jeudi 27 septembre 2018

QUELLE CRAPULE !




Quand vous entendez ce mot, vous comprenez tous que la personne dont il est question est malhonnête et possède une forte bassesse morale.
Votre analyse s’avère exacte et est attestée depuis 1886.

Et avant, me direz-vous ?
Avant ! Eh bien........

« Crapule » vient du latin « crapula », signifiant excès de boisson ou encore du grec « Kraipale » (là, ça se complique) qui possède deux significations, abus de boisson et mal de tête  (dû bien entendu à la trop grande consommation d’alcool, ça va du soi).
Une crapule, vers 1360, était donc un ivrogne. Pour devenir, peu à peu, jusqu’au XVIIIème siècle quelqu’un qui vivait dans la débauche. La débauche et l’ivrognerie allant souvent de paire d’ailleurs.

La déclinaison de ce mot donne l’adjectif crapuleux (1495) qualifiant un individu qui boit et mange abondamment, mais aussi le verbe crapuler : boire et manger excessivement et/ou vivre dans la débauche.

Par contre, un crapulos était le nom attribué, vers 1873, à un cigare bon marché.
Un repas copieux et  bien arrosé, ne se termine-t-il pas par un petit cigare ?

Je vous propose un petit jeu de piste dont le but est de trouver « une crapule crapulant crapuleusement en fumant un crapulos ».


Le vainqueur gagnera une craqueline.
Là, je sens que vous allez craquer !
Mais non, ce n’est pas une invention de ma part.... Une craqueline est un bonbon enrobé de chocolat croquant dont la marque a été déposée par un confiseur de Nancy, du nom de Lalonde, en 1936.

Est-ce que le slogan publicitaire de cette confiserie était :  « Croquez et vous allez craquer ! » ?

Je fais des recherches..... 


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert



mercredi 26 septembre 2018

HISTOIRE DE VILLAGE - 1792 VILLETTES



Chapitre 7 

Après avoir erré dans la campagne, Jean-Jacques Philippe prit le chemin de son domicile. Il avait repris ses esprits et savait maintenant qu’il devait se cacher jusqu’à ce que, le temps passant, l’affaire fut oubliée. Il comptait sur l’agitation du moment, période troublée de cette après-révolution où la maréchaussée avait fort à faire entre ordres et contre-ordres et la traque des soldats qui lassés des combats meurtriers aux frontières du pays désertaient en grand nombre.
« Déserteurs » ! Un bien grand mot tout de même....  Ces soldats qui n’avaient aucune vocation militaire avaient, pour la plupart, signé un engagement après avoir été saoulés par des agents recruteurs peu scrupuleux qui répondaient aux ordres reçus par leur hiérarchie, disant : « Il faut de la chair-à-canon, débrouillez-vous ! ».
Alors, tous les moyens étaient bons.

Jean Jacques Philippe arriva en pleine nuit à Vraiville. Il gratta à la porte de son domicile. Clotilde, son épouse, toute ensommeillée, vint lui ouvrir.
La jeune femme s’apprêtait à le sermonner, pensant qu’il rentrait saoul comme une barrique, ayant dépensé, comme à son habitude, l’argent du ménage en beuverie.
Ce n’était pas le cas, elle le vit tout de suite. Le regard hagard et les vêtements crottés de boue de son époux,  en disaient plus long que tous les discours de la Chambre des Députés nouvellement constituée.
Assurément, il s’était passé quelque chose de grave.
Mais quoi ?

Clothilde laissa entrer son époux et referma rapidement la porte du logis, non sans avoir, auparavant, regardé alentour si il n’y avait personne.
Elle pressentait un malheur, la prudence était donc de rigueur.

Jean-Jacques Philippe s’était uni, le 21 février 1886, à Clotilde Blondel, né et demeurant à Vraiville. La cérémonie s’était déroulée dans la commune de résidence de la future comme le voulait l’usage.
Six années, déjà ! Mais aucun petit....

« Faut que j’ me cache, tu comprends. Si les gendarmes viennent, et i’ viendront, tu sais point où j’ suis. Tu m’as point vu. Tu comprends ......
Clothilde ne posa pas de question, mais elle pensa, sachant fort bien que son époux avait le sang chaud et que cette Révoltions lui avait tourneboulé la tête :
« Dans quelle histoire i’ s’est encore fourré ? »

En silence, elle mit quelques effets dans une besace, ainsi qu’un morceau de pain et un restant de fromage.
Sans un mot, Jean Jacques Philippe prit le sac de toile, ouvrit la porte, regarda alentour et partit dans la clarté matinale, non sans avoir, auparavant, embrassé son épouse.
« T’inquiètes point, murmura-t-il dans un souffle. N’écoute point c’ qu’on dit ! j’ te donne des nouvelles. »
Clotilde, pieds nus et en chemise, sur le pas de la porte, regarda s’éloigner son homme, essuyant d’un revers de main une larme. Soupirant, l’estomac noué, elle referma doucement la porte pour ne pas éveiller l’attention du voisinage et alla ranimer les braises dans la cheminée. Elle frissonnait autant de froid que d’inquiétude.
Elle pensa, un instant, aller se remettre au lit, mais elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait retrouver le sommeil, aussi commença-t-elle les tâches de sa journée. Etre occupée l’empêcherait de cogiter et d’extrapoler d’imaginaires situations.

Mais les nouvelles vont vite, surtout lorsqu’elles sont mauvaises, surtout lorsqu’elles parlent de meurtres, de sang.... Le monde nouveau qui était en marche, en cette année 1792, n’avait rien changé en cela dans la nature humaine.

Clothilde devait, toutefois, apprendre rapidement ce qui était arrivé.
En allant puiser de l’eau, elle aperçut des groupes de femmes qui discutaient. A son approche, les regards la fixèrent, les voix se turent.
Clothilde se sentit la cible de toutes les discussions, mais personne, apparemment n’osait l’aborder.
Personne ? Une voix s’éleva pourtant :
« A sa place, j’ f’rais point la fière pardi ! Femme d’assassin en fuite, moi, j’ me cacherais aussi ! »
Interloquée par cette violence verbale, Clothilde stoppa sa marche, essayant de rester digne et impassible, mais ses jambes ne la portaient plus.
« C’était donc ça, pensa-t-elle en une fraction de seconde, il a tué un homme. Non, ce n’est point possible .... »
Sa main laissa choir le seau, sa tête se mit à lui tourner, ses oreilles à lui bourdonner, sa vue à se brouiller, elle se raidit pour ne pas tomber, mais rien n’y fit.
Comme dans un rêve, elle se sentit d’affaisser sur le sol.


.........à suivre ..............


samedi 22 septembre 2018

Vous arrive-t-il de crapahuter ?




Non, je  ne le fais pas exprès !
Ça me vient tout naturellement. Une pensée en entraîne une autre, un mot un autre, et me voilà repartie vers de nouvelles aventures.

Hier soir, à la recherche de ma dernière acquisition, un chaton non sevré que je dois « biberonner », je me suis demandée :
« Où est-ce qu’il est parti crapahuter ? »

Tiens, tiens !
Crapahuter ? Il vient d’où ce verbe ? De patte ? De marcher à quatre pattes en tortillant du popotin, comme un petit tortillard de montagne ?
Eh bien, non !

Crapahuter vient de crapaud.
Qui l’eut cru ?

Crapahuter, dans le jargon argotique militaire, c’est tout simplement progresse par sauts (de crapaud, bien sûr) ou par reptation  en terrain difficile.
Me voilà revenue dans l’armée !
Alors, ne quittons pas l’uniforme et partons faire le parcours du combattant.
Dans l’artillerie, un crapouillot désignait  un petit mortier de tranchée.
Donc, nos chers Poilus crapouillaient ou crapouillotaient (selon l’humeur du moment) des crapouillots.

Eloignons-nous un peu du champ de bataille pour aller vers la crapaudière, lieu humide et sale, où pullulent les crapauds avec leurs crapoussins, nom donné aux bébés-crapauds.

Mais, attention, un crapoussin est également un homme trapu, de peu de valeur, qui peut, au bord, d’une crapaudière, attraper des crapoussins ……
Les cuisses des crapauds sont-elles appréciées autant que celles des grenouilles ?


Et puis, il y a cette crapaudine  qui, en 1235, avait une valeur inestimable. Ne disait-on pas que cette pierre précieuse provenait de la tête d’un crapaud ?
Au moyen-âge,  la crapaudine possédait, disait-on, des pouvoirs curatifs, mais aussi des pouvoirs surnaturels, aussi était-elle utilisée en sorcellerie.
Quelle idée !
En fait, une crapaudine est une dent de squale, pétrifiée.
Toutefois, cette « pierre » devait être très rare et ce qui est rare est précieux.

A présent, je vais aller crapahuter ailleurs, à la recherche de nouveaux mots......

Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

jeudi 20 septembre 2018

HISTOIRE DE VILLAGE - 1792 Villettes


Chapitre 6 

Au village, quelques voisins alertés par les cris de la dispute, étaient, malgré le froid, sortis sur le pas de leur porte, l’oreille aux aguets. Le calme revenu, ils s’étaient approchés de la maison des Signol. On ne savait jamais, en ces temps tourmentés, le couple Signol que chacun savait âgé avait peut-être besoin d’aide, d’autant plus que  la porte du logis était restée grande ouverte.
Les premiers sur les lieux aperçurent une silhouette s’enfuyant vers la campagne. Silhouette bien vague dans la nuit noire. Pénétrant dans la demeure, ils virent Marie Marthe agenouillée près du corps du vieux Jean Baptiste allongé sur le sol. Tête baissée, mains jointes,  la pauvre femme toute à sa prière, ne releva pas la tête à leur entrée.
Pour quoi faire ?
Pour quoi dire?
D’ailleurs, sa décision était prise, elle garderait le silence quoiqu’il arrivât afin de sauver son petit.
Un silence qui pourrait facilement passer pour être dû au choc. A son âge, on pouvait perdre la tête pour moins que cela, pas vrai ? Et puis, les gens pouvaient dire ce qu’ils voulaient, peu lui importait à présent. On n’empêchera jamais les langues de médire.....

Le citoyen Legendre, officier de police, se déplaça et constata le décès du vieil homme.
Premier constat, il ne pouvait s’agir que d’un acte de malveillance.
Les témoignages allaient dans ce sens.
Les cris d’une violente dispute. La silhouette d’un homme dans l’obscurité de la nuit. Et puis l’attitude prostrée de la veuve cloîtrée dans le mutisme, le regard dans le vide.
Des indices indiscutables prouvant qu’il s’agissait bien là d’un assassinat.

Un acte inqualifiable. La justice devait sévir.
Mais qui était le responsable.
Un nom circulait dans les conversations des uns et des autres, celui de Jean Jacques Philippe, un des fils de la victime.
N’était-il pas de notoriété publique que père et fils s’affrontaient souvent.
Alors, de fil en aiguille, tout devint clair, ce ne pouvait être que lui et il fallait aller quérir à tout prix ce parricide, afin qu’il fut jugé à hauteur de son acte.  

Le 20 mars 1792, Jean Baptiste Signol était porté en terre.
Marie Marthe, cœur brisé, jambes tremblantes, assistait aux obsèques comme un automate, anéantie par le chagrin de la perte de son époux et  rongée par la peur de voir son fils condamné.


                         .................A suivre ..............

jeudi 13 septembre 2018

EN AVANT LES COQUINS !


Petit coquinou !

Une exclamation qui aurait pu être employé par Darry Cowl, tout comme son célèbre « petit canaillou ».

Coquinou, diminutif  de coquin.
Coquin, du latin « coquinus », adjectif se rattachant à la cuisine car issu de « coquere », cuire.
En clair, « Coquinus » n’était autre qu’un marmiton...... mais aussi, et par quel biais ( ?), un bâtard.
Un bâtard dans la cuisine ? L’extension du sens des mots est parfois une réelle énigme. Enfin, poursuivons.

Au moyen-âge, le mot coquin fut utilisé pour désigner un gueux, un mendiant.
Au XVIème siècle, l’idée resta la même, car il nommait quelqu’un qui ne possédait rien.

Mais vers 1548, un coquin devint celui qui commettait de petites fautes, de petites espiègleries.
« Petit coquin » et « coquin de vieillard » étaient deux expressions très usitées à cette époque.
Quel rapport entre les espiègleries et les vieillards ..... Je pensais que l’espièglerie touchait essentiellement les personnes jeunes, voire les enfants, mais les vieillards, tout de même !
Encore une énigme.

Au XVIIème siècle (comme le temps passe vite !), « coquin »  ne qualifiait plus une personne d’une basse position sociale, mais uniquement une action malveillante, se rapprochant du poltron, du libertin et plus encore du truand.
Libertin ?
Mais un coquin n’était-il pas un galant ? Un galant peu scrupuleux cherchant l’aventure et non l’amour ?
Je pense que nous nous éloignons de la cuisine..... mais, avec le libertinage, ne nous rapprochons-nous pas du bâtard ?

Puis le temps passant apparut :
« Coquin de......», avec cette petite notion de malice et de tromperie.
L’expression la plus répandue restant « coquin de sort », ce sort qui fait tout pour contrarier la vie de chacun avec malice et espièglerie, contrariant à loisir les humains en leur apportant des embûches.


Un coquin est un galant libertin, une coquine est une enjôleuse, à mettre au même niveau que la « coquette ».
Au XVIème siècle, ce n’était pas réellement bien vue... une coquine ne cherchait-elle pas le libertinage, tout comme notre coquin ?
Mais inégalité des sexes, ce qui était toléré pour le galant devenait répréhensible pour la coquine !

Une coquinerie qui, au XIVème siècle, avait le sens de mendicité, devint trois cents ans plus tard, de la malice, de la fourberie avec une petite envie de séduire.....

Et puis il y a aussi :
·         Le coquinisme
·         Coquinement
·         Un Coquinet et son féminin, une coquinette

Et pour finir, le verbe acoquiner (1530) : donner de mauvaises habitudes à quelqu’un.
Et à la forme pronominale, « s’acoquiner », se lier avec une personne peu fréquentable (1690).

Mais aujourd’hui, un couple qui « s’acoquine » vit en concubinage...... « à la colle », comme disait ma grand-mère !

Coquin !
Un qualificatif qui va fort bien à mes petits enfants lorsqu’ils me regardent avec ce sourire enjôleur qui en dit long sur leur pouvoir de séduction, surtout après une bêtise à se faire pardonner.
Tout y est : séduction et fourberie !

Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


mardi 11 septembre 2018

HISTOIRE DE VILLAGE - 1792 Villettes

Chapitre 5



Jean Jacques Philippe se sentit mal à l’aise tout à coup. L’énervement et la colère de son père allaient sûrement redoubler lorsqu’il apprendrait la raison de sa venue.
Il réfléchissait à la manière d’orienter calmement la conversation. Ce fut sa mère qui lui donna le temps nécessaire à la réflexion.
« Tins, vins prendre un bol de soupe ! dit-elle en posant un troisième bol sur la table, et v’nez tous deux pendant qu’ c’est chaud. »

Père et fils, face à face, se lorgnaient du coin de l’œil.
« Moi, j’ te dis, qu’une soupe comme ça, jamais la république ell’ en f’ra !! Hein, la mère ?

Marie Marthe hocha la tête en signe d’approbation.
Avait-elle réussi à détendre l’atmosphère ?
Même si c’était le cas, elle, elle se sentait mal, très mal.
Un pressentiment, là, au creux de l’estomac........

« Bon, bah c’est pas l’ tout ! T’es tout de même pas v’nu pour manger la soupe ! Pas vrai ! Moi, j’ le sais. J’ai entendu, va, toutes vos manigances pour affamer l’ pauv’ peuple !

Jean Jacques Philippe regarda son père et essaya de garder son calme.
« D’ quelles manigances, tu parles ?
-          J’ai entendu les gens comm’ moi. Il parait qu’il faut donner d’ nos réserves de blé, d’avoine et d’foin. Dis-le, non de dieu !
-          On réquisitionne, mais on vous donne d’ l’argent pour ça !
-          Bah voyons, pour sûr. Un prix d’ misère....
-          C’est pour la patrie, pour nos soldats. On laisse à chacun d’ quoi vivre !
-          Ah, la belle affaire ! Moi j’ te dis c’est du vol !

Le silence se fit avant que.....
« Et pis, reprit le fils, c’est point tout !
-          Tu veux ma ch’mise aussi, c’est ça ?
-          Les soldats ont besoin d’ chevaux.
-          Quoi ? Tu s’rais ti pas en train d’ me dire que tu vas m’ prendre ma bête ?

Marie Marthe s’était levée, prête à défaillir, en voyant son homme se dresser précipitamment, renversant le banc sur lequel il était assis. Maintenant, les deux hommes, père et fils, rouges de colère, se faisaient face.
« Jamais, vociférait Jean Baptiste, en s’approchant de son fils, jamais, tu m’entends. Tu m’ prendras pas mon ch’val. »

Jean Baptiste, le dos à la cheminée, avançait les poings menaçants. Voulant parer les coups, Jean Jacques Philippe tendit les bras. Ses mains arrêtèrent son père dans son élan, et, celui-ci, déséquilibré, bascula en arrière.
La tête du vieil homme heurta un des chenets.......

Un moment saisit, mère et fils ne purent bouger. Tous deux savaient qu’il n’y avait plus rien à faire.
D’une voix blanche, tout en regardant la tâche rouge qui s’étalait sur le sol de terre battue, Jean Jacques Philippe murmura :
« J’ai pas voulu ça, non ! »
Puis il regarda sa mère les yeux pleins de larmes.

« Sauv’ té, mon fils, sauv’ té ! J’ dirai rin ! répondit Marie Marthe. 

Dans le noir profond de la nuit sans lune, Jean Jacques Philippe s’enfuit de la maison, courant au hasard, ne sachant où diriger sa course.



......... à suivre ..............

mercredi 5 septembre 2018

PIGNOUF ET COMPAGNIE...


Quel pignouf !!

Comment pourrais-je dire ? Ce mot est pourtant très explicite..... quoique.....

Il serait dérivé du verbe « pigner » ou encore de « Pignoler ».
Ces deux verbes, d’origine dialectique, ont le même sens.
·         Pigner : Pleurnicher, geindre, mais piano.
·         Pignocher : Pleurnicher, geindre, mais crescendo jusqu’au « forte ».
Tout dans la nuance !

Mais un pignouf, c’est quoi ?
Un personnage mal élevé, grossier. Enfin, quelqu’un de peu sympathique.

Mais, en 1862, un pignouf désignait un apprenti-cordonnier.
Les apprentis-cordonniers étaient-ils donc si mal élevés que cela, ou geignards, pleurnichards ou encore raisonnaient-ils comme des pantoufles..... Etaient-ils bêtes comme leurs pieds ?
Je crains qu’on ne le sache jamais.
Encore une énigme !

Un pignouf fait donc des pignoufleries dans l’atelier du cordonnier......

En provençal, une « pignate » est une marmite.
Est-ce en raison des formes arrondies de cette marmite qu’un « pignard » désigne le postérieur ?

Voilà notre Pignouf cousinant dans une pignate et s’asseyant sur son pignard pour manger à sa faim.
Quel pignouffisme !

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C’est « bath » tout cela !
Le voilà mon « bath »........
Mais là encore, plusieurs pistes d’origine.

Bath : adjectif employé en 1804 par Stendhal. Si les « Grands » s’y mettent !

Bath : viendrait, peut-être, de Bath, station anglaise très réputée au XVIIIème siècle.
On y était si bien à Bath que c’était « Bath » ! (Humour anglais !)

Mais ce mot serait plus sûrement une expression argotique employée, entre autres, par Vidocq vers 1837 : « Batif », signifiant « joli ».

Aujourd’hui, les choses ne sont plus baths, car cette exclamation n’est plus écriée devant ce qui est beau ou bon.
Dommage, non ?
C’était pourtant bath !

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Je viens d’évoquer ce personnage hors du commun, Vidocq.
Qui ne connait pas Vidocq ?
Eugène François Vidocq, né en juillet 1775, fils d’un boulanger, qui condamné plusieurs fois au bagne s’en évada plusieurs fois, et qui devint chef de la brigade de sûreté à la préfecture de police de Paris. Quelle ascension !
Il faut dire qu’ils connaissaient toutes les combines des délinquants et meurtriers en tout genre.
Non, non, je ne m’éloigne nullement « des mots du jour » et vous allez comprendre pourquoi.....

En 1887, donc après la mort de Vidocq, survenue en mai 1857......
·         Un gendarme « faisait bath », lorsqu’il arrêtait un brigand.
·         Un voleur « était bath » lorsqu’il était pris.
« Etre bath », c’était « être fait » - pris au piège ou encore « être bon » !


Après tout cela, une petite cure à Bath serait bien bath !


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

HISTOIRE DE VILLAGE - 1792 Villettes


Chapitre 4 

A bout de souffle Jean Jacques Philippe Signol s’était arrêté. Adossé au tronc d’un arbre, le cœur battant la chamade, le côté douloureux comme sous l’effet d’un coup de poignard, il essayait de percevoir les bruits environnants. Mais une enclume sonnante semblait s’être emparée de son crâne. Ses oreilles bourdonnaient intensément. Il ne pouvait se concentrer.

« Il faut que je retrouve mon calme ! »  pensa-t-il.

Depuis combien de temps courait-il ainsi ? Il avait fui droit devant lui sans savoir où sa course le menait.
Pourquoi avait-il fui ?
Il n’était pas en capacité de s’en souvenir.
Quelques images furtives passaient devant ses yeux, mais il n’arrivait pas à les saisir, ni à quoi les rattacher.
Seul raisonnait dans ses oreilles une voix lointaine, ouatée, celle de sa mère qui lui ordonnait :
« Sauv’ té, mon fils, sauv’ té ! j’ dirai rin ! »
   
Pourquoi devait-il se sauver ?
Pourquoi avait-il obéi à cette voix, en prenant la fuite ?

Peu à peu, tout s’éclaircit et Jean Jacques Philippe s’écria :
« Non !J’ai point voulu ça ! Non ! »

Que s’était-il passé ?

-=-=-=-=-=-=-=-

Chapitre 4


La tranquillité de Villettes n’était plus qu’un vain mot.
Depuis quelque temps, ce n’était qu’un incessant va-et-vient de voitures et de chevaux.
Cocarde tricolore au chapeau ou à la boutonnière, les cavaliers agissaient dans le village comme en terrain conquis. Chacun se qualifiait de titres glorieux, et ce n’était que des « Citoyen » par-ci et « Citoyen » par-là.
Le vieux Jean Baptiste Signol finit par en être excédé. Et le pire, quand il se rendait sur ses terres en lisière du village, il devait montrer patte blanche, déclinant son identité à des « sentinelles républicaines » qui le connaissaient fort bien.
Quelle stupidité !!
Le blé et l’avoine, tout comme la luzerne et le lin, n’avaient pas besoin de tous ces contrôles pour pousser.

Ce soir-là, 18 mars 1792, ce fut l’apothéose !
Alors que le jour baissait, Jean Jacques Philippe se présenta au logis de ses parents.
La journée avait été belle, mais le ciel clair parsemé d’étoiles annonçait de fortes gelées.
Le père était  auprès de l’âtre où il  prenait un peu de repos les mains tendues vers les flammes.
La mère préparait le souper.
La pièce était plongée dans une semi-obscurité, éclairée au seul gré du feu qui projetait des formes mouvantes sur les murs.
« Tiens ! Te v’là ! s’écria joyeusement la mère, entre donc ! »
Le père, lui, émit un grognement, avant de lui lancer ironiquement :
« Salut et fraternité, citoyen ! »

Marie Marthe haussa les épaules montrant ainsi sa désapprobation, face à ce comportement, avant que son estomac ne se serrât, redoutant encore un affrontement, entre père et fils.  Et comme le craignit Marie Marthe, l’affrontement ne se fit pas attendre.
« Comment va la révolution, à c’t’heure ? Et la république ? C’est quand que j’ vas toucher d’ l’argent à me chauffer les pieds, sans m’ fatiguer ?
-        -  Les députés représentent le peuple et travaillent à l’établissement des lois pour l’égalité !
-       -  Ah ! I’ travaillent ! ça parlotte quoi ! Et pendant c’ temps, l’ peuple i’ s’ fatigue, lui, pour nourrir tous c’ monde-là !
-       -   T’as toujours rin compris, toi !
-       -  Rin compris ? ça tu peux l’ dire, car j’ vois rin qui change, moi !
-      -    Faut du temps, pardi. Et d’abord, faut r’pousser l’ennemi hors des frontières.
-      -    L’ennemi ? J’ croyais qu’ vous étiez tous  frères !
-      -    Ça va donc jamais finir ! soupira Marie Marthe.
-       -   Tu vois, tu fatigues ta mère   avec tout ça, hein la Marie ? répliqua le père en regardant son épouse.
-       -   C’est qu’ vous m’ fatiguée tous les deux, pardi. Moi, j’fais ma soupe, et l’ reste ........
-       -   Alors, citoyen, lança le père, pourquoi qu’ t’es v’nu ?

.................... à suivre ...................