Je suis un tantinet en retard
dans la gestion de mon courrier, et je vous prie de m’en excuser.
Je vous avez soumis deux lettres
dans le cadre de ma rubrique « A vos plumes ».
La première était une énigme et
pour comprendre le texte il suffisait de lire une ligne sur deux, en commençant
par la seconde.
Chère
Marie,
Je
vous écris de devant notre cabane et je dois vous avouer que
votre aide est requise, je ne pourrais très certainement pas
tenir très longtemps
sans
vous avoir à mes côtés... Les lapins sont enfin arrivés, ils pullulent,
ils sont partout! Je pense qu’ils commencent à deviner, c’est
sûr qu’ils savent
que
le printemps est arrivé. Les fleurs pointent du nez, mais elles ne durent pas
longtemps:
si vous ne venez pas bientôt tout sera perdu! Je suis entouré
de
mille fleurs, senteurs de ce début de saison, mais hélas,
je sens que la fin que nous attendons tous est encore loin;
les
abeilles
ne savent plus se tenir devant tant d’odeurs, se laissent aller et leurs dé-
boches risquent de nous coûter la victoire. Il se peut que
cette lettre
vous
arrive bien tard, mais n’ayez crainte, je doute que cette jarre pleine de miel
soit la dernière que je vous envoie. Si vous n’entendez plus
parler de moi,
c’est
que je me suis perdu dans les myriades d’arc-en-ciel donc ne soyez pas jalouse
:
n’hésitez pas à utiliser les feux d’artifice.
J’attends
de vos nouvelles.
Philippe
Astucieux ? Non ?
Rassurez-vous, je n’avais pas
trouvé !
La seconde missive était envoyée
par un petit toutou en vacances-garderie chez Yvonne et Benoit
pendant le voyage de ses maîtres.
Il
y parle de ses nouveaux compagnons chiens, chats et des trois poules, Claudine,
Jeanine et Nénette..............
-=-=-=-=-=-=-=-
Je vous transmets aussi un autre
courrier. Un courrier de remerciements. Il ne m’était pas destiné, mais je l’ai
découvert, froissé, dans la corbeille à papier de mon chef de service.
Je l’ai trouvé amusant, étrange,
intrigant.....
Voilà ce qu’il disait :
Mon cher
vieux !
Je te remercie
vivement de m’avoir permis de passer, cet été, des vacances inoubliables. La
maison dont tu m’avais donné la jouissance pour un mois m’a permis de passer un
séjour au plus près de la nature.
Oui. Une maison en
bord de mer ! Sauf que tu avais omis de préciser qu’elle se trouvait au
sommet d’une falaise abrupte, dominant la plage à plus de cent mètres.
Oui. Une maison
avec parking devant pour garer la voiture, en négligeant toutefois de dire que
le parking en question se situait à plus d’un kilomètre, puisque la route
accédant à la propriété s’arrêtait là, laissant place à un chemin de randonnée
escarpé.
Oui. Une maison
avec l’eau courante, celle du petit ruisseau, non loin du parking d’ailleurs,
et qui au mois d’août, époque de ma villégiature, est toujours à sec.
Oui. Une maison
meublée avec goût, sauf que celle-ci avait été visitée par quelque rôdeur,
malveillant et quelque peu voleur, qui n’avait laissé qu’un vieux matelas et
une chaise branlante.
Je te remercie,
toutefois, de m’avoir prévenu qu’il n’y avait pas l’électricité dans les lieux.
Je m’étais donc, grâce à cette précision, muni du nécessaire. Mais, j’avoue que
les nuits de pleine lune, par les trous dans le toit, je voyais comme en plein
jour. Grâce à cela, faute de pouvoir
trouver le sommeil, j’ai pu lire de nombreuses heures. N’ayant pris que deux
ouvrages, je peux, sans prétention, dire que je les connais par cœur !
Pas de réseau
internet et téléphone. Mais ça, je le savais d’avance. Et en quoi un téléphone
m’aurait été utile, puisque la demeure n’étant pas équipée du confort
électrique, je n’aurais pu recharger la batterie.
Que dire encore,
sinon, merci pour ta gentillesse ?
J’ai, grâce à toi,
passé des vacances pittoresques, ne mangeant que des chips, des raviolis froids
et des sandwiches, respirant l’air marin revivifiant qui traversait les pièces au
travers des lézardes des murs ou par les fenêtres aux vitres cassées et
attendant les averses pour faire un brin de toilette.
Grâce à ta générosité,
j’ai eu bien du mal à réintégrer la civilisation matérialiste. Lâché en pleine
écologie pendant quatre semaines, ma concierge a eu bien du mal à me reconnaître.
Elle m’a fermement refusé l’accès à l’immeuble et devant mon insistance a
appelé la gendarmerie.
Te dire combien le
changement bienfaisant de cette vie au plein air devait être visible.
Ah ! Les
bienfaits de la vie sauvage, il n’y a que ça de vrai !
J’oubliais de te
dire aussi, que grâce à toi, j’ai vécu une autre expérience. Celle d’une nuit
en cellule. Ce ne fut qu’après une douche et le rasage d’une barbe de trente
jours que mon identité fut révélée au grand-jour !
Voilà ! Ce
fut donc avec regret que j’ai quitté ta charmante résidence du bord de mer et
repris la vie civilisée et la routine du boulot.
Surtout, si tu
voulais me prêter à nouveau ta maison, je serais au regret de refuser. Je ne
voudrais pas priver d’autres personnes de cette merveilleuse expérience.
Je t’envoie, mon
cher vieux, toute mon inimitié, et surtout..... à jamais !!
A qui était-il adressé, ce
courrier de remerciements amers ? A mon chef ?
Mystère de corbeille à
papier !!!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.