jeudi 20 juin 2019

LECTURE DU JOURNAL....... QUOI DE NEUF ?



Rigolos et surins, les deux armes des malandrins !
   
Avant de poursuivre mes investigations sur les crimes des Apaches, et de vous en rendre compte, je tenais à vous soumettre un texte savoureux, découvert dans le journal « Le Radical », en date du 20 février 1903.
Le voilà :

ENCORE LES APACHES
Les deux coqs – Sur le sentier de la guerre –
A l’assaut d’un wigwam ! – Six arrestations

Plus ça va, plus c’est la même chose. On a beau rafler, incarcérer, juger et reléguer, les Apaches continuent à foisonner et à faire pleuvoir autour d’eux les balles de revolver. Bientôt, ils se battront sur les boulevards, à la mitrailleuse ! .....
Dans la nuit de mardi à mercredi, une rencontre homérique a eu lieu entre deux bandes de ces estimables individus : Les Apaches du Sébasto ayant déclaré la guerre aux Apaches de la Courtille.
Le mobile de la haine existant entre ces deux collectivités de revolvériseurs professionnels ?.... Toujours le même !.... Voyez la fable des deux coqs.
Donc, hier matin, les Apaches du Sébasto, s’étant concertés, délaissèrent le calumet et mirent, au nombre de quinze environ, le pied sur le sentier de la guerre. Il s’agissait de « refroidir » en douceur et de scalper un Apache de la Courtille qui avait enlevé son Hélène à un Ménélas des alentours des Halles.
Ils arrivèrent, le collet du pardessus relevé, les mains dans les poches, et en observant la prudence du serpent, jusque sur les bords du canal Saint-Martin.
Le Paris de la Courtille était là !
Mais en présence du nombre de ses adversaires, il prit courageusement la fuite.
Il se réfugia en un Wigwam, restaurant de la rue du Faubourg-du-Temple, où quelques-uns de ses amis et collègues  jouaient tranquillement... à la manille.
A peine leur avait-il exposé les faits de la cause – comme on dit au Palais – que les Apaches du Sébasto firent irruption dans l’établissement. Ceux de la Courtille se levèrent alors, et se mirent en posture de défense.
-          A toi-z’à moi la paille de fer !.... s’écria un Sébasto, et il tira son « rigolo » et son « surin »
Ce geste et ce cri furent le signal d’une effroyable bagarre. Des détonations retentirent, de larges boutonnières furent ouvertes dans des poitrines et dans des abdomens ; des Apaches s’affaissèrent parmi les verres et la vaisselle cassée !.....
Quand la police arriva – un quart d’heure après la bataille – les Apaches encore valides avaient pris la fuite. Parmi ceux qui demeuraient, quelques-uns étaient assez gravement blessés pour qu’on fût obligé de les transporter à l’Hôtel-Dieu.
Enfin, six chevaliers de la casquette, qui n’avaient pas de lésions graves, ont été mis en état d’arrestation.
Espérons qu’ils ne seront pas relaxés. Car il serait grand temps d’en finir avec toute cette canaille. Que ces Indiens de Paris se tuent entre eux, tant pis, ou plutôt tant mieux ! ..... mais des balles pourraient s’égarer, comme cela s’est déjà produit.

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Cet article n’est pas signé.... Mais, tous mes compliments à son auteur.
Raconter cette échauffourée sanglante avec autant d’humour, c’est un exploit.
Pas de nom toutefois pour approfondir une quelconque recherche.

Deux noms de bandes 

Celle du Sébasto :
Sébasto ? Le boulevard de Sébastopol.
Ce boulevard ouvert en 1854, fut percé par Haussmann lors de la transformation de Paris. Sébastopol, port de Crimée pris par les Anglais et les Français, le 8 septembre 1855, après un long siège.
Celle de la Courtille :
La Courtille, endroit de fêtes et de plaisirs où l’on trouvait beaucoup de guinguettes pour boire, manger et danser. La Courtille se situe non loin de Belleville.




Les lieux énoncés 

Les Halles.
Elles se situaient dans le quartier de la Villette, non loin du canal Saint-Martin.
La rue du Faubourg-du-Temple.
Cette voie, très ancienne,  conduit à Belleville.


Concernant le vocabulaire employé, l’argot ou le langage populaire, je vais vous éclairer un peu.

Un rigolo, dans ce contexte n’est pas un homme qui fait rire, mais un pistolet, une arme à feu.
On peut employer aussi : un flingot – un flingue – un rif, riffe ou encore riffle....

A toi-z’à moi la paille de fer !
L’expression « À toi, à moi, la paille de fer ! » était employée notamment chez les forgerons, frappant tour à tour sur le fer, afin de donner la cadence, de se stimuler mutuellement.
La « paille de fer » désignant la barre de fer sortant de la forge et qu’il fallait travailler.
Au regard de  l’article, on pourrait  interpréter cette phrase ainsi :
« A qui l’tour, y’en aura pour tout le monde » ou encore « l’un après l’autre et qu’ ça dégage ! »


Le mobile de la rixe 

Une femme qui avait trouvé refuge dans les bras d’un homme faisant partie d’une bande rivale.
D’où l’évocation de Hélène, enlevée à Ménélas par Paris qui, en son temps, déclencha la guerre de Troyes.

Sachez toutefois, que l’enlèvement de la belle n’entrainait pas que des déceptions amoureuses, il était aussi, et surtout, pour l’amant délaissé un gros problème «économique ».
Oui, oui, vous avez bien entendu.
Problèmes de cœur, certes, quoique, à mon avis, beaucoup plus « d’amour propre » .... Mais problèmes d’argent, certainement, car beaucoup de chefs de bande mettaient leur(s) maîtresse(s) sur le trottoir et si on les appelait des « gagneuses », ce n’était pas pour rien.

Cela me rappelle une histoire qui a fait grand bruit dans les années 1900-1902.
Une histoire semblable.
Une femme, au doux prénom d’Amélie. Elle quitta son amant, Joseph, pour tomber dans les bras de Dominique..... 
Les journaux en parlèrent encore et encore......

Je me propose de vous la conter, cette histoire.
Qu’en pensez-vous ?
Oui ?
Mais pour cela, il vous faudra attendre la semaine prochaine.

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