La personne suivante qui apporta son témoignage n’avait pas encore la réputation qu’il acquit une décennie plus tard.
Il s’agissait de Louis Charles Alfred Frotier de
Bagneux, âgé de 33 ans, propriétaire demeurant à Limésy.
Fils de Paul Zénobe Louis Marie et Virgine Baude de
la Vieuville, né le 10 septembre 1816 à Amiens, il décédera le 30 mars 1899 à
Paris. Son corps sera inhumé à Limésy (76).
Il sera Député de la Seine-Inférieure du 8 février
1871 au 7 mars 1876.
En octobre 1898, il offrira une verrière
représentant Saint-Louis à l’église de Limésy.
Mais avant revenons au procès qui nous intéresse
présentement et aux dires de Louis Charles Alfred Frotier de Bagneux.
Il précisa n’être venu que deux fois au presbytère
La première fois, il avait rencontré le curé Tinel
qui lui avait fait un rapport détaillé des manifestations.
La seconde fois, c’était le 31 décembre. Ce jour-là,
il avait entendu des frappements et une voix qui chantait « La Marseillaise »
et « Au clair de la lune ».
Rien de plus.
La personne suivante se nommait Auguste Huet. Âgé de
48 ans, propriétaire vivant de ses revenus, il demeurait également à Limésy.
Voilà le récit qu’il fit :
« Ce devait être le lundi 9
décembre dernier, je suis venu au presbytère accompagné de Messieurs les
curés du Saussay et de Limésy ainsi que de monsieur Henry. En arrivant, je vis
monsieur le curé de Cideville très en colère. Il poussait par les épaules un
homme en blouse, vociférant « Allez-vous en ! Je ne veux pas vous
parler ! »
Je demandais alors à monsieur
Tinel : « Qu’est-ce que vous avez ? Et il me répondit :
« « Voilà le malheureux qui faisait les bruits dans mon presbytère et
le petit vient de le reconnaître pour
l’homme qui le poursuivait depuis treize jours. »
Puis, dans la pièce principale, je
demandai de frapper des coups et quatre coups furent frappés. Je demandai alors
« frappe autant de coups qu’il y a de lettres dans mon nom et ils furent
frappés exactement.
L’enfant, Gustave Lemonnier, était
présent, bras croisés et je peux vous affirmer que ce n’était pas lui l’auteur
des coups.
En repartant, discutant avec les
personnes qui m’avaient accompagné, nous en déduisîmes que ces choses ne
pouvaient s’expliquer que par la ventriloquie. »
Pierre Maxime Onésime Henry[1],
succéda à Auguste Huet.
Monsieur Henry, quarante-cinq ans, vivait à Limésy,
exerçait le métier de fabricant.
Son témoignage commença par la scène au cours de
laquelle le curé Tinel repoussait un homme en blouse, le sommant de quitter les
lieux.
Le jeune élève du curé, présent, lui avait dit avoir
reconnu l’homme qui le pourchassait depuis plusieurs jours.
Vint alors déposer, Adolphe Cheval[2],
quarante ans, cultivateur demeurant à Cideville.
« Par une lettre, celle déposée au
dossier, j’ai invité Thorel à se présenter chez moi à la mairie où il s’est
trouvé avec Monsieur Tinel. En voyant le berger, le curé s’écria : «
Ne m’approchez pas ! Ne me touchez pas ! Je vous défends expressément
de me toucher ! »
Thorel avança néanmoins vers le curé qui
reculait jusqu’au mur. Acculé et devant Thorel qui avançait toujours vers lui,
le curé lui asséna plusieurs coups de canne sur le bras. Thorel se jeta alors
spontanément à genoux en demandant pardon.
« De quoi demandez-vous
pardon ? »
Thorel ne répondit pas à cette question,
mais il vint m’embrasser.
« Comment Cheval, vous vous laissez
embrasser par un pareil être, il faudrait mieux embrasser un ours ! »
dit monsieur Tinel.
Quant à Thorel, il pleurait, me
suppliant : « Priez monsieur le curé que les affaires en restent
là ! »
Trois jours plus tard, alors que j’étais
à la charrue, Thirel est venu me trouver pour me dire : « Il y a trois
semaines que Gosselin est sorti de prison. Il est venu me voir. Il en veut à
monsieur le curé parce que monsieur le curé l’avait empêché de gagner sa vie,
parce que lui, Gosselin, était venu chez un malade dans la commune pour le
guérir. »
Thorel m’avait également précisé que
Gosselin était un homme très instruit, qu’il était très savant et qu’il pouvait
lutter contre un prêtre et capable d’avoir produit ce qui se passait dans le
presbytère. »
Alors, ne serait-ce pas le dénommé Gosselin l’auteur
des bruits, des déplacements d’objets.... Car il y aurait eu déjà des
événements bien étranges que certains avaient vus et qui émanaient du pouvoir
de Gosselin le guérisseur.
Guérisseur... Jeteur de sorts.....
Adolphe Cheval avait encore beaucoup à dire car en sa
qualité de premier magistrat de la commune de Cideville, il récoltait beaucoup
de confidences... oui, oui... et, lui, n’était pas astreint au secret de la
confession.