Question idiote ?...
Dernièrement, l’on m’a posé la question suivante :
Quelle est la plus grande voie, l’avenue ou le boulevard ?
J’ai répondu : « l’avenue ».....
Pourquoi ? Parce qu’il me semblait que les avenues, droites et
larges, faites pour la promenade étaient plus spacieuses, contrairement aux
boulevards, édifiés sur l’emplacement des remparts après la démolition de
ceux-ci, encerclant la ville et possédant un aspect fonctionnel, me donnaient
l’impression d’être plus étriqués....
Mais depuis ma réponse, je me demande si mon explication était juste,
car de nos jours, avenue et boulevard désignent une même grande voie routière,
embouteillée aux heures de pointe.
Au secours, Monsieur Robert ! (le monsieur du dictionnaire, bien
sûr !)
Une avenue.
Vers 1160, ce mot désignait, et cela jusqu’au XVIème
siècle, une approche, une venue.... Mais, en parlant d’envahisseurs, d’ennemis,
donc une « avenue malvenue », en quelque sorte !
Puis, ce fut un lieu, par lequel « on advient », en
clair, la porte d’une ville fortifiée ou
un passage.
1611, une avenue devint une allée bordée d’arbres, créée pour la
promenade, à pied essentiellement ou en calèche avec les chevaux marchant au
pas. Le sens s’élargit en même temps que l’avenue pour nommer une « large
voie urbaine ».
Un boulevard, à présent.
Alors là, accrochez-vous bien.
Ce mot retranscrit du néerlandais prit différentes orthographes, en
français, selon les siècles.
·
1365 – Bolevers
·
1425 – Bollewerc
·
1509 – Bolvert
Puis encore :
·
Bollevart
·
Boulevars
Pour trouver enfin sa forme finale et définitive, vers 1559, Boulevard.
Ce mot désigna tout d’abord un ouvrage de défense, tel le rempart,
fait de terre et de madriers.
Ce qui fit, qu’un temps, ce nom prit aussi le sens de « ce qui
protège et sauvegarde ».
Les remparts, avec le temps, n’ayant plus lieu d’exister, ce mot
désigna (1803) une promenade plantée d’arbres, autour d’une ville sur
l’emplacement des anciens remparts.
Le verbe « boulevarder », utilisé au XVIème
siècle, sous la forme « boullewerquer » était un terme militaire
ayant le sens de « défendre » et « protéger ».
-=-=-=-=-=-=-=-
Mon analyse n’était pas tout à fait mauvaise. Il y a bien une
différence entre avenue et boulevard, l’une et l’autre peuvent avoir la même
largeur, sauf que l’avenue a un plus haut standing que le boulevard.
Vous en voulez une preuve ?
Au XIXème siècle, dans la capitale ou les grandes villes,
les théâtres chics se situaient sur les avenues des beaux quartiers du centre
et ne donnaient que des pièces de théâtre d’un « haut-niveau ».
Les petits théâtres, eux, excentrés sur les boulevards, ne
produisaient que des comédies frivoles, qui furent, par la suite désignées par
l’expression « théâtre de boulevard ». Les écrits n’étaient pas
médiocres pour autant, simplement un peu trop léger pour la « bonne
société ».
Alors ? Etait-elle idiote, la question ?
Pour cette petite
histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire
historique de la langue française » Le Robert
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.