Dans la cour de récréation de
l’école du village, le défit était lancé : Qui arriverait à pénétrer la
demeure inviolable et ramener des indices permettant de dévoiler la personnalité
de cet étrange personnage ?
Antoine, le plus déluré de tous,
lança :
« Moi, j’irai escalader le
mur.
- T’es
pas cap ! ironisa Clément, dit Clem.
- Tu
verras, moi, il m’ fait pas peur, coupa Antoine
- Et
si y avait un chien, supposa Yann.
- T’as
déjà entendu aboyer en passant le long du mur ? répliqua Antoine
- Bah
non ! répondit Yann, tout penaud de sa question qui lui sembla tout à coup
tout à fait stupide.
- Alors,
y’a pas d’ chien ! conclut Antoine sûr de lui.
Puis, regardant un à un ses
copains, il demanda :
« Qui veut venir avec
moi ?
Un grand silence s’installa. Clem
regarda ses chaussures, souhaitant être oublié. Yann se gratta la tête avant de
répondre :
« Moi, j’ veux bien, mais,
j’ dois rentrer aussitôt la fin de la classe, sinon, ma mater va m’engueuler.
- Dis
plutôt qu’ t’as la trouille ! le toisa Antoine avec un petit sourire de
mépris.
- Pas
du tout, se défendit Yann, c’est que tu connais pas ma mater, quand elle
gueule, c’est quelque chose !
Une fillette, aux boucles
blondes, s’approcha du groupe des garçons, avec un sourire enjôleur. Elle
demanda :
« Tu m’emmèneras
Antoine ?
- Lâche-moi,
toi ! répondit le garçon. Rentre à la maison, maman va s’inquiéter.
- Dis,
insista la fillette, tu m’emmèneras avec toi ? Si tu veux pas, je vais l’ dire à maman !
Devant la menace de sa sœur, Antoine
promit d’une voix soudainement radoucie :
« On verra. Rentre à la
maison. »
Puis, ne voulant pas perdre la
face devant ses copains, il lança d’une voix autoritaire :
« Puis, t’as pas intérêt à
cafter ! »
En rentrant, ce soir-là, après la
classe, Antoine fit un détour pour voir la maison de Monsieur Paul.
Maintenant, s’il ne voulait pas
passer pour un lâche, il se devait de pénétrer les lieux, de trouver des
indices et de ramener une preuve de son
exploit.
Il longea le mur, évaluant sa hauteur,
cherchant l’endroit le plus facile à escalader. Entre les barreaux de fer de la
lourde grille, il essaya de distinguer le bâtiment pour estimer la distance à
franchir, à découvert, entre les derniers arbres et le perron.
« Le mieux, pensa-t-il, serait
de venir la nuit. Lorsque tout le monde serait endormi, je pourrais sortir de
la maison, ni vu, ni connu. De plus, Flora sera dans son lit, elle ne me suivra
pas. »
Plusieurs soirs de suite, il prit
le même chemin au retour de l’école. Chaque fois, il échafaudait des
stratégies. Plus il réfléchissait, plus il s’apercevait que cette expédition
était vouée à l’échec.
Il s’imagina, un instant, en
spiderman, cagoulé et revêtu d’une combinaison moulante. Plus aucun souci alors
pour franchir le mur. Mais n’allait-il pas s’emmêler lui-même dans la
projection de sa toile, car comme le prétendait maman, il possédait deux mains
gauches. Alors !
Pourquoi pas en
« Barbapapa » se transformant à volonté…..
Revenant à la réalité, il
soupira :
« Je peux plus me rétracter
à présent. J’ai plus le choix ! »
Chaque matin, les regards des
copains se posaient sur lui, interrogateurs.
Chaque matin supplémentaire
voyait Antoine de plus en plus exclu du groupe.
Lui qui se posait en chef de
bande, passait à présent pour un fanfaron pétochard.
Alors, ce fut décidé, il
programma son expédition pour la nuit suivante.
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