Un procès retentissant.
Sur le banc des accusés un prêtre.
Un prêtre sur lequel furent trouvées, par les médecins, les
marques du diable.
Un prêtre qui après interrogatoires et tortures avoua avoir
pratiqué des enchantements, avoir célébré des messes noires, avoir organisé des
sabbats avec abus sexuels.
Il ne cita que le nom de Madeleine, aucun autre nom, même pas
ceux des trois religieux qui l’accompagnaient.
Le 18 avril 1611,
Rabusse, le procureur-général conclut à la condamnation de Gaufridy, et requit
qu’il fût brûlé vif, après avoir été dégradé des ordres sacrés par l’évêque de Marseille.
Le 30 avril 1611, le Président du Parlement de Provence,
Guillaume du Vair, déclara le prêtre Gaufridi coupable de rapt, séduction,
magie, sorcellerie sous les acclamations du public venu entendre le verdict.
« Dit a été que
la Cour a déclaré ledit Louis Gaufridy atteint et convaincu desdits cas et
crimes (rapt, séduction, impiété, magie, sorcellerie et autres abominations) à
lui imposés ; pour réparation desquels l’a condamné et le condamne d’être
livré entre les mains de l’exécuteur de la haute-justice, mené et conduit par
tous les lieux et carrefours de cette ville d’Aix accoutumés, et au devant de
la grande porte de l’église métropolitaine de Saint Sauveur dudit Aix faire
amende honorable, tête nue, et pieds nus, la hart au col, tenant un flambeau
ardent en ses mains, et là à genoux demander pardon à Dieu, au Roi et à la
justice, et ce fait, être mené en la place des Prêcheurs de ladite ville, et y
être ars et brûlé tout vif sur un bûcher qui, à ces fins, y sera dressé,
jusqu’à ce que son corps et ossements soient consumés et réduits en cendres, et
icelles après jetées au vent; et tous et chacun ses biens acquis et confisqués
au Roi; et avant être exécuté, sera appliqué à la question ordinaire et
extraordinaire, pour avoir de sa bouche la vérité de ses complices; et
néanmoins avant que de procéder à ladite exécution, sera mis préalablement
entre les mains de l’évêque de Marseille son diocésain ou, à son défaut,
d’autre prélat de la qualité requise, pour être dégradé à la manière
accoutumée.
Fait au parlement de
Provence séant à Aix et publié à la barre et audit Gaufridy en la conciergerie,
le trente avril 1611. »
Louis-Jean-Baptiste Gaufridy fut conduit au lieu de son
supplice, accompagné de deux capucins.
La scène montrait un homme effrayé marchant vers la mort, tête et pieds nus, la corde au cou, un
flambeau à la main. L’homme était alors bien loin de celui qui quelques
années auparavant avait été ordonné prêtre dans l’église de son village natal.
À Aix, place des Prêcheurs, la foule attendait, impatiente.
Certains spectateurs, afin de ne rien perdre du spectacle, s’étaient hissés sur
les branches des arbres.
Un bien triste moment et pas simplement pour le prêtre défroqué.
En effet, un enfant chuta d’un arbre et se rompit le cou.
Le chevalier de Montouroux assassina un gentilhomme
et blessa d’un coup de poignard une jeune fille assistant à l’exécution.
Lorsque le bûcher fut refroidi, les cendres du supplicié furent dispersées
au vent.