Médisances......
Je
déteste les gens médisants, ceux qui cherchent à faire des ragots de tout et de
rien, à amplifier les choses pour créer des querelles qu’ils regardent ensuite
en s’en délectant, ceux qui aiment les cancans !
Vous
voyez ce que je veux dire ?
Et....
vous voyez aussi de qui je veux parler ?
Non ?
Réfléchissez
un peu ...... Encore un peu.....
Ça
y est ? Vous y êtes !
J’ai
encore « fauté » ! Oui, je ne peux pas m’en empêcher.
Aussitôt
que je mets mon nez dans un registre, il faut que je déniche, même « l’indénichable »,
et voilà que je viens de trouver une mine à cancans.
Il
s’agit des déclarations de grossesses faites en mairie par les jeunes filles.
Elles
devaient ainsi décliner leur identité, leur filiation, leur état de grossesse
en nombre de mois et le nom de celui à qui elle devait leur état.
Je
suppose qu’il y eut de nombreux procès, certaines demoiselles profitant de leur
mésaventure ou bonne aventure, pour choisir le nom d’un père parmi les jeunes
hommes non dénués de biens, afin d’en tirer profits.
J’ai
donc relevé plusieurs déclarations afin de voir quand était né l’enfant, si il
avait été reconnu et par qui, et si il y avait eu mariage par la suite.......
Vous
avez le droit de me huer..... Je suis
incorrigible. Mais reconnaissez que ma démarche est plaisante.
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Le
31 juillet 1817, Demoiselle Marie Marguerite Picard déclarait être enceinte de
six mois environ, des œuvres de Zacharie Durand. Il était vrai qu’elle
affichait une ventrée qui ne pouvait que sauter aux yeux.
Depuis
le décès de sa mère, Marie Anne Hue, survenu le 13 août 1816, Marie Marguerite
tenait le ménage de la maison paternelle. Son père, Philippe Picard, en
apprenant la grossesse de sa fille, regretta bien l’absence de sa défunte. Elle
aurait su quoi faire, elle. Elle aurait su faire quoi, en fait ? Rien de
plus que lui. Il n’y avait qu’à attendre. Le petit n’y était pour rien et puis
ce n’était pas son affaire. Et dans ce cas, les femmes étaient les plus
compétentes !
Quand
le moment arriva, le futur grand-père laissa les femmes entre elles. Pas son
affaire non plus ! Il fallait laisser la nature faire, pas vrai ?
Mais
ce ne fut pas sans fierté qu’il alla présenter, le 12 novembre 1817, à la
mairie de Marbeuf, le gaillard qui donnait déjà de la voix. Ce qui fit dire par
certains :
« Mais
c’est un braillard ! On voit bien de qui il tient ! »
Peu
importaient les réflexions ! Le petit allait bien et sa fille aussi.
C’était l’essentiel.
Le
nouveau-né qui avait vu le jour le 11 novembre 1817 à midi, fut déclaré sous le
nom de sa mère, « Picard », et reçut les prénoms de « Martin
Modeste Ursin ».
Et
le père ? Il refusa la paternité de cet enfant. Pas le sien !
Et
bien sûr, il n’était pas question d’épouser la future mère !
Et
puis, n’était-il pas préférable de ne pas se marier, plutôt que de vivre un
mauvais ménage ?
D’ailleurs,
le destin régla le dilemme.
En
effet, le petit Martin Modeste Ursin décéda
le 26 novembre 1817. Il n’avait que quatorze jours.
C’était
ainsi, beaucoup d’enfants mouraient dans les premiers mois suivant leur
naissance.
Et
les mauvaises langues de dire, d’un air entendu, en apprenant le décès :
« Forcément....
un enfant du péché !....... »
Comme
si, les petits, à peine nés, portaient le poids des « fautes » de
leurs parents et devaient en supporter les conséquences !
Pas
de mariage, alors ?
Mais
oui ! Deux !
Celui
de Zacharie Durand, mais avec une autre jeune fille, du nom de Marie Catherine
Lefebvre et que l’on célébra le 18 août 1821.
Et
celui de Marie Marguerite Picard, le 29 janvier 1818 avec un certain Philippe
Damois. Un gars de Criquebeuf-sur-Seine.
Concernant
Marie Marguerite Picard et Philippe Damois, ils vécurent à Marbeuf toute leur
vie. Ils n’eurent pas de descendance.
Philippe
Damois partit le premier, le 13 avril
1853.
L’année
suivante, juste après la Noël, le 29 décembre 1854, Marie Marguerite Picard le
rejoignit.
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Marie
Barbe Françoise Soligni, âgée de vingt-deux ans, déclara aussi une grossesse de
six ou sept mois, en mairie de Marbeuf.
En
ce cinq août 1817, les mains sur son ventre arrondi, elle avoua sa
« faute » et donna le nom du géniteur, Pierre Godard qui demeurait à
Vitot.
L’enfant
vint au monde, le mardi 28 octobre 1817 et fut présenté à l’officier d’Etat
Civil qui enregistra la naissance du petit qui avait reçu les nom et prénoms
de Soligni Jules Delphin Florentin.
Mais
je n’ai rien trouvé par la suite et surtout pas de mariage.
Marie
Barbe Françoise aurait-elle quitté Marbeuf et ses alentours, au bras d’un
galant, père ou non de son enfant ?
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Quand
Victoire Hareng vint annoncer, le 8 octobre 1833, qu’elle attendait un enfant
des œuvres de Mathurin Leroy, il sembla à l’employé de mairie de Marbeuf que le
tour de taille de la demoiselle n’était pas réellement en rapport avec le
nombre de mois annoncé.
Un
doute lui parcourut l’esprit, mais,
comme il était là pour prendre note des déclarations de grossesses, il le fit.
Après tout, certaines femmes ne prenaient pas toujours une ampleur hors du
commun !
La
famille de Mathurin Leroy, par la rumeur publique (encore elle !) eut
connaissance de la déclaration de la demoiselle. Il n’était pas question de se
laisser embobiner de la sorte. Même si la jeune fille, âgée de dix-huit ans,
était plaisante, elle ne pouvait être enceinte de leur fils. Pas question de
prendre le rejeton d’un autre ! D’ailleurs qu’est-ce qui prouvait qu’elle
était bien enceinte et de sept mois en
plus. Avec la silhouette fine qu’elle avait, pas possible !
Pour
ne pas se laisser avoir, la famille demanda à ce que la jeune fille soit
examinée par un médecin.
Ce
fut au Docteur en chirurgie et accoucheur, le sieur Jean Marie Joseph
Gaulliart, que revint la charge de statuer.
Le
18 octobre 1833, il établissait le certificat suivant :
« ............... j’ai examiné
hier dix sept du présent, Victoire Harent à l’effet de savoir si elle était enceinte
ou non, après avoir exploré l’utérus j’ai reconnu qu’elle ne l’était pas ou si
elle l’était, elle l’est de peu de temps........ »
Alors ?
Alors
cela donna sans doute des idées aux deux jeunes gens, car le 20 juin 1834, un
petit Amand Mathurin montra le bout de son nez.
« Amand »
du prénom de son grand-père, François Amand Harent et « Mathurin » du
prénom de son père, Mathurin Leroy.
L’histoire
ne s’arrêta pas là.
Deux
ans plus tard, le 23 juin 1836, Victoire Hareng et Mathurin Leroy convolaient
en justes noces et reconnurent avoir « pris un peu d’avance sur leurs
épousailles ». Le petit Amand Mathurin fut ainsi légitimé par le mariage de ses parents.
Je
ne peux m’empêcher de penser à une manœuvre, bien habile, de la part de la
jeune fille, afin d’attirer le regard de l’élu de son cœur.
Mais,
bien sûr, je suis peut-être médisante ! Non ?
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Malgré
cette loi datant de 1556, exigeant que les jeunes femmes non mariées ainsi que
les veuves, déclarent leur état de grossesse, certaines arrivaient tout de même
à cacher leur état et accouchaient clandestinement.
Un
grand nombre de nouveaux nés étaient déposés au tourniquet des hospices avec
pour seules mentions, celles de leurs prénoms et si ils avaient reçu le
baptême. D’autres, moins chanceux, étaient retrouvés sans vie dans les mares ou
cours d’eau, lâchement assassinés par celles qui leur avaient donné et repris
la vie en peu de temps. Pour la plupart, des femmes qui, domestiques de ferme
ou ouvrières de manufactures, avaient été forcées par des hommes sans scrupule
ou encore des jeunes filles ayant cru à de trop belles paroles pour être
vraies !
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