LE CAILLOU NOIR
Chapitre 2
Rentrant chez lui, il ne prit pas le temps de se déchausser comme le demandaient
les règles familiales, mais gravit les marches de l’escalier menant à l’étage, deux
à deux, ouvrit à la volée la porte de sa chambre, balança son sac dans un coin
de la pièce et se jeta sur son lit dont la couette gisait en boule sur le sol.
Allongé sur le dos, les bras repliés sous la tête, les yeux semblant
observer au-delà du plafond un monde lointain, il s’immobilisa dans une sorte
de « transe statique » que
seuls les adolescents maîtrisent à la perfection...... jusqu’à ce que :
« Théo ! Tu es là ? »
La voix venait d’en bas, de l’entrée, c’était celle de maman qui, inquiète
d’avoir trouvé la porte d’entrée entrouverte et de n’entendre aucun bruit dans
la maison, se renseignait si ce n’était pas encore son chenapan-de-fils-nommé-Théo
qui n’avait pas, comme à son habitude, fermé la porte.
Il fallut à Théo un certain temps et plusieurs appels de sa « maternelle »,
pour sortir de sa bulle et répondre enfin par un « Ouais !» dont l’intonation
en disait long sur son humeur du moment.
Théo. Un jeune adolescent de 11 ans, scolarisé dans le groupe scolaire
de son village, en classe de CM2.
« L’an prochain, lui disait-on, c’est le grand saut vers le
collège ! Du sérieux, hein ? »
Théo. Un visage encore poupon tacheté de rouille, une tignasse épaisse
et rousse, de grands yeux bleus clairs, presque transparents et un sourire angélique
et resplendissant (quand il daignait
sourire, bien sûr) qui laissait apparaître une dentition baguée qui étincelait
au soleil.
Théo avait tout ce qu’il fallait pour être la risée des copains, un
prénom divin (Merci les parents !), une petite taille et légèrement
enrobée, des cheveux roux, un visage de gros bébé.... Il n’y avait que « l’appareil
d’orthodontie » qui n’était pas objet de moquerie, car, tous ou presque,
en étaient équipés.
Théo, surnommé « Dieu », vivait à l’école un « enfer de
lazzis ».
Mal à l’aise, dans cet environnement hostile, il ne fréquentait l’école
que par obligation, mais ne s’y sentait pas bien. Ses résultats n’étaient donc
pas excellents, bien au contraire. N’obtenant que de mauvaises notes même aux
exercices les plus faciles, celles-ci lui valaient les sobriquets gratifiants
de « Nul », « Nase », « Idiot », « Cancre »,
et bien d’autres encore, même par ceux dont le niveau ne se révélait pas plus
élevé que le sien.
Alors, il s’était réfugié dans son monde, un monde dans lequel il
était le héros, se promettant chaque soir d’affronter ses détracteurs, mais
chaque matin, en se rendant à l’école, son courage fondait.....
Alors il pensait tristement : « Non seulement je suis nul,
mais en plus, je suis un lâche. »
LA SUITE LA SEMAINE PROCHAINE
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