« Grand-père, puis-je
t’aider ? cria une voix flûtée.
Lao Li se retourna et contempla,
avec bonheur, un petit garçon qui se dirigeait vers lui en sautillant.
- Non, Xiao Ché Zhù, va courir
après les papillons, va leur chanter des chansons, ils sont les âmes de tes
parents qui te suivent et te protègent.
- Mais Grand-père, je suis en âge
de pouvoir prendre en charge une partie de ta peine.
Lao Li se retourna, grommela et
continua sa besogne.
Les cris, les rires et les chants
de son petit-fils l’emplirent de joie et lui redonnèrent du cœur à l’ouvrage.
C’était uniquement pour lui qu’il s’accrochait autant à la vie.
Son fils, le père de Xiao Ché Zhù,
lui avait été enlevé, il y a quelques lunes déjà des suites d’une mauvaise
fièvre, à moins que ce ne fût en raison du chagrin de la perte de son épouse
lors de la naissance de Xiao Ché Zhù.
Depuis la venue au monde de cet
enfant, il n’avait plus été qu’une ombre. Ne négligeant pas le bébé pour autant,
car il s’occupait de lui le mieux possible, mais, il n’avait goût à rien.
Lao Li se remémora ce moment et
la joie ressentie, malgré le deuil de sa belle-fille. Une jeune femme
courageuse et brave. Toujours le sourire aux lèvres malgré la vie éprouvante.
Toujours chantonnant malgré les épuisants travaux quotidiens. Elle formait avec
son fils un couple uni. La marieuse du village l’avait conseillée à Lao Li pour
son fils lorsqu’elle n’avait encore que sept ans, et elle avait fait le bon
choix.
Lao Li se souvint du jour où il avait
fait sa demande à la famille de la jeune enfant, ainsi que des négociations sur
la dot qui lui serait donnée, et enfin du jour où il alla la chercher pour les
noces.
Elle s’était bien accoutumée à sa
nouvelle demeure et avait mené, un moment, la maisonnée de bonne grâce, avec sa
belle-mère, malgré les sautes d’humeur de celle-ci dont elle devait subir les
exigeantes directives.
Lao Li sourit un moment au
souvenir de son épouse, une sacrée maîtresse femme qui avait su diriger
dignement son foyer.
Xiao Ché Zhù avait failli
accompagner sa mère au royaume des ancêtres, car sa santé était fragile. Mais
de bonne nature, il s’accrocha à la vie qui lui avait joué le mauvais tour de
lui ravir sa maman.
Le chaman, interrogé sur le choix
d’un prénom pour l’enfant, après avoir consulté les oracles, annonça :
« Il portera le nom de Xiao
Ché Zhù, en raison de sa taille frêle et de son léger babil qui rappelle le
bruit du vent dans les roseaux. »
L’enfant, d’un caractère enjoué,
avait grandi. Aussi, devant son insouciance et considérant les malheurs que ce
petit être avait déjà subis, Lao Li, en grand-père aimant, souhaitait que
l’enfant vive sans travailler, tant que lui pourrait assumer le labeur seul.
Voilà pourquoi, lorsque l’enfant
insistait pour l’aider, répondait-il :
« Il sera
bien temps de te mettre au travail. »
Ou encore :
« Le
temps n’est pas venu, Enfant. »
Les jours succédaient donc aux
jours, sous un soleil asséchant la terre, quand ce n’était pas des pluies
diluviennes noyant tout, emportant les eaux du grand fleuve hors de son lit,
dans un immense tourbillon dévastateur.
Rien ne résistait aux sautes
d’humeur du temps. Les Dieux étaient intraitables. Pourquoi s’amusaient-ils à torturer
les humains de la sorte ?
Quand le ciel était clément, Lao
Li arborait un grand sourire, malgré sa fatigue et les tâches quotidiennes.
Quant à Xiao Ché Zhù, il
gambadait dans les collines proches, posant des collets dans l’espoir
d’attraper quelques petits gibiers. Il passait aussi son temps au bord du grand
fleuve pour y prendre quelques poissons ou cueillait, dans la prairie
environnante, des baies ou fruits sauvages.
Gibiers, poissons et baies de
toutes sortes amélioraient ainsi les repas faits essentiellement de riz, de
quelques grains de riz prélevés sur les récoltes avant la vente de celles-ci au
marché de la ville toute proche.
Mais, la plupart du temps, il le passait à rêver et
observer la nature.
vite vite nous attendons la suite avec les enfants
RépondreSupprimerbonne continuation , beau travail
nathalie
La suite arrive .... Chaque semaine..... J’espère qu'elle sera attendue par les enfants comme l’histoire du soir, avant de dormir.
RépondreSupprimerCette rubrique "contes" a été créée pour que les plus jeunes prennent plaisir à lire, et fassent vagabonder leur imagination.
Les parents, grands-parents en tant que "grands enfants" ne sont nullement exclus, au contraire.
Merci, Nathalie pour ce grand encouragement et à bientôt pour la suite des écrits.