Chapitre 9 - FIN DE L'HISTOIRE - PREMIÈRE VERSION
L’exécution
Après
la lecture de la sentence, le condamnant à la peine capitale, Jean Jacques
Philippe Signol fut reconduit à la prison de Louviers, dans l’attente de son
exécution.
La
prison de Louviers, comme toutes les prisons de France et de Navarre, en cette
année 1792, regorgeait de prisonniers. Dans la salle commune, où ils étaient
tous entassés, régnait une forte odeur d’excréments, de sueur et de paille
souillée.
De
paille, oui, car c’était sur la paille que dormaient les personnes retenues
incarcérées en ce lieu, paille qui, réglementairement été changée tous les dix
jours, sauf exceptionnellement, mais moyennant finances.
Tout
se monnayait dans les prisons.
·
La paille fraîche, confort non négligeable.
·
Le meilleur emplacement, celui situé
près d’une fenêtre, pour avoir un accès visuel vers l’extérieur.
·
Les repas, autres que la soupe trempée
de pain rassis, servie par les geôliers.
·
Le temps des visites au parloir.
Les
geôliers gagnaient une misère et ces petits compléments, illégaux certes,
étaient les bienvenus.
Pas
légal tout cela, mais dans cette période troublée, comme personne ne savait
réellement qui faisait quoi et quelles lois étaient encore en vigueur, chacun
faisait en fonction de son intérêt. Une seule règle toutefois, ne pas exagérer
et être discrets pour ne pas attirer regards et interrogations. Et comme on
disait : « Pas vus, pas pris ! »
Dans
ce lieu malodorant, un silence régnait, un silence lourd des inquiétudes, des
peurs, des terreurs même, de tous ces détenus.
De
temps à autre, seulement de profonds soupirs, un sanglot étouffé, quelques mots
d’une prière......
Jean
Jacques Philippe Signol, encore sous le choc de sa condamnation à mort, réfléchissait
au moyen d’échapper à son sort. Bien sûr, il se sentait coupable, mais
n’avait-il pas été jugé à la hâte ? Et puis, ce mot déterminant
« avec préméditation », qu’en savait-il les juges ?
Il
n’avait pas peur de la mort, non, mais à bien y penser, cette manière de quitter ce monde sous le couperet
de cette machine à tuer qu’on disait efficace et rapide.... Tout de même !
Enfin,
tout s’embrouillait dans sa tête et dans ce brouillamini se mêlaient, colère et
regret.
Ah,
si il était possible de retourner en arrière !
En
ce matin de juin 1792, Jean Jacques Philippe Signol fut réveillé par un
gardien.
Le
jour pointait à peine.
Autour
de lui, s’étalaient, épars, les corps de ses compagnons d’infortune. Certains
ronflaient. D’autres prononçaient, tout
haut, des phrases incompréhensibles.
D’autres
encore s’agitaient, bousculant celui ou celle proche d’eux. Réveillés, ces
derniers manifestaient leur mécontentement par des grognements, avant de
changer de position et de se rendormir.
Un
amas humain, presque bestial, dans cet environnement pestilentiel.
Jean
Jacques Philippe Signol fut conduit dans une petite pièce attenante. Là,
solennel, se tenait le prêtre, celui de l’église Notre-Dame, dont la tâche
était d’apporter le soutien de l’Eglise dans les derniers moments des
condamnés.
Apercevant
le prélat qui, à son approche le bénit,
Jean Jacques Philippe haussa les épaules et s’écria : « Pas besoin de
vos simagrées, citoyen ! », appuyant fortement le mot
« citoyen », comme une injure.
Le
gardien présenta un verre d’alcool au condamné qui l’avala d’un trait sans
sourciller, puis après avoir claqué de la langue et lança :
« Y’a
qu’ ça d’vrai , dans la vie. Un bon verre d’ gnole ! »
Le
barbier fit alors sa besogne, coupant le col de la chemise du futur supplicié
et lui dégageant la nuque.
L’annonce
de cette exécution par affichage, dans les diverses communes autour de louviers,
rassembla un grand nombre de badauds, malgré l’heure matinale, venus là comme au
spectacle. Hommes, femmes et enfants, tous rassemblés place du Pilori où se
dressait, lugubre, la guillotine......
Ce
fut, en ce jour, que Jean Jacques Philippe Signol trouva la mort, sous les
huées des braves gens amassés là. Braves gens qui auront, ainsi, quelque chose
à raconter lors de la prochaine veillée.
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