L’endroit était curieux.
Dans un sous-sol, se trouvaient,
d’ordinaire, un bric-à-brac innommable et beaucoup de poussière. C’était
absolument le contraire.
Les murs avaient été blanchis, le
sol revêtu de carrelage et les objets entreposés rappelaient étrangement une
salle de jeu d’enfant.
« Regarde, dit Flora, ravie,
il y a une grande maison de poupée avec plein de meubles et une dînette.
Oh ! Que c’est beau !
Que voulait dire tout cela ?
Antoine eut soudainement très
peur. Monsieur Paul n’était-il pas un kidnapper d’enfant, ou pire, un ogre qui
dévoraient les enfants après les avoir piégés, comme dans le Petit Poucet ?
Dans ce cas, il avait entraîné sa
sœur dans une sacrée galère !
Allaient-ils pouvoir
repartir ? Il regarda, inquiet, le soupirail qui, toujours ouvert,
laissait espérer une possible fuite.
Flora, elle, tout à fait
insouciante, avait trouvé l’interrupteur et dans la pièce maintenant grandement
éclairée, elle s’était assise sur le sol et jouait comme si elle se trouvait
dans sa propre chambre.
« Il faut partir maintenant.
On va prendre un petit jouet. Viens, dépêche-toi !
- Oh,
encore une minute, supplia la gamine.
- Non.
Allez, ferme la lumière. Je passe en premier et je t’aiderai à remonter.
A contrecœur, Flora mit, dans sa
poche, une des petites armoires de la maison de poupée et se relevant, aperçut
dans un cadre la photo d’une petite fille.
« Regarde, on dirait que
c’est moi, sur la photo.
- Ne dis pas de bêtises et viens !
» s’impatienta Antoine qui, à présent, n’avait pas envie de faire de vieux os dans
les lieux. Il ne serait tranquille, à présent, que lorsqu’il aurait, avec sa
sœur, regagné leur chambre respective dans la maison familiale.
Monsieur Paul qui souffrait
d’insomnie fut alerté par quelques bruits inhabituels en pleine nuit.
Vêtu d’une robe de chambre en
soie couleur grenat et chaussé de charentaises, il descendit l’escalier et,
arrivé au rez-de-chaussée, perçut une petite voix provenant du sous-sol.
Qui pouvait parler à cette heure
nocturne ?
Il fallait absolument résoudre
cette énigme.
En effet, sous la porte filtrait
de la lumière. Il y avait donc bien quelqu’un dans la pièce.
Sans bruit, Monsieur Paul ouvrit
la porte et pénétra le lieu. Derrière la maison de poupée, Flora releva la
tête.
Devant le visage de l’enfant,
Monsieur Paul poussa un cri de surprise et avant de tomber, murmura :
« Suzy ! ».
Antoine qui avait observé la
scène, ne voulant pas laisser sa sœur, sauta à pieds joints dans le lieu.
« Viens ! dit-il à sa
sœur en la tirant par le bras.
Mais celle-ci, aucunement
impressionnée, s’était approchée de l’homme et, de sa petite voix fluette,
demanda :
« Dis, Monsieur, ça
va ? »
Monsieur Paul ouvrit les yeux, se
releva et le regard fixé sur l’enfant, semblait voir un fantôme.
« Dis, Monsieur, insista
Flora, ça va ? », et sans se démonter, poursuivit :
« Dis, c’est qui
Suzy ? »
Puis, pointant son index vers la
photo dans le cadre, ajouta :
« C’est elle ? »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.