jeudi 6 février 2025

Dans le quartier de Bucaille – chapitre 2


Était-ce pour se rapprocher de Dieu que Marie Benoist entretenait des relations charnelles avec le moine Saulnier ?

Marie, une jeune femme au comportement étrange, passant pour avoir commerce avec les démons, entretenant une liaison hors mariage avec un moine... Voilà suffisamment de faits pour qu’elle fût appelée à comparaître devant l’abbé Paté de Cherbourg et M. Forten de Quettreville, médecin d’Helleville.

Après examens, l’abbé, tout comme le médecin, déclarèrent Marie possédée par le démon.

Devant de telles accusations et en mesurant les conséquences, Marie Benoist préféra quitter Cherbourg pour s’établir à Valognes, en 1696.

 

La fuite plutôt que l’incarcération....

Et pourquoi la ville de Valognes ?

Parce que l’Évêque de Coutances y avait envoyé, en disgrâce, le moine Saulnier, devenu aux yeux de tous, son compagnon.

Marie Benoist avait emménagé  dans une petite maison dans le hameau de Saint-Didace de Valognes. Avec elle, une servante nommée Jeanne de Launay.

 

Aussitôt son emménagement, Marie eut de nouveau des convulsions, notamment lors des offices. Certains affirmèrent l’avoir vue léviter, suspendue au-dessus du sol.

Marie affirma aussi être régulièrement visitée par Jésus ou par le diable. Des stigmates réapparurent régulièrement sur son corps.

 

Puis arriva le jour de Pâques 1697. Au cours de la messe en l’église Saint-Malo de Valognes, la jeune femme entra en transe.

La situation était telle que devant ces manifestations hors du commun, le curé de cette paroisse, Julien de Laillier[1] ordonna que sa paroissienne fût transportée dans l’Hôtel-Dieu de la ville.

L’entrée à Hôtel-Dieu n’était-elle pas le premier pas vers un autre enferment, la prison ?

Marie Benoist réfléchit.  Si elle était emprisonnée, elle risquait d’être accusée de sorcellerie, aussi confessa-t-elle que ses transes n’étaient que comédie et dénonça son compagnon, le moine Saulnier, comme l’instigateur de ces bouffonneries.

 Suite à cette dénonciation, le cordelier Saulnier sentant le vent tourner et la justice poindre son nez préféra s’éloigner loin, bien loin. Il se réfugia dans un couvent de Nancy.

 

Marie Benoist toutefois resta sous surveillance et une enquête ecclésiastique fut diligentée.

Après cinq mois de recherches et interrogatoires, la jeune femme fut enfin libérée, rien n’ayant été retenue contre elle.

Pour laisser derrière elle tous ces mauvais moments, elle quitta le hameau de Saint-Didace pour s’installer dans une maison du hameau de Saint-Lin.

Cette nouvelle demeure fut-elle un havre de paix ?



[1]   Julien de Laillier – né le 12 février 1641 à Valognes – décédé le 30 avril 1728 à Valognes  - ordonné prêtre à 35 ans.  En 1677, il est nommé curé de sa paroisse natale et porte les titres de curé et official de Valognes, archidiacre du Cotentin et grand-vicaire du diocèse. Durant son ministère valognais, il fut le témoin de plusieurs événements importants dont  le procès de Marie Bucaille qui a fait l’objet d’un précédent récit.



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