lundi 17 juillet 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 16.



Dans la cour du collège, en ce jour de rentrée, ce fut pour la plupart des élèves un grand moment de retrouvailles. Eclats de rires, embrassades et potins de vacances emplissaient l’espace.
Les élèves s’inquiétaient peu de l’année scolaire à venir, profitant des quelques instants de sursis avant la sonnerie dictatoriale, les rappelant à l’ordre et imposant un silence que peu respectait.
Le principal  et le surveillant général, listes en main, appelèrent les élèves qui se regroupèrent à l’appel de leur nom, afin de former l’effectif de chaque classe.
Des cris de joie éclataient lorsque deux amis inséparables se retrouvaient ensemble.
Jeanne avait, comme tous les autres, retrouvé ses copains. Les discussions avaient tourné autour des vacances passées, mais pas si lointaines.
La vantardise était de mise, car chacun avait passé des moments inoubliables au superlatif plus, plus .....
Jeanne écoutait sans un mot, et son silence l’avait rendue, aux yeux des autres, totalement inintéressante, inexistante même !
Le brouhaha crescendo et decrescendo tour à tour, fut, à la fin de l’appel, accompagné du bruit des pas des rangs en marche et du claquement des portes ouvertes à la volée et retombant lourdement.

Dans la salle attribuée à son niveau, Jeanne alla s’asseoir tout au fond.
Ses amis, Océane, Lucie et Tristan, vinrent la rejoindre. Océane murmura :
« Ça va, Jeanne ?
Jeanne acquiesça d’un mouvement de tête.
« Ça a pas l’air. Tu n’as rien dit !
-          On se tait, cria le professeur qui aussitôt se présenta comme le professeur principal de leur classe et chargé de leur enseigner l’anglais.

Le prof cocha la feuille de présence et énonça la liste des fournitures indispensable pour bien travailler tout au long de l’année et que tous, bien évidemment, devaient se munir dès le lendemain. Puis, il demanda à chacun d’expliquer en anglais, bien sûr, ce qu’il avait fait pendant les deux mois de vacances, corrigeant prononciation et fautes grammaticales, rappelant la déclinaison des verbes irréguliers et précisant le vocabulaire. Des rires fusaient de temps à autre ainsi que quelques commentaires vite réprimés.

Arriva le tour de Jeanne qui sembla paniquée un instant. Puis, après quelques minutes de réflexions, elle prononça :
« Nothing !
-          Nothing ? répéta le professeur étonné qui s’attendait à tout sauf à cette réponse.
-          What did you do during the summer ? insista le professeur, pensant à une grande timidité de la part de son élève face aux autres.
Mais celle-ci répéta clairement : « Nothing ! »
Jeanne se mura alors dans un silence obstiné au point que le professeur n’insista pas et passa à l’élève suivante, Océane, qui se lança dans une interminable narration, une « british-tirade » que le professeur dut faire cesser afin de laisser la parole aux autres

Petit à petit, Jeanne s’isola du groupe d’amis dont elle faisait partie jusqu’à présent. Les autres, ne la trouvant plus intéressante la délaissèrent aussi.
Des amis ? Etaient-ils réellement des amis ?
Aucun n’avait cherché à savoir pourquoi ce « Nothing », et pourquoi, elle, si joyeuse était devenue si sombre.
Sombre ? Non, ils la trouvaient ennuyeuse, triste comme un bonnet de nuit, bêcheuse, même !

Ce fut ainsi, qu’au cours du premier trimestre, Jeanne s’était rapprochée d’une adolescente effacée, cible de toutes les farces et méchancetés des autres, tout simplement parce qu’elle ne possédait pas de portable et dont les vêtements étaient « ordinaires », et non des marques à la mode..... N’était-ce pas aussi, parce qu’elle était une bonne élève ?
Trop de différences forcent le rejet !

Jeanne et sa nouvelle amie, Solène, passaient beaucoup de temps ensemble à discuter et réviser les cours. Mais ne croyez pas qu’elles ne riaient jamais ! Non, du tout !

« Quel changement ! »  pensa Caroline surprise et ravie, en constatant les premières notes des contrôles de sa Jeannette.
Que s’était-il produit ?
Quel avait été le déclic de ce changement ?
Mais, elle n’osa formuler sa pensée à son ado de fille, mieux valait être prudente, se contentant d’apprécier à sa juste valeur, sa « nouvelle positive attitude ».


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.