mercredi 4 juin 2025

Cideville – Une affaire qui a fait la une de beaucoup de journaux – chapitre 2


 


Girard sous les verrous criait vengeance, et celle-ci devait être terrible.

Le berger Thorel fut mandaté pour exécuter cette sentence hors du commun.

 

Vengeance contre le curé Tinel[1]. Jean Louis Sénateur Tinel[2] était considéré par tous comme un brave homme. Il demeurait à Cideville depuis peu ayant remplacé le curé Vason[3]. Il habitait le presbytère avec sa sœur, Adèle Adélaïde, et avait en pension deux jeunes garçons, tous deux fils d’instituteurs, souhaitant intégrer le séminaire : Gustave Lemonnier et Clément Bunnel, âgés de douze et quatorze ans au moment des faits.

 

Félix Nicolas Thorel[4] demeurait dans le village d’Auzouville-l’Esneval[5] à quelques lieues de Cideville où il menait paître ses moutons. Facile pour lui d’approcher le curé et ses hôtes sans être remarqué, et notamment, les jeunes élèves dont il avait la charge.

 

Comment le berger  allait-il s’y prendre ?

Ne devait-il pas être discret ?

Ce fut un jour de vente publique en cette fin d’année 1850, qu’il choisit pour effectuer son méfait. S’approchant de Gustave Lemonnier, alors qu’il était absorbé par ce qui se passait autour de lui, Thorel toucha discrètement la chemise du jeune étudiant.

Son geste fut-il accompagné d’une invocation aux esprits démoniaques ?

 

Le soir même, les deux garçons furent pris de malaise. L’un, d’une grande anxiété, ne pouvait trouver le sommeil. Le second avait perdu la vue.

Mais ce ne fut pas tout.

Une forte bourrasque s’abattit sur le presbytère. Les murs tremblèrent sous l’assaut du vent, les vitres volèrent en mille éclats, les murs et le plancher vibrèrent.

Et puis, comme pris dans une danse infernale, les objets s’agitèrent : couverts, vaisselles, brosses, balais, chaises et tables, couverture et draps des lits, vêtements divers. Les portes des placards et buffets, les couvercles des coffres s’ouvaient et se refermaient, marquant le rythme de ce curieux ballet.

Dans un tourbillon, toutes ces choses, suspendues dans l’air, s’entrechoquaient dans un bruit tel qu’il était perçu à une demi-lieue à la ronde.

 

Tous les habitants du village s’étaient regroupés, à bonne distance toutefois, du presbytère et constataient avec frayeur ce phénomène hors du commun. On vint aussi des villages alentour.

 

Le curé Tinel priait avec ferveur, exorcisait les lieux à grand renfort d’eau bénie. Mais face à ce déferlement incontrôlable, sa foi n’avait aucune emprise.

 

Quelle force diabolique sévissait en ces lieux ?



[1] Le nom du curé est également orthographié Thinel sur certains documents.

[2] Né le 16 avril 1816 à Yébleron (76) – fils de Louis et Marie Catherine Avenel.

[3] Augustin Vason.

[4] Il avait vu le jour le 10 septembre 1820 à Yerville. Il travaillait pour le compte de Guillaume Pain, propriétaire cultivateur à Cideville.

[5] Information : recensement de 1851.

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