vendredi 28 juin 2019

HISTOIRE VRAIE – LE PARIS DE 1901

Une curieuse destinée

Introduction


L’histoire que je m’apprête à vous conter a défrayé la chronique dans les années 1901-1902.

Pourtant, elle n’avait rien d’extraordinaire en soi et n’aurait pas dû dépasser le simple fait divers.
Mais les médias ont amplifié les évènements faisant des protagonistes, des héros que chacun voulait voir.

Oui, déjà au début du XXème siècle, la presse prenait l’ascendant sur ses lecteurs......
Un pouvoir qui ne fit qu’augmenter et poursuit encore aujourd’hui son ascension.
Moi-même, je me suis laissé prendre au jeu, attisée par la curiosité, fouillant ici et là, à l’affût du moindre petit article, allant jusqu’à pourchasser les personnages dans l’intimité de leurs actes d’état-civil.

Voilà pourquoi, me retrouvant devant un nombre incroyable d’informations, il a bien fallu rassembler, trier, traiter avant de me lancer.
Remontons tout au début, voulez-vous ?

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Ce fut à l’hôtel-Dieu d’Orléans que naquit notre héroïne, le 14 mars 1878.
Ses parents, Gustave Jean Elie, ferblantier et Marie-Louise Delacourtie, étaient passés devant monsieur le maire, le mercredi 10 novembre 1875, reconnaissant tous deux dans l’acte les unissant une petite Marie, née quelques mois auparavant[1].

Après elle, arriva Louise Alexandrine, deux ans plus tard[2].

Amélie donc, puisque ainsi prénommée, fut la deuxième des trois filles du couple. Une seconde place de fratrie  bien difficile, coincée entre l’aînée, Marie, et la « petite dernière ». D’un tempérament déjà volontaire et indépendant, elle s’éleva un peu toute seule.
Le couple Elie qui habitait rue de l’Hôtellerie à Orléans, s’installa au 550 de la  rue du Chatelet, avant la naissance de  Louise Alexandrine.
En 1880, Gustave Jean Elie, le père, exerçait la profession de zingueur. Sur les listes du recensement de l’année suivante, la famille n’apparaît plus dans cette rue.
Je ne saurai dire quand les Elie et leurs trois filles quittèrent le Loiret pour s’installer dans la région parisienne. Ce qui est certain, c’est qu’en août 1898, ils demeuraient à Nanterre, puisque Marie-Louise décéda dans cette commune, le 30 août.

Amélie avait grandi dans la rue, au printemps de la même année, exerçant la profession d’ouvrière fleuriste, les journaux mentionnèrent son nom pour la première fois.


Voici la destinée d’Amélie Elie.....


Passage Bouchardy
sous la glace
où habitait Amélie Elie en 1895




[1]Marie naquit le 3 juillet 1875 à l’hôtel-Dieu d’Orléans.
[2] Naissance à l’hôtel-Dieu d’Orléans, le 28mai 1880.

jeudi 27 juin 2019

Que diriez-vous de deux nouveau x mots ?


Deux mots...... 

Seulement deux !! Eh oui, je deviens avare !!!

Pour commencer, savez-vous ce qu’est un fifrelin ou fiferlin ?

Etant donné sa consonance, vous avez tout de suite « tilté » que ce mot a été emprunté à l’allemand « pfifferling ».
Pour ceux qui connaissent la langue de Goethe, voici une locution dans laquelle apparait ce mot :
« Das ist keinen Pfifferling wert »
Et que je vais traduire pour les autres, afin de ne pas les laisser dans l’ignorance :
« Cela ne vaut rien »

Un fifrelin ou fiferlin (deux orthographe pour ce mot) était employé, en 1821, pour désigner un objet sans valeur ou encore de la menue monnaie, comme dans :
« Pas un fifrelin », c’est à dire « pas un sou ».

Quelques décennies plus tard, le mot raccourci donnant « fifre » nommait péjorativement quelqu’un d’insignifiant. Un mot qui n’a plus sa place aujourd’hui dans notre langage sauf dans « sous-fifre » (1904). Une appellation pas sympa du tout, s’adressant à un subalterne, peu compétant.



Pour le second mot, je vous propose le verbe, « flagorner »

On « flagorne » dans le langage courant à partir de 1464. Pas tout jeune en effet !
Ce verbe découle d’un autre verbe, « flageoler » employé, lui, depuis le XIIIème siècle.
Flageoler : jouer du flageolet, ancêtre du hautbois.

En clair, on peut traduire par « jouer du pipeau », soit : dire des sornettes – tromper.
Un croisement entre flatter et corner (corner : jouer du cor) prenant le sens de répandre des nouvelles avec insistance. Nouvelles parfois mensongères, il y va de soi, car autrement où serait l’intérêt !

Flagorner :
1464 = bavarder tout simplement.
Fin XVème siècle : Dire à l’oreille. Pour ne pas être entendu s’il s’agit de secrets, c’est beaucoup mieux.
1562 :  « flagorner aux oreilles », c’est rapporter des nouvelles avec malice..... Nous y voilà ! Encore des cancans !
Des cancans flagorneurs, une histoire flagorneuse : l’adjectif étant dans le vocabulaire à partir de 1440.
Une flagornerie était en 1582, un mensonge. 
??? Ce qui voudrait dire qu’avant, il n’était dit aucun mensonge ?
Tiens, tiens...... Bizarre autant d’étrange !

jeudi 20 juin 2019

LECTURE DU JOURNAL....... QUOI DE NEUF ?



Rigolos et surins, les deux armes des malandrins !
   
Avant de poursuivre mes investigations sur les crimes des Apaches, et de vous en rendre compte, je tenais à vous soumettre un texte savoureux, découvert dans le journal « Le Radical », en date du 20 février 1903.
Le voilà :

ENCORE LES APACHES
Les deux coqs – Sur le sentier de la guerre –
A l’assaut d’un wigwam ! – Six arrestations

Plus ça va, plus c’est la même chose. On a beau rafler, incarcérer, juger et reléguer, les Apaches continuent à foisonner et à faire pleuvoir autour d’eux les balles de revolver. Bientôt, ils se battront sur les boulevards, à la mitrailleuse ! .....
Dans la nuit de mardi à mercredi, une rencontre homérique a eu lieu entre deux bandes de ces estimables individus : Les Apaches du Sébasto ayant déclaré la guerre aux Apaches de la Courtille.
Le mobile de la haine existant entre ces deux collectivités de revolvériseurs professionnels ?.... Toujours le même !.... Voyez la fable des deux coqs.
Donc, hier matin, les Apaches du Sébasto, s’étant concertés, délaissèrent le calumet et mirent, au nombre de quinze environ, le pied sur le sentier de la guerre. Il s’agissait de « refroidir » en douceur et de scalper un Apache de la Courtille qui avait enlevé son Hélène à un Ménélas des alentours des Halles.
Ils arrivèrent, le collet du pardessus relevé, les mains dans les poches, et en observant la prudence du serpent, jusque sur les bords du canal Saint-Martin.
Le Paris de la Courtille était là !
Mais en présence du nombre de ses adversaires, il prit courageusement la fuite.
Il se réfugia en un Wigwam, restaurant de la rue du Faubourg-du-Temple, où quelques-uns de ses amis et collègues  jouaient tranquillement... à la manille.
A peine leur avait-il exposé les faits de la cause – comme on dit au Palais – que les Apaches du Sébasto firent irruption dans l’établissement. Ceux de la Courtille se levèrent alors, et se mirent en posture de défense.
-          A toi-z’à moi la paille de fer !.... s’écria un Sébasto, et il tira son « rigolo » et son « surin »
Ce geste et ce cri furent le signal d’une effroyable bagarre. Des détonations retentirent, de larges boutonnières furent ouvertes dans des poitrines et dans des abdomens ; des Apaches s’affaissèrent parmi les verres et la vaisselle cassée !.....
Quand la police arriva – un quart d’heure après la bataille – les Apaches encore valides avaient pris la fuite. Parmi ceux qui demeuraient, quelques-uns étaient assez gravement blessés pour qu’on fût obligé de les transporter à l’Hôtel-Dieu.
Enfin, six chevaliers de la casquette, qui n’avaient pas de lésions graves, ont été mis en état d’arrestation.
Espérons qu’ils ne seront pas relaxés. Car il serait grand temps d’en finir avec toute cette canaille. Que ces Indiens de Paris se tuent entre eux, tant pis, ou plutôt tant mieux ! ..... mais des balles pourraient s’égarer, comme cela s’est déjà produit.

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Cet article n’est pas signé.... Mais, tous mes compliments à son auteur.
Raconter cette échauffourée sanglante avec autant d’humour, c’est un exploit.
Pas de nom toutefois pour approfondir une quelconque recherche.

Deux noms de bandes 

Celle du Sébasto :
Sébasto ? Le boulevard de Sébastopol.
Ce boulevard ouvert en 1854, fut percé par Haussmann lors de la transformation de Paris. Sébastopol, port de Crimée pris par les Anglais et les Français, le 8 septembre 1855, après un long siège.
Celle de la Courtille :
La Courtille, endroit de fêtes et de plaisirs où l’on trouvait beaucoup de guinguettes pour boire, manger et danser. La Courtille se situe non loin de Belleville.




Les lieux énoncés 

Les Halles.
Elles se situaient dans le quartier de la Villette, non loin du canal Saint-Martin.
La rue du Faubourg-du-Temple.
Cette voie, très ancienne,  conduit à Belleville.


Concernant le vocabulaire employé, l’argot ou le langage populaire, je vais vous éclairer un peu.

Un rigolo, dans ce contexte n’est pas un homme qui fait rire, mais un pistolet, une arme à feu.
On peut employer aussi : un flingot – un flingue – un rif, riffe ou encore riffle....

A toi-z’à moi la paille de fer !
L’expression « À toi, à moi, la paille de fer ! » était employée notamment chez les forgerons, frappant tour à tour sur le fer, afin de donner la cadence, de se stimuler mutuellement.
La « paille de fer » désignant la barre de fer sortant de la forge et qu’il fallait travailler.
Au regard de  l’article, on pourrait  interpréter cette phrase ainsi :
« A qui l’tour, y’en aura pour tout le monde » ou encore « l’un après l’autre et qu’ ça dégage ! »


Le mobile de la rixe 

Une femme qui avait trouvé refuge dans les bras d’un homme faisant partie d’une bande rivale.
D’où l’évocation de Hélène, enlevée à Ménélas par Paris qui, en son temps, déclencha la guerre de Troyes.

Sachez toutefois, que l’enlèvement de la belle n’entrainait pas que des déceptions amoureuses, il était aussi, et surtout, pour l’amant délaissé un gros problème «économique ».
Oui, oui, vous avez bien entendu.
Problèmes de cœur, certes, quoique, à mon avis, beaucoup plus « d’amour propre » .... Mais problèmes d’argent, certainement, car beaucoup de chefs de bande mettaient leur(s) maîtresse(s) sur le trottoir et si on les appelait des « gagneuses », ce n’était pas pour rien.

Cela me rappelle une histoire qui a fait grand bruit dans les années 1900-1902.
Une histoire semblable.
Une femme, au doux prénom d’Amélie. Elle quitta son amant, Joseph, pour tomber dans les bras de Dominique..... 
Les journaux en parlèrent encore et encore......

Je me propose de vous la conter, cette histoire.
Qu’en pensez-vous ?
Oui ?
Mais pour cela, il vous faudra attendre la semaine prochaine.

Cette langue va-t-elle être proposée au collège ?


Le parler normand.....  Un nouvel épisode......


Vous allez dire que je parle continuellement de ma grand-mère. Je vous l’accorde. Mais, si c’est le cas, c’est qu’elle fut une référence, un repère important, qui ont forgé mon enfance.
Ma grand-mère avait un parler, bien à elle. Parfois difficile à décrypter, sauf pour les initiés,  et encore !
En voici encore un exemple :
Quand j’avais l’air tout chiffonné, mon aïeule me demandait : « Qui q’ t’as ? »
Traduction : « Qu’est-ce que tu as ? »
Faisons une légère pause, s’il vous plaît. Regardez bien la question. Elle pourrait appartenir, malgré sa résurgence des temps très anciens, au « langage texto » d’aujourd’hui, écrit un peu différemment, soit : « Kik ta ? ». Ma grand-mère était donc une innovatrice !
Revenons à mon visage tout chiffonné et à la question posée et notée ci-dessus, question qui était suivie par une autre que voici :
« T’as un pet d’ travers ? »
Un « pet de travers » ?
Expression signifiant, être patraque, ne pas être bien, avoir quelque chose qui bloque - avec une  petite notion  de « maladie imaginaire ».

Si toutefois, la maladie s’avérait réelle, il arrivait de « tourner de l’œil ».
Tourner de l’œil ?
Comme les caméléons ?
Oh que non !
Tourner le l’œil, c’est se trouver si mal que l’on s’évanouit, que l’on perd connaissance, que l’on se pâme...... Dans les vaps !
Alors, dans ce cas extrême, la personne évanouie reçoit une fricassée de claques pour lui faire recouvrer ses esprits.
Une fricassée !!? Une abondance de.... un grand nombre de....
Alors de très pâle la voilà rouge écarlate !

Un remède, très normand, pour reprendre des forces : un sucre avec une goutte d’alcool de menthe. Un remède de grand-mère, voire d’arrière-grand-mère.
C’est fort et sa pique un peu, même si le sucre adoucit le goût.

Vous souvenez-vous des petites phrases ou des mots employés par vos aïeules ?
Vous savez, ses expressions qui se transmettent de génération en génération.
Si c’est le cas, pouvez-vous nous les faire partager.

En attendant ...
« Boujou et à tantôt ! »

mercredi 12 juin 2019

Les Apaches !!!


Avez-vous entendu parler des Apaches ?




Jamais, entre eux, ils n’ont utilisé ce mot pour se désigner. Ils n’étaient que des « copains ».

Pourtant ce fut le nom qui fut attribué à ces jeunes hommes, à ces voyous et criminels qui,  ayant fait l’école buissonnière dans leur jeunesse, continuaient à errer dans les rues, ne travaillant pas,  haïssant l’ordre et les bourgeois, détroussant ces derniers pour s’approprier leur argent, allant jusqu’à les tuer si ceux-ci résistaient.
Ils vivaient en bande, avaient un chef qui leur dictait ses règles. Chaque bande possédait son territoire bien délimité et gare à ceux qui empiétaient dessus. La rivalité entre bandes, mais également entre membres d’une même bande, déclenchait des « guerres intestines ». Des bagarres au surin, faisant couler le sang.

Alors, pourquoi les appela-t-on les Apaches ?

Ce nom apparut, pour la première fois dans un article de journal, signé de la main de Victor Maurice, journaliste. C’était en 1902. Le journaliste, pour justifier cette appellation, prétendait que ces bandes de malfrats déployaient des ruses et attaques rappelant les Apaches, ces Indiens d’Amérique du Nord, au temps des premiers pionniers.

Il faut préciser toutefois que cette qualification n’était pas sans lien avec les spectacles présentés alors, avec beaucoup de succès, par Bill Cody[1], le fameux Buffalo Bill, présentant les peuplades indiennes sous un jour pas réellement favorable.
En 1889, le spectacle « Wild West Show » s’était installé Porte Maillot. Beaucoup de spectateurs et parmi eux beaucoup d’âmes sensibles qui ont été choquées. En 1905, Buffalo Bill et sa troupe, Indiens affichant peintures de guerre en tête, avaient paradé dans les rues de Paris. C’était lors du Carnaval.
Et puis, il y avait cette littérature parlant des grands espaces Ouest-américains, de Geronimo, d’attaques de convois de pionniers et d’atrocités barbares......
Tout un contexte approprié !

Les « Apaches », ceux de la nuit de la ceinture parisienne attaquant par surprise le passant attardé, n’étaient donc que des voyous, exerçant aussi, très souvent, une activité de proxénète, enfin, des personnages pas tout à fait recommandables.
Deux bandes aux barrières de Paris faisaient notamment parler d’elles. Celles de Ménilmontant  et de Belleville.

D’ailleurs, je vous concocte quelques petits récits de leurs méfaits tirés d’articles de presse, afin de vous faire découvrir leurs procédés féroces dignes des Apaches.... les vrais, ceux là !
Je suis certaine que vous serez très étonnés de découvrir certains noms connus....... Mais, chut ! Je n’en dirai pas plus.

Je peux ajouter également qu’il existait des « bandes d’Apaches féminines » et ces femmes s’avéraient bien plus cruelles que leurs confrères masculins.

Alors, restez en alerte sur facebook, de nouvelles lectures ne vont pas tarder !
Et je vous le confirme ça va jouer du surin, car la spécialité de l’Apache est de suriner !!




[1] William Frederick Cody né le 26 février 1846 (Le Claire – Iowa – USA) et décédé le 10 janvier 1917 (Denver – Colorado – USA)

HISTOIRE DE VILLAGE - MARBEUF


Une rancune tenace

Suite et fin


Alors, voilà...................


Comme j’aime savoir à qui j’ai affaire, j’ai repris mon bâton de pèlerin pour refaire le chemin à l’envers, direction le milieu du XIXème siècle afin de connaître plus amplement les protagonistes de ces fâcheuses querelles (violentes tout de même !) et établir si, en effet, il y a bien un lien de parenté entre eux.

Commençons par Pierre Louis Helin.
J’ai découvert deux jeunes hommes  pouvant correspondre.
Le premier :
Pierre Louis Helin, né à Marbeuf, le 30 vendémiaires an 8, soit le 22 octobre 1799 vieux style[1] – fils de Mathurin Helin, natif de Hondouville, et Marie Geneviève Noyé (ou encore le noyé – dénoyé – royé ou le royé….. selon les différents actes).
Pierre Louis Helin était l’époux de Marie Elisabeth Lenormand, née à Marbeuf, le 22 brumaire an 5, soit le 12 novembre 1796 vieux style, fille de Jacques François Lenormand et Marie Françoise Champion. Leurs noces avaient été célébrées à Marbeuf le 1er juillet 1823. Parmi les témoins de ce mariage :
·         Jacques Mathurin Helin – frère du futur.
Le second :
Pierre Louis Anselme Helin, né à Hondouville, le 2 avril 1809 – fils de Louis Athanase Helin (décédé le 31 mars 1819 à Hondouville) et Marie Anne Auzoux. Pierre Louis Anselme avait épousé une demoiselle Daufresne Victoire Célestine née le 7 mai 1811 à Marbeuf, fille de Charles Daufresne et Marie Lot (décédée à Marbeuf, le 3 décembre 1825). Leur union eut lieu dans le village de naissance de la future, le 17 février 1835.

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Première question :
Pierre Louis Helin et Pierre Louis Anselme Helin étaient-ils frères ?
Non assurément, puisqu’ils n’ont pas les mêmes parents. Elémentaire, mon cher Watson !

Leurs pères étaient-ils frères ? Pas plus, je peux vous l’assurer !
Le grand-père de Pierre Louis Anselme se nommait Athanase Helin, mais pas celui de Pierre Louis

Pour trouver un lien de cousinage entre ces deux hommes, il faut remonter à Mathurin Helin, né le 3 septembre 1678 qui,  le 5 juin 1696 à Marbeuf, avait épousé Anne Billon, née aussi à Marbeuf le 14 décembre 1676. Ce couple avait eu de nombreux enfants dont Athanas et Louis, les arrières-grands-pères de Pierre Louis et Pierre Louis Anselme.
Le lien de parenté de « cousins » est donc attesté, mais remontant bien trop loin pour établir une quelconque querelle d’héritage.

Seconde question :
Qui a porté plainte en ce lundi 15 juin 1835 ?
Pierre Louis Helin ou Pierre Louis Anselme Helin ?
Aucune mention dans le registre permettant de le savoir, car si il est question d’une épouse, son nom n’est pas indiqué. Alors ?
Heureusement une seconde plainte fut déposée le mercredi 30 septembre 1840. Qui portait plainte ? Une certaine Julie Helin.
Qui était-elle ?  Et c’est reparti !!
Julie Hélin apparut après bien des recherches.
Cette « « demoiselle », car elle ne s’était jamais mariée, était née à Marbeuf le 28 floréal an II, soit le 17 mai 1794 vieux style et pour information, supplémentaire était décédée le 10 juin 1866 à Marbeuf également.
Et c’est là que tout s’éclaire car, Julie Helin était la fille de Mathurin Helin et Marie Geneviève Dénoyé (trouvée aussi sous différentes orthographes : noyé – le noyé…. Comme déjà précisé plus haut).
Donc, elle était la sœur de Pierre Louis Helin et non celle de Pierre Louis Anselme. Après ses trouvailles généalogiques dont les recherches durèrent plusieurs jours et je ne saurais dire le nombre d’heures. La suite s’avéra plus facile. Trop peut-être ! Mais toutefois plus reposante, je peux vous l’assurer.

Troisième question :
Qui était l’épouse de Pierre Louis Helin ?
Pierre Louis Helin avait convolé en justes noces le 1er juillet 1823 avec Marie Elisabeth Lenormand, née le 22 brumaire an V, soit le 12 novembre 1796 vieux style[2]. Celle-ci était la fille de Jacques François Lenormand et Marie Françoise Champion.

Vous me suivez ? Pas trop perdus, ni barbouillés ?
Car la suite va établir que mon pressentiment était bien réel……. Histoire de famille…….

Quatrième question :
Qui était Pierre Amand Beaucousin ?
Fils de Amand Fidelle[3] Beaucousin – décédé à Fouqueville le 24 août 1825 – et de Marie Françoise Cavé, il avait vu le jour le 16 novembre 1799 à Fouqueville. Il était installé à Marbeuf depuis son mariage le 26 février 1835 avec une demoiselle ………. Attention, c’est là le presque dénouement de l’affaire .......... Marie Françoise Lenormand, née à Marbeuf le 6 mai 1791 et fille de …… Asseyez-vous pour ne pas tomber ........ Jacques François Lenormand – décédé à Marbeuf le 30 mars 1832 – et de Françoise Champion.

Ce qui fait que :
Les épouses de Pierre Louis Helin et de Pierre Amand Beaucousin étaient sœurs faisant, des deux hommes des beaux-frères.
Géniale la généalogie….. mais elle ne dit pas, toutefois et malheureusement, les raisons du conflit. Questions de jalousie ? Questions d’argent ? Assurément !!

Venons-en maintenant aux témoins qui ont aussi des liens de parenté directs ou par alliance, car chaque village était un lieu « familial à grande échelle ». Pour les cousinades pas besoin du facteur pour distribuer les invitations dans les contrées lointaines, mais seulement du garde-champêtre et de son tambour pour annoncer la date, l’heure et le lieu de la réunion, à la criée sur la place du village.

Marie Marguerite Claire Chauvel
Née le 5 vendémiaire an IX, soit le 27 septembre 1800 vieux style. Fille de Simon Laurent Chauvel – propriétaire - et Claire Auzoux.
Marie Marguerite Claire Chauvel, mariée à Joseph Eugène Vauquelin, propriétaire au Mesnil Broquet, né le 23 pluviose an X à Saint-Aubin d’Ecrosville le Mesnil Broquet, fils de Jean Baptiste Martin Antoine Vauquelin et Marie Marguerite Rose Hélène Damois.

Jacques Mathurin Helin
Fils de Mathurin et Marie Geneviève Dénoyer. Frère de Pierre Louis Helin, François Helin, Julie Helin.....
Marié à Marie Catherine Victoire Félicie Picard, le 31 janvier 1822, Jacques Mathurin Helin devint veuf le 9 novembre 1842.
Marié en secondes noces, le 1er août 1843 à Marie Véronique Désirée Hue.
Au moment des faits, il était l’époux de Marie Catherine Victoire Félicie Picard.
Jacques Mathurin Helin est décédé le 5 février 1879 à Marbeuf.


François Helin
Berger chez Monsieur Cirette. Frère de Pierre Louis Helin.....


Cirette Christophe David
Né le 30 juillet 1791 – décédé le 22 septembre 1854, fils de David Armand César Cirette  (maire de Marbeuf en 1835) et Marie Françoise Desprès.
Marié le 28 janvier 1836 à Marie Thérèse Victoire Helin, fille de Athanase Helin et Marie Geneviève Charpentier.
Marie Thérèse victoire Helin née le 8 juin 1789, couturière, décédée le 6 avril 1854.


Faisons un petit break, voulez-vous ?
Nous venons de voir que Marie Thérèse Victoire Helin était la fille de Athanase Helin et de Marie Geneviève Charpentier et qu’elle avait épousé Christophe David Cirette.
Etant la  fille de Athanase Helin et Marie Geneviève Charpentier, elle se trouvait également la tante de Pierre Louis Anselme Helin, puisque le père de ce dernier, Louis Athanase Helin était le frère de Marie Thérèse Victoire épouse Charpentier.... ce qui crée d’autant plus de lien de cousinage par alliance entre les Charpentier et  les Helin.....


La servante de Charles Mathurin Champion. Pas de précision sur le nom de cette jeune femme.
Mais, je peux préciser que Charles Mathurin Champion avait épousé une demoiselle Billon !
Etablissant un probable lien de cousinage remontant au début des années 1700.


Marcelin Morel, domestique chez Modeste Lenormand.
Aucune information sur Marcelin Morel. Pierre Louis Modeste Lenormand, né le 20 ventôse an 9 soit le 11 mars 1801 vieux style, fils de Nicolas Lenormand et Marie Thérèse Quilbeuf  (modeste décédé le 14 avril 1872)


Jacques Antoine Charpentier
Né à Marbeuf le 21 avril 1784, fils de Pierre Charpentier et Marie Thérèse Deschamps. Son épouse Marie Catherine Morisset, née le 11 février 1778, fille de David Morisset (qui né le 16 janvier 1756 avait pour parrain Bernard Billon) et Marie Catherine Authin,  avec laquelle il s’était marié, le 28 juillet 1810.
Jacques Antoine Charpentier est décédé le 29 mai 1856 à Marbeuf.


Marie  Madeleine Victoire charpentier, femme Cavelier
Marie Madeleine Victoire Charpentier avait épousé Pierre Nicolas Cavelier né le 23 germinal an VI, soit le 12 avril 1798 vieux style, fils de Thomas Cavelier et Marie Louise Françoise Billon (encore un lien lointain de cousinage Billon – Helin - Charpentier).
Pierre Nicolas Cavelier est décédé le 10 avril 1869 à Marbeuf.


Charles César Charpentier
Né le 3 août 1798 à Marbeuf, fils de César Charpentier et Marie Madeleine Mouchard (décédée le 17 octobre 1835).
Epoux de Marie Marguerite Lambert et dont le mariage a été célébré à Marbeuf, le 19 février 1822.
Charles César Charpentier est décédé le 26 janvier 1871 à Marbeuf.


Mathieu Anselme Leroy
Né le 13 mars 1789 à Marbeuf – décédé le 5 juillet 1961 - et dont le mariage avec Madeleine Brigitte Morisset fut célébré le 26 février 1813. Madeleine Brigitte Morisset naquit le 1er mars 1786 à Marbeuf. Ses parents se nommaient David Morisset et Catherine Autin.
Marie Catherine Morisset et Madeleine Brigitte Morisset étaient donc sœurs, ce qui fit de Jacques Antoine Charpentier et Mathieu Anselme Leroy des beaux-frères.


Marie scolastique Durand
Née le 4 janvier 1806, célibataire. Elle est décédée le 18 septembre 1861 à Marbeuf.

Et pour finir sachez que Charles Daufresne, beau-père de Pierre Louis Anselme Helin, était garde particulier de Madame de Marbeuf, ainsi que Pierre Jacques Desseaux, ami de la famille Helin.
Le braconnage, on sait tous que ça n’existe pas, mais parfois va savoir, de plus, dans ces cas improbables,  ce n’est pas toujours l’animal qui se fait piéger !
Mais, bien entendu, ce ne sont que des supputations n’engageant que moi.

J’espère ne pas vous avoir ennuyés, je voulais vous montrer le travail de préparation nécessaire avant d’écrire une nouvelle sur des faits réels, avec des acteurs qui ont vraiment existé.
Un vrai régal à la Sherlock Holmes.

Une dernière question : Avez-vous tout suivi ?
Si non, je reste à votre entière disposition pour reprendre point par point tout ce qui précède !




[1] Vieux style, c'est-à-dire le calendrier grégorien. Un « vieux style » qui a été repris quelques dix années plus tard. Comme disait ma grand-mère « faire du neuf avec du vieux » !
[2] Avec cette « formule », je m’en suis donné à cœur joie..... Peut-être un peu abusé tout de même !!!
[3] Amand Fidelle, comment peut-on associer ces deux prénoms ? Etait-ce toutefois une manière de conjurer le sort et protéger la future épouse du nouveau né ?