mercredi 7 mai 2025

Germain.... Mon cousin germain.

 


Mais non ! Il ne s’agit nullement du prénom de mon cousin.

Alors pourquoi germain ?

Vient-il, ce cousin, de Germanie ?

Pourquoi pas, car il n’est pas interdit d’avoir un cousin germain prénommé Germaine habitant en Germanie ! Parfois, la vie a des imprévus surprenants.

 

Mais voilà....

 

Germain, dans ce cas précis, est emprunté au latin germanus = naturel, au sens de :

  • ·         Progéniture.
  • ·         Du même sang.
  • ·         Du même germe.

 

Germain, adjectif, (vers 1160) est employé pour désigner les frères et sœurs de mêmes parents.

 

Aujourd’hui, et depuis 1680, germain n’est employé qu’en parlant de cousins :

  • ·        
    enfants issus des frères et sœurs et ayant les mêmes grands-parents.

 

Seul reste dans notre langage : ce « cousin germain » et bien évidemment son féminin, la cousine germaine.

 

Entre Lisieux et Orbec – Madeleine Morin – chapitre 2

 


Madeleine Morin avait repris le fil de sa vie.

Le 22 juin 1716, alors que le soleil venait tout juste de poindre à l’horizon, Madeleine partit d’un bon pied au bourg de Farvaques.

En chemin, elle fut agressée. Elle reçut grand nombre de coups de bâtons sur la tête, sur l’épaule gauche, au ventre... La douleur fut telle que la pauvre jeune femme perdit connaissance. Ce fut sa sœur qui la découvrit gisant sur le sol la tête couverte de sang.

À la question : « Qui t’a agressée de la sorte ? »

Madeleine répondit : « La voisine..... »

 

Le sieur du Bois, grand chirurgien de Fervaques, vint au chevet de Madeleine afin de la soigner. Il la trouva dans un état pitoyable, avec de multiples contusions : sur le sommet de la tête, sur l’omoplate gauche, sur la région du foie. De plus, elle avait une terrible fièvre et tombait fréquemment en syncope. »

 

Le 10 juillet, le praticien revint visiter Madeleine qui se plaignait de forts maux de tête. Trouvant étrange la contusion sur le sommet du crâne de la blessée, il y pratiqua trois incisions pensant voir apparaître un épanchement de sang. Que ne fut pas sa surprise lorsque qu’apparurent une aiguille et deux épingles qu’il s’empressa d’ôter.

Le 22 juillet, il fit, en raison des grandes douleurs que ressentait Madeleine, huit incisions sur le bras gauche, il en enleva
alors sept épingles et une aiguille.

L’étonnement du grand chirurgien croissait avec le nombre d’épingles recueillies.

Le 10 septembre, le sein gauche de la pauvre femme produit sous le scalpel de l’homme de science six épingles.

Le 28 septembre, sous les fausses côtes de la patiente, du Bois récupéra encore trois épingles.

 

Y avait-il quelque sortilège là-dessous ?

 

Car ce n’était pas fini !

Le 3 novembre, de nouveau auprès de la blessée, ce fut encore du côté gauche, dans la cuisse et la jambe, que furent encore extraites des épingles, au nombre de huit.

 

Le chirurgien malgré toute sa science en matière de médecine ne comprenait rien à tout cela. Il en parla au sieur Lange fils, médecin de ses amis.  Le 10 janvier 1717, ils furent tous deux témoins de l’extraction de sept nouvelles épingles au sein gauche de Madeleine.

Le médecin Lange, perplexe, mais ne croyant pas à quelque possession diabolique, avait émis cette réflexion :

« Si les vomissements de chenilles pouvaient s’expliquer par l’ingestion des fruits et légumes..... mais les épingles ! »

Ils ne pouvaient garder cette étrangeté pour eux, il leur fallait d’autres avis et les médecins de Lisieux furent sollicités. Sur la recommandation de ces derniers, Madeleine Morin fut admise le 28 janvier 1717 à l’hôpital général de Lisieux.

Dans une chambre, sans aucun autre malade, surveillée nuit et jour par deux religieuses, elle fut mise en observation.

 

Et devant de nombreux témoins, le phénomène se poursuivit.

Du 22 janvier, jour de son admission à l’hôpital et jusqu’au 29 avril, ce furent soixante-deux épingles et une aiguille, maintenant sur toutes les parties du corps, côté gauche et côté droit.

Toutes ces épingles furent l’objet d’un minutieux examen.

 

Elles étaient toutes sans tête, de différentes grosseurs et semblaient avoir été étêtées avec des ciseaux. Elles étaient courbées de la même manière.

Celles en fer étaient un peu noires.

Celles en laiton étaient intactes.

 

Avant l’apparition des épingles, la malade était prise d’une forte fièvre et de vomissements de sang.

 

Puis il se formait, à certains endroits, une petite boursoufflure qui grossissait. Il était alors possible de sentir sous le doigt l’aiguille avant qu’elle ne soit à fleur de peau. À ce moment précis, il suffisait d’inciser avec un bistouri et de la recueillir avec une pince.

Sur les incisions ainsi pratiquées, il était appliqué de l’huile d’olive pour une parfaite cicatrisation.

 

Combien de temps dura le phénomène ?

Madeleine Morin sortit-elle enfin guérie de l’hôpital ?

 

Laissons au docteur Lange le temps de rassembler ses notes et de donner son diagnostic.

mercredi 30 avril 2025

Un froc ?

 


Un mot venant de l’ancien haut allemand : ROCK : tunique, habit

Du latin médiéval : KROCCUS : froc de moine (817)

Un froc a longtemps désigné l’habit du moine couvrant la tête, les épaules et la poitrine (vers 1155), puis l’habit monacal en son ensemble (1608).

Quelques expressions :

  • ·         Prendre le froc : se faire moine ou prêtre.
  • ·         Porter le froc ou quitter le froc : XVe siècle.
  • ·         Jeter le froc aux orties (XVIe siècle) : quitter les ordres pour                                                 les  hommes comme pour les femmes.
  •        Un froc désigne aussi un lainage grossier comme celui utilisé           pour confectionner les frocs des moines.

L’argot s’empara du mot (1905), l’employant pour nommer un pantalon.

Quelques mots :

  • ·         Froquer (verbe – fin XVIe siècle) : faire entrer quelqu’un en religion.
  • ·         Un frocard (fin XVIIe siècle) : un moine – mot ayant disparu de notre vocabulaire.
  • ·          Défroquer (verbe transitif) : orthographié deffroquer au XVe siècle – faire quitter le froc.                                                             Participe passé : défroqué.
  • ·         Une défroque, au sens péjoratif, est un babillement étrange.

 

Avec tout ce qui précède, on peut se hasarder à écrire :

Un frocard au froc de froc, nouvellement défroqué, car ayant jeté le froc aux orties, a une défroque peu ordinaire.   

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

Entre Lisieux et Orbec – Madeleine Morin – chapitre 1

 

Madeleine Morin, demeurait dans la paroisse de Courson. C’était une jeune femme simple, aux bonnes mœurs.

En 1715, alors âgée de vingt ans, elle avait eu querelles avec une de ses voisines qui lui avait lancé quelques maléfices en ces mots :

« Autant de paroles je te dirai, ce sont autant de diables qui sont dans ton corps ».

Des paroles, direz-vous.

Mais voilà......

Quelques jours plus tard, Madeleines fut prise de fortes douleurs d’estomac.

Elle ne pouvait garder que peu d’aliments.

Pendant vingt-deux mois, sa seule nourriture, en petite quantité : fruits, légumes et eau.

Mais ce qui fut plus extravagant, c’était que Madeleine crachait, de temps à autre,  des chenilles et même des lézards. Phénomène d’autant plus inquiétant que chenilles et lézards étaient vivants.

 

Tous ces événements d’une extrême bizarrerie ne pouvaient être que la conséquence des paroles lancées par la voisine.

Celle-ci, ainsi que son mari, se retrouva enfermé à la prison d’Orbec.

 

Le sieur du Bois, grand chirurgien de Fervaques, mis au courant de l’affaire, vint visiter la malade. Il préconisa de lui couper les cheveux. Mais pas seulement. Afin de conjurer le sort, il fallait que soit appliqué sur le crâne rasé un pigeon vivant. Ce traitement, coupe et pigeon, pour plus d’efficacité devait être effectué par la jeteuse de sort, à savoir la voisine qui fut sortie de sa geôle pour cette étrange cérémonie.

 

L’ Église s’intéressa à ce cas de possession et conseilla que Madeleine Morin se rende en pèlerinage à Notre-Dame-de-le-Délivrande.

Cela ne coûtait rien d’essayer et Madeleine en bonne chrétienne se rendit dans cette paroisse. L’envoûtée y entendit neuf messes. Au cours des cinq premiers offices, la pauvre Madeleine s’évanouit et vomit jusqu’à vingt-huit chenilles dont certaines de la grosseur d’un petit doigt.

 

De ce pèlerinage, Madeleine Morin revint à Vourson complètement guérie.

Oui, mais......

 

 

mardi 22 avril 2025

Savez-vous ce qu’est un fourgat ?

 

 


Un fourgat, nom masculin (1831), est un receleur.

Un fourgat fait le trafic d’objets volés, ce petit commerce illégal a pour nom, la fourgue (1866)

La fourgue et son fourgat font partie du langage argotique.

Et nous voilà quasiment en terrain familier, car la fourgue vient du verbe transitif, fourguer, découlant lui-même de l’italien frugare = fouiller (XIVe siècle).

Fourguer est également un mot argotique ayant pour définition : vendre des objets volés.

Peu à peu, au fil du temps, la notion de vol s’estompa pour prendre la signification de : vendre (en toute honnêteté) à quelqu’un (1958).

Fourguer, c’est aussi se débarrasser, à bon prix, d’un objet dont on ne veut plus.

 

Un fourgat fourgue sa fourgue avant qu’elle ne soit découverte par les autorités !!!

Prudence, prudence !!

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

Entre Lisieux et Orbec

 



La semaine prochaine, je vous emmènerai dans la paroisse de Courson dans le département du Calvados, au début du XVIIIème siècle, afin de vous présenter Madeleine Morin.

 

Pourquoi cette jeune femme et pas une autre ?

Parce que Madeleine Morin eut quelques petits démêlés avec une voisine et que ceux-ci eurent des conséquences, et pas les moindres, dans sa vie.

 

Un peu de patience et je vous raconte tout......

mercredi 16 avril 2025

Vous arrive-t-il d’être fourbu (e – us – ues) ?

 

Fourbu est un adjectif, participe passé du verbe fourboire (1400).

Que signifie fourboire ?

Boire fortement : boire avec excès et de là : se fatiguer de trop boire.

Il faut préciser que celui (ou celle) qui boit trop.... et surtout de l'alcool... risque d'avoir un bon mal de tête, ce qui fatigue énormément.

 

Fourbu qualifie une personne très fatiguée (1546). En cette année 1546, Rabelais utilisa ce terme dans ses écrits.

L’adjectif fourbu s’attribue également à un cheval atteint d’une inflammation des tissus du pied (1563).

Cette inflammation prit également le nom de fourbure (nom féminin - 1611).

 

Un article bien court qui ne m’a pas trop fatiguée. Je ne suis donc pas fourbue !


Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert