jeudi 30 novembre 2017

Une histoire de cuiller à pot, un peu louche !!!




« Régler quelque chose en deux coups de cuiller à pot. »

Je suppose que vous connaissez cette expression.
Mais savez-vous d’où elle vient ?
D’un grand-chef cuisinier qui, par son habileté et son génie, vous mijote de petits plats extraordinairement savoureux, dans un délai record ?
Non !
Rien de culinaire, en réalité, bien qu’une cuiller à pot désigne également une louche, ustensile de cuisine.

Alors ?

Eh bien, voilà !
Une cuiller à pot, était le nom donné à un sabre court et légèrement recourbée et dont la poignée était agrémentée d’une coquille, enveloppant bien la main pour mieux la protéger.
Etait-ce en raison de cette coquille qui faisait penser à une cuiller, justement, que ce sabre reçut ce sobriquet ?
Je ne pourrais l’affirmer, mais cela semble fort possible.

Vous comprenez maintenant le sens de l’expression « faire quelque chose en deux coups de cuiller à pot » ?
C’est régler, extrêmement rapidement, par les armes un différend.....
Combat, sabre en main, comme à l’abordage, et que ça saute !!.......

Aujourd’hui, plus de sabre, mais la phrase s’emploie toujours.
Elle exprime simplement une très grande efficacité dans la réalisation d’une tâche.

Tâche qui se voyait alors effectuée, illico presto !

mercredi 29 novembre 2017

HISTOIRE DE VILLAGE - Bâton de berger !

Bâton de berger.


Un berger n’était pas seulement celui qui gardait les moutons. Un bon berger devait savoir également détecter et traiter les maladies que ceux-ci contractaient.
Un berger vivait en plein air par tous les temps et devait, pour le seconder, posséder un chien dressé à surveiller et ramener en douceur les bêtes rêvant d’escapade.
Un excellent berger trouvait facilement de l’embauche.

-=-=-=-=-=-


Jean Baptiste Eustache Berrier était « pasteur de bêtes », comme l’on disait alors. Son maître, le sieur Thomas Dequatremare, cultivateur à Ecquetot, l’envoyait avec ses bêtes sur des parcelles qui avaient besoin d’être débroussaillées, en accord avec leur propriétaire, bien entendu.
Le berger ne devait, en aucun cas, aller où bon lui semblait. Chacun avait donc son territoire en fonction des accords. Envahir l’espace des autres était risqué.
Ce jour-là, il faisait bien beau ! Bien chaud ! Trop chaud même !
En plein après-midi de ce mois d’août, il était difficile de trouver un coin d’ombre.
Jean Baptiste Eustache Berrier, assis sur une grosse pierre en bordure de champ, veillait sur le troupeau et suivait du regard les déplacements incessants de son brave chien qui, malgré la chaleur, restait vigilant. La langue pendante et le souffle précipité, la pauvre bête souffrait, elle aussi, de cette température caniculaire.
L’herbe était brûlée par le soleil. Pas beaucoup de nourriture pour les troupeaux.
Si la pluie tardait, cela risquait de devenir problématique.

Ce fut sur les coups de quatre ou cinq heures après midi que le Thomas, le berger au service du sieur Saugrain d’Ecquetot, se présenta avec ses moutons.
« Qu’est-ce que tu fais là, toi ? lança-t-il avec une pointe d’agressivité.
-          Tu vois ben ! J’ fais paitre mes bêtes.
-          T’as pas l’ droit !
-          Comment ça ? C’est mon maître qui l’a dit.
-          Ton maître ? J’ voudrais ben voir ça ! Pars, j’ te dis. Ce champ, c’est pour mon troupeau, pas pour l’ tiens !
-          J’reste ! J’ai un ordre !

A ce moment, le Thomas, rouge de colère, suant à grosses gouttes, leva son bâton de berger et l’abattit plusieurs fois sur Jean Baptiste Eustache qui reçut alors une pluie de coups qu’il essaya de parer au mieux. Ne pouvant protéger tout son corps, le pauvre homme fut atteint aux bras, aux jambes et au bassin. Il en avait le souffle coupé par la douleur.

Jean Baptiste Eustache Berrier, mit un long moment à récupérer, après le départ de son agresseur. Plié en deux, il n’arrivait pas à se redresser et tout son corps était endolori.
Ce fut en boitant et se tenant les côtes que le berger se rendit à la mairie d’Ecquetot, afin de faire constater la maltraitance dont il venait d’être victime.

Avec peine, ne sachant comment se mettre, Jean Baptiste Eustache Berrier à qui l’officier municipal de permanence avait offert un verre d’alcool, afin qu’il se remettre de ses émotions, commença son récit entrecoupé de gémissements et de soupirs dus à la douleur.
« J’étais avec mes bêtes et mon chien, sur une terre au triège du Caillet.
-          Elle appartient à qui cette terre ? demanda l’officier municipal.
-          Au sieur Théophile Duhamel. Enfin, j’ crois.
-          Elle n’appartient pas à votre maître ?
-          Bah non ! Moi, j’vais où on m’ dit !

Et il fallut, au pauvre Jean Baptiste Eustache Berrier, expliquer en détails les évènements et montrer les traces que les coups avaient laissées sur son corps.

« C’est l’ chien qui l’a fait fuir, l’ Thomas. Il montrait les crocs, ça oui ! Une brave bête ! Sans lui, j’ s’rai p’t’êtr’ mort ! »

Ce chien, compagnon des bons et mauvais jours, avait fait son devoir par amour pour celui qui le nourrissait et le récompensait d’une caresse.

Comment dénouer ce genre de situation ?
Les accords ne se faisaient que rarement par écrit, sauf lorsqu’il y avait de l’argent en jeu, autrement c’était par une poignée de main franche que les contrats se scellaient, avant d’aller boire un godet au débit de boisson.
Alors, en cas de problème, c’était la parole de l’un contre la partie de l’autre.
Pas facile d’être juge de paix dans ces conditions.



Les chiens imposés.
Sous le gouvernement du Second Empire, une loi taxant les propriétaires de chiens fut votée le 2 mai 1855. Cette taxe devait être perçue au bénéfice des communes. Celles-ci en furent informées par une circulaire ministérielle en date du 5 août 1855.
A compter du premier janvier 1856, chaque propriétaire devait venir en mairie afin de déclarer le nombre de chiens en sa possession ainsi que leur emploi.
Il y avait deux catégories, donc deux taxes différentes :
Première catégorie : les chiens d’agrément et les chiens de chasse
Seconde  catégorie : Les chiens dit de travail (chien de garde, chien de berger, chiens guides pour aveugles....).

La première catégorie était plus fortement imposée que la seconde.

Cette taxe était toujours en vigueur dans les années 1950. Je me souviens que mon père devait  noter « notre bon gros toutou » sur sa feuille de déclaration de revenus. Malheureusement je n’ai pas pu le vérifier, n’ayant pu obtenir un exemplaire de ce document.
Cet impôt a été abrogé par la loi du 7 juin 1971.
De fait sur le feuillet de la « déclaration simplifiée des revenus de 1972 », dans l’encadré « les éléments de votre train de vie », existaient les rubriques suivantes à renseigner :
·         Nombre de domestiques
·         Nombre de résidence secondaires
·         Nombres de chevaux de courses
·         Nombre de yachts et bateaux de plaisance
·         Nombre d’avions de tourisme
·         Nombre de droits de chasse en location
·         Nombre d’automobiles

Mais pas « nombre de chiens » !

Les gouvernements successifs ont toujours eu beaucoup d’idées concernant les impositions, notons également :
·         La contribution sur les chevaux, voitures (à chevaux bien sûr), mules et mulets, en 1862.
·         Taxe sur les billards, en 1871.
·         Taxe sur les « vélocipèdes », en 1893.

Il y eu quelque temps plus tard, la « vignette automobile ! »


Une anecdote trouvée dans les registres de
délibérations d’Ecquetot.

Elle s’est produite le 5 août 1845

mardi 21 novembre 2017

HISTOIRE DE VILLAGE - Prioritaire !

Qui était prioritaire sur ce chemin ?


Il devait être aux alentours de midi, lorsque Marie Madeleine Vita            line Delamare, l’épouse de Denis Vauquelin, franchit le seuil de la petite mairie de Saint-Aubin-d’Ecrosville. Elle tenait son bras droit replié sur sa poitrine et affichait sa tête des mauvais jours.
« J’viens porter plainte, lança-t-elle en guise de salutations.

L’adjoint présent, le maire étant absent, la pria de s’asseoir. Il prit un feuillet, ouvrit l’encrier, avant de saisir son porte-plume. Regardant la plaignante, face à lui, assise raide sur le bout d’une des chaises réservées aux visiteurs, il demanda :
« Alors ? De quoi s’agit-il ?
-          C’est cause à l’Alexandrine !
-          Alexandrine ?
-          Bah oui ! La femme au Louis !
-          Louis Damois ? s’enquit l’adjoint, souhaitant quelques précisions, car dans la commune, n’y avait-il pas plusieurs Alexandrine et plusieurs Louis ?

Il ne fallait donc pas faire d’erreurs !

« Bah, pour sûr ! L’Alexandrine, la voisine ! s’écria la plaignante, qui pour elle, c’était l’évidence même !
-          Et alors ? Que s’est-il passé ?
-          C’est qu’elle m’a injuriée !

Et pour bien montrer à l’adjoint la virulence des propos, du bras gauche, parce que le droit était toujours niché contre sa poitrine, elle brandit le poing, menaçante, en hurlant :
« T’es une garce ! T’es une putain ! ». Puis abaissant, le bras, reprenant son calme, elle ajouta :
«  A moi, qu’elle a dit ça ! C’est y des manières de parler, ça ?

L’adjoint qui, un temps, avait été fort surpris de la manière théâtrale de la plaignante à conter son histoire, sans toutefois perdre contenance, poursuivit posément son interrogatoire :
« Et que c’était-il passé pour que votre voisine en arrive à ces injures ?
Bah ! C’est que j’ rev’nais de ramasser du bois. J’étais chargée, pardi ! Un fagot à chaque bras. J’ peinais, pour sûr ! J’étais au milieu du ch’min et elle était plantée là, d’vant moi...
-          Vous ne pouviez pas vous pousser, un peu, pour la laisser passer ?
-          Pis quoi encore ! J’étais chargée, comme un bourricot, moi ! j’aurais ben voulu vous y voir, vous ! Et pis, pourquoi moi. Ell’ pouvait point s’ pousser, elle, bouger son derrière ! Et c’est ben c’ que j’y ai dit !
-          Et alors ?
-          Bah, c’est point tout ! C’est qu’elle avait un couteau et qu’elle me m’naçait avec. Et ça y allait les insultes, ça j’ vous l’ dit, vous pouvez m’ croire !
-          Elle vous a blessée ? s’enquit l’adjoint en regardant le bras droit de la plaignante, toujours replié sur sa poitrine.
-          Pour sûr ! un grand coup d’poing dans l’épaule. Et j’ peux plus la bouger ! Un coup de poing, Sainte-Vierge que j’me suis r’trouvée par terre, sur les fagots !
-          ça c’est passé quand ?
-          C’était, ça j’ m’en rappelle, pour sûr ! le 28 mai !
-          Et ce n’est qu’aujourd’hui que vous venez porter plainte ?
-          J’ voudrais vous y voir, vous, assis sur vot’ chaise. C’est que l’ coup poing, y m’a envoyée par terre, comme j’viens d’ vous dire. J’ pouvais point m’ rel’ver. J’étais ben mal. J’pouvais plus m’ servir du bras et mal au bas du dos, vu la chute sur les fagots d’épines !  J’ peux plus faire mon ouvrage, à c’t heure ! Qui va payer, moi pour les jours perdus ? Hein ?
-          Ce n’était, peut-être qu’un moment de colère de la part de votre voisine. Vous voulez toujours porter plainte ? se hasarda l’adjoint qui aurait préféré une réconciliation, un compromis à l’amiable.

Ces querelles de voisinage étaient coutumières et souvent les parties opposées finissaient par se rabibocher autour d’un verre. Cela  évitait les procès et surtout les frais des procès !

Prenant sa plume, l’adjoint commença à rédiger la plainte dont il lisait, à haute voix, le contenu, ponctuant ses paroles par :
« C’est bien comme cela que ça s’est passé ?
Et Marie Madeleine Vitaline Delamare, femme Vauquelin de répondre :
« Pour sûr ! »

Le dépôt de plainte redigé et signé par la plaignante, il fallait allait entendre la partie adverse, l’injurieuse, la femme au couteau, la femme Damois, née Alexandrine Bellier.
L’adjoint se rendit donc chez le couple Damois.
En chemin, Marie Madeleine Vitaline indiqua l’endroit de son agression. L’endroit exact, bien gravé dans sa mémoire, à savoir, face à la « petite porte divisant la propriété du sieur Anselme Dupuis de la Grande rue ». C’est qu’elle en racontait la pauvre victime, intarissable, saoulant de paroles l’adjoint qui se devait de tout écouter, de tout mémoriser.

D’ailleurs, La femme Vauquelin lui précisa :
« C’est point la première fois qu’elle m’agresse l’Alexandrine, pour sûr ! Et pis, j’ai des témoins ! »
Des témoins, cela était fort intéressant, en effet. L’adjoint devrait les interroger, apprécier la véracité de leurs récits, en recoupant les différentes versions des faits.
Les témoins, il faudra aller les entendre :
Le sieur Charles Mariot. C’était aux cris des deux femmes qu’il était sorti, le 28 mai dernier. Il avait vu la scène. Confirmera-t-il ?
Isidore Dupuis, un cultivateur habitant la commune. Il faudra l’interroger, adroitement, pour ne pas influencer ses réponses.
Et puis après, si la plaignante ne se rétracte pas, ce sera au juge de paix de trancher.
La fatigue, la misère, parfois l’excès de boisson, faisaient que le moindre accroc devenait l’étincelle qui allumait l’incendie.
Les hommes en venaient aux mains et se réconciliaient chez le cabaretier.  
Les femmes, elles, ruminaient, encore et encore. Et ce qui n’était qu’un petit grain de sable devenait une montagne infranchissable !

Je n’ai pas eu connaissance de la conclusion de cette affaire.
Mais gageons que les deux femmes ne devinrent jamais les meilleures amies du monde !


Registre de délibérations municipales
de Saint-Aubin-d’Ecrosville,

en date du 13 juin 1845

lundi 20 novembre 2017

HISTOIRE DE RIRE ! Le sac à main de la femme ......

Le sac à main de la femme ...... à travers les âges...

Ah ! Le sac à main des femmes !
Toute une histoire ! Presqu’une aventure !

On y trouve tout dedans, tout du superficiel au nécessaire.
Et ça comme de bonne heure !

La petite fille.
C’est bien connu, elle copie sa maman.
Son sac est à sa mesure. Petit.
Mais il arbore des couleurs vives et brillantes.
Un sac de princesse. Evidemment !
Dedans, elle met ses bijoux - colliers et bracelets de perles – (en plastique ou en bois, les perles), sa tétine et .... des bonbons – tout collants les bonbons, car parfois un peu suçotés et remis dans le sac.

L’adolescente.
Premier objet dans le sac de l’ado, indispensable, incontournable, tellement précieux d’ailleurs, qu’elle le tient le plus souvent dans sa main. Le téléphone portable !
Dans son sac, quelques objets que certains malintentionnés qualifieront de superficiels : le maquillage de toute sorte, vernis à ongles de différentes couleurs avec des paillettes, brosse à cheveux, barrettes, élastiques pour les différentes coiffures....
Bien sûr, les clefs du logement familial.
Et, vous ne le devinerez jamais, comme la petite fille dont elle n’est pas encore si éloignée par l’âge, des bonbons et des biscuits.
Un ado, garçon comme fille, ça mange tout le temps en pianotant sur son portable qui lui sert à aussi à prendre des selfies, montrant des sourires radieux, éclatants même, en raison des bagues de l’appareil d’orthodontie.

La jeune femme.
Un peu plus mûre et responsable, la jeune femme entasse dans son sac à main quasiment les mêmes objets que l’ado.
Le portable, le maquillage, petit flacon de parfum.... sauf les bonbons et les biscuits. Il faut garder la ligne.
Aux clefs de l’appart, elle a ajouté les clefs de la voiture.
Puis la pochette contenant sa carte d’identité, son permis de conduire, la carte grise et l’attestation d’assurance de son véhicule, ainsi que sa carte bancaire. L’indépendance à un prix .....
Un calepin, souvent, pour noter les rendez-vous professionnels et surtout, personnels.
Et si nous entrons dans l’intime : protections périodiques (eh oui !) et moyen de contraception (mieux vaut être prudente. On ne sait jamais !)

-=-=-=-=-=-=-=-
Si nous jetons un coup d’œil sur les sacs de la petite fille à la jeune femme, nous constatons déjà une évolution dans la taille de l’objet.
Mais le summum est encore à venir, lorsque la jeune femme devient « maman ».
Alors là, ce n’est plus un sac à main, mais quasi un sac de voyage !
Quand cet immense sac est compartimenté, c’est gérable. On retrouve les objets assez aisément. Mais, lorsqu’il ne possède qu’un seul compartiment, là, un gros problème se pose et pour trouver quelque chose rapidement, vaut mieux le retourner et étaler, sur le sol, les objets qui s’y trouvaient précédemment.

-=-=-=-=-=-=-=-

La maman :
Que trouve-t-on dans son sac ?
En fait, la même chose que dans ceux de la petite fille, de l’ado et de la jeune femme, multiplié par dix... vingt.... trente.... enfin multiplié par... beaucoup ! Ça, je peux vous l’assurer.
Le sac de la maman contient, prioritairement, tout ce qui est nécessaire au bien-être et au désir de ses enfants. Tétines, doudous : indispensables !
Lingettes : pour le débarbouillage !
Couche-culotte : avec « anti-fuite » !
Biscuits : pour les petites faims. Nombreuses, les petites faims !
Bouteille d’eau : pour les petites soifs ! Après... il faut trouver un petit endroit pour faire « pipi» !
Mais aussi, le jouet indispensable pour la sortie, mais qui ne l’est plus cinq minutes après... Ce jouet revient alors à la charge du sac de la maman !
Ensuite :
Les papiers d’identité personnels, les papiers concernant la voiture, la carte « vital » qui l’est vitale  avec les petits monstres, la carte bancaire ;
L’agenda : pour les rendez-vous personnels, mais surtout ceux du pédiatre, de l’orthodontiste, de l’ophtalmologiste, pour les réunions de l’école, du club de judo, du club de tennis, et.... que sais-je encore ! Un travail à plein temps ces rendez-vous !

Un sac qui pèse son poids !

Petite précision. Le sac de la mamy est identique à celui de la maman, mais épisodiquement. Uniquement, lorsqu’elle s’occupe de ses petits-enfants.
Ancien réflexe de maman !

La cougar :
La cougar voyage léger.
Son but étant la drague et ne sachant sur qui elle va tomber, elle se charge du minimum.
Un mini-sac lui suffit contenant un rouge à lèvres, sa carte bancaire, son permis de conduire et ses clefs..... Par précaution, des préservatifs !!
On ne sait jamais comment une drague peut se finir.
La plus froussarde, mais il vaut mieux ne pas l’être dans ce cas précis, a également une petite bombe lacrymogène, pour se défendre.

-=-=-=-=-=-=-=-

J’allais oublier un personnage de plus en plus présent dans notre vie familiale ; le « Grand-mamy ».

La Grand-mamy, c’est celle qui a beaucoup d’humour (en général, car il y a quelques petites exceptions !).
A son âge, plus de complexes !
Alors, elle sort de son sac, en souriant,  l’œil éclairé de malice :
Ses lunettes. Indispensables ! Autrement, elle ne voit pas le bout de ses pieds.
Ses prothèses auditives. Sans lesquelles elle entend un mot sur deux, voire sur trois.
Son dentier : Pour croquer. Enfin, pas du nougat tout de même, ni des pralines. Pas de dents ! C’est la bouillie qui l’attend !
Les protections urinaires pour parer aux petites fuites et être toujours présentable. Ce n’est pas parce que l’on est « senior » qu’il faut se laisser aller ! Alors, il y a encore un peu de place pour un tube de rouge à lèvres et un poudrier, pour les petites coquetteries.

Et puis aussi, tout au fond de ce sac profond, un sachet de bonbons pour ses petits et arrière-petits-enfants, qu’elle distribue avec un clin d’œil complice, contre un large sourire et un gros bisou.

-=-=-=-=-=-=-=-


L’homme qui, dans les temps anciens, emmagasinait tout dans ses poches : portefeuille, monnaie et clefs, au point de faire des trous et d’être obligé d’aller récupérer les objets au fond de la doublure, lorsqu’il ne les perdait pas en route, s’est mis lui aussi au « sac à main » qu’il nomme « pochette ».
Alors là, c’est une autre affaire, il va falloir que je fasse une enquête, car je n’ai jamais fouillé dans « une pochette d’homme » !










mercredi 15 novembre 2017

Un drôle de zigue !!



Zig ou zigue ?
Ce nom masculin s’orthographiait «zig », en 1835 et « zigue », en 1867.
Mais d’où provient ce mot ?
Sans doute de la transformation de « gigue », désignant en particulier «une fille » ou en général « une personne enjouée », quel que soit son sexe.

Vers 1892, il qualifiait un individu, un type....
Peu après on lui attribua le qualificatif de « Bon », ce qui en fit un « bon zigue » ! Voilà qui était plus sympathique !
S’ensuivirent plusieurs d’autres dérivés, presque une conjugaison : « mésigue, sésigue...... », et également « zigoto » en 1900, qui pouvait s’écrire « zigoteau ».
Et, comme tout évolue, le mot « zigue » prit une autre apparence, par Leon Sazie dans son roman d’aventures, « la bande des zigomars ».
Oui, cette bande de zigomars qui n’était autre qu’une bande de malfaiteurs peu recommandable effectuaient de mauvaises actions, des crimes également. Ces zigomars, en effet, « zigouillaient » les personnes leur mettant des bâtons dans les roues !

Mais attendez, ce n’est pas tout !

Un « zigue-zigue » était un mauvais couteau ;
Ce qui n’empêchait pas qu’avec un « zigue-zigue », on zigaillait.
« Zigailler » : couper maladroitement.
A l’occasion avec un « zigue-zigue », on pouvait zigouiller aussi ......

Vous me suivez toujours ?
Alors, je vous fais une annonce.
Des zigomars ont zigouillé un zigue qui passait, avec une zigue-zigue.
Quel zigouillage !
Ils avaient sapé le travail, ayant plutôt zigaillait le pauvre passant.
Un vrai carnage !


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du

« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mardi 14 novembre 2017

HISTOIRE DE VILLAGE - J’attendrai le temps qu’il faut !




Elle était déterminée, Clarisse, peu importaient les commérages des mauvaises gens qui lorgnaient son tour de taille épaissi. Elle ne céderait pas ! Elle élèverait son petit et attendrait son amoureux autant de temps qu’il faudrait. Oui, il reviendrait son Félix. Il lui avait promis !

« Tous des beaux parleurs, tu verras, ma fille ! lui avait dit Marie Victoire Charpentier, sa mère avec une pointe d’ironie devant la naïveté de sa fille. J’ sais tout c’la, va ! C’est toujours la même rengaine ! Et j’ te promets ! Et j’ te promets !......... et rien au bout du compte ! Les gars, ça s’ défilent ! »

Certains soirs, caressant son ventre, Clarisse finissait par douter. Il allait en rencontrer d’autres, c’était certain. Oui, des plus jolies, des plus intelligentes, des plus fortunées. Il allait l’oublier.... Si ce n’était pas déjà fait ! Et elle, naïve et amoureuse, elle resterait, là, toute seule avec son petiot.

Pourtant, ce fut avec fierté, que Clarisse Cavelier[1] alla, comme la loi l’imposait, déclarer, le 11 avril 1854, sa grossesse en mairie, et nomma comme père du petit à venir : « Félix Dupré[2], garçon bourrelier de Saint-Opportune-la-Campagne ».

Mais, le temps qui passait et rien à l’horizon. Pas de Félix, en tout cas !

Lorsque les premières douleurs prévinrent Clarisse que le moment était venu, elle fut prise de panique. Non pas qu’elle craignait les douleurs de l’accouchement, appelées « mal joli », mais de devoir affronter la vie, seule, avec le petit être qui allait arriver. Elle savait que ses parents ne la rejetteraient pas. S’ils avaient dû le faire, c’eut été au début de sa grossesse.
Mais, elle aurait préféré partager les premiers mois de la vie de son enfant avec celui qu’elle aimait et espérait toujours.

«  C’est une fille, et elle a déjà du caractère ! s’écria la matrone en soulevant le nouveau né qui braillait.
-          Une fille, pensa Clarisse qui aurait préféré un garçon pour pouvoir lui donner le prénom de son père. 
-          Et comment elle va s’appeler, cette demoiselle ? se renseigna la matrone avec un large sourire en déposant le nourrisson au creux du bras de sa maman.
-          Alphonsine Félicie.

En ce 1er juin 1854, à huit heures du matin, soit une heure et demi après sa naissance, Florentin Voiturier, le boulanger de Marbeuf qui avait assisté à la naissance, alla présenter la petite Alphonsine Félicie afin que son acte de naissance soit établi. Il était accompagné de Edouard Lefebvre, l’instituteur de la commune et Joseph Moulinet, jardinier de son état, qui tous deux témoignèrent que la mère de la petite était bien Clarisse Cavelier, et que l’enfant était né de père inconnu.

La petite Alphonsine Félicie grandit comme tous les enfants, entre ses grands-parents maternels et entourée de ses cousins et cousines, et de sa maman, blanchisseuse et repasseuse, qui ne manquait pas d’ouvrage et espérait toujours, secrètement un certain retour .....

-=-=-=-=-=-=-

     Félix Dupré pensait aussi à Clarisse Cavelier. Mais un garçon, devenu homme, se devait de donner une partie de sa jeunesse à la Patrie. Déclaré « Bon pour le service », il n’y avait aucune dérogation possible sauf pour les plus fortunés, en payant un remplaçant.

Lorsque Félix Dupré revint de l’armée, il finit par apprendre que celle qu’il avait connue, courtisée, et plus encore, à l’automne 1853, avait eu un enfant.
« Rien d’étonnant, pensa-t-il avec une petite pointe d’amertume. Elle a trouvé un galant, et l’a épousé. Et pis, c’est ben d’ ma faute tout ça, j’ lui ai jamais écrit. D’abord, j’sais point trop ces choses-là. »

Mais, les commérages vont vite, vous le savez bien !

Félix apprit que l’enfant était une fille.
Qu’importait, d’ailleurs, à présent !
Et que cette petite avait trois ans.
Calculant, Félix, se sentit trahi. Elle n’avait pas attendu longtemps, la péronnelle, pour se marier !
Que cette petite s’appelait Alphonsine Félicie.
Félicie ! Pourquoi pas ! Simple coïncidence ! Clarisse devait aimer ce prénom.
Mais surtout, que Clarisse Cavelier n’était pas mariée.
Pas mariée ! Cette dernière information balaya toutes les précédentes.
Alors, Félix Dupré se mit à compter sur ses doigts. Oui ! Jusqu’à neuf !
Serait-ce possible que cette petite fille soit de lui ?

Il en parla à sa mère, Rose Marguerite Duprey, qui avait déjà été mise au courant, par la rumeur, bien évidemment.

« Et si c’était, l’ mien ?
-          Va pas t’ mett’ ça en tête ! Tu sais, les filles......
-          Pas elle !
-          Elle comme les autres. Faut pas s’ fier aux filles, j’ peux te l’ dire ! Tu vas point t’embarrasser d’ ça ! Y’ a combien d’ chance qui soit d’un aut’, l’ gosse ? J’ va te l’ dire. Des tas !
-          Elle est point comme ça. J’ veux savoir !
-          Elle comm’ les autres ! J’ t’aurai prévenu, mon gars !

-=-=-=-=-=-=-

Félix Dupré fit le déplacement jusqu’à Marbeuf. Il voulait savoir.
Si l’enfant était le sien, il était de son devoir de le reconnaitre, de l’élever et d’épouser sa mère.

Dans la cour de la masure du père Cavelier, jouait une petite fille. Une bien jolie petite fille.
Félix, caché derrière une haie, observait la gamine, cherchant une ressemblance quelconque avec lui. Enfin, un petit quelque chose qui pourrait lui  donner la certitude qu’il attendait, qu’il espérait. Mais il était trop loin. Et puis,  il était un homme, et les petits ce n’était pas son affaire. Un enfant ressemblait à tous les enfants. Enfin, il le croyait.

La porte de la masure s’ouvrit et apparut Clarisse portant un panier de linge. A cette apparition, bien qu’ayant un fort désir de se précipiter vers la jeune femme, afin de la serrer dans ses bras, Félix recula. Il ne souhaitait pas être surpris à espionner de la sorte.
Clarisse s’approcha de sa fille, se pencha sur elle et déposa un baiser sur ses cheveux, avant de s’éloigner avec un geste de la main. Félix regardait la scène, le cœur battant et débordant d’amour, mais il se ressaisit et s’éloigna à grands pas.

Félix avait besoin de faire le point. Ses sentiments n’avaient pas changé. Il en était certain à présent.  En revanche, quels étaient ceux de Clarisse envers lui ?
Sa fuite ne lui apporterait pas de réponse. Si il voulait savoir ce qu’il en était, il se devait d’affronter la vérité, quelle qu’elle soit. Il revint alors sur ses pas, se demandant comment aborder la jeune femme.
Que lui dire, après toute cette longue absence ?
Qu’il s’était souvenu d’elle, comme cela, en se levant ce matin, et qu’il était venu prendre de ses nouvelles ?
Non ! Il fallait qu’il dise la vérité.
Et cette vérité, c’était qu’il n’avait jamais cessé de penser à elle et que libéré après des mois sous les drapeaux, il avait appris.......

Il n’eut pas besoin de phrases, non, car tout à ses pensées, il se sentit observé. Levant les yeux, à quelques mètres de lui, il la vit, elle, immobile, incrédule, les yeux écarquillés. Leurs regards se croisèrent.
Clarice lâcha alors le panier qu’elle portait et se précipita vers Félix qui ouvrit les bras pour la recevoir. A ce moment, tous les doutes, toutes les suspicions s’envolèrent.

-=-=-=-=-=-=-

En ce 30 octobre 1858, le maire de Marbeuf unit en mariage Félix Dupré, bourrelier, âgé de vingt-six ans et Clarice Cavelier, blanchisseuse, vingt-six ans également. Présente au mariage de ses parents, Félicie fut reconnue par ceux-ci. Elle perdit le nom de Cavelier pour prendre celui de Dupré. Mais peu lui importait !

Lorsque le nouveau couple sortit le l’église, les cloches n’avaient jamais sonné aussi joyeusement. Clarice, au bras de son époux redressait la tête, fièrement. Elle pensait aux réflexions désobligeantes qu’elle avait entendues pendant les quatre années passées.
Cette union, la faisant maintenant, Clarice Cavelier, femme Dupré, clouait le bec à bien des commères. Bien fait !
Mais en ce jour tant attendu, Clarice oublia vite toutes les humiliations subies. Devant elle, s’ouvrait une nouvelle vie et elle voulait en profiter pleinement.

Malgré cette fin heureuse, et peut-être justement en raison de celle-ci, on chuchota encore des méchancetés. C’est ainsi, le bonheur des autres attise toujours des jalousies !
Toutefois, certains pensaient en regardant les jeunes mariés :
« Un brave et honnête garçon, ce Félix ! »

Oui, un brave garçon...... A moins que ne ce soit ça, l’amour.
Mais, « chut ! », les gens honnêtes ne parlent pas de ces choses-là !




J’ai trouvé dans les registres de Marbeuf,
la déclaration de grossesse de Clarisse.

Puis, dans les actes d’Etat Civil,
le mariage de cette jeune femme, avec,
justement, celui qu’elle avait désigné comme
le père de l’enfant à venir.

 Et ce jour-là, ils reconnurent l’un et l’autre leur petite Félicie.

J’ai donc reconstruit leur histoire,
Avec l’envie d’être un peu « fleur bleue », pour une fois !



[1] On trouve aussi « Gavelier » sur les actes.
[2] On trouvé aussi « Duprey » sur les actes.