Une mauvaise récolte. Des bruits annonciateurs de guerre.
Un contexte engendrant la peur et faisant ressurgir les
superstitions.
La famille Möwel
était une des plus considérées de la ville de Rorschwihr, proche de Ribeauvillé,
Sélestat et Colmar[1]. Parmi ses membres, une jeune
femme était montrée du doigt.
Elle se prénommait
Marguerite. Elle ne semblait être que l’ombre d’elle-même, toujours maussade.
Son attitude lui avait
valu un surnom : la boudeuse.
Il faut bien avouer que
cette jeune femme n’avait pas eu de chance. Son promis avait rompu leurs
fiançailles pour épouser, vous ne devinerez pas qui : sa cousine.
Elle avait aussi eu un
enfant, alors qu’elle n’était pas mariée.
La venue de l’enfant
n’avait-elle pas été à l’origine de la rupture des fiançailles ?
Marguerite s’était donc
éloignée peu à peu des autres, se repliant sur elle-même.
Vivre en retrait des
autres, mauvais signe !
Les langues
s’activèrent.
Qu’avait-elle à
cacher ?
Et ce fut ainsi que les
pires ennuis – encore et toujours – s’abattirent sur la pauvre Marguerite.
Trois conseillers de la
ville l’accusèrent d’avoir commis des maléfices.
Marguerite fut arrêtée
et présentée devant la « Cour des maléfices », qui lui fit subir
l’épreuve de l’estrapade, un des pires supplices de l’époque.
Bien sûr, Marguerite
avoua avoir eu « commerce avec le diable » qui s’était présenté à
elle sous le nom de Rolland.
Avec cet aveu, elle
venait de signer son arrêt de mort.
Le 29 mai 1586, menée
sur le chemin des bestiaux, à environ un kilomètre de Bergheim sur la route
menant à Sélestat, Marguerite fut attachée à un poteau entouré de fagots de
bois auxquels le bourreau, venu spécialement de Colmar, assisté de ses aides, mit
le feu.
Marguerite Möwel périt
dans les flammes devant tous les habitants de Bergheim venus assister au
spectacle.
Quelle cruauté !
Le temps passa. Un an...
deux ans... peut-être trois.....
Puis un jour, une
paysanne vint se plaindre d’avoir été violée, alors qu’elle travaillait dans un
champ.
Le violeur fut arrêté et
reconnu les faits dont il était accusé.
Comme excuse, il
expliqua : « j’ai trouvé la femme jolie ! »
Il avoua que ce n’était
pas la première fois !
Pour lui, tout cela
était naturel.
Et si cet homme était le
nommé Rolland ?
N’était-ce pas cet homme, ce violeur, qui aurait
mérité de périr sur le bûcher ?
Rien sur un quelconque procès le concernant !
Quelle honte !
Quel est ce supplice nommé
« l’estrapade » ?
Châtiment
que les Italiens appelaient urlo soit
« le hurlement ».
Les bras attachés dans le dos par des cordes, le supplicier était hissé en haut d’un mât et suspendu dans le vide. Le bourreau le laissait alors tomber, arrêtant la chute brusquement avant que le corps touche le sol. Opération répétée plusieurs fois.
Des
poids allant de 60 à 125 kgs était parfois fixés aux pieds de la pauvre victime,
entraînant la dislocation des épaules, voire l’arrachement des bras.
Cette
horrible torture fut, largement, utilisée par l’Inquisition.
Ce
fut Louis XVI qui abolit l’estrapade en 1776.
Comment
pouvait-on être aussi cruel ?
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