Un usurier condamné
28 juin 1782
Le Parlement de Toulouse a donné
depuis peu, contre un usurier, un juste exemple de sévérité :
puisse-t-il effrayer à jamais ces ennemis
de leurs concitoyens, qui sacrifient à une cupidité criminelle, ceux qui ont
besoin de leurs secours !
François Fournier Ravisson,
Marchand du lieu de Fontavines, se faisoit un plaisir de prêter de l’argent à
toutes personnes qui vouloient recourir à sa bourse, mais à raison de 60 pour
cent d’intérêt : encore vouloit-il que l’on fît un cadeau à sa femme, à
titre d’épingle, en faveur de la négociation. Il exigeoit de plus que l’emprunteur
donnât un repas dans la meilleure auberge du lieu de sa résidence, à raison de
3 liv. par tête, de maniére (sic) que celui qui avoit besoin d’une somme réelle
de 300 liv. étoit forcé, pour satisfaire aux conditions prescrites, de
consentir sa lettre de change, ou son billet, de 498 liv. selon le calcul
suivant :
Argent compté 300 liv.
Bénéfice, 60 pour cent 180 liv.
Cadeau à la femme 9 liv.
Repas pour 3 personnes 9 liv.
Total 498
liv.
Le procès ayant été fait à
Rabisson, Arrêt du 321 Septembre 1781, qui l’a condamné, pour fait d’usures
& anatocismes, à être attaché au carcan, avec un écriteau devant &
derriere (sic), portant ces mots : Usurier public, pendant 3 marchés
consécutifs ; en 1200 l. d’aumône envers les pauvres du lieu de S.
Agreve ; à 5 liv. d’amende envers le Roi, & au banissement (sic) du
ressort pour 10 ans.
Cet Arrêt est rapporté dans le
volume du mois de Mars 1782, des Causes célebres (sic) curieuses de MM.
Desessarts & Richer, Avocats au Parlement.
60
% d’intérêt ! Voilà qui est criminel en effet.
Le
repas ..... Il n’y a pas de petit profit !
Le
cadeau à l’épouse ! Avec les intérêts qu’il prenait, cet homme aurait pu
les payer lui-même.
Usurier,
certes, mais aussi avaricieux !
J’aurais
aimé vous en dire plus sur ce fieffé coquin ! Mais, il portait un nom bien
courant et l’article ne donne pas trop de renseignements.
Après
le procès, cet homme et sa famille ont sûrement plié bagages et sont partis
bien loin, sans demander leur reste.
Les
« Causes célèbres curieuses de MM. Desessarts & Richer, Avocats au Parlement »
auraient pu me dévoiler les informations que je souhaitais. Les écrits y sont
fort intéressants et il faudra que je retourne les consulter. Mais concernant
l’usurier dont il est question, je n’ai rien trouvé.
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