mercredi 25 juillet 2018

CONTE POUR LES ENFANTS SAGES..... ET TOUS LES AUTRES


LE CAILLOU NOIR
Chapitre 2


Rentrant chez lui, il ne prit pas le temps de se déchausser comme le demandaient les règles familiales, mais gravit les marches de l’escalier menant à l’étage, deux à deux, ouvrit à la volée la porte de sa chambre, balança son sac dans un coin de la pièce et se jeta sur son lit dont la couette gisait en boule sur le sol.
Allongé sur le dos, les bras repliés sous la tête, les yeux semblant observer au-delà du plafond un monde lointain, il s’immobilisa dans une sorte de « transe statique »  que seuls les adolescents maîtrisent à la perfection...... jusqu’à ce que :
« Théo ! Tu es là ? »
La voix venait d’en bas, de l’entrée, c’était celle de maman qui, inquiète d’avoir trouvé la porte d’entrée entrouverte et de n’entendre aucun bruit dans la maison, se renseignait si ce n’était pas encore son chenapan-de-fils-nommé-Théo qui n’avait pas, comme à son habitude, fermé la porte.

Il fallut à Théo un certain temps et plusieurs appels de sa « maternelle », pour sortir de sa bulle et répondre enfin par un « Ouais !» dont l’intonation en disait long sur son humeur du moment.

Théo. Un jeune adolescent de 11 ans, scolarisé dans le groupe scolaire de son village, en classe de CM2.
« L’an prochain, lui disait-on, c’est le grand saut vers le collège ! Du sérieux, hein ? »
Théo. Un visage encore poupon tacheté de rouille, une tignasse épaisse et rousse, de grands yeux bleus clairs, presque transparents et un sourire angélique et resplendissant  (quand il daignait sourire, bien sûr) qui laissait apparaître une dentition baguée qui étincelait au soleil.
Théo avait tout ce qu’il fallait pour être la risée des copains, un prénom divin (Merci les parents !), une petite taille et légèrement enrobée, des cheveux roux, un visage de gros bébé.... Il n’y avait que « l’appareil d’orthodontie » qui n’était pas objet de moquerie, car, tous ou presque, en étaient équipés.
Théo, surnommé « Dieu », vivait à l’école un « enfer de lazzis ».
Mal à l’aise, dans cet environnement hostile, il ne fréquentait l’école que par obligation, mais ne s’y sentait pas bien. Ses résultats n’étaient donc pas excellents, bien au contraire. N’obtenant que de mauvaises notes même aux exercices les plus faciles, celles-ci lui valaient les sobriquets gratifiants de « Nul », « Nase », « Idiot », « Cancre », et bien d’autres encore, même par ceux dont le niveau ne se révélait pas plus élevé que le sien.

Alors, il s’était réfugié dans son monde, un monde dans lequel il était le héros, se promettant chaque soir d’affronter ses détracteurs, mais chaque matin, en se rendant à l’école, son courage fondait.....
Alors il pensait tristement : « Non seulement je suis nul, mais en plus, je suis un lâche. »



LA SUITE LA SEMAINE PROCHAINE

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