Tout ce qu’on peut en tirer, de tous ces témoignages, c’est qu’ils n’éclaircissent pas la situation.
Est-ce que la prochaine audition va changer la donne ?
Il s’agit du facteur de la poste aux lettres, Nicolas
Boniface Dufour[1],
âgé de quarante-deux ans et demeurant à Yerville.
À cette époque, le facteur passait dans tous les
foyers et connaissait tous les habitants du secteur qu’il desservait. Il
entendait tous les ragots. Il était donc au courant de bien des choses.
Voilà la déclaration du facteur Dufour :
« Le 7 décembre dernier, j’étais à
dîner au presbytère de Cideville. À la fin du repas, j’entendis du bruit en
haut où étaient les enfants. M. Tinel me dit : « Entendez-vous ?
Voilà comme on entend du bruit dans le presbytère. » Je montai en haut,
les deux élèves étaient chacun à un bout de la table, éloignés de 50 à 60
centimètres de cette table. J’entendis frapper dans la muraille. Je suis sûr
que ce n’était pas les élèves qui faisaient ce bruit-là. La table s’avança dans
l’appartement sans que je vis personne la pousser. Je remis la table à sa
place, elle avança de nouveau d’environ trois mètres. Les élèves n’y touchaient
pas. Je redescendais l’escalier. J’étais sur la première marche et je regardais
encore la table, quand celle-ci arriva jusqu’au haut de l’escalier toujours
poussée par une force invisible. Je veux préciser que cette table n’a pas de roulettes
sous ses pieds.
Un dimanche, ayant remis une lettre à M.
Tinel, celui-ci me fit une réponse écrivant sur cette table. Je la voyais s’en
aller de devant de M. Tinel. Cela se passa en présence de M. Cheval.
Jeudi dernier causant avec les deux
petits élèves dans la cuisine du presbytère, j’ai vu une croisée se briser par
une force invisible. »
La personne suivante se nommait Auguste Atanase
Lecontre[2]. Âgé
de quarante ans, il exerçait le métier de charpentier à Cideville, où il
habitait également.
Le charpentier rapporta qu’étant au presbytère, un
dimanche de décembre, il entendit cogner derrière le lambris. Ce bruit était si
fort que la table oscillait, bien que ne touchant pas le mur.
Puis il poursuivit :
« Le dimanche avant Noël
reconduisant le soir M. le Curé et ses deux élèves, sur le chemin une pierre
arriva au milieu de nous. De suite, nous
entrions dans la cour de M. de Cairon, du côté que nous était venue cette
pierre. Il faisait beau clair de lune, nous n’avons vu personne.
Le curé de Mesnil m’a dit que le ramoneur
lui avait rapporté avoir vu les carreaux du presbytère de Cideville se casser
sans qu’il ne vît personne les casser, que même un livre avait passé au travers
d’un de ces carreaux, poussé par une force qu’il n’avait pas vue et que M.
Tinel avait été ramassé ce livre dans le jardin. »
Après cette déposition, Auguste Atanase Lecontre déclara qu’il ne pensait pas qu’on puisse attribuer ces actes au berger.
Vint déposer ensuite Jean Baptiste Leseigneur[3],
cultivateur, âgé de dix-huit ans, demeurant chez son père.
Puis, poursuivit-il, certifiant qu’il avait vu :
« Un marteau partir de dessus la
table, poussé par une force occulte pour aller casser deux carreaux. Un chausson
partir du pied de cet élève (le plus
jeune) et aller casser un carreau. Un
couteau posé dessus la table, une brosse et un morceau de bois qui étaient
auprès du foyer partir aussi dans les carreaux. Un autre morceau de bois quitter
le coin du feu pour aller au milieu de l’appartement. »
La salle bien qu’ayant déjà entendu tous ces faits
retenait son souffle, la peur au ventre devant l’inexplicable.
Jean Baptiste, après cette énumération de projections
d’objets de toute sorte, reprit son récit :
« Je suis certain que ce n’étaient
pas les deux élèves qui faisaient cela.
Un autre jour, étant allé me promener
avec les deux pensionnaires et de la sœur de M. Tinel, étant au milieu de la
plaine sur la route de Cideville en direction d’Auzouville, j’ai vu des
cailloux arriver devant nous, sans nous frapper, lancés par une force
invisible. »
Rien de bien probant dans ces dires. Toujours des
objets projetés, objets domestiques et maintenant des pierres....
Cela me rappelle certains autres faits, entendus
lorsque j’étais enfant, jets de pierres sur les façades de certaines
maisons.....
Alors doit-on en venir à penser, qu’en effet, des forces naturelles s’étaient mises en mouvement ?
Attendons la suite des récits des témoins, mais
ceux-ci sont de moins en moins nombreux.
Quelle tâche ingrate pour le juge de paix qui
devra démêler le vrai du faux, le réel du surnaturel !


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