mercredi 30 octobre 2019

Bonir ? Quel est ce mot ?


J’ai nettement l’impression qu’il y aura toujours des mots entre nous !

Et aujourd’hui : Bonnir !

Bonnir ?
Que signifie le verbe « bonnir », écrit également « bonir » ?

Ce mot d’argot est attesté depuis le tout début du XIXème siècle, mais son origine reste un mystère.
Ce qui est certain, c’est que « bonir » était employé pour « dire », « en raconter » et de là, « en raconter de bonnes », de bonnes histoires, bien entendu !

De « bonir » découlent :
·         Un boniment :
Propos flatteurs sur un spectacle ou un article avec force bagout pour que le  badaud s’arrête, écoute et, séduit, entre dans la tente pour voir le spectacle, achète le produit vanté.
·         Un bonisseur (1820 – 1840)  ou un bonimenteur (plus tardif – 1894) :
Forain qui débite son « boniment » pour attirer les clients.
·         Bonimenter :
Un verbe que ma grand-mère aurait traduit par « faire l’article », et que l’on pourrait définir ainsi : vanter à l’excès une marchandise, un spectacle...

Un bon bonisseur bonimente, et son boniment arrête le chaland qui passe, accroché par tant de bagout.
Un bonimenteur est donc un beau-parleur qui vous ferait accepter n’importe quoi. Mais attention, méfiance, dans bonimenteur se trouve le mot « menteur » !


Que pensez-vous de reprendre le mot « bagout » ou « bagou », cité plus haut ?

« Bagout », un nom masculin, attesté déjà au XVIème siècle et découlant du verbe « bagouler » (railler grossièrement), qui est le combiné de « bavarder et goule ».
·         Goule : bouche au XIIème siècle.
Avoir du bagout, une expression familière pour désigner un bavardage volubile, mêlé d’effronteries, avec un petit soupçon de désir de tromper son interlocuteur.
Ce qui nous ramène, ne trouvez-vous pas, au discours du camelot ou de notre bonimenteur.


HISTOIRE VRAIE - LES EMPOISONNEUSES



Des siècles d’empoisonneuses....................


L'AFFAIRE LAFARGE



Chapitre 3


Le Glandier, une triste demeure en vérité, sur laquelle planaient bien des deuils....

Jean-Baptiste Pouch-Lafarge, le père de Charles Joseph, était décédé six années plus tôt, à l’âge de soixante ans, le 25 septembre 1833, dans cette demeure du Glandier[1], lors d’un court séjour campagnard. Un coup terrible pour son épouse,  Marie Julienne Adélaïde Pontier qui, aussitôt son veuvage, vint s’installer définitivement dans cette demeure austère et sans confort.

Etait-ce pour aider sa mère à tenir cette grande maison que  Charles Joseph Pouch-Lafarge convola en justes noces avec Marguerite Félicie Coinchon Beaufort, le 15 décembre 1834 ?
Marguerite Félicie, native[2] de Saint-Poutçain-sur-Sioule dans l’allier, vint vivre au Glandier, juste après son mariage. Elle devait y décéder sept mois plus tard, le 30 juillet 1835. La jeune femme n’avait que vingt-neuf ans.
Aucune mention de ces premières épousailles et du veuvage de Charles Joseph Pouch-Lafarge, sur l’acte de mariage Lafarge/Capelle, du 11 août 1835.
Etait-ce un oubli de l’employé aux écritures ?
Charles Joseph Pouch-Lafarge avait-il omis de préciser ce « léger détail » ?

D’autres personnes vivaient dans cet ancien monastère, Jean Baptiste Léon Buffière et son épouse Marie Joséphine Pouch-Lafarge, sœur de Charles Joseph.
Le couple avait une petite fille, Marie Joséphine Elodie, née le 2 juillet 1838. Une enfant chétive et à la santé des plus fragiles. Il avait eu aussi l’immense chagrin de perdre leur second enfant, Joseph[3], en décembre 1838, à l’âge de cinq mois.

N’ayant plus que ses enfants, Adélaïde Marie Julienne Joséphine Pontier, veuve Pouch-Lafarge, aurait tout donné pour leur bonheur, aussi accueilla-t-elle du mieux possible, Marie Fortunée, sa nouvelle belle-fille, tout en sachant que la vie au Glandier n’était pas des plus faciles, d’autant plus que l’argent manqué.

-=-=-=-=-=-

Une arrivée plus que remarquée que celle du jeune couple, et qui jeta un froid supplémentaire sur la demeure déjà glaciale, surtout que Marie Fortunée, enfermée dans sa chambre, s’obstinait  à ne vouloir en sortir. De l’autre côté de la porte, Charles, las de tambouriner des deux poings, en était venu aux supplications.
Il comprenait, disait-il, mais il allait tout faire pour que les choses s’arrangent.


Dans la chambre, Marie Fortunée avait fait le point, et sa révolte passée, finit par se résigner.
Avait-elle un autre choix que de s’adapter ?
Venant de se marier, il aurait été malvenu qu’elle retournât chez son oncle qui l’aurait assurément renvoyée chez son mari.
Elle ouvrit donc la porte et laissa entrer son époux, lui tendant fermement le document qu’elle venait de lui écrire[4], confession fausse et hâtive que seule la colère lui avait dicté.......
Après une franche et orageuse explication, les époux décidèrent de faire de leur mieux pour une meilleure entente. Peu à peu, ils se rapprochèrent.


Mais n’allez pas croire que tout allait pour le mieux. De petites scènes éclataient pour tout et pour rien, occasionnées lors des états d’ébriété avancés de Charles, lors de diners en société, à propos de la domestique[5] de Marie Fortunée, une jeune fille frivole à la tête un peu folle, en raison de l’état peu soigné de Charles, et pour bien d’autres broutilles.

La jeune femme s’habitua à sa vie au  Glandier, et même à son état d’épouse.
Elle écrivit[6] à Monsieur Garat :
« ... j’ai adopté ma position bien qu’elle se trouve extérieurement fort déplaisante. Mais avec de la force, de la patience et l’amour de mon mari, je puis en sortir...... »

Puis  à Madame Montbreton :
« ... si l’arrivée me serra fortement le cœur, je suis plus forte maintenant..... Lorsque je sens une larme qui coule froide sur mes joues alors que seule, dans une grande chambre déserte, je mets vite mon chapeau et je vais admirer les plus belles prairies, les sites les plus délicieux qui m’entourent et qui sont à moi avec leur verdure et leurs torrents..... »
Parlant de sa belle-mère :
« .... Sa mère est une excellente femme qui se mettrait au feu pour son fils, qui m’accable de caresses, qui a de l’esprit et de l’éducation étouffés sous les soins minutieux du ménage...... »

Ces courriers semblent prouver que Marie Fortunée avait trouvé sa place au sein de sa belle-famille et auprès de son mari. Elle prit la maison en main, y apportant quelques modifications, quelques arrangements. Elle s’intéressa également au travail de la forge, accompagnant parfois Charles qui se débattait dans ses affaires qui allaient fort mal et qui demandait, parfois, conseil à son épouse. Ce qui ne fut pas du goût de tout le monde et attira quelque jalousie sur la jeune femme.

 ................  à suivre ..................


[1] Jean Baptiste Pouch Lafarge assurait la fonction de Juge de Paix. Sur son acte de décès, il est noté « décédé en sa maison de campagne ». Le Glandier, n’était donc pas sa résidence principale. Sur certains actes on trouve : Le Galandier.
[2] Date de naissance : 16 mai 1806.
[3] Le petit Joseph naquit le 18 décembre 1838 et décéda le 29 mai 1839.
[4] Cette lettre, Charles n’en fit cas, mais elle ressortit à un autre moment, que nous verrons bientôt.
[5] Domestique du nom de Clémentine Servat
[6] Courriers trouvés dans le journal « le Gaulois » en date du 16 décembre 1882

samedi 26 octobre 2019

Découverte, d’au-delà des océans !!!



 
Je viens de découvrir, grâce à Laurette Mas-Camille, auteure de « Les dames du parc » (entre autres), quelques mots créoles dont un m’a particulièrement interpelée au point de vouloir aussitôt vous en faire profiter.

Mais dans ce désir de partage, n’y voyait aucune malice de ma part, ou alors si peu !!!

Il s’agit du mot « makrelle » !

Qu’est ce qu’une makrelle en Créole ?
Une femme curieuse, une commère plutôt, toujours à l’écoute de ce qui se passe chez les autres pour aller au plus vite raconter, médire…….
Une commère, quoi, dans toute sa splendeur !

Ne trouvez-vous pas que  mot, « makrelle »,  possède une consonance proche d’un autre mot, français celui-là ?…..
Oui ! C’est tout à fait cela : « Maquerelle » ! Maquerelle ayant pour masculin Maquereau.
Mais, vous ne savez sûrement pas que vers 1278, ce mot, français, s’orthographiait : Makerele, donnant au masculin, maquereaus.

D’où vient ce mot ?
Du néerlandais « makelâre », dont la traduction donne : courtier – intermédiaire, et du verbe « makeln », toujours en néerlandais, que l’on peut traduire en : trafiquer – maquiller.

En français, un maquereau désigne le tenancier d’une maison de tolérance, et non celui qui vit des revenues des gagneuses arpentant le bitume, ce dernier étant dénommé « souteneur » !
Aujourd’hui, il est surtout utilisé comme insulte !

Et puis, il y a tous les mots dérivés, comme toujours :
·         Un maquerellage (XIIIème siècle) qui vers 1538 perdit un « l » pour devenir un maquerelage.
·         Et devint un « maquereautage », vers 1867.
·         Le verbe « maquereller », d’un emploi très rare, qui, en 1549, était employé pour « placer dans une maison de tolérance ».

Tout compte fait, je préfère la makrelle créole, même avec sa curiosité excessive !!!
Beaucoup plus sympathique, enfin, cela dépend pour qui !

mercredi 23 octobre 2019

HISTOIRES VRAIES - LES EMPOISONNEUSES


L'AFFAIRE LAFARGE

Chapitre 2


Un voyage qui ne fut pas de tout repos, en raison des routes défoncées et des étapes dans des auberges plus ou moins confortables.
Un voyage très fatigant et déjà ponctué de réflexions et de disputes conjugales.
Les deux jeunes gens ne se connaissaient que depuis peu de jours et, en si peu de temps, n’avaient pas pu évaluer le réel caractère de l’autre.
Marie Fortunée était un tantinet précieuse et délicate.
Charles était d’un caractère rustre au langage peu raffiné.

La première étape, à Orléans, fut le théâtre d’une première scène. La jeune madame Lafarge, courbatue, fiévreuse, migraineuse, demanda aussitôt arrivée à l’auberge la possibilité de prendre un bain.
Mais, prête à se dévêtir et à entrer dans l’eau chaude réconfortante, la jeune mariée demanda à son époux de sortir de la pièce.
Pudeur de jeune femme que le mari ne comprit pas.
Ce dernier, se voyant exclu, s’emporta violemment dans un vocabulaire des plus fleuris, allant jusqu’à traiter sa jeune épousée de « bégueule » !
Quelle inconvenance !

Il alla même à ajouter : « Qu’est-ce que c’est que ces singeries ! Je vais vous  mettre au pas ! »

Déjà, Marie Fortunée regrettait cette union avec cet homme mal dégrossi, au physique qu’elle jugeait repoussant et qui lui faisait honte en public avec ses débordements démonstratifs de tendresse, aux baisers trop sonores et aux rires extrêmement bruyants. Elle aurait souhaité beaucoup plus de délicatesses et d’attentions amoureuses.

Il y a des rêveries qui sombrent dans le cauchemar le plus horrible.
Le château du Glandier en vue, la déception fut à son comble.

Marie Fortunée s’attendait à découvrir un domaine pittoresque avec parc et jardins fleuris, chevaux de selle et de trait.
Comme lui avait expliqué son époux, en ajoutant qu’il y avait un voisinage proche, composé de personnes de qualité et que sa famille était enchantée de sa venue.
Dans ce paradis, avait-il ajouté, ne manquait qu’une salle de bain, la sienne, pour son propre usage, dont l’installation ne serait tarder.

C’était bien ce que Charles lui avait raconté.
Il avait été jusqu’à lui affirmer qu’il était l’heureux propriétaire du « château de Pompadour » en Corrèze !

La vérité, là devant ses yeux, était bien autre !

Abandonné et saccagé au moment de la Révolution, le Glandier, n’était en réalité qu’un ancien monastère, que la famille Lafarge avait acquis en 1817. Demeure austère au milieu de nulle part, sans aucun voisin à des lieues environnantes.....

Le découragement saisit d’autant plus Marie Fortunée lorsqu’elle entra dans cette demeure sans cœur et sans chaleur. Une succession de pièces froides et tristes, d’une grande saleté, délabrées et démeublées. Marie Fortunée se sentit trahie, trompée.

Adieu parc, jardins fleuris, balades à cheval, réceptions grandioses.......
Comment allait-elle pouvoir vivre dans un pareil taudis ?
Non, ce n’était pas possible !

L’accablement se mut rapidement en révolte, elle alla s’enfermer dans la chambre qui avait été préparée pour le jeune couple, prit une feuille, un encrier et une plume et se mit à écrire......


.

..............  à  suivre ..................

mercredi 16 octobre 2019

Etes vous rogneux ?


Rogner !!

Un verbe qui au XIIème siècle se disait « ruignier »
Rogner ! Exprime le grognement. « Rognnnnnnn !! ».
Rogner ! Terme utilisé pour montrer le mécontentement, la colère. « ROGNNNNNNNNN ! ».
1556, « rogner » était employé pour « ronchonner entre ses dents ».
1611, « rogner » devint « rongnoner ».

Rongnoner !!! N’était-ce pas ce mot qu’utilisait ma grand-mère lorsque, petite, je bougonnais dans mon coin.
Bon, petite précision tout de même, ma grand-mère n’est pas née au XVIIème siècle !
Mais n’était-ce pas une confusion de sa part avec un autre verbe, celui du parler normand : « Rognonner », chantonner entre ses dents.
La question restera posée, ma grand-mère n’est plus là pour y répondre.

Revenons à « Rogner ».
De ce verbe découlent :
·         La rogne, la rongne en 1501, désignant une longue discussion pénible, une négociation ombrageuse.
·         Chercher rogne, en 1701, équivalait à chercher noise, chercher querelle.

« Etre rogneux »  apparut en 1867. Une personne rogneuse, à cette époque, affichait un caractère hargneux, agressif.


Et puis avec le temps, au fil des années, ne reste plus, depuis 1888, que l’expression « être en rogne » qui, synonyme de  ronchonner, bougonner, grogner, indique la mauvaise humeur, l’insatisfaction.
En clair, comme le disait si bien ma grand-mère, « être bâton merdeux » !
Vous savez ce bâton qu’on ne sait pas comment prendre pour ne pas s’en mettre plein les mains !!!!

Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


HISTOIRE VRAIE- LES EMPOISONNEUSES



L'AFFAIRE LAFARGE-CAPELLE


Chapitre 1

« Comme il est laid ! Et quelle tournure ! » pensait Marie Fortunée en regardant son époux, un verre à la main, pavoiser devant les hôtes invités à son mariage.
Laid et mal dégrossi !
Mais sa condition ne lui permettait pas de choisir celui avec lequel elle aurait aimé partager tous ces moments intimes et auprès duquel elle aurait aimé vieillir. Non !
L’amour, elle en avait pourtant rêvé. Elle avait même cru le voir dans les yeux du jeune comte Charpentier. Mais, ce dernier, même si il semblait apprécier sa compagnie, n’était pas pressé de convoler.
Oui, elle aurait pu....... Et bien des pensées confuses affluaient en ce jour qui aurait dû être jour de bonheur.
Oui, elle aurait aimé avoir un mari autrement fait, correspondant plus à ses souhaits, plus à la jeune femme qu’elle était. Ne disait-on pas d’elle qu’elle était charmante, pas belle, certes, mais au physique agréable, au maintien parfait, à l’éducation sans reproche, possédant une instruction lui permettant de tenir une conversation en société. De plus, excellente pianiste, elle était dotée d’une jolie voix.
Mais toutes ces qualités ne suffisaient pas, loin s’en faut ! Il y avait ce petit détail  pesant lourd dans l’escarcelle matrimoniale, le montant de la dot de la jeune fille à marier, et là, Marie Fortunée ne pouvait rivaliser.
Les jeunes filles, dans ce cas, n’avaient qu’un choix limité, entre quelques prétendants, parmi lesquels elles choisissaient le « moins mauvais ». Trop de refus envoyaient la récalcitrante directement au couvent.

Qui était cette jeune femme nommée Marie Fortunée Capelle[1] ?
Pour le savoir, il faut remonter vingt-trois années en arrière.

Marie Fortunée Capelle avait vu le jour à Paris, au 17 rue des Courcelles, le 15 janvier 1816.[2]
Son père, Antoine Laurent Capelle, de petite noblesse, militaire de carrière, avait épousé en novembre 1814, la demoiselle Edmée Caroline Fortunée Alexis Collard de Montjouy.
Marie Fortunée et sa sœur, Jacqueline Pauline, grandirent au château familial de Villers-Hélon dans l’Aisne.
Le premier drame familial fut le décès du père, lors d’une partie de chasse, le 10 novembre 1828.

Edmée Caroline Fortunée Alexis Collard de Montjouy se remaria le 27 novembre 1829 à Villers-Hélon avec Eugène Louis de Coehorn.
Deux autres enfants arrivèrent au foyer, encore deux petites filles :
·         Louise Jeanne le 12 mai 1831 
·         Mélanie Elisabeth le 1er mai 1834[3]

Le sort s’acharna  à nouveau, car Edmée Caroline Fortunée Alexis Collard de Montjouy, veuve  Capelle, épouse de Coehorn, décéda le 5 février 1835 à Strasbourg.

Marie Fortunée, orpheline de père et de mère, fut alors adoptée par sa tante maternelle Louise Madeleine Félicie Collard, épouse du baron Paul Garat.

L’éducation que reçut Marie Fortunée fut des meilleures. Elle aimait la musique, la poésie.... Elle aimait à rêver également. Des rêves d’amour et de vie aisée, de voyages et de réceptions.

Des demandes en mariage, elle en eut, mais aucun des prétendants ne trouva grâce à ses yeux. Et puis, il y eut ce jeune homme, Denis  Guyot qu’elle avait rencontré dans l’église de la Madeleine. Ils s’écrivirent, un temps. Echange de lettres découvert par l’oncle Garat qui aussitôt mit fin à tout cela, par une seule question : « Désirez-vous épouser ma nièce ? ». Le jeune homme ne se sentait pas prêt à fonder une famille.  
Et puis, il y avait eu ce vol de bijoux ! Décidément, cette jeune femme semblait bien rebelle, indomptable, incontrôlable...
A vingt-trois ans, il était grand temps qu’elle prit époux.

Son oncle, le Baron Garat, gouverneur de la Banque de France, contacta une agence matrimoniale.
En raison de sa position, pensa-t-il que sa demande serait plus sérieusement étudiée, lui évitant de fâcheux déboires par la suite ?
Marie eut-elle connaissance de la démarche de son oncle ?
Assurément !
 
Ce fut ainsi que Marie Fortunée fit la connaissance de Charles Pouch-Lafarge, un entrepreneur originaire de Corrèze, en voyages d’affaires à Paris.
Charles Lafarge avait vu le jour le 31 mai 1811 à Vigeois en Corrèze.  Maître de forges, il vivait à Beyssac, dans une grande demeure qu’il appelait son château, demeure connue sous le nom de « Le Glandier ». Il exerçait également la fonction de maire dans cette commune de Beyssac, comptant environs mille âmes.

Un mariage convenu. Un mariage sans amour. Un mariage qui garantissait à Marie Fortunée la position de « femme mariée », et à Charles Lafarge la possibilité de renflouer son entreprise qui croulait sous les dettes.
Le montant de la dot fut-il négocié âprement entre le baron Garat et le futur ?
Un arrangement qui s’avéra au final satisfaisant pour le futur qui reçut 80 000 francs-or, montant de la dot de Marie Fortunée.
Un arrangement bien loin des rêves de la future mariée.

La cérémonie eut lieu le 11 août 1839 en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Le surlendemain, le couple partait pour la Corrèze. Tout le long du chemin, Marie Fortunée ne pensait qu’au château dont lui avait parlé son époux, imaginant le décorer à sa façon et y organisant de grandes fêtes.

Dans la voiture roulant vers son destin, Marie Fortunée, bercée par les cahots du chemin, se laissait aller à la rêverie..........................




[1] On trouve également l’orthographe : Cappelle.
[2] Le 2 août 1821, le couple eut une autre petite fille, prénommée Jacqueline Pauline Hermine Alexis Antonine. La naissance eut lieu à Villers-Hélon dans l’Aisne. Elle se maria le 29 décembre 1842 à Paris, avec Michel Félix Deviolaine.

[3] Les deux fillettes naquirent à Villers-Hélon. Louise Jeanne décéda serait décédée à l’âge de trois ans.

mercredi 9 octobre 2019

Un mot tout bref !!!


A l’envi


Une locution que chacun connaît, plus ou moins, et qui a le sens de «  à ce que chacun souhaite, désir... ».

Mais avant, bien avant......
Cette locution est formée à partir de l’ancien français « envi » qui
·         au XIIème siècle avait la signification  de « défier au jeu » - « provoquer au jeu ».
·         au XVIème siècle, celle de « rivalité », toujours dans le domaine du jeu.
« Jouer à l’envi de », c’était, en 1534, enchérir sans retenue.

Alors, même aujourd’hui, n’hésitez pas à vous amuser, à lire, à voyager.... « à l’envi », à votre convenance, selon votre bon vouloir....
Un mot, somme toute, bien agréable.



Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

HISTOIRES VRAIES - LES EMPOISONNEUSES.....





Des siècles d’empoisonneuses....................


Introduction - De quoi s’agit-il ?


Le poisson fut, de tout temps, un des moyens les plus utilisés afin de se débarrasser d’une personne encombrante.

Pour atteindre les sommets du pouvoir, pour régner en maître absolu, pour hériter d’un parent peu pressé de quitter ce monde, ce fut le remède radical, celui qui ne laissait aucune trace, du moins trace visible de sang par exemple, celui que l’on pouvait faire passer pour une mort naturelle.
Voilà pourquoi, il était nommé « poudre de succession ».
Ne disait-on pas aussi, « bouillon d’onze heures » !

Un moyen toutefois employé surtout par les femmes, celles qui soignaient à partir de plantes qu’elles connaissaient particulièrement bien, réduites en poudre (de perlimpinpin) ou en potion (magique), un mélange savamment concocté introduit dans une boisson ou un mets qui, dosé d’une manière appropriée apportait le résultat escompté : la vie ou la mort.
En réalité, il suffisait de presque rien ! Une plante à petite dose guérissait et dosée plus intensément donnait la mort. Tout résidait dans le coup de poignet.








L’Antiquité, le Moyen-âge, le grand siècle celui de Louis XIV…… toutes ces périodes ont eu leurs empoisonneuses :
·   Agrippine qui s’octroya les services de Locuste afin d’éliminer les rivaux de son fils, Néron.
·         Lucrèce Borgia, avide de pouvoir.







·     Catherine Deshayes dite La Voisin qui, au Grand Siècle, recueillait le sang de nouveau-nés au cours de messes noires, afin de composer poisons et filtres d’amour. Deux mille cinq cents petits, environ, seraient morts ainsi. Un grand scandale à cette époque, impliquant trop de personnes fréquentant la cour du roi et que Louis XIV, monarque régnant, eut grand peine à étouffer.

Des époques qui employaient des « goûteurs », fonction  de peu d’avenir, mais souvent attribuée à des condamnés à mort.




Il n’y avait pas que les plantes, était employée également cette poudre minérale, l’arsenic.
Librement vendue chez les apothicaires pour éliminer les rongeurs, avec recommandations  de ne pas laisser cette substance à la portée des enfants ou proche des aliments, elle fut largement utilisée.
Hélène Jégado, par exemple, née en 1803 à Plouhinec dans le Morbihan, parfumait ses gâteaux avec de l’arsenic. Beaucoup moururent du pêché de gourmandise, avant que la pâtissière-meurtrière, enfin découverte, condamnée à morte, finisse sur l’échafaud,  le 26 février 1852 à Rennes.

Alors, si vous le voulez bien, je vous propose de rencontrer des empoisonneuses, de connaître leur histoire et les raisons de leur geste meurtrier, de leurs gestes meurtriers pour certaines.

Nous allons commencer par Marie Capelle, épouse et veuve de Charles Joseph Pouch-Lafarge dont le décès le 14 janvier 1840 suscita des interrogations.

Je vous donne donc rendez-vous la semaine prochaine pour vous conter toute l’histoire.


mercredi 2 octobre 2019

EN VOILA ENCORE UN MOT QUI SONNE BIEN !


Une entourloupette

C’est joli comme mot !
Il donne envie de rimer...
La fillette en salopette et casquette aime faire des entourloupettes à sa cadette majorette.
Je peux continuer..... non ?

Bon ! Je redeviens sérieuse.

« Entourloupette », mot populaire attesté depuis 1931.
Vous avez sûrement perçu la pointe de malice et de ruse qui se cache dans ce mot qui viendrait de l’argot « enture » et « entourer », ayant le sens de « duper », sans méchanceté toutefois.
Une « entourloupette », c’est un mauvais tour joué à quelqu’un.

Nous trouvons aussi le verbe transitif « entourlouper » (1950).
Et aussi une entourloupe (1947).

Ma grand-mère, que revoilà, utilisait surtout « entourloupe » pour parler, comme elle le disait si bien avec élégance, « d’un coup en vache ».
Je ne savais donc pas que « entourloupette » existait et si je l’avais entendu, je l’aurais qualifié de « petite entourloupe » bien anodine.

Malgré tout, que ce soit « entourloupe » ou « entourloupette », l’action d’entourlouper ne présente à mes yeux qu’un petit péché véniel.


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

PERMIS DE CONDUIRE......


«   C’est qu’avec tout ça, les poules ne vont plus pondre et le lait des vaches va tourner ! »
« Et puis, les accidents !! C’est qu’ils vont vite avec leurs engins. De vrais fous !! »
De tout temps, les nouvelles technologies ont inquiété.
Alors, pour rassurer, il a fallu légiférer.

Voilà pourquoi, en 1893, en raison d’une circulation qui prenait beaucoup d’importance, une circulaire ministérielle créa un « certificat de capacité » permettant de conduire un véhicule.
Ce furent les Ingénieurs des Mines qui furent chargés de faire passer les examens.
En 1893, seulement mille sept cents véhicules circulaient.
Pour obtenir ce document, le futur conducteur (car réservé aux hommes uniquement)  devait être en capacité de démarrer une voiture, l'arrêter et la diriger, mais également posséder quelques notions de dépannage.

Cette même année 1893, un document renseignant sur le véhicule et son propriétaire, qui prit le nom de « carte grise » en raison de sa couleur, fit son apparition.
Il s’agissait essentiellement d’un document attestant  du  «droit de posséder un véhicule à moteur ». Seul le conducteur officiel, détenteur du « certificat de capacité », pouvait posséder un véhicule.
A cette époque la vitesse était limitée à 20 km/h dans les villes et à 30 km/h dans la campagne. 

 

En Mai 1898, Marie Adrienne Anne Victurnienne Clémentine de Rochechouart de Mortemart, par son mariage duchesse d'Uzès, fut la première femme française à obtenir le « certificat de capacité féminin », attribué par la Préfecture de Paris.
3 juillet 1898, cette même Duchesse d'Uzès reçut la toute première contravention, pour excès de vitesse. Elle avait dépassé, dans le bois de Boulogne, les 15 kms/h de la vitesse autorisée dans ce lieu.



Le 18 mars 1899 fut instauré le permis de Conduire en France, mais pour pouvoir passer l’épreuve, il fallait déjà être en possession du certificat de capacité.

En 1910, le principe de signalisation routière fut instauré par André Michelin qui offrit d’ailleurs trois mille panneaux, pour sa mise en place.
Furent implantés à l’entrée de chaque ville un panneau, "VEUILLEZ RALENTIR"  et à leur sortie un autre, "MERCI", sur lesquels étaient également notifiés le nom de la ville et le numéro de la route.
Les premiers panneaux de signalisation, représentant divers pictogrammes illustrant les textes du code de la route, n’apparurent qu’en 1923.
Les premières « auto-écoles » ouvrirent à partir de 1917 et, en 1921, en raison du plus grand nombre de voitures automobiles, le code de la route fut établi par décret.

L’année suivante, le « certificat de capacité » devient « permis de conduire ».
Pour avoir ce permis, il ne fallait plus avoir 21 ans comme précédemment pour le « certificat de capacité », mais 18 ans. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à demander le droit de conduire.
Apparition de la « police de circulation ».
Notification de catégories de véhicules sur les permis de conduire :
« Tourisme », tronc commun obligatoire, « motocyclettes » puis « camions de plus de 3 tonnes » et « véhicules de transport en commun ».

Une  grande première. Dans Paris, le 5 mai 1923, au croisement des boulevards Saint-Denis et Sébastopol le premier « feu rouge » se dressa à trois mètres de haut. Seulement « rouge » et  émettant une sonnerie.

Une invention due à Léon Foenquinos.
Ce ne fut que dix ans plus tard que furent ajoutés « le vert et le orange ».

Suite aux évolutions technologiques de l’automobile, à partir d’avril 1927, en cas d’infraction lourde, la suspension du permis de conduire fut applicable par décret, pour une durée de quelques mois, voire définitivement selon le cas.
 





1931, première convention internationale sur la mise en place des panneaux de signalisation de circulation.


 

Voici les prémices de ce permis de conduire qui maintenant est « à points ».
La législation évolue toujours, mais surtout en prenant en compte les comportements des conducteurs, et notamment dans le cas d’excès de vitesse, de conduite sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue......