Louviers, ville euroise au riche passé industriel,
a vu, à partir du début du XIXème siècle, sa population fortement
augmenter en raison de l’implantation de nombreuses usines qui proposaient du
travail, notamment dans le textile.
De nombreuses familles avaient ainsi quitté un
coin de campagne aux revenus précaires pour venir s’entasser dans des logements
exigus et insalubres, dans le seul but de trouver une vie meilleure.
Bien sûr, de l’embauche, il y en avait, mais le travail
proposé, d’une grande pénibilité, ne
rapportait que de quoi survivre. Une misère !
Levés avant l’aube, hommes, femmes et enfants
cheminaient en silence, par tous les temps, matin et soir pour aller
travailler.
Par tous les temps !
L’hiver, sous la neige, enveloppés dans une
vieille couverture usée jusqu’à la trame, les pieds enveloppés dans de vieux
chiffons.
Ils en faisaient des kilomètres pour effectuer
une journée de labeur allant jusqu’à quatorze heures. Certains venaient de
Saint-Pierre-du-Vauvray, de Pinterville, d’Incarville, d’Acquigny, et même du
plateau du Neubourg ! Parcours effectué matin et soir !
Les enfants aussi faisaient leur part de
labeur. Oui, et même très jeunes, car aussitôt qu’ils savaient nouer deux fils,
ils pouvaient prétendre à un emploi de « rattacheur ». Plus ils
étaient petits, plus ils étaient agiles et plus ils avaient des chances d’être engagés.
« Rattacheur » ! Cette fonction
consistait à se faufiler sous les métiers à tisser pour nouer les fils qui
cassaient. Mais ne croyez surtout pas que les navettes arrêtaient pour cela
leur va-et-vient !
Que d’accidents ! Que de morts ! Avec
une seule conclusion à l’enquête : « Imprudence de l’ouvrier ».
Bah voyons !
Une vie difficile, oh que oui ! Mais pas une
vie exempte de petits bonheurs, permettant de se ressourcer pour affronter la
suite.
Une vie tournant autour du prix du pain, aliment
principal et indispensable à cette époque (on dirait aujourd’hui le pouvoir d’achat !).
Regardez-les bien tous ces gens au teint blafard,
aux yeux cernés par la fatigue, aux joues creuses de privations, nous allons
les découvrir plus avant dans leur quotidien.
Église Notre-Dame de Louviers. |
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