Chapitre
6
Au
village, quelques voisins alertés par les cris de la dispute, étaient, malgré
le froid, sortis sur le pas de leur porte, l’oreille aux aguets. Le calme
revenu, ils s’étaient approchés de la maison des Signol. On ne savait jamais,
en ces temps tourmentés, le couple Signol que chacun savait âgé avait peut-être
besoin d’aide, d’autant plus que la
porte du logis était restée grande ouverte.
Les
premiers sur les lieux aperçurent une silhouette s’enfuyant vers la campagne.
Silhouette bien vague dans la nuit noire. Pénétrant dans la demeure, ils virent
Marie Marthe agenouillée près du corps du vieux Jean Baptiste allongé sur le
sol. Tête baissée, mains jointes, la
pauvre femme toute à sa prière, ne releva pas la tête à leur entrée.
Pour
quoi faire ?
Pour
quoi dire?
D’ailleurs,
sa décision était prise, elle garderait le silence quoiqu’il arrivât afin de
sauver son petit.
Un
silence qui pourrait facilement passer pour être dû au choc. A son âge, on
pouvait perdre la tête pour moins que cela, pas vrai ? Et puis, les gens
pouvaient dire ce qu’ils voulaient, peu lui importait à présent. On n’empêchera
jamais les langues de médire.....
Le
citoyen Legendre, officier de police, se déplaça et constata le décès du vieil
homme.
Premier
constat, il ne pouvait s’agir que d’un acte de malveillance.
Les
témoignages allaient dans ce sens.
Les
cris d’une violente dispute. La silhouette d’un homme dans l’obscurité de la
nuit. Et puis l’attitude prostrée de la veuve cloîtrée dans le mutisme, le
regard dans le vide.
Des
indices indiscutables prouvant qu’il s’agissait bien là d’un assassinat.
Un
acte inqualifiable. La justice devait sévir.
Mais
qui était le responsable.
Un
nom circulait dans les conversations des uns et des autres, celui de Jean
Jacques Philippe, un des fils de la victime.
N’était-il
pas de notoriété publique que père et fils s’affrontaient souvent.
Alors,
de fil en aiguille, tout devint clair, ce ne pouvait être que lui et il fallait
aller quérir à tout prix ce parricide, afin qu’il fut jugé à hauteur de son
acte.
Le
20 mars 1792, Jean Baptiste Signol était porté en terre.
Marie
Marthe, cœur brisé, jambes tremblantes, assistait aux obsèques comme un
automate, anéantie par le chagrin de la perte de son époux et rongée par la peur de voir son fils condamné.
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