Les
habitants du jardin
C’est
l’hiver. Le jardin s’est endormi, dissimulé sous une épaisse couette blanche.
Les
arbres tendent, vers un ciel gris, leurs branches dénudées et grelottent sous
les assauts du vent.
Mais
que sont devenus les habitants du jardin ?
Les
petits oiseaux ébouriffent leurs plumes pour avoir plus chaud, ce qui donne
l’impression qu’ils portent de grosses doudounes.
Ils
ne font plus entendre leur chant. Non,
non, ce n’est pas parce qu’ils ont mal à la gorge, mais parce qu’ils attendent
que le ciel redevienne bleu et que le soleil resplendisse, pour crier leur
joie.
Les
escargots ont garé, dans les creux du vieux mur, leur coquille dont ils ont
fermé hermétiquement la porte pour ne pas sentir la morsure du froid.
Ainsi
protégés, ils passeront la période hivernale paresseusement.
Les
coccinelles ne sortent pas non plus. Leur couleur rouge sur le sol blanc les
rendrait trop visibles et les oiseaux en feraient leur dîner. Elles passent leur
temps à jouer à des jeux de société et se servent des points qui ornent leurs
dos pour organiser des tournois de dominos.
Les
chenilles se sont enveloppées dans des cocons moelleux et confortables. Elles peaufinent,
à l’abri des regards, leur apparence. Ne deviendront-elles pas, aux beaux
jours, de superbes papillons ?
Les
abeilles ont déserté les lieux. Dans les alvéoles de leur demeure, elles
attendent, endormies, le moment où elles pourront butiner à loisir le pollen
des fleurs pour en faire un miel doré et parfumé.
Dans
son terrier, le hérisson est plongé dans un profond sommeil. Il reprendra le
cours de sa vie lorsque le temps sera plus clément.
Dans
le sol, les vers de terres, enroulés sur eux-mêmes, ont cessé leurs travaux de
terrassement. La terre bien trop dure pourrait leur casser les dents.
Dans
leurs galeries, les fourmis prévoyantes profitent des provisions accumulées
tout au long de l’été, car ce n’est vraiment pas un temps à mettre leurs
antennes dehors.
Dans
le sol, se trouve aussi une multitude de graines qui germera lentement, très
lentement, préparant avec minutie racines et tiges et deviendra le moment venu
fleurs et plantes diverses.
Le
jardin est assoupi, dans l’attente du printemps.
Même
le chat qui laisse les empruntes de ses quatre pattes dans l’épaisseur neigeuse
se dépêche de regagner la maison. Il ne porte pas de moufles, ni de
chaussettes, aussi, il a froid aux petits coussinets de ses pattes et n’aspire
qu’à les mettre bien au chaud.
La
neige a enfin fondu.
Le
ciel s’est éclairci et laisse paraître un peu de bleu.
Le
gazon du jardin reverdit et, ici et là, quelques fleurs montrent leurs pétales.
C’est
le signe qu’attendaient les habitants du jardin pour enfin réapparaître.
Les
papillons essaient leurs ailes encore froissées par leur sommeil hivernal et
rivalisent de couleurs chatoyantes.
Les
fourmis prévoyantes ayant consommé une grande partie de leurs provisions,
reprennent leurs longues marches en quêtes de nourriture qu’elles entasseront
en prévision du prochain hiver.
Les
coccinelles, craignant moins de se faire croquer, abandonnent leurs jeux et
s’envolent joyeusement.
Les
abeilles travailleuses ont repéré les fleurs à butiner. Les alvéoles se rempliront
maintenant très vite de miel sucré.
Les
vers de terre aèrent le sol en creusant
de petites galeries. Grâce à eux, le sol sera plus fertile. Mais, attention, le
hérisson qui lui aussi s’est réveillé cherche de quoi manger. Et il rêve d’un bon gros ver de terre pour son petit-déjeuner.
Les
oiseaux ont retiré leurs doudounes. Ils picorent ici et là de petits grains et
chantent, chantent à tue-tête.
Les
escargots, eux, n’aiment pas le froid, n’aiment pas le soleil…… alors ils
attendent que tombe la pluie pour enfin sortir de leur coquille et quitter le
vieux mur.
Le
jardin a retrouvé tous ses habitants et résonne de chants et de bourdonnements.
Le
chat musarde à nouveau, humant l’air, heureux de pouvoir sortir gambader sans
avoir froid à ses « patounettes », en quête d’un petit mulot à
chasser.
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