Cette
expression « tomber dans le panneau » ne veut absolument pas dire se
fracasser la tête, par inadvertance,
contre un panneau indicateur. Que nenni !
Alors ?
Panneau.
Ce
mot longtemps écrit « panel – pannel » à la fin du XIVème
siècle, pris sa forme actuelle au cours du XVIème siècle.
Ce
nom désigna d’abord divers objets en tissus comme
·
Un coussinet de selle (1160 – 1274)
·
Un morceau de tissu utilisé comme guêtre (12160 – 1174)
·
Un morceau d’étoffe en couture (1213)
A
partir de 1213, il commença à désigner une surface rigide en architecture, en
menuiserie ou en décoration.
Mais
ce mot passa aussi dans le vocabulaire de
la chasse, désignant un filet tendu pour prendre le gibier (1285).
Sens
que l’on retrouve dans l’expression « tomber dans le panneau » ou
encore « donner dans le panneau », c'est-à-dire « se faire
prendre », « se laisser piéger ».
Jean
de la Fontaine a, d’ailleurs, usé de ce terme dans sa fable, « L’Ours et les
deux Compagnons ».
Deux compagnons, pressez d’argent,
A leur voisin Fourreur vendirent
La peau d’un Ours encor vivant ;
Mais qu’ils tuëroient bien-tos ; du moins à ce qu’ils dirent.
C’eſtoit le Roy des
Ours au compte de ces gens.
Le Marchand à sa peau devoit faire fortune.
Elle garentiroit des froids les plus cuisans.
On en pourroit fourrer plutost deux robes qu’une.
Dindenaut prisoit moins ses Moutons qu’eux leur Ours.
Leur, à leur compte, & non à celui de la Beſte.
S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours,
Ils conviennent de prix, & ſe mettent en queste,
Trouvent l’Ours qui s’avance, & vient vers eux au trot.
Voilà mes gens frappez comme d’un coup de foudre.
Le Marchand à sa peau devoit faire fortune.
Elle garentiroit des froids les plus cuisans.
On en pourroit fourrer plutost deux robes qu’une.
Dindenaut prisoit moins ses Moutons qu’eux leur Ours.
Leur, à leur compte, & non à celui de la Beſte.
S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours,
Ils conviennent de prix, & ſe mettent en queste,
Trouvent l’Ours qui s’avance, & vient vers eux au trot.
Voilà mes gens frappez comme d’un coup de foudre.
Le marché ne tint
pas ; il fallut le résoudre :
D’interests contre l’Ours, on n’en dit pas un mot.
L’un des deux Compagnons grimpe au faiste d’un arbre ;
L’autre, plus froid que n’est un marbre,
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent ;
Ayant quelque part oüy dire
Que l’Ours s’acharne peu souvent
Sur un corps qui ne vit, ne meut ny ne respire.
Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
Et, de peur de supercherie
D’interests contre l’Ours, on n’en dit pas un mot.
L’un des deux Compagnons grimpe au faiste d’un arbre ;
L’autre, plus froid que n’est un marbre,
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent ;
Ayant quelque part oüy dire
Que l’Ours s’acharne peu souvent
Sur un corps qui ne vit, ne meut ny ne respire.
Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
Et, de peur de supercherie
Le tourne, le
retourne, approche son museau,
Flaire aux passages de l’haleine.
C’est, dit-il, un cadavre ; Ostons-nous, car il sent.
A ces mots, l’Ours s’en va dans la forest prochaine.
L’un de nos deux Marchands de son arbre descend,
Court à son compagnon ; lui dit que c’est merveille,
Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal.
Et bien, ajoûta-t-il, la peau de l’animal ?
Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ?
Car il s’approchoit de bien prés,
Te retournant avec sa serre.
Il m’a dit qu’il ne faut jamais
Flaire aux passages de l’haleine.
C’est, dit-il, un cadavre ; Ostons-nous, car il sent.
A ces mots, l’Ours s’en va dans la forest prochaine.
L’un de nos deux Marchands de son arbre descend,
Court à son compagnon ; lui dit que c’est merveille,
Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal.
Et bien, ajoûta-t-il, la peau de l’animal ?
Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ?
Car il s’approchoit de bien prés,
Te retournant avec sa serre.
Il m’a dit qu’il ne faut jamais
Vendre la peau de
l’Ours qu’on ne l’ait mis par terre.
Alors au sens propre comme au sens figuré, évitez
de « tomber dans le panneau », cela vous évitera des ecchymoses ou
des bleus à l’âme !
Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire
historique de la langue française » Le Robert
avez-vous un lien avec une certaine "fanchon" de caudéran ?
RépondreSupprimerBonjour !
SupprimerC’est avec un peu de retard que je réponds à votre question.
« Non, je ne pense pas avoir un lien avec la personne nommée « Fanchon » dont vous me parlez.
Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
Puis-je me permettre une petite question ?
Comment avait vous accédé à mon blog ?
Aviez-vous une recherche particulière, si oui, laquelle ?
Vous êtes peut-être une lectrice assidue......
Si c’est le cas et que mon blog vous intéresse, merci de le recommander.
Cet espace, je l’ai créé pour échanger........
Bonne fin de journée
Merci de votre réponse. J'ai tapé le prénom et le nom(identique au votre) d'une amie d'enfance née en 1952 que je recherche dans Google et je suis tombée directement sur votre blog, très abondamment fourni en écrits divers.J'ai une préférence pour vos articles "historiques".
RépondreSupprimerBonjour !
RépondreSupprimervotre réponse m'a interpellée.
je pourrais être, en effet, cette amie d'enfance.
pouvez-vous m'en dire plus, confidentiellement, car les commentaires passent d'abord par ma boite mail personnelle et je peux avant de les publier en prendre connaissance et garder les propos personnels tout à fait "top secrets" !.
bonne soirée