Ce soir-là, Antoine se dépêcha de
faire ses devoirs et d’apprendre ses leçons.
« Parfait ! félicita
maman. Si c’était ainsi tous les soirs, on gagnerait du temps ! »
Heureux de ce compliment, il se
retira, avec un large sourire, dans sa chambre pour préparer un sac dans lequel
il plaça une corde, empruntée sur l’établi du garage et une lampe de poche dans
laquelle, par précaution, il mit des piles neuves.
Tout à coup, la porte s’ouvrit
sur Flora. Intriguée par l’application peu coutumière de son frère, la fillette
se doutait que quelque chose se tramait. En apercevant le sac sur le lit
d’Antoine, elle n’eut plus aucun doute. L’expédition était bien pour ce soir.
« Qu’est-ce que tu fais
là ? questionna le garçon d’un ton bourru.
En guise de réponse, Flora
demanda :
« Je peux aller avec
toi ?
- Allez
où ? répondit Antoine évasif.
- Tu
sais bien, chez le monsieur mystérieux !
- Ce
sont pas tes affaires, ça, alors va-t-en !
- Moi,
je vais le dire à maman.
- Dire
quoi, pauvre andouille ?
- Que
tu veux aller chez le monsieur mystérieux.
- Et
tu crois qu’elle va t’ croire ?
- Bah
oui !
- Bon,
reprit Antoine qui n’avait pas envie que sa mère se mêlât du problème. J’y vais
demain et je t’emmènerai.
Flora hocha la tête d’un air
entendu et sortit de la chambre de son frère, en pensant fortement que celui-ci
la prenait vraiment pour une andouille.
Regardant sortir son impossible
sœur, Antoine aurait aimé posséder les pouvoirs d’Harry Potter pour la
transformer en cafard. Oui, car cette petite sœur était un vrai cafard !
Il sourit en imaginant ce gros insecte
courir sur le sol avec de belles boucles blonds, caractéristique identifiant
bien la fillette.
Antoine lutta contre le sommeil
en attendant que ses parents aillent se coucher. Lorsqu’il ne perçut plus aucun
bruit dans le logis, il sortit de sa chambre, alla chercher le trousseau de
clefs dans le salon et après avoir ouvert la porte d’entrée s’enfonça dans le
noir de la nuit.
Ses yeux s’habituèrent peu à peu
à l’obscurité et aussitôt qu’il se fut un peu éloigné, il alluma la lampe
torche dont il dirigea le faisceau lumineux vers le sol.
Son cœur battait très fort et à
ce moment présent, il regrettait sa bravade. Il aurait préféré ne pas être
seul. Pourquoi ses copains n’avaient-ils pas accepté de l’accompagner ?
« Espérons que tout va bien
se passer, pensait-il. Il ne faudrait pas que je me fasse choper. J’aurais des
soucis avec les parents, peut-être même avec la police ! »
Cette dernière perspective ne le
réjouit pas, s’imaginant, derrière les barreaux d’une sombre cellule, vêtu
d’une tunique et d’un pantalon rayés, tel les "Dalton" dont il aimait lire les
aventures.
Le tintement de la cloche de l’Eglise,
annonçant minuit, le fit sursauter.
« Minuit, l’heure du
crime ! », cette phrase qui n’augurait rien de bon, lui revint en
mémoire. Ne l’avait-il pas lu dans un livre, dans lequel un des héros se voyait
assassiné à minuit, justement ?
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