vendredi 14 février 2025

Dans le quartier de Bucaille – chapitre 3

 


La vie à Saint-Lin commença sereinement. Marie Benoist était souvent invitée et notamment, depuis  la Noël 1688, régulièrement au château de Golleville dont le propriétaire, Adrien Lebas, appréciait sa présence.

Adrien Lebas, écuyer, sieur de Golleville et du Quesne, faisait partie d’une honorable famille du pays.

 

Hélas, le calme fut de courte durée car la jeune femme fut reprise de convulsions. Les démons qui la possédaient s’accrochaient à elle.

Le curé de la paroisse de Golleville, Jacques Doublet désira rencontrer sa nouvelle paroissienne. L’entretien se solda par le constat sans appel suivant : « Le démon possède le corps de Marie Benoist. »

Et Adrien Lebas confessa avoir vu sur le front de la jeune femme, lors de ses crises, le dessin représentant « comme une couronne d’épines ».

Et voilà, tout recommença et tout s’amplifia surtout lorsqu’intervint dans l’affaire une certaine Catherine Bedel, dite la Rigolette.

 

Les deux femmes se connaissaient bien pour avoir eu le même amant en la personne du moine Saulnier. Saulnier avait abandonné Catherine pour Marie. Une rancœur devenue une profonde haine tenaillait encore le corps de Catherine contre sa rivale. La Rigolette vit alors un moyen d’assouvir sa vengeance.

Mais Marie Benoist et Adrien Lebas prirent les devants, en accusant la Rigolette d’être en possession d’hosties ensanglantées.

Accusation qui fit son effet, car la Rigolette fut aussitôt arrêtée.

Au cours d’un interrogatoire qui suivit son arrestation, elle dénonça Saulnier comme étant celui qui les lui avait données. Elle précisa aussi que Marie Benoist avait un don d’ubiquité.

Voilà, c’était reparti, car les protestants, les jansénistes et les cordeliers se mêlèrent de l’affaire qui devenait d’importance.

 

Le curé de Saint-Malo de Valognes considérait que les deux femmes étaient des affabulatrices, mais il fallait voir clair dans toutes ces accusations, aussi Marie fut arrêtée à son tour.

Accusée d’ubiquité, elle répondit : «  Mon bon ange prend ma place pendant mes absences. »

En effet, pendant qu’elle se trouvait derrière les barreaux de sa geôle, il y eut les témoignages de :

·         Un écolier de 12 ans qui affirma l’avoir rencontrée à l’Hermitage du bois.

·         Anne Feuillie l’avait, elle, vue au pied de son lit.

Il fallait à tout prix éclaircir tout cela, et ce fut ainsi que Marie Benoist dite la Bucaille se retrouva, le 28 janvier 1699, devant un tribunal.

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