Le mari, la femme et l’amant. Voilà un trio bien classique qui a fait
les beaux jours du Théâtre de Boulevard, alimentés par de nombreuses pièces,
notamment celles de Feydeau et Courteline.
Si sous la plume de l’écrivain, les situations théâtrales entraînent
une multitude de quiproquos provoquant bien des rires, il n’en est pas de
même, malheureusement, dans la vraie vie.
En voilà un exemple.
Le sieur Louis Luce était
marié.
Jusque-là rien de bien spécial, me direz-vous.
Son épouse fit une rencontre, et cette rencontre bouleversa, non
seulement sa propre vie, mais aussi celle de son mari.
Une rencontre galante, ça vous l’aviez compris.
Une rencontre qui provoqua la rupture du couple Luce, madame ayant
fait sa valise, non pour retourner chez
sa mère, mais pour emménager chez son amant, le sieur Pierre Volle.
Louis Luce après un temps d’abattement, puis de rancœur,
nourrit une haine contre l’infidèle, mais surtout contre celui qui lui avait
volé son bien.
Après bien des réflexions, il décida d’aller rechercher son épouse
afin de la ramener au domicile conjugal.
Louis Luce savait que son rival demeurait à Villeneuve-la-Garenne. Le
voilà donc en route pour cette destination. Tout au long du chemin, il
ruminait, fulminait..... Au point qu’il n’avait vraiment plus les idées bien
claires en arrivant non loin du logement de son rival.
Sa tête tournait, son cœur cognait, ses mains tremblaient.
Dans un terrain vague, il ramassa deux pavés et se dirigea d’un pas
décidé, vers la demeure de son ennemi juré, afin d’en découdre le plus vite
possible. Il hésita pourtant au dernier moment, faisant les cent pas sur le
trottoir, guettant alentour, comme le font ceux qui s’apprêtent à faire un
mauvais coup.
Puis, se souvenant de la trahison infâme dont il était victime, il se
précipita vers la porte, l’ouvrit avec fracas et fit irruption dans le
logement.
Devant lui se dressa Pierre Volle. Il était chez lui et de ce fait,
sûr de son bon droit, s’interposa un revolver à la main et fit feu avant que
Louis Luce n’eût le temps de jeter sur son adversaire les deux pavés qu’il
tenait en main et qu’il laissa choir dans un hurlement de douleur, atteint à la jambe gauche de deux balles.
Malgré la douleur et le sang qui coulait, la rage le fit se redresser
et avec une force incroyable, il se jeta sur son assaillant, le terrassa
et, muni du tire-bouchon qu’il venait de sortir de la poche de sa veste, lui en laboura le crâne de plusieurs coups
violents.
Après cet assaut, Louis Luce traînant la jambe s’éloigna.
Certes, il avait affronté le briseur de ménage, mais il était
grièvement blessé, et surtout, il savait maintenant qu’il avait définitivement
perdu celle qu’il souhaitait tant voir reprendre, avec lui, une vie commune.
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La veille, le 27 septembre 1904, un homme de quarante ans avait été
amené aux urgences avec une vilaine blessure à une jambe. Blessure par balles.
Le commissaire interrogea le blessé qui resta muet.
Devant ce silence, le commissaire mena donc quelques investigations.
Ce ne fut pas trop difficile de dénouer toute l’histoire.
Voilà comment, cette affaire fit l’objet d’un court article dans le
journal « Le Petit Parisien » du 28 septembre 1904.
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Mes propres investigations n’ont rien donné.
Ce que je peux affirmer, c’est qu’aucun des rivaux n’est décédé de ses
blessures. C’est déjà ça !
Rien sur l’identité de la femme adultère qui restera pour nous, Madame
Luce.
Etait-elle retournée chez son époux, de grès ou de force ?
Une question tout de même ?
Pourquoi Pierre Volle était-il en possession d’un revolver ?
Etait-il un malfrat ?
Et ce pauvre tire-bouchon ? Instrument inoffensif encore utilisé
comme arme offensive !
Apparemment, en ces temps anciens, il n’avait pas toujours le beau
rôle, celui de déboucher une bonne bouteille pour faire la fête !
Toutefois, en feuilletant les journaux, j’ai découvert que le
commissaire Lardanchet était très actif et résolut bien des énigmes policières.
Il fut rattaché à plusieurs commissariats. A Saint-Cloud avant celui Saint-Denis-Sud en 1903. En 1905, il se retrouva au commissariat de
Saint-Denis à Asnières. Puis en 1907, il intégra le commissariat des Vanves –
quartier de Charonne.
Ensuite, je perds sa trace.
Fut-il muté dans un autre département ?
Prit-il une retraite bien méritée ?
Fut-il tué en service ?
Mystère !
Je suis désolée, car cette « agression-tire-bouchon » ne m’a
pas permise de développer bien plus amplement.............
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