Centenaire
12 janvier 1779
« Le 5 janvier, veille du jour
des Rois, est mort à Bayeux Gabriel Lefevre, âgé de 108 ans, 3 mois & 14
jours, étant né le 21 septembre 1670. Nous ne répéterons pas ce que nous avons
dit de ce respectable vieillard dans nos annonces de l’année 1776 n° 33, nous
ajouterons seulement qu’il avoit servi dans l’infanterie & dans la
cavalerie, pendant toute la guerre de la succession d’Espagne. Il a conservé,
avec de grands sentiments de religion, une santé robuste & toute sa gaieté
jusqu’à la fin ; & la présence d’esprit n’a disparu chez lui qu’avec
la vie. »
Comme
je le notais déjà dans un de mes articles de 1776, ce « vénérable
vieillard » était bien né dans l’Orne à Durcet, le 21 septembre 1670. Je n’étais,
toutefois, pas tout à fait sure de l’orthographe du nom de sa mère ni de celui de
sa marraine.
Le vingt deux jour de septembre a
été baptizé gabriel Le febvre né le jour precedent fils de louis et de jeanne
Coulonche son parain gabriel Le febvre sa maraine anne Houillourt.
Je
déplorais de n’avoir pu trouver la date de son décès, et bien voilà, c’est fait :
4 janvier 1779. Et il me fallut une bonne dose de courage et de patience pour
affronter, une à une, toutes les paroisses de Bayeux, afin de dénicher le
document, prouvant son décès. J’ai bien failli abandonner. Cela aurait été
dommage, si près du but !
Voici
donc son acte d’inhumation établi à Bayeux – Paroisse Saint-Patrice :
Le mardi cinquieme jour de janvier
mil sept cent soixante et dix neuf a été par nous curé de St Patrice inhume
dans le cimetiere dudit lieu le corps de Gabriel lefêvre Bourgeois de Bayeux
Demeurant en notre paroisse lequel age de cent huit ans trois mois douze jours
decede hier muni des sacremens. Ladite inhumation faite presence de Messire
Philippe le Brecque vicaire, françois liegard toillier et de richard piperel
bedeau tous de notre paroisse, lesquels ont signé avec nous.
Rien
dans cet acte ne peut aider à reconstituer
sa vie familiale. Aucun nom d’épouse et aucune personne portant son nom
sur l’acte pouvant, éventuellement faire penser qu’il avait eu des enfants.
Il
avait été soldat. Sans doute pendant un bon laps de temps.
La
mention « bourgeois de Bayeux », laisse à penser qu’il vivait dans
une certaine aisance.
Remède qui aurait été efficace
30 avril 1779
« Tout le monde connoit les
ravages de la petite vérole ; une personne respectable a publié depuis peu
un moyen bien simple de s’en préserver : il faut après la section du
cordon ombilical, que la sage femme la saisisse d’une main dans la partie
attachée au ventre de l’enfant, & que de l’autre, après avoir fait la
section, elle exprime toutes les liqueurs contenues dans cette partie excédente
(sic), pour s’en assurer, on laissera sortir quelques goutes (sic) de sang,
ensuite on fera la ligature : on pratique cette méthode en plusieurs
endroits, ils ont été exempts de cette maladie. »
Puis-je
émettre quelques doutes ?
Incendie à Pont-de-l’Arche
11 juin 1779
« Le nuit du 26 au 27 mai, il
y a eu un incendie considérable dans le fauxbourg (sic) des champs de la ville
du Pont-de-l’Arche ; il y eu 188 pieds de bâtimens (sic) remplis de
fourrage, & 2 petites maisons entièrement (sic) consumés, le tout faisant
partie d’une grande auberge, apartenante (sic) à un sieur Delaporte, &
occupée par un nommé Hareng. Sans le secours des habitans (sic), tout le
fauxbourg (sic) auroit été incendié ; le Maire de ville, qui est
Lieutenant de Police, voyant les habitans (sic) fatigués, leur a fait
distribuer eau-de-vie, boissons & argent, pour ne point quitter jour &
nuit, vû (sic) que le feu s’est ranimé à différentes reprises. Les dames de
tous états, étoient rangées en haie, depuis la riviere (sic) jusqu’au lieu
embrasé, pour donner de l’eau de main en main. L’abbé Denten, vicaire de la paroisse,
& le Gardien des Pénitens (sic) s’y sont distingués & ont exposé leurs
jours : il y eu 8 personnes de blessées : les incendiés se
recommandent aux bienfaits des personnes qui voudront bien les assister, &
de les adresser à M. Cavelet ; Maire & Lieutenant de Police, au
Pont-de-l’Arche ; ou à Rouen, à M. Sanson, substitut audit Bailliage, rue du Sacre. »
Le
« fauxbourg des champs », n’est autre, aujourd’hui que la place
Aristide Briand, en plein cœur de Pont-de-l’Arche. Ce lieu fut rebaptisé place « Aristide Briand », en 1937.
Il
faudra que nous nous repenchions, un jour prochain, sur la prodigieuse histoire
de cette ville, car il y a beaucoup à raconter.
On recherche héritiers
2 juillet 1779
« Anne Marguerite Agnés
Langlois, décédée en cette Ville le 30 janvier 1755, veuve du sieur
Léon-de-Nesle, a laissé pour héritiers Jean-Baptiste langlois &
Robert-François Langlois, ses freres
(sic). Comme depuis le commencement de 1757 on n’a point entendu parler de ces
deux freres (sic), & que leurs héritiers ont un droit qu’ils peuvent
ignorer, M. le Gingois, Doyen de MM. Les Notaires de cette Ville, les en
instruira. »
Encore
un héritage qui ne sera pas touché !
D’ailleurs,
je ne peux rien vous dire, car mes recherches sont restées vaines !
Comment
pouvait-on retrouver quelqu’un en 1779 ?
Pas
de carte d’identité, pas d’immatriculation à la CPAM, pas de liste électorale,
pas de photo……
Non,
rien de tout cela. Uniquement une description physique sommaire qui était peu
de chose sans signe particulier.
Voilà
pourquoi, il était si facile de prendre l’identité de quelqu’un d’autre,
surtout si ce dernier avait été absent très longtemps de son village.
Avis de naissance
2 juillet 1779
« Vendredi 21 mai, la femme
Roque de la paroisse de Saint-Ouen du Pont-Audemer en Normandie, âgée de 54
ans, est accouchée d’un garçon. Madame Coignard, épouse du Lieutenant de M. le
premier Chirurgien du Roi pour ladite Ville, a terminé cet accouchement avec
tout le succès possible, malgré plusieurs obstacles qui pouvoient le rendre
impossible ; la mere (sic) et l’enfant se portent bien. »
Cinquante
quatre ans ! Je suppose que ce fut son dernier enfant. Mais combien cette
femme en avait mis au monde avant ? Je ne peux vous le dire.
Je
n’ai pu trouver sur cette famille que l’acte de baptême du petit.
Pont-Audemer
- paroisse Saint-Ouen :
Le samedy deux* de may mil sept
cents soixante dix neuf jean Baptiste Jacques fils legitime de Jacques de
Laroque et de marguerite Bouyn né d’hier a été baptisé par nous prêtre vicaire
de cette paroisse soussigné son parrein Jean Cal, sa marreine marie aimée Louis
catherine Delamare laquelle a déclaré ne savoir signer.
* L’acte se trouve entre le « jeudi vingtieme
jour de may » et le « dimanche vingt trois de may ». Le prêtre a
oublié de noter le « vingt ».
Intempéries
23 juillet 1779
« Je viens d’être témoin, M.,
d’un de ces événemens (sic) qui arrachent des larmes à toutes les ames (sic)
sensibles. Le 9 de ce mois, sur les 5 heures du soir, il s’est formé un orage
chargé de grêle, qui est venu fondre sur
la paroisse de Tancarville, Doyenneté de
S. Romain, au pays de Caux. Les grains pesoient une livre la plupart ; en
moins de 15 minutes, la récolte entière a été détruite & recouverte de
glaçons angulaires à la hauteur de plus de 6 pouces. Il n’y a point eu un pied
de terrein (sic) dans la totalité de cette malheureuse paroisse qui n’ait
éprouvé ce fléau destructeur ; de sorte que les habitans (sic) ont vu
disparoitre (sic), en un quart d’heure, le fruit de leurs travaux & se
trouvent par ce désastre sans aucune ressource. Les arbres fruitiers ont été
ébranchés en partie, & ne laissent plus d’espérance, même pour les années
prochaines. Ce fléau s’est répandu aussi sur une partie des paroisses de la
Cerlangue, de saint Nicolas-de-la-Taille, de Radicatel & Saint
Jean-des-Essards. »
Cerlangue,
Saint-Nicolas-de-la-Taille et Saint-Jean-des-Essarts se situent, en éventail,
au nord de Tancarville. Radicatel fait partie de la commune de
Saint-Jean-de-Folleville.
Cet
article prouve encore une fois, que de tous temps, les intempéries ont provoqué
des catastrophes, réduisant à néant le travail d’une année.
Epousailles et retrouvailles…
17 septembre 1779
« On mande de Milan qu’il
vient d’y arriver un de ces événemens (sic) bizarres, que toute la prudence
humaine ne sçauroit (sic) prévoir. Un jeune homme, reçu dans une maison où il y
avoit deux demoiselles, en ayant demandé une en mariage, essuya un refus net,
dont il fut piqué, qu’il adressa ses vœux à la servante, qui, d’ailleurs, par
la figure, par son caractere (sic) & par sa conduite, sembloit très-propre
(sic) à le rendre heureux. Son père (sic) & sa mere (sic) consentirent avec
peine à ce mariage ; mais, ayant bientôt reconnu les excellentes qualités
de leur bru, ils ne l’aimerent (sic) pas moins que leur fils. Le bonheur
attaché à cette tendre union, ne devoit pas être de longue durée. La jeune
épouse fut attaquée d’une maladie dangereuse, pour laquelle les Medecins (sic)
ordonnérent (sic) de lui appliquer des ventouses. La belle-mere (sic) qui
voulut elle-même présider à l’opération,
découvrit alors sur les épaules de sa bru, un signe distinctif qui lui fit
reconnoître (sic) sa propre fille, mise dès l’enfance & abandonnée dans
l’hôpital de cette Ville. La surprise & la douleur dont elle fut frappée de
cet aspect, ne sçauroient (sic) s’exprimer ; elle s’évanouit. Toute la
famille alarmée s’empresse autour d’elle, & dès qu’elle a repris
connoissance (sic), on apprend de sa bouche, à travers les sanglots & les
larmers, cette fatale decouverte (sic). L’aventure pleinement vérifiée, on en
instruit les Supérieurs ecclésiastiques, qui ont ordonné provisoirement la
séparation du frere (sic) & de la sœur ; & on a informé ensuite la
Cour de Rome de cet événement extraordinaire. »
Quelle
histoire !
Une
enfant abandonnée dans un hospice, sûrement dès la naissance…..
Une
mère rongée de remords, face à cet abandon……
Et
voilà le destin qui prend sa revanche !
J’aurais
aimé en savoir un peu plus, pour retracer l’histoire de cette famille, digne de
« Perdu du vue » !
Pourquoi
cette petite fille a-t-elle été remise aux bons soins d’un hospice ?
Un
enfant né d’un premier amour, avant mariage, et qu’il fallait évincer ?
Un
enfant né d’une liaison adultérine, et qu’il fallait dissimuler ?
N’ayant
pas en main ni les noms, ni les dates de naissance des deux jeunes gens, je ne
peux rien vous affirmer.
Je
suppose simplement que le mariage fut annulé.
Avis de décès
29 octobre 1779
« Messire André Guillaume
Nicolas France, Ecuyer, Conseiller-Secrétaire du Roi, Honoraire, est mort à
Rouen, en son Hôtel, rue S. Nicolas, paroisse Saint Amand, le 28 de ce mois,
âgé de 72 ans. La Société proposera difficilement
à ses membres une mort plus consolante, & en même-tems (sic) plus digne de
ses regrets. Ce vertueux Citoyen ne cessa de marcher, dès l’âge le plus tendre,
dans les sentiers de la religion & de la vertu. Fidele (sic) à ses devoirs
& supérieur à tous les événemens (sic), il montra toujours cette
tranquillité d’ame (sic), fruit précieux de la paix intérieure dont il
jouissoit. Ce fut sur-tout (sic) dans ces derniers momens (sic), où sa famille,
abandonnée à la plus amere (sic) douleur, faisoit apercevoir ce mélange
involontaire de tendresse & de crainte, qu’il tâchoit de la consoler
lui-même. Il étoit doux dans ses mœurs, agréable dans son commerce, fidele
(sic) à ses amis, tendre & compatissant envers les pâuvres (sic). La
culture des Lettres occupa ses loisirs, & l’on remarquoit avec plaisir
cette expression de bon goût qui caractérise l’homme aimable, sans affoiblir
(sic) celui de l’homme de bien. Un tempérament délicat que le travail avoit épuisé,
ne devoit pas résister plus long-tems (sic) à une maladie aussi longue que douloureuse.
Le mal augmente, ses forces insensiblement diminuent ; enfin un
assoupissement s’empare de ses sens, & Dieu, qu’il avoit fidelement (sic)
servi, l’appelle à lui dans sa miséricorde, & le fait reposer du paisible
sommeil des justes. »
Ci-dessous,
l’acte de décès de ce seigneur :
Rouen – paroisse Saint Amand
Ce jourd’huy jeudi vingt huit
octobre mil sept cents soixante dix neuf a été inhume dans le cimetiere par
monsieur le curé de cette paroisse le corps de messire andré guillaume nicolas
France ecuyer conseiller secretaire du Roy honoraire veuf en secondes noces de
dame Leplanquois veuve de M de la houppe de Breteuil décédé hier age de
soixante douze ans muni des Saints sacrements de l’Eglise presence des témoins
soussignés
Signatures : Pierre Prevost –
Godefroy et Marest curé de St amand.
Malgré
mes recherches je n’ai rien trouvé de plus sur ce seigneur, ni sur sa seconde
épouse.
La Mare du Parc en feu
31 décembre 1779
« Des personnes mal informées,
débitent dans le public que M. Valentin, Curé de la paroisse de S. Sever, a
empêché de sonner le tocsin pour l’incendie arrivé Dimanche dernier, 26
décembre 1779. Il arrive souvent que des voisins s’alarmant de voir des
étincelles, même des flâmmes (sic) sortir des cheminées de ceux qui, dans des
greniers, brûlent des bruyeres (sic) viennent demander à faire sonner, &
qu’avant que les ordres soient donnés, l’on apprend qu’il n’y a eu aucun
danger.
Dimanche dernier, pendant les
Vêpres, le sieur Curé fut informé que le feu étoit à une cheminée près la mare
du Parc, cherchant à éviter l’épouvante
à ses paroissiens assemblés en prieres (sic) il voulut être informé de l’état
des choses par un exprès qu’il envoya ; 2 minutes après au plus, survint
un domestique qui le pria de faire sonner au feu : le sieur Valentin lui
demanda si c’étoit à une cheminée ; il lui répondit que non, que la maison
étoit en feu ; aussi-tôt (sic) il quitta sa chappe (sic), entra dans la
sacristie, donna des ordres au bedeau de sonner ; ce qu’il fit aussi-tôt
(sic), & ne s’interrompit que pour donner le salut ; recommença
ensuite, & continua jusqu’à 7 heures du soir.»
Un
incendie à la Mare du Parc à Saint-Sever. Mais quel était donc ce lieu ?
Son
nom vient d’une mare qui se trouvait dans un parc donné par Henri II au prieuré
de Grammont.
Fin
XIXème siècle, ce terrain de la Mare du Parc se situait à proximité du Jardin des plantes de Rouen.
Aujourd’hui,
son nom a été donné à la rue longeant cet ancien terrain, rue qui aboutit dans
la rue Emile Zola à Sotteville-Lès-Rouen.
Prieuré
de Grammont
Le
roi Henri II Plantagenêt avait donné une partie de la forêt de Rouvray, ancien
parc de chasse, aux religieux de l’ordre de Grammont qui s’y installèrent entre
1154 et 1180. Les chasses incessantes gênaient les religieux, aussi le roi leur
fit don, également, de son parc et des prairies environnantes, d’où son nom
Notre-Dame-du Parc.
En
1770, les dix derniers religieux, 9 prêtres et un frère, furent expulsés du
lieu et leurs biens furent vendus.
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