Ce fut alors que
tout se déclencha.
D’abord, les
copains qui s’étaient rassemblés et qui devaient, les cornes au ciel, suivre ma
progression.
« Ouah !
cria Mégo, plein d’admirations, ça c’est un champion !
-
Je
ne trouve pas ça très malin répliqua Charlotte, d’un ton pincé.
-
Il
risque de tomber, continua Boulotte, qui, pour une fois, ne devait pas manger,
car sa voix était claire.
Puis, ce fut un
tohu-bohu infernal de voix et de cris.
Les copains :
« Vas-y,
Andantino, vas-y ? Plus haut ! Plus haut ! Grimpe plus
haut ! »
Maman effrayée
(j’avais complètement oublié qu’elle pouvait avoir peur pour moi) :
« Mon
petit ! Mon petit ! Mais il va tomber ! »
L’Ancêtre qui,
alerté sans doute par tout ce raffut, venait d’arriver :
« Mais que
fait encore cet enfant ! Je l’avais pourtant prévenu !
Descends ! Mais descends donc ! »
Tous ces
commentaires m’arrivaient en même temps et me déconcentraient fortement. Une
foule de sentiments m’envahirent alors.
La fierté de mon
courage, reconnu par les copains. Le chagrin de maman contre la coquille de
laquelle j’aurais aimé me blottir. La peur de l’Ancêtre et de la punition qui
m’attendait.
Et puis, la peur
de ma propre témérité, cette audace incroyable qui n’était, en fait, qu’une
folie. Et puis soudain cette question :
Monter était très
difficile, mais la descente ! Comment allais-je pouvoir redescendre ?
Pris de vertige,
ne contrôlant plus rien, j’entendis un immense « Ah ! », et me
sentis basculer dans le vide.
Que s’était-il
passé ?
J’étais tout
endolori. J’ouvris les yeux péniblement. Je ne trouvais étendu sur un immense
tapis de feuilles auquel, je l’appris par la suite, je devais la vie.
Je fus un héros
pour les copains :
« Même pas
une fêlure de coquille, racontait Mégo à qui voulait bien l’entendre. Vous auriez
vu cette chute ! Ouah ! Il est génial ! »
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