Alors
que le soleil inondait les champs accroissant l’éclat de la couleur dorée des blés mûrs, Jeanne qui
avait pris note de l’arrivée des « petits-fils au Hubert », voulut se
rendre compte par elle-même.
Affichant
une apparente indifférence, elle déambulait dans le village, en touriste
observateur. Elle passa devant le seul commerce alimentation-café-tabac-journaux-dépôt
de pain à l’intérieur duquel quelques hommes âgés « tapaient du
domino », en buvant des bières.
La
partie semblait animée !
Dans
le cimetière, des femmes, vêtues de noir, s’activaient autour des tombes de
leurs chers défunts. Fidèles aux souvenirs des êtres aimés, cette occupation
meublait, essentiellement, la solitude de leurs longues journées.
L’horloge
de l’église sonna trois coups.
Sur
la place du village, ombragée par le feuillage d’un chêne, Jeanne s’interrogeait
sur le chemin à prendre. Elle opta, au hasard, pour celui de droite, qui serpentait à travers
champs, ces champs qui étalaient leurs épis à perte de vue. La moisson n’allait
pas tarder. D’ailleurs, Jeanne perçut, au loin un bruit de moteur qui allait
crescendo au fil de ses pas.
A
quoi ressemblait le père Hubert ?
Et
ses petits-fils ?
Des
gaillards, disait tante Adélaïde !
Jusqu’à
présent, dans le village, l’adolescente n’avait croisé que des personnes dont
la moyenne d’âge devait être..... ?
Plus que ça, encore !
Précisons
que pour Jeanne qui n’avait que douze ans, toute personne au-dessus de trente
ans était « vieille », alors vous pensez bien, ici, il n’y avait que
des vieillards !
Le
bruit que Jeanne entendait était bien celui d’une moissonneuse-batteuse qui
évoluait dans un champ, mais elle n’aurait pu dire qui se trouvait aux
commandes. Sa vue n’était pas perçante à ce point !
D’ailleurs,
elle n’avait pas envie, non plus, d’être découverte.
Qu’aurait-elle
pu raconter, si on l’avait surprise en train d’espionner ?
« Je viens voir la tête qu’ont les « petits-fils
au Hubert » ! »
La
honte !
Certes,
elle pourrait aussi avancer qu’elle était fortement intéressée par les travaux
agricoles.
Pas
crédible !
Tiens !
Elle faisait un exposé sur la vie à la campagne !
Ridicule !
C’étaient les vacances !
« C’est
nul, tout ça ! pensa Jeanne. J’en ai rien à faire de ces
mecs ! »
Puis,
elle fit demi-tour, pour revenir sur la place du village.
Mais,
le destin qui n’en fait toujours qu’à sa tête, mit sur le chemin de retour de la jeune fille, un cycliste pédalant en sens
inverse. Et quel cycliste !
Un
garçon de haute taille, en tee-shirt et jean, qui lui lança, en la croisant, un
« bonjour » des plus aimables avec un sourire. Oh ! Ce
sourire ! Une merveille !
Scotchée,
la Jeanne !
Elle
stoppa net, se retourna, et regarda, déçue, s’éloigner cette apparition.
Faire
encore demi-tour aurait été une solution pour le revoir, mais, elle ne voulait
pas avoir l’air de lui « courir après ».
Le
cœur battant, le pas plus léger, la tête dans les nuages, elle regagna la
maison de tante Adélaïde, rêvant à cette brève rencontre.
Qui
était-il ?
Un
des « petits-fils au Hubert » ?
Si
oui, lequel ?
Comment
se renseigner sans éveiller l’attention ?
Il
allait lui falloir beaucoup de diplomatie, et ça par contre, ce n’était pas
dans son caractère, loin de là !
Quelle
stratégie adopter ?
Premièrement :
Ne
pas changer trop vite d’humeur. Un revirement de caractère trop rapide pouvait
attirer l’attention. Mine boudeuse de rigueur !
Deuxièmement :
Ecouter
les conversations entre sa mère et tante Adélaïde. Elle pourrait ainsi obtenir
quelques informations.
Troisièmement :
Se
promener régulièrement sur la place du village, et pour cela, ne pas rechigner
à faire les courses dans le seul et unique magasin
d’alimentation-café-tabac-journaux-dépôt de pain.
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