C’était
une vieille femme qui, malgré son grand âge, effectuait encore des lessives
pour les autres, au lavoir, été comme hiver. Et le soir, à la lueur des flammes
de la cheminée, elle cousait pour quelques florins. C’était une vieille femme
boiteuse qui avait eu bien des malheurs dans sa vie. Mais quel courage elle
avait !
Voilà
qu’un jour, elle fut accusée de sorcellerie, elle qui n’aurait fait de mal à
quiconque.
Sorcière,
elle ?
Elle
nia avec fermeté. Non, elle n’était pas une sorcière !
Devant
son déni, elle fut remise entre les mains du bourreau dont les traitements
faisaient avouer même les plus coriaces.
Comme
les autres, elle raconta...
Elle
avait commis l’adultère avec un certain Hermelé. Un homme austère dont le corps
était « tout froid » comme la glace emprisonnant l’eau de la mare en
hiver. Celui-ci lui avait remis une pochette, contenant, lui avait-il dit, 10
florins. En fait, elle découvrit qu’il s’agissait de crottin de cheval. Elle
avait reçu aussi de cet amant, une poudre qui lui permettrait de se venger des
personnes lui faisant du mal. Elle n’avait qu’à ajouter cette poudre aux
copeaux de savon.
Mais
elle ne s’en était jamais servie.
Elle
était intarissable...
Et
puis, elle s’accusa d’avoir assisté à une messe diabolique non loin du château
de Reichenfeld.
Que
souhaitaient-ils encore entendre ces juges du Tribunal des Maléfiques ?
Elle
pouvait encore leur en conter, si cela leur faisait plaisir.
Elle
n’avait plus rien à perdre, autant que ce procès se terminât au plus vite,
qu’on en finisse.
Ah
oui, au fait, elle se déplaçait en volant à califourchon sur une truie
rouge !
Bizarrement,
cette dernière affirmation fut confirmée par un témoin. Un témoin qui avait
peut-être trop bu ce soir-là, mais aucun juge ne se posa la question.
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