mercredi 23 juillet 2025

Cideville – Une affaire qui a fait la une de beaucoup de journaux – chapitre 9


La personne suivante qui apporta son témoignage n’avait pas encore la réputation qu’il acquit une décennie plus tard.

Il s’agissait de Louis Charles Alfred Frotier de Bagneux, âgé de 33 ans, propriétaire demeurant à Limésy.

Fils de Paul Zénobe Louis Marie et Virgine Baude de la Vieuville, né le 10 septembre 1816 à Amiens, il décédera le 30 mars 1899 à Paris. Son corps sera inhumé à Limésy (76).

Il sera Député de la Seine-Inférieure du 8 février 1871 au 7 mars 1876.

En octobre 1898, il offrira une verrière représentant Saint-Louis à l’église de Limésy.

 

Mais avant revenons au procès qui nous intéresse présentement et aux dires de Louis Charles Alfred Frotier de Bagneux.

Il précisa n’être venu que deux fois au presbytère

La première fois, il avait rencontré le curé Tinel qui lui avait fait un rapport détaillé des manifestations.

La seconde fois, c’était le 31 décembre. Ce jour-là, il avait entendu des frappements et une voix qui chantait « La Marseillaise » et « Au clair de la lune ».

 

Rien de plus.

 

La personne suivante se nommait Auguste Huet. Âgé de 48 ans, propriétaire vivant de ses revenus, il demeurait également à Limésy.

Voilà le récit qu’il fit :

«  Ce devait être le lundi 9 décembre dernier, je suis venu au presbytère accompagné  de Messieurs les curés du Saussay et de Limésy ainsi que de monsieur Henry. En arrivant, je vis monsieur le curé de Cideville très en colère. Il poussait par les épaules un homme en blouse, vociférant « Allez-vous en ! Je ne veux pas vous parler ! »

Je demandais alors à monsieur Tinel : « Qu’est-ce que vous avez ? Et il me répondit : « « Voilà le malheureux qui faisait les bruits dans mon presbytère et le petit vient  de le reconnaître pour l’homme qui le poursuivait depuis treize jours. »

Puis, dans la pièce principale, je demandai de frapper des coups et quatre coups furent frappés. Je demandai alors « frappe autant de coups qu’il y a de lettres dans mon nom et ils furent frappés exactement.

L’enfant, Gustave Lemonnier, était présent, bras croisés et je peux vous affirmer que ce n’était pas lui l’auteur des coups.

En repartant, discutant avec les personnes qui m’avaient accompagné, nous en déduisîmes que ces choses ne pouvaient s’expliquer que par la ventriloquie. »

 

 

Pierre Maxime Onésime Henry[1], succéda à Auguste Huet.

Monsieur Henry, quarante-cinq ans, vivait à Limésy, exerçait le métier de fabricant.

Son témoignage commença par la scène au cours de laquelle le curé Tinel repoussait un homme en blouse, le sommant de quitter les lieux.

Le jeune élève du curé, présent, lui avait dit avoir reconnu l’homme qui le pourchassait depuis plusieurs jours.

 

 

Vint alors déposer, Adolphe Cheval[2], quarante ans, cultivateur demeurant à Cideville.

« Par une lettre, celle déposée au dossier, j’ai invité Thorel à se présenter chez moi à la mairie où il s’est trouvé avec Monsieur Tinel. En voyant le berger, le curé s’écria : « Ne m’approchez pas ! Ne me touchez pas ! Je vous défends expressément de me toucher ! »

Thorel avança néanmoins vers le curé qui reculait jusqu’au mur. Acculé et devant Thorel qui avançait toujours vers lui, le curé lui asséna plusieurs coups de canne sur le bras. Thorel se jeta alors spontanément à genoux en demandant pardon.

« De quoi demandez-vous pardon ? »

Thorel ne répondit pas à cette question, mais il vint m’embrasser.

« Comment Cheval, vous vous laissez embrasser par un pareil être, il faudrait mieux embrasser un ours ! » dit monsieur Tinel.

Quant à Thorel, il pleurait, me suppliant : « Priez monsieur le curé que les affaires en restent là ! »

 

Trois jours plus tard, alors que j’étais à la charrue, Thirel est venu me trouver pour me dire : « Il y a trois semaines que Gosselin est sorti de prison. Il est venu me voir. Il en veut à monsieur le curé parce que monsieur le curé l’avait empêché de gagner sa vie, parce que lui, Gosselin, était venu chez un malade dans la commune pour le guérir. »

Thorel m’avait également précisé que Gosselin était un homme très instruit, qu’il était très savant et qu’il pouvait lutter contre un prêtre et capable d’avoir produit ce qui se passait dans le presbytère. »

 

 

Alors, ne serait-ce pas le dénommé Gosselin l’auteur des bruits, des déplacements d’objets.... Car il y aurait eu déjà des événements bien étranges que certains avaient vus et qui émanaient du pouvoir de Gosselin le guérisseur.

Guérisseur... Jeteur de sorts.....

Adolphe Cheval avait encore beaucoup à dire car en sa qualité de premier magistrat de la commune de Cideville, il récoltait beaucoup de confidences... oui, oui... et, lui, n’était pas astreint au secret de la confession.



[1] Pierre Maxime Onésime Henry : né le 24 février 1805 à Limésy et décédé dans la même commune, le 30 janvier 1888.

[2] Au moment du procès, Adolphe Cheval était maire de Cideville.

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