La vie à Saint-Lin commença sereinement. Marie Benoist était souvent invitée et notamment, depuis la Noël 1688, régulièrement au château de Golleville dont le propriétaire, Adrien Lebas, appréciait sa présence.
Adrien
Lebas, écuyer, sieur de Golleville et du Quesne, faisait partie d’une honorable
famille du pays.
Hélas,
le calme fut de courte durée car la jeune femme fut reprise de convulsions. Les
démons qui la possédaient s’accrochaient à elle.
Le curé
de la paroisse de Golleville, Jacques Doublet désira rencontrer sa nouvelle
paroissienne. L’entretien se solda par le constat sans appel suivant :
« Le démon possède le corps de Marie
Benoist. »
Et Adrien
Lebas confessa avoir vu sur le front de la jeune femme, lors de ses crises, le
dessin représentant « comme une
couronne d’épines ».
Et
voilà, tout recommença et tout s’amplifia surtout lorsqu’intervint dans
l’affaire une certaine Catherine Bedel, dite la Rigolette.
Les
deux femmes se connaissaient bien pour avoir eu le même amant en la personne du
moine Saulnier. Saulnier avait abandonné Catherine pour Marie. Une rancœur
devenue une profonde haine tenaillait encore le corps de Catherine contre sa
rivale. La Rigolette vit alors un moyen d’assouvir sa vengeance.
Mais
Marie Benoist et Adrien Lebas prirent les devants, en accusant la Rigolette
d’être en possession d’hosties ensanglantées.
Accusation
qui fit son effet, car la Rigolette fut aussitôt arrêtée.
Au
cours d’un interrogatoire qui suivit son arrestation, elle dénonça Saulnier
comme étant celui qui les lui avait données. Elle précisa aussi que Marie
Benoist avait un don d’ubiquité.
Voilà,
c’était reparti, car les protestants, les jansénistes et les cordeliers se
mêlèrent de l’affaire qui devenait d’importance.
Le curé
de Saint-Malo de Valognes considérait que les deux femmes étaient des affabulatrices,
mais il fallait voir clair dans toutes ces accusations, aussi Marie fut arrêtée
à son tour.
Accusée
d’ubiquité, elle répondit : « Mon
bon ange prend ma place pendant mes absences. »
En effet, pendant qu’elle se trouvait
derrière les barreaux de sa geôle, il y eut les témoignages de :
·
Un écolier de 12 ans qui affirma l’avoir rencontrée à l’Hermitage du
bois.
·
Anne Feuillie l’avait, elle, vue au pied de son lit.
Il fallait à tout prix
éclaircir tout cela, et ce fut ainsi que Marie Benoist dite la Bucaille se
retrouva, le 28 janvier 1699, devant un tribunal.
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