Historiques

jeudi 21 août 2025

Cideville – Une affaire qui a fait la une de beaucoup de journaux – chapitre 13

 


 

Marie Françoise Radulphine Deschamps de Boishébert[1] fut la personne suivante à être entendue.

Âgée de quarante-huit ans, propriétaire vivant de ses revenus, elle était veuve  d’André Hippolyte de Saint-Victor[2] et demeurait à Heugleville-sur-Scie.

 

Elle révéla avoir entendu des bruits, frapper avec intelligence, par une chose, mais quelle chose ?

Elle entama un long discours :

 

« Je lui ai demandé de frapper la mesure de l’angélus lorsque celui-ci sonna à l’église, ce que cette chose fit. Elle frappa aussi le rythme de chansons connues. Le 8 décembre, avant la messe de Cideville, j’ai entendu le jeune enfant qui disait avoir reçu un soufflet d’une main invisible et l’enfant avait la joue toute rouge. Ce même jour, après vêpres, étant au presbytère et tout à fait éloignée des personnes qui se trouvaient là, j’ai senti une force invisible me saisir par ma mante et me donner une forte secousse. Le même jour, j’ai vu trois personnes, assises sur une petite table, et tandis que deux la retenaient, cette table s’en allait malgré leurs efforts. Une de ces personnes était ma femme de chambre, mais je ne connaissais pas les autres.

Un autre jour, j’ai vu l’enfant assis sur une chaise les pieds en l’air et le dos non appuyé sur le dossier de la chaise. La chaise s’agitait par un mouvement que l’enfant ne pouvait lui donner. Puis, ce fut la chute l’enfant d’un côté et la chaise de l’autre. L’enfant était très effrayé de ceci.

Il y a huit jours aujourd’hui, étant seule avec les enfants, j’ai vu les deux pupitres sur lesquels ils travaillaient se renverser par terre et la table par dessus. Le même jour, j’ai porté aux enfants des médailles de saint Benoist auquel j’ai confiance et chaque fois que les médailles étaient posées sur les pupitres, pas le moindre bruit ne se faisait entendre, mais sitôt  les médailles retirées des pupitres, le bruit se faisait entendre.

Hier encore, j’ai vu un chandelier partir de dessus la cheminée de la cuisine et aller frapper dans le dos de ma femme de chambre. Une clef qui était sur la table est arrivée à l’oreille de l’enfant.

Il n’était pas possible que les enfants faisaient ceci, j’observais leurs pieds, leurs mains et pouvais voir tous leurs mouvements.

Je pense que le berger Thorel ne pouvait faire ceci qu’à moins qu’il eût fait un pacte  avec le diable.

Ma mère, Madame de Boishébert, n’a jamais donné l’ordre d’apporter chez elle l’orgue de Cideville.

La première fois que je fus au presbytère de Cideville, j’y arrivais avec un grand sentiment d’incrédulité et avec la conviction que je découvrirai la cause des choses qui s’y passait. »

 

Intarissable, Madame Deschamps de Boishébert !

Elle expliqua bien, par le menu, ce qu’elle avait vu, mais aucune explication à tous ces faits.

 

Elle n’avait pas peur, non, elle pensait à une supercherie, un canular, mais visiblement aucun trucage.

La « chose » était même dotée, selon elle, d’une intelligence.

Les enfants, elle les mettait hors de cause.

Le berger n’aurait pu faire de telles prouesses, à moins que.....

Et voilà que les mots sont lâchés : un pacte avec le diable !!

 



[1] Marie Françoise Radulphine  - née le 19 juillet 1801 à Cideville et décédée le 14 juin 1893 à Rouen – mariage le 10 janvier 1826 à Offranville.

[2] André Hyppolite de Saint Victor – né le 1er décembre 1789 à Ancretiéville-Saint-Victor – décédé le 8 novembre 1857 à Heugleville-sur-Scie.

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