Antoine pressa le pas. Puisqu’il
fallait y aller, autant en finir au plus vite.
Ce fut même au pas de charge
qu’il effectua le reste du chemin. Il arriva donc tout essoufflé devant la
grille de la propriété de Monsieur Paul.
Il longea le mur, jusqu’au bout
de la rue, revint sur ses pas. Aucun endroit de ce mur ne lui paraissait
abordable.
Soudain, il entendit un
grincement métallique. Paralysé par la peur, il n’osa se retourner.
Et si c’était un fantôme, agitant
ses chaînes !
Pas vraiment, car il entendit une
petite voix familière, lui dire :
« Pas la peine, la grille,
elle est pas fermée ! »
Antoine fit alors
volte-face :
« Qu’est-ce que tu fais là,
toi ? »
Avec un sourire angélique, la
fillette lança cette phrase d’une logique indéniable :
« Bah ! Heureusement
que je suis là, car à tourner en rond comme tu faisais, tu seras encore là
demain matin !
- La
punaise ! », pensa Antoine, mais au fond de lui, il n’était pas
mécontent de voir sa sœur. Ainsi, il ne serait pas seul.
« Bon ! ajouta-t-il,
d’un ton qui avait repris de l’assurance, faut pas perdre de temps. »
Les deux enfants franchirent la
grille et traversèrent le parc jusqu’au perron. Antoine prit alors la direction
des opérations.
« Je ne pense pas que la
porte soit ouverte, chuchota Antoine. On va passer derrière la maison. Suis-moi
et fais pas de bruit ! »
Derrière la grande bâtisse, il y
avait bien une petite porte de service, mais celle-ci était fermée à clef. De
plus, toutes les fenêtres étaient closes.
« T’as pas la clef ?
demanda Flora.
Son frère haussa les épaules.
« C’est dommage !
ajouta la fillette.
- Vas-tu
te taire, souffla Antoine.
Mais au lieu de se taire, la
fillette déclara :
« Puisque tu ne veux pas que
je parle, alors je ne te dirai pas qu’il y a une petite fenêtre d’ouverte !
- Bah,
ça, par contre, tu peux le dire, mais en baissant d’un ton, car tu vas ameuter
tout le quartier.
- Je
crois pas, car tout le monde dort.
- Pas
pour longtemps si tu n’arrêtes pas de discutailler. Bon, tu l’ dis où elle est cette
fenêtre ?
Pointant son index vers le sol,
Flora indiqua ; « Là ! ».
En effet, au ras du sol, un
soupirail offrait un passage, afin de pénétrer dans la demeure.
« Attends-moi, là, je vais
voir si on peut passer. »
Antoine s’accroupit et dirigea le
faisceau lumineux de sa lampe torche vers l’intérieur. Son inspection achevée,
Antoine satisfait, déclara :
« Je pense que c’est
possible. »
En disant cela, il passa ses
jambes par l’ouverture et se laissa glisser jusqu’au sol, sans difficulté.
Flora s’était approché.
« Viens, lui commanda son
frère. Assoies toi, les jambes vers moi. Ensuite, laisse-toi glisser, je vais t’attraper. »
Aussitôt dit, aussitôt fait, la
gamine, agile comme un petit chat, rejoignit rapidement son frère qui déjà
parcourait du regard les lieux, en les éclairant au mieux.
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