Dans
un jardin fleuri et parfumé, se promenaient trois princesses.
Le
temps était radieux en ce milieu de matinée de début de printemps. Mais, malgré
cette douceur, les trois jeunes filles affichaient un air soucieux.
« Comme
tu es pâle ce matin, dit l’une d’elles, prénommée Rose.
-
Oui, je me sens fatiguée, répondit la
seconde qui avait reçu le prénom de Lilas. Mais tu n’as pas beaucoup de
couleurs non plus.
La
troisième, au doux prénom de Capucine, prit alors la parole.
« Je
me sens lasse également. Et.... j’ai fait un rêve étrange cette nuit.
A
cette remarque, Rose et Lilas furent très étonnées. Elles se regardèrent avant
de demander d’une seule voix :
« Un
rêve ? Lequel ? Raconte !
Capucine
hésita un moment. Ses sœurs allaient-elles la croire lorsqu’elle leur
dévoilerait son rêve ?
Mais,
était-ce bien un rêve, car tout cela lui avait semblé si réel ?
« Alors ?
s’impatienta Rose.
-
Alors, un homme, vêtu de noir,
s’approchait de moi.
Rose
et Lilas retinrent leur souffle, avant de s’écrier :
« J’ai
fait le même ! »
Toutes
trois se regardèrent incrédules. Comment était-ce possible ? Tout
absorbées qu’elles étaient par leurs réflexions, elles n’entendirent pas
s’approcher deux chevaliers qui avaient fière allure.
« Damoiselles,
nous vous souhaitons le bonjour !
-
Messeigneurs, vous arrivez à point
nommé.....
-
Oh que oui ! Nous avons besoin de
votre courage.....
-
Il s’agit d’une affaire bien
étrange.....
Elles
avaient, toutes trois, exposé leur désir d’obtenir de l’aide.
Trop
heureux de pouvoir montrer leur immense courage, les deux chevaliers
rétorquèrent aussitôt, le premier :
-
Nous sommes à votre service
Et
le second :
-
Que devons nous combattre ?
Les
réponses ne se firent pas attendre.
« Un
étrange personnage, lança Rose.
-
Vêtu de noir, poursuivit Lilas.
-
Oh, je me souviens ! précisa
Capucine, avec deux grandes canines !
Les
deux chevaliers s’écrièrent en même temps :
« Un
vampire ! »
-=-=-=-=-=-
La
nuit avait plongé dans les ténèbres le joli jardin.
Derrière
un bosquet épineux, les deux chevaliers, épée au côté, s’étaient mis en
embuscade.
Soudain,
ils entendirent des bruits. Un être longiligne, enveloppé dans une ample cape
noire, s’approchait à pas feutrés.
La
lune éclairait d’une lumière blafarde le visage livide aux yeux rouges de
l’individu.
« Ah !
Ah ! J’ai soif de sang, lança cet être immonde. Celui des princesses est
onctueux et sucré. Un vrai régal ! »
Tout
en se parlant à voix basse, le vampire se frottait les mains l’une contre
l’autre. Il se réjouissait à l’avance de ses futurs méfaits.
Au
moment où il passait devant le buisson épineux, les chevaliers se dressèrent
devant lui, lui barrant le passage.
« Oh
là ! Où vas-tu ainsi ? lança d’une voix ferme et autoritaire le
premier chevalier.
-
Tu dois répondre de tes crimes de buveur
de sang ! s’écria le second chevalier.
-
Oh, oh ! Qu’est-ce cela ? On
veut m’arrêter ? s’exclama le vampire d’un ton amusé.
-
Tu ne passeras pas ! dit le premier
chevalier, en se plaçant devant l’étrange personnage, la main sur la garde de
son épée, prêt à la tirer de son fourreau pour l’embrocher.
-
Pour sûr ! renchérit le second
chevalier, car nous sommes là pour t’en empêcher.
-
Deux contre un ! ironisa le
vampire, ce n’est guère courageux, messieurs.
Puis
se ravisant, il effectua une révérence des plus théâtrales, et
poursuivit :
« Allez !
Le bonsoir, messieurs ! Je vais aller chercher du sang ailleurs. Tout
compte fait, celui des princesses était fort médiocre. »
Et
il s’évanouit dans la nuit, en poussant un rire démoniaque.
Nos
deux compagnons se regardèrent un peu dépités. Ils auraient préféré livrer
bataille, tout simplement pour le panache.
« Drôle
de vampire ! dit le premier.
-
Assurément ! acquiesça le second. Allons
nous coucher ! Demain, nous raconterons aux princesses toutes les
difficultés que nous avons eu à combattre cet incroyable ennemi, afin de ne pas
être ridicules.
-
Entièrement de ton avis. Nous y
ajourerons quelques moments dramatiques et palpitants. Nous récolterons ainsi
la gloire et non des quolibets.
Les
deux chevaliers se retirèrent donc pour aller finir la nuit, bien au chaud dans
leur lit.
Pas
glorieux, tout de même !
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