Jeanne
dormit mal cette nuit-là.
Quand
elle s’éveilla, au petit matin, elle se sentait encore fatiguée.
Dehors,
le jour se levait à peine et le coq n’avait pas encore lancé son chant
triomphant, aubade au soleil.
Jeanne,
la couette remontée jusqu’au menton, regardait, par la fenêtre, le ciel
s’éclaircir peu à peu. Elle avait envie de flemmarder, de rester bien au chaud
à rêvasser. Elle pensait au beau visage de son cycliste, Cédric, dont elle
venait de faire la connaissance, rapidement certes, et qui l’avait
invitée.......
Soudain,
elle se redressa, s’assit sur son lit :
« Mais
il m’a invitée ! » s’exclama-t-elle.
En
peu de temps, elle se trouvait devant l’armoire dont elle avait ouvert la porte, et passait en revue les tenues qu’elle avait
emportées pour son court séjour.
« Mais,
je n’ai rien à me mettre ! Je vais passer pour une nulle ! » se
lamenta-t-elle.
Que
pouvait-elle donc mettre ?
Un
jean, avec un tee-shirt à manches courtes ? Trop sobre !
Une
jupe, alors ? Pas pratique, surtout
si il y avait du vent !
Sa
petite robe en dentelle ? Trop sophistiquée ! D’ailleurs, pourquoi
l’avait-elle emportée, cette robe, sachant qu’elle venait dans un endroit .....
Enfin, vous avez compris !
Désespérée,
Jeanne descendit en pyjama pour prendre son petit-déjeuner. Dans la cuisine,
maman et tante Adélaïde bavardaient devant leur tasse de thé. Elles stoppèrent
leur conversation à l’arrivée de l’adolescente.
Avaient-elles
des secrets à cacher ? En temps ordinaire, Jeanne aurait fait une remarque
désobligeante, mais l’heure était grave et elle n’avait qu’une seule idée en
tête : sa tenue pour l’invitation.
« Bonjour !
lui lancèrent les deux femmes, avec un large sourire.
-
B’jour ! grogna Jeanne.
-
Oh ! Tu en as une tête ! Tu as
mal dormi ? demanda Caroline, avec
un peu d’inquiétude dans la voix.
-
Bof ! grogna Jeanne.
-
Ok ! répondit
Caroline, habituée au mutisme de sa fille, surtout le matin au réveil. Je
te donne ton petit-déjeuner. Nous verrons après.
Jeanne,
assise devant son bol de chocolat, la tête dans les mains réfléchissait encore
et toujours. Elle finit par conclure :
« Que
la vie est compliquée. Depuis plusieurs jours, je me barbe et me demande :
Que faire ? Maintenant que je suis invitée, je rencontre un nouveau
problème : Comment m’habiller ? ».
Mais
elle garda cette pensée pour elle, ne voulant pas activer quelques réponses de
la part de sa mère et de sa tante.
Elle
entendait déjà leurs réponses, d’ailleurs :
-
Tu as suffisamment de choix, non ?
-
C’est un détail, tout cela !
-
Cela n’a pas d’importance, il y a plus
grave !
D’abord,
tout cela n’était pas vrai !
-
Elle n’avait pas tant de vêtements que
cela !
-
Ce n’était pas un détail, c’était
vital !
-
Cela avait une énorme importance, au
contraire, elle devait se montrer sous son meilleur jour, attirer tous les
regards et notamment celui de Cédric !
Qu’en
savaient-elles maman et tante Adélaïde ? A leur âge, rien n’avait plus
d’importance, et surtout pas les « détails ultra importants » que
représentait la tenue vestimentaire des jeunes !
Se
torturant le cerveau à en avoir la migraine, Jeanne finit par se dire qu’elle
préférait décliner l’invitation plutôt que de se sentir ridicule !
C’était
dit, elle n’irait pas !
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