée qui  l’emploie.
En effet, là où il se trouve, une agitation extrême semble régner.
Derrière lui, les habitants, comme pris de panique, courent en tous sens.

« Mesdames, Messieurs, bonjour !
Nous sommes en direct de la ville de Chamboultou dans le département de Nulpar. Cette ville de Chamboultou n’a jamais autant mérité son nom. Il y a ici, une effervescence  incroyable. Les personnes, comme vous pouvez vous en rendre compte derrière moi, sont prises de terreur.
Affolées, elles courent, encombrées de paquets.
Que se passe-t-il donc de si tragique en ce lieu ?
Pourquoi les habitants semblent faire des provisions ?
Quelle catastrophe s’est produite ou va se produire, ici même ?
C’est ce que Tragixkomix, la chaîne de toutes les informations, est venue découvrir pour vous, afin de vous en informer.
Je vais essayer de comprendre le pourquoi de cette agitation, en interrogeant un des passants. »

Le journaliste se dirige vers les habitants, essayant d’en arrêter un. Il a visiblement beaucoup de mal.
« Madame !.......  Monsieur !...... »

Le journaliste se tournant vers la caméra, explique sa difficulté à arrêter un passant en raison de la panique ambiante.
« Comme je vous le disais, vous voyez ici qu’il règne un incroyable affolement..... »

Mais, ce journaliste ne se décourage pas. Sa réussite à effectuer ce reportage devait déterminer toute sa future carrière :
« Madame, s’il vous plait...... »

Une dame, enfin, accepte de stopper sa course folle :
« Oui !
-          Que se passe-t-il donc ici ?
-          Oh ! Pas le temps, il ne va rien rester dans les magasins !

Toujours face à la camera, le journaliste interprète, pour son auditoire, la petite phrase prononcée par la femme :
« Visiblement, tous cherchent à faire des réserves. Les magasins risquent donc d’être dévalisés. Quelle catastrophe doit donc surgir en ce lieu ?
La persévérance finit, tout de même, par porter ses fruits, car un homme s’arrête. Il est hors d’haleine :
« Monsieur, pouvez-vous m’expliquer ce qui se passe dans cette ville ?
-          Je cherche ma femme, elle est partie en courant. Je crains le pire !
-          Mais, que craignez-vous pour votre épouse, de si infernal ? s’inquiète le journaliste en fixant, tour à tour, l’homme qui reprend peu à peu son souffle et la caméra qui continue de le filmer.
-          Oh, monsieur, vous ne voyez donc pas ! C’est la folie ! C’est le premier jour des soldes. Elle a pris ma carte bancaire ! Elle va vider le compte !

Le journaliste, atterré, regarde détaler le pauvre mari qui s’enfuit en criant : « Mathilde ! Mathilde ! », prénom qui doit, assurément, être celui de son épouse.

Le journaliste essaie de reprendre une contenance appropriée à sa fonction.
On ne l’avait pas informé que son reportage concernait le premier jour des soldes. Lui qui rêvait depuis toujours « du grand reportage ».
C’était raté !
Ne sachant comment rendre l’antenne d’une façon honorable, le journaliste déclare en bredouillant quelque peu :

« Mesdames, messieurs.....  La transmission me semble difficile, je pense que nous n’avons plus l’antenne...... A vous les studios ! »


mercredi 20 septembre 2017

UN PEU DE MERVEILLEUX !

La poudre de perlimpinpin.

Qui n’a pas utilisé cette poudre  qui possède de multiples vertus dont celle, en priorité, de redonner le sourire aux enfants après un gros chagrin ou un petit bobo ?
Sans elle, les illusionnistes ne pourraient réaliser  leurs tours avec brio.
Ni vu, ni connu ! Le tout est joué !

Mais saviez vous, qu’en 1640, à son origine, cette poudre merveilleuse portait le nom de « Prelimpinpin ».
Un petit défaut de prononciation la fit devenir « perlimpinpin », vers 1690.
Cette poudre était vendue sur les marchés et les foires par des soi-disant guérisseurs, comme étant la panacée miraculeuse. Elle guérissait tout, du rhume des foins au panaris, en passant par les rhumatismes et les hémorroïdes !
Génial, non ?
Et par quel hasard, par son pouvoir magique, bien évidemment !

L’imaginaire, l’inexplicable ont toujours fait rêver, voilà pourquoi après tous ces siècles et malgré les temps modernes, elle existe toujours.
On y croit, sans y croire, tout en y croyant. Et pourquoi pas, on sait jamais ça peut marcher !
Enfants, et même adultes, ont besoin de ce petit quelque chose qui fait la vie jolie et console de tout.

Abracadabra.... un peu de poudre de perlimpinpin..... ça pique un peu les yeux, alors on les ferme et tout devient merveilleux.......

Il faut toujours réfléchir avant d’agir !


  
Tous les habitants de Beuzeville-la-Grenier, village situé dans le pays de Caux, étaient sous le choc !
« C’est-y pas possible ! s’exclamait-on, horrifiés.
-          Pauvre père Mallet, finir sa vie ainsi ! répondait-on.
-          C’est qui, celui qu’à fait ça ? s’interrogeait-on de toute part.

Et chacun disait son ressenti devant l’évènement.
La nouvelle se répandit à une vitesse fulgurante et fut étalée, le surlendemain, en première page du journal de Rouen.
Il fut donc possible d’en connaitre tous les détails.

Journal de Rouen – 29 novembre 1837.

On écrit de Beuzeville-la-Grenière, près Bolbec, au journal du Havre le 27 novembre :
« Un crime épouvantable vient de jeter la consternation dans nos environs. Le nommé Jacques Mallet, vieillard de 86  ans, habitant le hameau du Froc, a été trouvé assassiné hier à deux heures de l’après-midi, dans la maison qu’il occupait.  Des marques de doigts, que l’on a remarqué sur son cou, font supposer que la victime a été étranglée par ses assassins, et tout porte à croire que la cupidité a été le motif de ce meurtre, dont les auteurs sont inconnus, car Jacques Mallet passait dans le pays pour avoir amassé une assez forte somme d’argent.
Ce vieillard était veuf, sans enfans et habitait seul la maison dans laquelle il a été trouvé mort.
Monsieur le juge de paix de Bolbec s’est rendu immédiatement sur les lieux.
A la nouvelle de ce déplorable événement le procureur du roi et le juge d’instruction du Havre se sont transportés au hameau du Froc, pour tâcher de découvrir les traces d’un attentat qui rappelle d’une manière si effrayante celui qui vient de se commettre, avec des circonstances trop semblables, dans la malheureuse commune de Douvrend, près de Dieppe.

Jacques Mallet avait donc trouvé la mort dans des circonstances tragiques.
Une enquête  fut diligentée par les hautes autorités de la justice pour retrouver, promptement, l’auteur ou les auteurs de cet acte inqualifiable, mais aussi pour rassurer les habitants qui ne se sentaient plus en sécurité.
N’y-avait-il pas, depuis quelques temps déjà, des actes de ce genre dans les environs ? Et maintenant, il se produisait la même chose, dans leur village, non loin de leur porte !

Jacques Mallet étant un homme pacifique et aimé de tous, l’église fut comble le jour de ses obsèques.

Acte de décès - novembre 1837 – Beuzeville-la-Grenier.
Du vingt sixieme jour du mois de novembre l’an mil huit cent trente sept a six heures du soir.
Acte de decés de jacques augustin Mallet décédé hier à huit heures du soir dans sa maison sise cette commune, profession de cultivateur âgé de quatre vingt six ans né en cette commune et y demeurant, fils de feu jacques Mallet et de feue suzanne Langlois époux de feue anne Rosalie Lenud avec laquelle il avait contracté mariage en la commune de Moiville en l’année mil sept cent soixante dix neuf. Sur la déclaration à nous faite par Augustin Bunouf profession de cultivateur âgé de cinquante neuf ans qui a dit être cousin du défunt et par Eleonor Auguste Bellet profession instituteur age de trente six ans qui a dit être ami du defunt tous deux demeurant  en cette commune.......


Jacques Mallet avait bien épousé, dans la ville de Moiville, Anne Rosalie Lenud, en 1779, et, plus précisément, le lundi 27 septembre.

Bénédiction nuptiale – septembre 1779 – Moiville.
Ce jourd’huy lundy vingt septieme jour du mois de septembre l’an mil sept cent soixante dix neuf après la publication des bans du future mariage entre jacques augustin mallet marchand de fil de cette paroisse fils aine de jacques et de suzanne Langlois ses père et mere de la paroisse de beuzeville la grenier d’une part et anne Rosalie Lenud fille puisnée de jean et de feu marie anne catherine Lecarpentier aussy ses père et mere d’autre part de la paroisse de breauté faite en cette eglise et en celle de breauté....... en presence de jacques mallet pere de l’epoux, de jean Lenud pere de l’epouse, jean Lenud garçon menuisier et de Charles louis Lenud boulanger freres de l’epouse de la paroisse de Breauté qui ont signés avec l’epoux agé de vingt huit ans et l’epouse agee aussi de viron vingt huit ans.............

Ils avaient vécu, ensemble, une vie de labeur et depuis cinq années déjà, Anne Rosalie Lenud s’en était allée, laissant son mari veuf et inconsolable.

Acte de décès – décembre 1832 – Beuzeville-la-Grenier.
Du vingt troisieme jour du mois de decembre l’an mil huit cent trente deux à huit heures du matin. Acte de deces de Anne Rosalie Lenud décédée en cette commune dans sa maison le jour precedent à onze heures du soir profession de cultivatrice nee en la commune de Breauté agee de quatre vingt trois ans demeurant en cette dite commune fille de feu Jean Le nud et de feue marie anne Le Carpentier epouse de Jacques mallet avec lequel elle avait été mariée en la commune de Mirville vers l’an mil sept cent quatre vingt Sur la declaration à nous  faites par le dit jacques mallet profession de cultivateur age de quatre vingt ans qui a dit être epoux de la defunte et par Silvain Lassade profession d’instituteur âgé de quarante ans qui a dit être voisin de la defunte tous deux demeurant en cette commune.......


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Sur la route, menant à Rouen, un homme légèrement courbé en raison du sac qu’il portait sur son dos, avançait péniblement. Fourbu, les jambes lourdes, il trainait les pieds en maugréant.
Il en avait connu des misères, cet homme ! Il en voulait au monde entier, cet homme !

Au fil de ses pas, des images de sa vie lui revenaient en mémoire. Et d’abord son enfance, à Limpiguet, lieu-dit dépendant du gros bourg de Loudéac en Côtes-d’Armor où il avait vu le jour le 19 mars 1805 (28 ventose an XIII).

Acte de naissance – mars 1805 – Loudéac.
Mairie de Loudeac cote d’armor Du vingt neuf jour du mois de ventose l’an treize. Acte de naissance de Ollivier Gainche né le vingt huit à onze heures du soir fils legitime de Jean marie Gainche age de quarante ans profession journalier et de perrine Le maux agée des trente ans profession menagere demeurant à Loudeac.
L’enfant presente à l’officier de l’état civil a été reconnu être de sexe masculin. La déclaration de la naissance a été faite par le père de l’enfant agé de quarante ans profession journalier demeurant à Lempiguet.
Premier temoin Ollivier Cadoret age de quarante sept ans profession laboureur demeurant à Lempiguet. Second temoin Julien Lemeur age de cinquante ans profession de laboureur demeurant à Lempiguet........

Et puis, sa condamnation pour vol et son emprisonnement à Gaillon. Un épisode de sa vie qui l’avait surtout conforté dans ses rancœurs, car loin du repentir apparent, il criait vengeance contre la société « des riches », «des bourgeois », de tous ceux qui possédaient argent, droit et pouvoir.
Oui, il avait écopé de treize mois par le tribunal de police correctionnel du Havre. Treize mois !
Il avait fait appel et ce fut la cour de Rouen qui, par indulgence, réduisit le temps de peine à un an et un jour !
Il sortit de prison, fin juillet, mais bénéficiait d’une liberté restreinte. Sous surveillance ! Il n’était donc pas libre de ses mouvements, ne pouvait donc pas se déplacer à sa guise.
Même pour venir à Rouen, il avait fait viser son passeport à Fécamp.
Et tous ces ressentiments, tournant en boucle, dans sa tête augmentaient sa hargne.

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Pendant qu’Olivier Gainche cheminait. (On trouvera aussi Ollivier et Guinche).
Pendant que la justice enquêtait sur le meurtre de ce pauvre Jacques Mallet.
Le 26 novembre, suite à une perquisition au domicile d’un certain Gainche à Bolbec, pour vol de blé et n’ayant pas trouvé cet individu qui avait pris la fuite, les autorités lançaient dans les cantons voisins des mandants contre lui.
Nous allons voir que les événements s’enchainèrent très vite !

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Rouen, ville aux multiples clochers, traversée par la Seine, était connue pour sa grande activité portuaire et fluviale, ses nombreuses manufactures, ses foires et marchés......
Olivier Guinche arriva dans cette ville, exténué. Il avait bien besoin de repos, aussi s’était-il présenté à l’hôtel du commerce, où sa mine blafarde, ses yeux creux et cernés effrayèrent la logeuse.
Le lendemain, après une bonne nuit de repos, ayant récupéré ses forces, Olivier Gainche quitta l’hôtel et erra dans la ville, cherchant quelque lieu de plaisir et de débauche. Il en trouva un, rue du Petit Mouton, non loin de la rue Eau de Robec. Dans cet endroit sordide, sentant la sueur, le tabac, le mauvais alcool et le parfum bon-marché, il lia connaissance avec un nommé Cadet Voisin, un forçat libéré, et bien évidemment, avec quelques filles publiques, charmantes demoiselles répondant aux doux noms de Sophie Labiche, Reine Lepage et Divine Chouquet. Devant les dépenses excessives, réglées par Gainche, cette gente féminine, devint fort intéressée, d’autant plus intéressée que l’homme possédait, sur lui, une assez grosse fortune. Gainche et Voisin, devenus copains de beuveries, se firent quelques confidences, entre deux hoquets de soulards.
Olivier Gainche, sans entrer dans trop de détails, déclara avoir besoin de se faire oublier. Oui, mais pour disparaitre, il lui fallait un passeport validé par la police. Mais, si il se présentait à la gendarmerie, il risquait de ne pas en sortir. Cadet Voisin possédait la solution. Quelle chance !
En effet, il avait un ami qui avait un ami..... Enfin, pour faire plus court, il pouvait, sans aucun souci, contre une somme d’argent, lui faire établir un faux passeport, plus vrai que le vrai !
Pour aller où, le passeport ? Amiens.
Le lundi 4 décembre 1837, Gainche, muni du précieux document, s’apprêtait à se rendre rue de Fontenelle, afin de prendre la voiture d’Amiens qui devait partir à cinq heures du soir. Oui, mais, en rassemblant ses affaires, il s’aperçut qu’on lui avait dérobé la totalité de son argent.
Au propriétaire de l’établissement de la rue du Petit Mouton, le pauvre Gainche conta son infortune. Infortune, c’était le cas de le dire !
Furieux, qu’il était Gainche ! Tellement furieux qu’il lança une phrase qui le compromettait au plus haut point :
« Je sais bien que ma tête y passera, mais celle de Voisin y passera aussi ! »

Et vous n’allez pas vouloir me croire, ça c’est certain. Et pourtant ........

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Le lendemain, Olivier Gainche, d’un pas décidé, se rendit au parquet du procureur du roi, et déclara au substitut Pierre Grand, qu’il venait d’être victime d’un vol considérable.

« A combien se monte la somme volée ?
-          Quatre mille francs
-          Quatre mille francs ! Mais comment se fait-il que vous aviez, sur vous, une pareille somme ?

Et voilà notre plaignant se lançant dans une explication des plus scabreuses.

« C’est que sur le chemin, au haut de la côte de Fécamp, y avait un homme qui dormait dans le fossé. Visiblement, il était abruti d’alcool. A la selle de son cheval, y avait une sacoche, pleine d’argent. Des écus ! Alors, vous comprenez ...... »

Le substitut hocha la tête tout au long du récit de cet homme qui lui paraissait de plus en plus suspect. Lorsque le récit rocambolesque fut achevé, le substitut s’enquit de l’identité du plaignant qui dit s’appeler Olivier Gainche, être âgé de quarante six ans et demeurer à Bolbec.

Gainche ne ressortit pas du cabinet du substitut, non. Celui-ci lui demanda d’attendre. Il allait de suite s’occuper de son affaire. Je devrais dire plutôt, qu’il allait lui « faire son affaire », car il lui fut aisé, en raison du mandat lancé contre Gainche, de faire rapidement le rapprochement avec l’individu de la perquisition du 26 novembre, perquisition qui, de plus, avait eu lieu le lendemain du meurtre de Beuzeville-la-Grenier.
Trop de coïncidences !

Une instruction fut, de suite, ouverte et Gainche fut immédiatement entendu par un juge auquel il répéta ce qu’il venait de dire :
On lui avait volé son argent. Enfin, celui qu’il avait lui-même dérobé à un homme pris de boisson, sur la route, en haut de la côte de Fécamp. Ensuite, il s’était rendu à Fécamp, portant les quatre mille francs, sommes en pièces de cinq francs qu’il avait mis dans un sac de toile. Puis, il était parti pour Rouen. En chemin, il s’était arrêté dans diverses auberges pour prendre un peu de repos ou manger. Arrivé à Rouen, il avait demandé à un individu où il pourrait  « faire changer des écus en billets ». Cet homme, fort aimable, le conduisit chez un banquier de Rouen où on lui remit quatorze billets de deux cent cinquante francs, en échange de trois mille sept cents francs en écus.
« Eh ben, monsieur le juge, conclut Olivier Gainche, c’est ben là le vol, mes quatorze billets de deux cent cinquante francs. Et j’peux même vous dire qui a fait l’coup.
-  Dites toujours, demanda le juge, non sans intérêt.
-  C’est l’Cadet Voisin et les trois filles, la Sophie Labiche, la Lepage, la Canteloup et puis la Divine Chouquet. Ça pour sûr !

Monsieur de Stabenrath, juge d’instruction, fit mettre sous les verrous le sieur Gainche et le  samedi suivant, vers cinq heures, se rendit rue du Petit Mouton pour procéder à l’arrestation des personnes dénoncées par Gainche.


Dans le journal de Rouen, en date du 7 décembre 1837, on pouvait lire :

Olivier Guinche, de l’arrestation duquel nous avons rendu compte dans notre numéro de mardi, ainsi que de toutes les circonstances qui s’y rattachent a été extrait des prisons de Rouen et conduit par la gendarmerie au Havre où se poursuit l’instruction du procès relatif à l’assassinat commis à Beuzeville-la-Grenier.
Il parait que les 4000 francs qu’Olivier Guinche avait apportés à Rouen n’étaient  pas tout ce qu’il aurait volé ; on dit qu’il a confié à un individu qu’il avait enfoui une somme importante dans un endroit qu’il a désigné. Ce fait sera du reste bientôt éclairci, car les magistrats saisis de l’affaire vont sans doute ordonner que des fouilles soient faites.


L’instruction s’annonçait ardue, en raison des différentes versions des faits, données par Gainche, et par toutes les incohérences qu’elles comportaient.