mercredi 4 décembre 2024

Le procès – chapitre 4

 



Un procès retentissant.

Sur le banc des accusés un prêtre.

Un prêtre sur lequel furent trouvées, par les médecins, les marques du diable.

Un prêtre qui après interrogatoires et tortures avoua avoir pratiqué des enchantements, avoir célébré des messes noires, avoir organisé des sabbats avec abus sexuels.

Il ne cita que le nom de Madeleine, aucun autre nom, même pas ceux des trois religieux qui l’accompagnaient.

Le 18 avril 1611, Rabusse, le procureur-général conclut à la condamnation de Gaufridy, et requit qu’il fût brûlé vif, après avoir été dégradé des ordres sacrés par l’évêque de Marseille.

 

Le 30 avril 1611, le Président du Parlement de Provence, Guillaume du Vair, déclara le prêtre Gaufridi coupable de rapt, séduction, magie, sorcellerie sous les acclamations du public venu entendre le verdict.

« Dit a été que la Cour a déclaré ledit Louis Gaufridy atteint et convaincu desdits cas et crimes (rapt, séduction, impiété, magie, sorcellerie et autres abominations) à lui imposés ; pour réparation desquels l’a condamné et le condamne d’être livré entre les mains de l’exécuteur de la haute-justice, mené et conduit par tous les lieux et carrefours de cette ville d’Aix accoutumés, et au devant de la grande porte de l’église métropolitaine de Saint Sauveur dudit Aix faire amende honorable, tête nue, et pieds nus, la hart au col, tenant un flambeau ardent en ses mains, et là à genoux demander pardon à Dieu, au Roi et à la justice, et ce fait, être mené en la place des Prêcheurs de ladite ville, et y être ars et brûlé tout vif sur un bûcher qui, à ces fins, y sera dressé, jusqu’à ce que son corps et ossements soient consumés et réduits en cendres, et icelles après jetées au vent; et tous et chacun ses biens acquis et confisqués au Roi; et avant être exécuté, sera appliqué à la question ordinaire et extraordinaire, pour avoir de sa bouche la vérité de ses complices; et néanmoins avant que de procéder à ladite exécution, sera mis préalablement entre les mains de l’évêque de Marseille son diocésain ou, à son défaut, d’autre prélat de la qualité requise, pour être dégradé à la manière accoutumée.

Fait au parlement de Provence séant à Aix et publié à la barre et audit Gaufridy en la conciergerie, le trente avril 1611. »

 

Louis-Jean-Baptiste Gaufridy fut conduit au lieu de son supplice, accompagné de deux capucins.

La scène montrait un homme effrayé marchant vers la mort, tête et pieds nus, la corde au cou, un flambeau à la main. L’homme était alors bien loin de celui qui quelques années auparavant avait été ordonné prêtre dans l’église de son village natal.



 À Aix, place des Prêcheurs, la foule attendait, impatiente. Certains spectateurs, afin de ne rien perdre du spectacle, s’étaient hissés sur les branches des arbres.

 

Un bien triste moment et pas simplement pour le prêtre défroqué.

En effet, un enfant chuta d’un arbre et se rompit le cou.

Le chevalier de Montouroux[1] assassina un gentilhomme et blessa d’un coup de poignard une jeune fille assistant à l’exécution.



Lorsque le bûcher fut refroidi, les cendres du supplicié furent dispersées au vent.

 

 



[1] Aucun renseignement concernant ce chevalier et les raison de son geste assassin.

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