vendredi 17 janvier 2025

Révélations – chapitre 4

 


Au couvent de Sainte Claire d’Ollioules, Catherine Cadiere se confia à son nouveau directeur de conscience, le Père Nicolas.

«  Le père Girard m’a envoûtée. Lorsque je me suis retrouvée grosse, il a fait en sorte que je perde l’enfant qui dans mon ventre avait déjà trois mois. Une femme dont j’ignore le nom a fait ce qu’il fallait. J’ai eu des flots de sang pendant plusieurs jours.»

L’affaire prenait une vilaine tournure.

Un juge ecclésiastique fut délégué par l’Évêque. Accompagné d’un lieutenant-général civil et criminel, il rendit visite à Catherine pour enquêter. La jeune fille ne changea pas un mot à ses premières révélations.

Afin que les événements et plaintes qui s’ensuivirent ne se propagent, la jeune femme  fut enfermée dans une cellule isolée au couvent des Ursulines de Toulon. Mais, cette accusatrice n’était pas tout à fait « blanche comme neige » et après les investigations et témoignages, elle fut accusée..... d’avoir proféré de fausses et calomnieuses accusations, d’avoir abusé de la religion, d’avoir faussement contrefait la sainte et d’avoir contrefait la possédée. 

Les convulsions répétées de Catherine Cadiere, simulées ou réelles, avaient été mises en scène par l’un de ses frères, Étienne Cadiere, prêtre dominicain.

Catherine Cadiere se retrouva donc sur le banc des accusés, avec à ses côtés son avocat, maître Chaudon.

L’inculpée expliqua le déroulement de ses relations avec le Père Girard :

Dans un premier temps, j’étais mal à l’aise en présence du Père Girard. 

Le Père Girard m’affirmait que « Dieu demandait plus de moi et que je devais me donner toute entière.

Le Père Girard me dit : « Je suis votre maître, votre Dieu… Vous devez tout souffrir au nom de l’obéissance ».

Les viols détériorèrent ma santé, je me mis à vomir, au point de ne pouvoir pratiquement plus manger, je rejetais le peu que je prenais. 

 

Le procès qui fit grand bruit prit fin le 11 septembre 1731, avec la sentence suivante : Catherine Cadiere condamnée à la potence.

Un second verdict fut rendu un mois plus tard, le 10 octobre 1731, celui-ci innocenta l’inculpée.

Par la suite, Catherine Cadiere fut définitivement écartée de l’arène judiciaire et publique et remise aux bons soins de sa mère. Aucune information sur la date et le lieu de son décès.

Quant au Père Girard, accusé de crimes de droit commun troublant particulièrement l’ordre public (inceste spirituel, envoûtement et l’avortement), il fut renvoyé à Dole où il mourut le 4 juillet 1733. 

 

Le sujet qui fut largement suivi et commenté, ne cessa de susciter la curiosité de nombreux auteurs, polygraphes, historiens ou romanciers, de 1731 à nos jours.

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