mercredi 29 janvier 2020

HISTOIRE VRAIE - DES SIÈCLES D'EMPOISONNEUSES


L'AFFAIRE LAFARGE





Chapitre 15

Suite de l’audience du 5 septembre 1840, après une courte pause accordée à Mme Lafarge-mère.

Une épreuve insupportable pour cette pauvre mère qui devait expliquer les faits.
Chaque mot exprimé, remémorant le drame, était une réelle souffrance la renvoyant au décès de son cher enfant.
Mais elle voulait que justice soit faite, même si c’était à ce prix, elle irait jusqu’au bout de son récit, de la vérité, de  «  sa » vérité, aussi Mme Lafarge-mère prit une grande inspiration et poursuivit, sans rien omettre.

Elle reprit chronologiquement, l’arrivée de Charles, malade ne gardant aucune nourriture.
Elle reprit, la venue du docteur Baudou à son chevet, puis celle du docteur Massena.
Le mal fut attribué à une esquinancie[1].
Elle reprit, l’indifférence de la belle-fille disant que son époux, douillet de nature,  aimait à se faire plaindre, que ce n’était que maladie imaginaire et qu’il n’était point utile de déplacer autant de médecins.
Elle évoqua, le lait de poule que Marie Capelle avait fait pour son époux et sur lequel se trouvait une pellicule de poudre blanche, une poudre blanche que l’on voyait toujours sur les diverses boissons apportées à Charles Lafarge.
Mme Lafarge-mère expliqua qu’elle avait des doutes, et qu’elle s’en était ouverte à sa belle-fille.
M. Denys n’avait-il pas apporté la veille pour vingt sous d’arsenic ? La pauvre mère n’était pas la seule à avoir des soupçons, sa fille, Melle Brun également.
Et voilà que Mme Lafarge-mère d’expliquer qu’elle avait fait porter une tasse avec un restant de lait de Poule afin que M. Eyssartier, pharmacien de son état, en fasse l’analyse. ARSENIC !!!
« Cette révélation fit l’effet d’une bombe et dès ce moment, précisa la pauvre mère, nous ne laissâmes jamais mon pauvre Charles seul avec Marie. Nous ne prîmes aucun repos.»

Mme Lafarge-mère évoqua la dispute avec Marie qui souhaitait qu’elle aille prendre du repos, et ses larmes d’impuissance et de fatigue dans le couloir, le réconfort de M. Bardou.

A la fin du témoignage de la mère de Charles Lafarge, Marie Capelle fut de nouveau interrogée sur ses différents actes, paroles, réflexions. A chaque fois les réponses furent les mêmes : « Je ne m’en souviens pas..... Je n’ai jamais dit cela... Je n’en ai aucun souvenir... C’est inexact.... »

Puis fut entendu, M. Vicau, greffier du tribunal de Brives.
A quel propos ?
A propos des vases, flacons et bouteilles contenant les divers organes et substances, pièces essentielles à la conclusion de l’affaire !
Et la question primordiale fut : « Pensez-vous donc que l’estomac soumis aux expertises ne soit pas celui de Lafarge ? »

Et ce fut de nouveau bataille d’experts !

On en vint aux procédés et réactifs anciens et récents, employés pour détecter des traces d’arsenic dans le corps (notamment l’estomac)  du défunt.
Et là !! Unanimité....
Tous les experts furent d’accord, il ne fut trouvé aucune trace d’arsenic !!

La salle exultait,  applaudissait.
Marie Lafarge joignant les mains, regardant le plafond, remerciait les cieux.

Une brève interruption de la séance fut accordée pour que tous reprennent souffle et commentent le bilan des investigations chimiques.

Le calme revenu, le juge demanda toutefois quelques précisions à M. Dubois, en des termes que chacun ici présent pourrait comprendre aisément. Cet expert conclut :
« Toutes les opérations des chimistes de Brives ont été bien conduites, il était impossible de faire mieux. Si dans l’organe de l’estomac, ils n’ont pas trouvé d’arsenic, c’est qu’il n’en existait pas. Ils n’ont pas trouvé d’arsenic dans les vomissements. Ils l’ont dit franchement. »

Oui, mais, M. le docteur Lespinas émit quelques réticences et demanda que le rapport établi oralement devant la Cour fut écrit, afin qu’il puisse mieux y répondre. Puis il conclut par :
« Je demande qu’on nomme une nouvelle commission et que préalablement la cour ordonne l’exhumation du cadavre. »


 
Et voilà, c’était reparti, chaque expert demandait la parole et y allait de son propre commentaire, demandant que soit nommé d’autres experts pour effectuer les nouvelles analyses chimiques, et que les recherches s’étendent au foie, aux poumons, au cœur.........
M. Orfila[2] fut évincé au profit de M. Devergie[3] .



Devait-on, en raison de l’exhumation et des nouvelles analyses, renvoyer le procès à une date lointaine, plus lointaine, trop lointaine ?
N’était-on pas en train de jouer avec les nerfs de l’accusée qui attendait depuis huit mois son jugement au fond de sa geôle ?
Et tout cela pour permettre à des experts de prouver leur supériorité face à d’autres qui n’avaient pas procédé, comme eux l’auraient fait.
Et puis, il y avait quelques phrases dans le rapport de M. Orfila qui prêtaient à confusion. Il fallait faire toute la lumière.
Et l’avocat général de lancer :
« ....il y a lieu de faire une expertise nouvelle, d’aller dans les entrailles de la terre rechercher les organes du malheureux Lafarge, et les soumettre à une expertise nouvelle.... »
Maître Paillet, lui, jugeait que ce n’était pas nécessaire.

L’audience fut levée. Il serait, dès le lendemain, ordonné l’exhumation du corps.

Après un court instant de joie, ce fut de nouveau la déconvenue. Tout était à refaire.


[1] Esquinancie : nom d’une maladie de la gorge, que les Latins appellent angina, angine qui tend à former des  
                           obstacles dans les voies qui servent à la respiration & à la déglutition, sans que le thorax, les  
                           visceres qui y sont renfermés et l’estomac, y soient intéressés essentiellement.
[2] Mathieu Joseph Bonaventure Orfila : Né sur l’île Minorque, le 24 avril 1787 – décédé à Paris le 12 mars 1853
    – médecine et chimiste espagnol, naturalisé Française en 1808 _ Pionnier de la toxicologie médico-légale.
[3]Marie Guillaume Alphonse Devergie : né le 15 février 1798 – décédé le 2 octobre 1879. Médecin et  
   dermatologue français – médecin des hôpitaux de paris – un des fondateurs de la médecine légale en France.

Croyez-vous à un monde peuplé de petits lutins ?




Facéties  de Gobelins


Les vieilles légendes de n’importe quel pays regorgent de personnages de petite taille, vivant sous terre, dans les arbres ou dans les trous des roches, qui, ne sortant que la nuit, se plaisent à aider les humains (quelquefois), mais surtout à les tourmenter (la plupart du temps).
Ils reçoivent des noms différents, selon les pays ou régions, selon leur caractère ou encore leur lieu de vie,  mais ce qui est certain, c’est qu’ils sont légion !!

Nous ne pourrons pas tous les recenser, cela prendrait trop de temps, aussi, aujourd’hui, nous évoquerons le peuple des Gobelins.

·         Les Gobelins naquirent, dans le vocabulaire, vers 1195, sous l’appellation de « Gobelinus », latin médiéval. Mot issu du latin chrétien « Gobalus » désignant un génie domestique.
·         Le peuple grec avait, lui, la chance d’avoir comme « locataires à titre gracieux » des « Kobalus », sortes de lutins, de génies malfaisants. « Kobalus » nommait aussi un vaurien ou un filou.
·         Les Allemands possédaient aussi dans les coins obscurs de leurs maisons, des « Kobold ».


Gobelin, lutin, des mots qui ne font plus partie du vocabulaire de notre quotidien moderne, si ce n’est pour désigner les très jeunes enfants, mais sont relégués à l’imagerie des contes ancestraux.


Seul reste encore, un quartier de Paris portant leur nom, « Gobelin » où existait au XVIIème siècle, une célèbre manufacture de tapisseries, comprenant plusieurs ateliers.
Pourquoi ?

A l’origine, au XVème siècle, un certain Jehan Gobelin, originaire de Reims, ouvrit un atelier de teinture, quelque part dans le faubourg Saint-Marceau.
Quelques décennies plus tard, ses descendants s’installèrent sur les bords de la Bièvre, faisant fortune dans l’art de la teinture des laines en écarlate de Venise.
Mais ce fut surtout sous le règne de Louis XIV que Colbert centralisa en ce lieu qui garda le nom de son premier propriétaire,  divers ateliers de tapisserie.
Aujourd’hui, cette « manufacture » œuvre toujours, et les tapisseries des Gobelins, aux décors plus modernes à présent, possèdent toujours la même renommée mondiale.

Le nom de « Gobelins », attribué à cette manufacture,  n’a donc rien à voir avec de petits lutins exécutant les tapisseries, tout au long de la nuit. Oh que non !......
Quoique .......



Petite précision concernant les photos des « nains-gobelins » accompagnant ce texte :
Maniant, à loisir, l’art du camouflage, il s’avère très compliqués à savoir réellement à quoi ressemblent vraiment ces êtres. Une seule certitude, ils sont petits !

 
Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

jeudi 23 janvier 2020

HISTOIRE VRAIE - DES SIÈCLES D'EMPOISONNEUSES



LES EMPOISONNEUSES 

L'AFFAIRE LAFARGE




Chapitre 14

Audience du 5 septembre
Suite de l’audition des témoins – rapport des experts.... : demande de renvoi à une autre session.

Huit heures et demie.
La tribune des dames ne fait pas le plein, certaines ayant étaient quelque peu incommodées la veille ayant préféré attendre la fin du rapport des experts et l’étalage de toutes les substances et viscères tranchées menu.

L’accusée entre, appuyée sur le bras de son médecin, le docteur Ventejouls.

Et revoilà la danse-des-pièces à conviction et à commencer par l’estomac qui a travers le verre du bocal présente une apparence noirâtre.
M. Lespinas précise, dans le cas où l’assistance présente ne l’aurait pas remarqué :
« Il est aisé de voir qu’il est dans un état de putréfaction avancée. »

Il sera revenu sur tout cela après les analyses d’experts......

Appelé à la barre, Jean-Jacques Boutin, curé d’Uzerches.
Cet homme d’église, âgé de quarante-quatre ans, devait témoigner sur les liens existant entre les membres de la famille Lafarge, ainsi que sur leur moralité.
« Ce que je peux dire, affirma le curé, c’est que c’est une famille honorable, jouissant de la considération publique et d’une grande réputation. J’avais peu de relations avec cette famille et n’avais été accueillie au Glandier, d’une manière fort cordiale, qu’une seule fois. La famille semblait vivre au sein de la plus touchante union. J’aimais à voir l’œil tendre de cette bonne mère qui caressait son fils, j’aimais à voir cette union intime qui existait entre le frère et la sœur. »

Jean-Jacques Boutin, parlant de Charles Lafarge précisa :
« .... il était plein de douceur, ses manières étaient bonnes .... »
Et concernant le Glandier :
« Le Glandier bien que reculé n’était pas du tout isolé. Il y avait du monde, des ouvriers, une usine, une briqueterie. Cela m’a semblé assez vivant. » 

Puis ce fut Mme Lafarge-mère qui se présenta à la barre.
Ce fut à petits pas mal assurés qu’elle s’avança devant les jurés. En apercevant sa belle-fille, elle ne put retenir ses larmes.
Mme Lafarge-mère ne déposa pas sous la foi du serment, entendue à titre de simple renseignement.
Mme Lafarge-mère déclara se nommer, « Marie-Adélaïde Poutier, veuve Pouch-Lafarge, âgée de soixante-trois ans, demeurant à Faye dans la Haute-Vienne. », puis sur la demande explicite du président de séance commença son récit :
« A l’arrivée de Marie au Glandier, nous étions tous enchantés, et c’est la vérité de dire que nous éprouvions, tous, un bonheur inexprimable. Marie, du moins, nous le crûmes, répondit aux sentiments que nous lui exprimions. Au bout d’une demi-heure, elle demanda qu’on lui donnât une plume et de l’encre ; on s’empressa de lui procurer ce qu’elle demandait. C’était, disait-elle, pour écrire à ses parents et leur donner de ses nouvelles...  Marie s’enferma et écrivit. Quelque temps après on se mit à table, Marie parut fort calme, elle fit les honneurs de la table. En finissant de dîner, Marie dit qu’elle était fatiguée. Son mari lui conseilla d’aller se coucher. Quelque temps après, ne voyant pas mon fils, j’allai à sa chambre et je fus bien étonnée de ce que je vis. Il se frappait la tête avec ses mains, il pleurait, il sanglotait, il paraissait désespéré.... »

Et voilà que réapparaît la lettre, celle écrite par Marie et que tenait dans ses mains Charles Lafarge. Une lettre que venait de lui remettre la femme de chambre de Marie.
Mais que disait donc cette lettre ?
Madame Lafarge-mère l’avait lue et en fit le compte-rendu devant la cour.
« La lettre disait qu’elle n’aimait pas son mari, qu’elle en aimait un autre. Que ce monsieur l’avait quittée... »
La pauvre Mme Lafarge poursuivit entre deux sanglots :
« Mon fils se trouvait à genoux devant son épouse, la suppliant de rester, de rester un mois seulement et de prendre ensuite sa décision. Nous étions tous désespérés. Mon fils était dans un état nerveux des plus déplorables ayant peur que sa femme en vienne à attenter à sa vie, car elle n’arrêtait pas de parler de poison. Le lendemain au réveil, Marie parut très fatiguée, cependant, elle était tranquille. Mon fils savait qu’il ne pourrait pas garder son épouse de force, mais il essaya de la retenir avec beaucoup de prévenances. Puis, la journée se passa comme si rien n’avait eu lieu la veille. Marie s’occupa même de la maison, envisageant quelques modifications à apporter ici et là. Charles semblait apaisé. »
Après avoir repris un peu son souffle, comme si cette confession lui demandait un grand effort, Mme Lafarge-mère poursuivit son récit, expliquant que quelques jours après, Marie eut une espèce d’attaque, un coup de sang, mais qui sembla feinte plutôt que réelle. Le médecin venu au chevet de la malade confirma qu’il n’y avait rien de grave, du moins, physiquement, concluant par :
« Ne vous inquiétez pas tant, elle n’a pas plus de coup de sang que moi. »

Il fut alors question du testament rédigé par Marie en faveur de son époux, testament hâtif, certes, car Marie se déclarait, bien que l’avis du docteur Bardou n’aille pas dans ce sens, « bien malade ».

« A mon avis, conclut Mme Lafarge-mère, et je l’ai dit à mon fils, le document effectué par Marie n’était pas valable. »

Mais ce qui n’était pas très clair, c’était que Charles Lafargue avait fait aussi un testament, puis un second devant M. Lachèze-Hurel.
Pourquoi ?


 Puis le récit se poursuivit pour aborder le séjour de Charles Lafarge à Paris, pendant lequel les deux époux échangèrent des lettres tendres.
« Un jour, poursuivit Mme Lafarge-mère, Marie me demanda de faire pour Charles les gâteaux qu’il aimait tant. Elle lui avait écrit qu’on lui en enverrait. Ne me sentant pas bien, je refusai, mais elle insista. Ne voulant pas la contrarier, je préparai donc les gâteaux et les donnai à Clémentine pour qu’elle les porte au four. Aussitôt cuits, les gâteaux furent portés chez Marie. En effet, Marie les avait placés avec des marrons par-dessus, dans une caisse. Je trouvai l’idée saugrenue, d’autant plus que ces marrons ne valaient rien, tout troués qu’ils étaient. »


Le récit de Mme Lafarge-mère apprit à l’auditoire présent et de plus en plus attentif qu’après l’envoi des gâteaux, Marie se réveillait la nuit en hurlant qu’elle voyait partout des tombeaux et des cimetières, ne parlant que de mort et prédisant : « J’aurai du malheur, oh ! mon pauvre Charles, il va lui arriver du malheur ; je vais recevoir de mauvaises nouvelles. »

Marie s’enquit aussi du temps du veuvage pour une femme[1], répliquant que si cela devait lui arriver, elle ne porterait le deuil qu’une seule année comme à Paris.

« Je ne faisais cas de tous ses bavardages. Puis arriva un courrier par lequel mon fils faisait part de son indisposition. Marie s’inquiéta aussitôt, disant même que si Charles n’allait pas mieux, elle irait elle-même à Paris. Le 5 janvier, mon fils arriva et je vous jure que je fus bien peinée. Il était très pâle avec l’air tout souffrant. Il me parla tout de même de ses affaires, m’assurant que dans six mois, il ne devrait plus rien et qu’il se ferait un revenu de 50 000 francs. Il envisageait se rendre en Angleterre vendre son procédé. Mais les vomissements se multipliaient, il ne gardait aucune nourriture. »

Mme Lafarge-mère, fatiguée, demanda une pause qui lui fut accordée.


[1] A cette époque une femme devait garder le deuil deux années et un homme une seule année.

CONNAISSEZ-VOUS GRIBOUILLE ?



Gribouille !!

En voilà un nom qui résonne encore dans ma mémoire d’enfant... Gribouille, le héros d’un récit de la Comtesse de Ségur !
Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire, je vous la résume en deux mots... enfin en quelques mots !
La femme Thibault, pauvre couturière décède. Elle a deux enfants dont Balylas, garçon simple d’esprit. Avant de fermer les yeux, elle confit son fils, âgé de 16 ans, à sa fille ainée.
Les sottises et gaffes affligeantes de son jeune frère, entraînant malentendus à répétition, donnèrent bien du mal à sa pauvre sœur, Caroline.
Gribouille un garçon faible d’esprit, mais au bon cœur pour lequel j’ai gardé une certaine tendresse.
Voilà pourquoi  le surnom de « Gribouille », avait été attribué au jeune Balylas, car depuis 1522,  il était employé  comme nom commun, pour désigner un personnage naïf et sot.

Remontons le temps !
Le verbe « Gribouiller » est utilisé depuis le XVIème siècle et il pourrait, car d’origine obscure, se rapprocher à d’autres verbes plus anciens encore,  tels, entre autres :
·         « Grabouiller » d’où découleraient : Barbouiller – griffonner.

Mais saviez-vous que « gribouiller » avait eu, à la fin du XVème siècle, le sens de « Gargouiller » en parlant des intestins. En quelque sorte, l’ancêtre des borborygmes.
Vers 1700, « Gribouiller » se rapprocha nettement du sens actuel, car employé pour « écrire ou peindre d’une manière confuse ».

Gribouiller donne un gribouillis :
Rabelais dénommait un diable, un gribouillis, et cela, vers 1532.
Vingt années plus tard, vers 1552, un « gribouillis était un cuisinier.....
Quelle relation pourrait être établie entre diable et cuisinier.... Mystère !!     

Mais attention !!! Nous montons d’un cran vers les sommets.
1926, un gribouillis est un terme artistique qualifiant des hachures en tous sens.
Petit conseil :
Gardez tous les dessins de vos jeunes enfants, peut-être qu’un jour, ils vaudront de l’or !

On jouait, vers 1690, à la Gribouillette.
Un jeu simple consistant à jeter un objet au milieu d’un cercle de joueurs, le gagnant étant celui qui se saisissait de l’objet, le premier.
Cela devait générer une belle pagaille !

Et puis, ce gribouillage qui en 1741 désignait une écriture illisible et quelques années plus tard, un dessin informe.

Alors, maintenant, essayez de déficeler la phrase suivante :
Un gribouilleur (il aurait pu être question aussi qu’une gribouilleuse), un tantinet gribouille, gribouille un gribouillis en attendant que commence la partie de gribouillette.
J’en conviens et ce texte le confirme, de temps en temps, je suis un peu « gribouille », entendez par-là, légèrement désordonnée dans mes rangements .... et aussi un peu dans ma tête !!!
Mais vous en conviendrez, cela ajoute un léger plus à mon charme naturel !!


Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 15 janvier 2020

HISTOIRE VRAIE - DES SIÈCLES D'EMPOISONNEUSES


L'AFFAIRE LAFARGE



Chapitre 13

Vinrent ensuite déposer, les gens de sciences ......

M. Lafosse, pharmacien à Brives, participa aux analyses chimiques.
« Dans les vases ayant contenu l’estomac de M. Lafarge, il y en avait qui étaient couverts d’une simple étiquette et d’autres d’un morceau de toile retenu par une souple ficelle. Plusieurs de ses vases ne portaient pas de cachet. »

M. Lafosse précisa que les divers récipients lui avaient été remis par le juge d’instruction et son greffier.

Pas légal du tout ! Vice de procédure dirions-nous aujourd’hui !!

Et le témoin-pharmacien d’ajouter :
«  L’estomac était dans un verre  recouvert d’une assez mauvaise toile. »
Et il en était de même pour les différentes tasses ayant contenu lait de poule et diverses boissons, déposées par M. Eyssartier, dans l’officine du pharmacien, du vivant de M. Lafarge, pour analyse.

M. Massenat, interrogé sur ces faits, affirma que certains des vases étaient cachetés.

Il fallait faire toute la lumière sur cela, car un poison, en l’occurrence l’arsenic, aurait pu être déposé lors du transfert des divers flacons et de ce fait en fausser l’expertise.

Interrogé sur ce problème, un des médecins experts, M. Tournadou,  ainsi que trois pharmaciens experts (eux aussi) de Limoges, Messieurs Dubois père et fils et Dupuytren[1], témoignèrent que tous les vases été bien fermés, soit avec une toile soit avec un bouchon, mais aucun n’avaient de cachet.

L’estomac de Charles Lafarge se trouvait dans un verre dont le dessus était recouvert d’une mauvaise toile maintenue par une ficelle.
De plus, aucun inventaire des diverses pièces et de leur contenu !
Quelle négligence !

Puis ce furent les explications des diverses autopsies, avec force détails, d’estomac coupé en deux et intestins de plusieurs petits bouts.....
Mais pas que !!!
Il fut extrait d’une caisse les divers vases et bocaux afin que leur contenu soit présenté aux jurés.

A ce moment précis, beaucoup de jeunes femmes (et moins jeunes) sortirent de la salle d’audience précipitamment, mouchoir devant la bouche, prises de hoquets.

Tous les bocaux ainsi rangés, il fallut un temps pour les remettre dans un ordre cohérent, en expliquant ce que chacun d’eux contenaient.
Et cela a pris, en tout, une bonne heure !!
Le vase contenant la moitié de l’estomac fut particulièrement observé, mais à défaut d’identification claire et précise, était-ce bien là une des moitiés appartenant à Charles Lafarge.
ET puis, parmi flacons, vases et bocaux, il y en avait qui n’avait pas été expertisés.
Oui, mais lesquels ?
Et puis certains autres se trouvaient dans un secrétaire à secret en attente d’analyse.

Pas clair tout cela !!!
Pas clair, d’autant plus que le décès du pauvre homme, Charles Lafarge, remontait à janvier 1840 et que le procès se déroulait, là, maintenant..... En septembre.
Maintenus dans un environnement peu propice à la conservation, les morceaux d’organes dans un état de putréfaction avancée, possédaient une coloration noirâtres, peu ragoûtante.  

L’audience prit fin avec le rangement des divers récipients dans la caisse qui fut reclouée ....
Il était l’heure d’aller déjeuner ........

Une audience pour rien.
Une audience qui n’apporta rien.
Des expertises incomplètes ou inexistantes qu’il fallait refaire.



[1] Rien de bien précis sur les experts, sauf pour Pierre Dupuytren, né le 27 mai 1791  à Condat (Hte Vienne) et
Décédé le 18 octobre 1871 à  Paris 5e, à l'âge de 80 ans – Il épousa le 2 août 1820, Limoges, Marie Anne Mezie Puel dont il eut  de nombreux enfants


Les premiers mots de 2020 !!


Je pense que nous aurons encore des mots cette année......


Comment avez-vous commencé l’année 2020 ?
En fêtard, arrosant copieusement l’an nouveau ?
Si ce fut le cas, vous deviez zigzaguer !!

Mais attention.....
·         Avant 1532, nos ancêtres allaient en « zic-zac ».
·         Ce ne fut qu’à partir de 1662, environ, que « zig-zag » apparut.

Ce mot, toutefois, ne s’attribuait pas encore à un quidam.
 
En effet, « zigzag », nom masculin désignait un appareil formé de pièces en « X », articulées, pouvant s’étendre ou se raccourcir.
Cet appareil pouvait avoir une forme de « ziguezague », en ligne brisée.

Un ornement en « zigzags » dessine des motifs en lignes brisées.

Ce ne fut que vers 1740 qu’on utilisa le mot, en parlant d’une personne qui ne marchait pas vraiment « droit devant » !
Ou encore, vers 1772, en parlant d’un individu qui changeait d’opinion selon les circonstances.

-=-=-=-=-

Est-ce que je peux inventer un mot ?
Ah, après tout, je ne suis plus à cela près !!!

Il n’existe pas de « zigzagueurs », quel oubli impardonnable !!
Un homme qui zigzague, ne peut être qu’un zigzagueur ? Non ??

Bon ! le mot est acté !

Un zigzagueur zigzaguant sur la voie publique réfléchissait à la réalisation d’un ornement en zigzag.

Bon, un conseil : ne zigzaguez pas, rappelez-vous que le chemin le plus court d’un point à un autre est la ligne droite.
Et puis, comme le chantait Claude François : « Marche tout droit !!!!!.......... »


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert


mercredi 8 janvier 2020

COMME LE TEMPS PASSE !!!



2020 !!!

Déjà !!
Comme le temps passe !

Je me souviens du temps, celui de bien avant, où je considérais l’an 2000 comme d’une barrière infranchissable, bien plus loin que toute planète au-delà des trous-noirs les plus reculés, pensant que je serais bien vieille lors de ce passage bien improbable en raison du nombre d’années à franchir.
Non de d’là !!
Moi, vieille en 2000 !!
Alors imaginez...... 2020 !!!

Bon, je vous assure que le temps est passé sur moi comme un souffle de fraîcheur rajeunissant !!!
Eh oui !!! Je suis en 2020, bien plus jeune qu’en 2000 !!
Si, si !!!
Bon, il y a bien ici et là (un peu partout d’ailleurs)  quelques petites ridules (Petites ? Des grosses, oui... des crevasses... des gouffres !!!...), mais à part cela, je n’ai, tout comme Julio Iglesias, PAS CHANGEE.
Mais si, mais si..... je suis toujours aussi loufoque !! Et avec l’âge cela ne s’arrange pas, mais devient de pire en pire !!
Oui, mais j’ai passé le cap de l’an 2000, avec vingt ans en prime. Cela explique tout !

2020, il parait que cette année sera un bon cru..... tout va aller pour le mieux puisque 2019 et ses ennuis sont derrière !
Foutaise !!
Superstition !
Comme si changer de numéro d’année, allait faire toute la différence côté positif !
Enfin, pourquoi pas !! Si ça peut aider !

Mais, ce qui est certain, c’est que 2020 sera en effet un bon cru !!
Vin-vin.... un millénaire !! Des cuvées exceptionnelles !!
Pour les amateurs, que du bonheur !!
Et puis, imaginez, une journée de plus pour déguster, car février comptera « vin-neuf » jours..... Oh, pardon Vingt-neuf jours !!!
Une réelle aubaine. Il faut déjà fêter ça, en vidant une bouteille et comme disait mon grand-père dans ce cas précis :
« Et encore une que les autres n’auront pas !! »
En fonction des années, l’entre « Et encore une que » et «  n’auront pas ! » pouvait changer.

Et puis pour ceux qui aime les chiffres, ne surtout pas manquer de faire des chèques ou des courriers les 2 février et 20 février : 02.02.2020 et 20.02.2020.....
Génial ! J’adore !!

Bonne ou mauvaise, cette nouvelle année, il faudra bien la vivre, et jusqu’au bout......  jusqu’en 2021 donc.
Alors, espérons que le 31 décembre 2020, après 366 jours, nous pourrons affirmer qu’elle a mérité un 20 sur 20.

C’est ce que je vous souhaite à toutes et à tous, bien chaleureusement !

Et puis, si vous avez un petit coup de blues, vous pouvez toujours faire un petit tour sur mon blog ou mon face book.........  Mon côté « loufoque » possède un pouvoir irrésistible de fou rire !!!       

HISTOIRE VRAIE - DES SIÈCLES D'EMPOISONNEUSES



des siècles d'empoisonneuses

L'AFFAIRE LAFARGE


Chapitre 12



M. Bardou, en sa qualité de médecin, représentait la science. En cela, tout ce qu’il pouvait affirmer était capital de vérité.
Le silence s’installa sur la salle d’audience.
Monsieur le docteur en médecine Bardou ne fit que confirmer ses dires lors de l’interrogatoire qu’il avait subi, juste après le décès de Charles Lafarge, son patient.
Il avait été appelé dans la nuit du 4 au 5 janvier de la présente année, pour donner des soins à M. Lafarge. Le malade était pris de vomissements continuels, son visage était rubicond, mais son pouls était calme. Il présentait tous les symptômes d’une forte indigestion.
Il prescrivit alors du bicarbonate de soude comme anti-vomitif et ajouta, sur la même ordonnance à la demande de Marie Fortunée Lafarge, de l’arsenic afin de détruire les rats qui pullulaient dans la demeure.
Quelques jours plus tard, Mme Lafarge-mère lui fit savoir que son fils allait de plus en plus mal, aussi le docteur Bardou se rendit au plus vite au Glandier. L’état de Charles Lafarge n’avait, en effet, pas réellement évolué dans le bon sens, aussi afin de ne pas passer à côté d’une maladie grave et rare, Bardou demandant l’avis de deux confrères.
« Je pensais, précisa le médecin, que M. Lafarge était atteint de volvulus et fis une prescription afin d’enrailler cette maladie. Le traitement soulagea le malade. »
Ce fut, hélas un soulagement bien bref, car le médecin fut mandé à nouveau dans la nuit même.
Afin d’apaiser les souffrances de son malade, le docteur lui insuffla dans l’arrière-bouche un peu de poudre d’alun[1], mêlée de sucre.
« Je fus obligé de cesser ce traitement, le malade se plaignant de brûlures à la gorge », expliqua M. Bardou.
Après cette petite précision, M. Bardou poursuivit son récit.
Le 8 janvier, rien de particulier,  Denys, le commis alla chercher un nouveau remède.
Le 10 janvier, un autre médecin, M. Massenat se présenta au chevet de Charles Lafarge. Pour ce second homme de science, le malade ne présentait que des mouvements spasmodiques de l’estomac, d’où les vomissements. Faute de bouillon, il demanda que lui soit donné un lait de poule, afin de faciliter la digestion. Le lait de poule fut aussitôt rejeté. Pensant qu’un aliment plus solide serait plus approprié, le docteur Massenat fit prendre à Charles Lafarge un peu de pain trempé dans du vin. Un succès, car le malade garda ce qu’il venait d’avaler.
« Ce fut alors que je ne me sentis pas bien. Très fatigué. J’étais pressé de rentrer chez moi. Comme M. Lafarge allait mieux, je me suis retiré. Quatre jours après, je me le rappellerai toujours, il faisait un temps épouvantable, à peine remis de mon malaise, j’appris le décès de M. Lafarge. Ah, Monsieur le Juge, j’ai eu à cette minute l’impression d’avoir abandonné le pauvre Lafarge. »

Le juge en vint alors aux résultats de l’autopsie du défunt qui, sans conteste, amena la conclusion suivante :
« La mort avait été occasionnée par un véritable empoisonnement produit par l’acide arsénieux. »

Et ce constat se révéla dans le corps du défunt, dans le lait de poule, dans l’eau panée, dans l’eau sucrée......

A qui appartenait la main assassine qui avait ainsi donné la mort ?
Il restait à présent à le découvrir.
Ce qui était certain, c’était que l’entente entre belle-mère et belle-fille n’était pas au beau fixe.
Le docteur Bardou avait, d’ailleurs, été témoin d’une discussion animée entre les deux femmes.

Haussant fortement le ton, Mme Lafarge-mère avait lancé à sa belle-fille :
« Rien ne m’empêchera de rester auprès de mon fils. Trouvez-le bon, trouvez-le mauvais, rien ne m’empêchera de donner des soins à mon fils »
Quelques instants plus tard, M. Bardou avait trouvé Mme Lafarge-mère, en pleurs dans le couloir, il l’avait réconfortée de son mieux.

L’accusée, à nouveau interrogée sur cette discussion, répéta ce qu’elle avait dit la veille, à savoir qu’elle souhaitait que sa belle-mère, épuisée par trop de nuits sans sommeil au chevet de son fils, prenne un peu de repos.

Puis, il fut question de ce « pauvre Lafarge ».
Maître Paillet[2], avocat de Mme veuve Lafarge,  interrogea le témoin :
«  M. Bardou, n’aviez-vous pas dit que les symptômes que vous avez reconnus chez M. Lafarge pouvaient facilement se concilier avec les phénomènes ordinaires d’une maladie inflammatoire ?
-          C’est exact, c’est bien pour cela qu’au premier aspect, j’ai pris la maladie de M. Lafarge pour un volvulus[3]. Je n’ai eu des soupçons qu’au jour de la mort.
-          N’aviez-vous pas senti un mieux sensible dans l’état de M. Lafarge ?
-          En effet, le 11, il m’a paru mieux.

On évoqua alors le « lait de poule », préparé par Mme Lafarge-mère et sa fille et non par l’épouse Marie Fortunée et donné par petites gorgées au malade par le docteur Massenat.
Puis il fut question de l’autopsie et de ses résultats. 
Maître Paillet :
« N’a-t-on pas remarqué, en pratiquant l’autopsie, qu’il n’y avait aucune lésion à la gorge, et n’a-t-on pas dit qu’on en concluait qu’il n’y avait pas eu d’empoisonnement par l’arsenic. »
M. Bardou :
«  Je ne sais pas ce qu’on a dit ; mais je sais que les médecins ont trouvé des lésions qui les ont décidés à conclure que le malheureux Lafarge était mort par suite d’un empoisonnement. »

Maître Paillet s’enquit ensuite  s’il était possible que de l’arsenic ayant été pris pendant onze jours, à fréquentes reprises, la gorge du malade ait été dans l’état qui a été constaté par le témoin, et si la science donnait, à cet égard, des indications précises ?
Rien d’extraordinaire, selon le médecin, à ce qu’il n’y ait aucune trace, ni dans la gorge, ni dans l’estomac d’un patient était mort par empoisonnent à l’arsenic.
La suite de l’interrogatoire tourna autour de l’arsenic, bien sûr, le docteur Baudou affirmant que l’usage de ce poison était une pratique courante, pas seulement au Glandier, pour détruire rats et souris.
Puis, le président demanda des précisions sur les relations entre les époux Lafarge. Le médecin n’avait-il pas remarqué quelque chose qui aurait pu éveiller ses soupçons ?
« Je ne suis pas un espion, rétorqua le médecin, mais je peux affirmer, sans me tromper, qu’il existait une certaine rivalité entre la mère et la bru que je qualifierai de prééminence. »


M. Jules Lespinas, médecin à Lubersac, fut appelé à la barre.
Jules Lespinas[4] avait trente-et-un ans, il avait vu le jour à Tulle le 30 octobre 1808.
Il expliqua les faits, simplement. A savoir que le 13 janvier dernier, au milieu de la nuit, il fut réveillé par son domestique, lui annonçant  qu’un « monsieur couvert d’un ample manteau le demandait ».
Ce dernier lui annonça tout de go : « M. Lafarge est dangereusement malade.... On craint qu’il ne soit empoisonné. ».
« Serait-ce possible ? » s’était-il écrié.
Puis, il avait envoyé le commissionnaire chez le pharmacien quérir certains remèdes, le temps qu’il se préparât.
Pendant le trajet, Denys, le commissionnaire, ne parla que poison et arsenic.
A trois heures, ils étaient à destination, au Glandier.
« Je trouvai M. Lafarge pâle et amaigri. Ses yeux étaient caves. Il éprouvait une constriction douloureuse à la gorge, était tourmenté par des hoquets fréquents. Ses membres avaient une grande raideur et parcourus de fourmillements et ses extrémités étaient glacées. Il était constipé et n’avait pas uriné depuis plusieurs jours. Je ne sais pas si M. Lafarge-mère était présente, mais je fus pressé de question par Marie Lafarge et Mme Buffière et finis par leur dire que M. Lafarge souffrait d’une inflammation intestinale. »
Jules Lespinas poursuivit son récit, expliquant que Marie Lafarge ayant quitté la pièce, il demanda plus de renseignements à Mme Buffière et à Mlle Brun qui était venue les rejoindre. Pour elles deux, il n’y avait aucun doute et très vite le médecin constata qu’elles avaient raison, il y avait bien « empoisonnement » ! Il quitta le Glandier, pour y revenir peu de temps après, le malade s’étant encore considérablement affaibli.
Ce jour-là, un des derniers de Charles Lafarge, après plusieurs syncopes, Marie Lafarge demanda au médecin Lespinas si elle devait faire appeler le curé. Le médecin acquiesça d’un signe de tête.
Lorsque le curé de Bessac arriva, Jules Lespinas quitta la chambre du malade.
Les derniers soins apportés au mourant ne firent rien pour soulager son état.
Le lendemain matin, au chevet de Charles, se trouvaient Messieurs Boucher et Fleygniol. M. Lespinas se joignit à eux et tous trois échangèrent à voix basse. Conversations où se mêlait souvent le mot « poison ».
Les idées du malade s’embrouillaient de plus en plus, il ne voyait plus, ne sentait plus rien.

Il fut également question de ce petit pot contenant une poudre blanche, découvert par Jules Lespinas dans la commode de la chambre de Charles et dont le docteur, par conscience professionnelle, en préleva une pincée, afin de la soumettre à un examen, dans le cas où Charles Lafarge viendrait à succomber.

Le docteur Lespinas acheva son récit par :
« Je quittai le Glandier  vers les huit heures. »

Voyons maintenant ce que va révéler l’analyse des prélèvements sur le corps de Charles Lafarge.........
Attention, autopsie !!!
Accrochez-vous bien !!



[1] La poudre d’alun : remède à tous les maux car anticoagulant, antiseptique et anti-inflammatoire
[2] Plusieurs orthographes : Paillet – Pailler ......
[3] Volvulus : occlusion du colon, se manifestant par un arrêt du transit (plus de selles ni de gaz). Le patient ressent de violentes douleurs abdominales, puis surviennent des vomissements. 
[4] Jules Antoine Quentin Lespinas convola en justes noces, le 21 juillet 1845, à Lubersac, avec la demoiselle Anne Anaïs Auconsul.